Faudra-t-il, mon Dieu, que le sang de votre Fils ait coulé en vain; qu'il ait coulé en vain une fois, et tant de fois.
Une fois, cette fois; et depuis tant de fois.
Faudra-t-il, mon Dieu, que le corps de votre Fils ait été sacrifié en vain; qu'il ait été offert en vain une fois, et tant de fois.
Une fois, cette fois; et depuis tant de fois.
Sera-t-il dit que vous abandonnerez, que vous aurez abandonné la chrétienté de vos enfants.
Tout est plein de la guerre et de perdition. Et c'est la guerre qui fait la perdition. Sera-t-il dit que vous nous abandonnerez à la guerre.
Celui qui manque trop du pain quotidien n'a plus aucun goût au pain éternel.
C’est pire que jamais. Seulement si on voyait seulement se lever le soleil de votre justice. Mais on dirait, mon Dieu, mon Dieu, pardonnez-moi, on dirait que votre règne s’en va.
En face des promesses que pèse l’événement ; le pauvre, le misérable événement
L'orgueil veille.
Le vieil orgueil veille.
Mon enfant, nous ne sommes pas venues au monde dans ce temps-là.
Nous sommes toutes comme tout le monde.
La terre était toute sale, toute boueuse, toute barbouillée
de fange.
En ce temps-là.
In illo tempore.
En ces jours-là.
In diebus autem illis.
Toute fangeuse.
Et nous on nous a débarbouillé la terre, essuyé les plâtres, amassé, préparé les approvisionnements où nous nous ravitaillons éternellement.
Depuis trois jours elle pleurait.
Depuis trois jours elle errait, elle suivait.
Elle suivait le cortège.
Elle suivait les événements.
Elle suivait comme à un enterrement.
Mais c'était l'enterrement d'un vivant.
Et rien, jamais rien, le règne de la terre n’est rien que le règne de la perdition, le royaume de la terre n’est rien que le royaume de la perdition.
Mais un autre pain nous manque; le pain de la nourriture de nos âmes
Les femmes ne savent que pleurer.