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Oscar Peer (Autre)Jérôme Meizoz (Autre)Marie-Christine Gateau-Brachard (Traducteur)
EAN : 9782889277766
122 pages
Editions Zoé (05/03/2020)
4/5   41 notes
Résumé :
Un accident de chasse, le procès, la prison. De retour au village, Simon doit affronter les regards, il faut être "endurant comme un âne pour vivre avec eux". Alors Simon accepte une tâche qu'on ne souhaiterait même pas au diable : une coupe de bois dans l'endroit le plus reculé et hostile de la région. Combat de l'homme avec la nature, ce texte est une histoire de solitude et de fureur dans une langue âpre et brûlante.
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Ouvrage emprunté à la Réserve centrale des Bibliothèques de la ville de Paris- Relais Bibliothèque Buffon (Jardin des Plantes ) / début juin 2022
( - texte édité par les éditions Zoé, en mai 1999)

Un gros coup de coeur...qui m'a immergée de façon imprévue dans un univers et un style m'évoquant terriblement l'univers et la poésie âpre de Ferdinand Ramuz....que j'adore !

Un homme ,Simon la soixantaine et plus, revient dans son village natal, après trois ans de prison ( il a tué un ami par accident, lors d'une chasse)...Tous le connaissent mais hormis un ami qui lui fournira un travail comme bûcheron, le traitent comme un pestiféré , l'excluent sans la moindre intention de comprendre ni de compatir !!
Des "brutes épaisses" qui agissent en troupeaux, comme des moutons, sans la moindre compassion !

Simon qui n' a jamais eu de chance ,accepte son sort injuste, tout en se battant à sa manière. A une distribution de " travail au forfait " comme bûcheron, il héritera évidemment de l'endroit le plus ingrat et le plus dur, pour l'abattage des arbres....dans la montagne !

Son ami se soucie, essaye de le persuader de travailler, par sécurité, avec une équipe; comme cela doit se faire habituellement !

Simon refuse obstinément, il veut rester seul pour se
battre , réussir ou mourir seul !

On accompagne Simon, auquel on ne peut que s'attacher, tant il est digne, fier, même orgueilleux....ses congénères l'ont exclu sans lui accorder la moindre compréhension ou indulgence vis à vis d'un acte totalement involontaire !

Simon se bat avec lui-même, avec cette nature, cette forêt, ces arbres qu'il connaît par coeur...en connaissant tous les dangers...il y a heureusement quelques jolies lumières : Otto,un petit garçon qui aime être avec lui, Véra, une voisine chaleureuse ( habitant avec son mari, son ancienne maison familiale)...lui apportant son soutien et sa présence amicale...au fil de ses déplacements à l'étranger....

Une exclusion cruelle de la communauté villageoise où il a toujours vécu....et l'éternelle bêtise humaine !...

Une forme épurée, minimaliste qui exprime à la fois de façon poétique et compacte, la solitude extrême d'un homme innocent...que l'on écarte de la façon la plus cruelle....juste induite par la bêtise des hommes,quand ils sont en groupe !!!

Un grand bonheur de découvrir cet écrivain suisse-romanche (4eme langue parlée chez les Helvètes!)...et ceci grâce à l'amie babeliote, sabine59, avec sa belle critique de "La Vieille maison"...qui a provoqué cette très belle rencontre...

Tellement enthousisate, que j'ai commandé les 3 livres disponibles en français chez l'éditeur, Zoé: celui , cité plus haut, "La Rumeur du fleuve" et Eva" que j'attends avec impatience, pour vous en dire plus, très prochainement..!
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Je ne sais comment c'est en plaine, mais en montagne à peu près chaque village a son histoire d'accident de chasse. Une histoire souvent ancienne maintenant, dont parfois tous les protagonistes sont morts, mais qui reste soigneusement enfouie, et refait parfois surface en quelques allusions troubles. Contrairement à ce que pourraient penser les esprits chagrins, en général il s'agit bel et bien d'un accident – et assez souvent totalement idiot.

Quelque part entre 1900 et 1950, Simon rentre dans son village, après trois années en prison. Trois ans auparavant, il a tué l'un de ses amis. Accident de chasse – mais comme toujours, il y en a pour dire que ce n'était pas un accident. Il a tout perdu : sa femme, sa maison, ses champs, et plus grave que tout, sa place dans la communauté. Pour la reconquérir, pour reconquérir sa propre estime de lui-même, son rang parmi les hommes, il s'engage à faire une coupe de bois au pire endroit de la montagne…

Dans les meilleures conditions, le débardage est une activité à risque. En montagne, c'est une opération délicate et dangereuses. A la main et seul sur un terrain raide et accidenté, c'est un travail de forçat. Sera-ce suffisant pour lui assurer sa rédemption ? Pour qu'on le salut d'un bonjour le matin, qu'il ait sa place au café et à l'église, et toutes ces choses minuscules qui marquent que vous êtes part de la communauté et non paria ?

On ne parle pas trop de ce genre de sujet-là dans les montagnes. On écrit moins encore dessus. Pas de façon claire en tout cas. Ces romanches osent tout.
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C'est une vieille histoire qui se joue dans Coupe sombre. Une histoire vieille comme le monde : la confrontation de l'homme et de la nature. le combat épique entre la bravoure et la volonté humaines et la force immense de la nature, de l'homme vaincu mais non détruit par sa lutte héroïque qui le magnifie.

La malchance a toujours poursuivi Simon. Trois ans plus tôt, il a accidentellement abattu à la chasse son camarade. le voilà aujourd'hui de retour dans son village natal après avoir purgé sa peine. Il a tout perdu, même la maison qu'il habitait autrefois. Veuf, sans foyer, il n'a d'autre choix que de s'installer à l'écart, dans un vieux moulin à eau qui servait autrefois à moudre le grain. À soixante-cinq ans, Simon est seul. Seul et traité en paria par la plupart des habitants, qui se méfient de lui, le voient d'un mauvais oeil et doutent : et si ce n'était pas un accident ?

Simon n'a plus qu'une seule idée : celle de son rachat. Une rédemption qui passe par l'acceptation de tous les travaux pénibles que l'on voudra bien lui laisser faire. Récurer les écuries, faucher les blés, des tâches manuelles mécaniques et fatigantes pour un homme déjà âgé et usé. Mais Simon accepte tout en silence, endure. Peut-être regagnera-t-il sa place auprès de la communauté. Car, malgré les efforts, il n'y a que deux personnes qui lui montrent un visage bienveillant : Véra, une femme d'ingénieur qui habite son ancienne demeure, et Otto, un jeune garçon, lui aussi solitaire, qui le suit comme son ombre et qui semble même l'admirer.

Alors, quand Bass, le garde forestier, lui propose de l'accompagner pour délimiter les parcelles des arbres qu'il faudra bientôt abattre, une fois de plus, il accepte. Il le suit, marque les arbres, et se dessine bientôt une parcelle lointaine, abrupte, sur une pente escarpée. Un enfer. Mais Simon est en sûr : ce sera la sienne et il le fera seul. Même les gens du village hésitent à la lui confier. Il est âgé, la parcelle est loin de tout, et l'hiver et ses chutes de neige risquent de le surprendre avant qu'il ne puisse finir le travail. On laisse le sort décidé en la mettant en jeu. Simon sait que c'est inutile : au jeu comme ailleurs, il n'a jamais eu de chance. Et le sort le désigne.

Un matin d'automne, Simon prend le chemin des bois, armé de sa hache et de sa volonté. Et part en quête de son destin affronté un ennemi puissant : la nature.

Il y a dans Coupe sombre tous les thèmes abordés dans le vieil homme et la mer. Comme Santiago, Simon transcende sa condition dans sa lutte contre la forêt, contre la malchance, contre le sort, contre la solitude. Il retrouve sa dignité en prenant le manteau d'un héros tragique qui s'épuise jour après jour contre un ennemi plus grand et plus puissant que l'homme ne sera jamais. Un beau texte à découvrir ou à redécouvrir, qui invite à l'humilité.
Lien : https://enquetelitteraire.wo..
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Coup de coeur pour ce court roman d'Oscar Peer, auteur suisse de langue romanche, dont j'ai découvert l'existence par hasard en parcourant le catalogue des excellentes éditions Zoé. Il y a, enfermé dans une centaine de pages, toute une humanité, de la tragédie, du repentir, de l'expiation, mais bien peu de douceur et de réconfort. Simon, le personnage principal, revient dans son village après trois années en prison pour le meurtre accidentel d'un homme. On lui impose, mais surtout il s'impose lui-même, une mise à l'écart et un travail difficile et dangereux. La peine purgée ne suffit pas à expier sa faute. Il doit prouver à lui-même et aux autres qu'il mérite encore sa place au milieu des hommes. Il coupe court à une amitié avec un gamin, qu'il craint de mettre en danger. La langue est belle, épurée et poétique, elle transcrit les grands élans de l'âme de Simon en mots simples. Il n'y a pas un mot de trop. J'ai déjà un autre titre d'Oscar Peer sur ma pile de livres à lire.
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Ce roman très court d'un auteur des Grisons nous plonge dans un petit village de montagne au début du XXe siècle. Simon, 64 ans, revient au village après un séjour en prison de 3 ans suite à un accident de chasse. Sa femme est décédée, maison a été vendue, certains villageois l'approchent mais il se sent exclus et seul. Il accepte alors de s'occuper seul d'une coupe de bois « que même le diable refuserait ». Pourquoi? Qu'a-t-il à prouver? Et qui est cet homme étrange qu'il croise régulièrement?

Un roman sur la rédemption qui montre la force de l'appartenance, la peur de la solitude et de l'exclusion. Une belle écriture simple et poétique pour un récit profondément ancré dans la montagne et ses gens avec juste une pointe de fantastique pour assaisonner subtilement.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Vers le soir,il était devenu un peu trop imprudent,un peu indifférent,comme il arrive souvent quand on est fatigué. Peut-être pensait-il aussi à cet homme.Par moments,il parlait,parce qu'on ne peut pas rester sans parler- s'il n'y a personne là, tu causes avec toi-même ou avec les choses. (p.97/ édition Zoé, 1999)
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(...) mais le regard est encore là ! Vieux,il ne l'est pas encore,pense-t-il.Il a encore du nerf; avec ses poings,il pourrait encore fendre des tables- Il met tous ses espoirs sur l'automne, quand on devra concéder les coupes au forfait. Il est encore d'humeur à faire résonner une forêt tout entière. (Édit. Zoé,1999, p.18)
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Une fatalité semble poursuivre Simon, modeste paysan de basse Engadine. Un jour de chasse et de guigne il a accidentellement tué l'un de ses voisins. Quand il rentre au village, après trois ans de prison, il a soixante-cinq ans ; il ne lui reste plus rien et la communauté le traite en paria. Seul un garçonnet, également solitaire, noue avec lui une forme d'amitié. Pour retrouver une dignité, Simon accepte - ou peut-être choisit - une tâche qu'on ne souhaiterait même pas au diable : une coupe de bois dans un endroit impossible. Ce roman à la portée universelle pourrait s'intituler " Le vieil homme et la montagne ", tant le combat de son héros contre l'hostilité de la société et de la nature évoque celui du célèbre pêcheur de Hemingway. Sous le drame réaliste, Oscar Peer suggère discrètement, par le fantastique, le mystère du destin. A plusieurs reprises, Simon croise un inconnu énigmatique et silencieux : un fantôme, un double, le diable, un ange, la mort ?
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Simon regarde ses patoches.D'une main,il tient la main droite de Véra; il pose l'autre sur son dos.En dansant,on voit comme comme les dos des femmes sont différents. Certains sont
durs ,osseux,à cause du travail et de l'âge. D'autres sont tendres comme des oreillers ; à ce moment là, on peut éprouver un sentiment de félicité ineffable, et tu danses sans dire mot.(p.77)
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-Fais tout de même un peu la pause ! Dit Hermina.Mais il est encore trop tôt pour se reposer.A Soixante-cinq ans,ce n'est rien encore,se dit-il .A soixante-cinq ans il pourrait encore se colleter avec les montagnes.(p.17)
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