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EAN : 9782246785897
336 pages
Grasset (29/08/2012)
3.56/5   34 notes
Résumé :
Livro nous offre enfin le grand roman de l'émigration portugaise en France. Ilidio est abandonné par sa mère, un soir, près de la grande fontaine du bourg. Il n'a que six ans. Il est recueilli par un maçon au grand cœur, qui l'élève dans cette campagne portugaise immobile, arriérée, sous le joug de Salazar. Vient l'heure des premières amours, puis celle de l'émigration clandestine.Pour Illidio et son ami Cosme, après une épouvantable expédition à travers la montagne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Epigraphe de Livro

«Un livre de plus est un livre de moins ; une approche du dernier qu'on attend comme une acmé du livre parfait.» Julio Cortazar, l'Autre Rive

«Quand j'écrivais Livro, je transportais avec moi un secret immense. Parfois, je doutais de moi-même, je craignais que les personnages n'apparaissent à mes yeux, ou que ma peau prenne la texture des pierres du bourg qui remplissaient mes pensées. Souvent, au milieu de conversations, je parlais avec la voix du galopin, de Cosme ou d'Ilídio quand il cesse de voir sa mère. A cette époque, je transportais avec moi plusieurs décennies que je n'ai pas vécues et que, pendant l'écriture de Livro, je respirais de façon pleine, absolue, totale.» 
«... je suis né l'année de la révolution, en septembre 1974, mais le dimanche, au cours de déjeuners interminables, mes parents et mes soeurs répétaient toutes les histoires d'un temps d'avant ma naissance, pendant la dictature, où ils avaient émigré en France : mon père pour travailler dans la construction civile et ma mère pour faire des ménages. Exactement comme des centaines de milliers de Portugais. le chiffre que l'on avance d'habitude est : un million et demi de Portugais. Entre 1960 et 1974, un million de Portugais ont émigré en France, environ 15 % de toute la population du pays. Telle était la taille du secret que je portais en écrivant Livro.», nous dit José Luis Peixoto sur son site.

Ce secret José Luis Peixoto nous le confie comme quelque chose de précieux, à la fois merveilleux et tragique et sait nous le faire partager. J'aime cet écrivain car il crée un monde bien à lui par la forme originale, la poésie et la puissance d'évocation de ses textes. Tout en retraçant la vie quotidienne dans un petit village de l'Alentejo et celle de ceux de ses habitants qui sont partis vers l'inconnu, vers la France, il les élève entre rêve et réalité, atteint l'universel et chacun peut se sentir concerné en le lisant.

La vie sourd de tous les mots de ce livre comme perle l'eau à la surface de ces gargoulettes en terre qui, en transpirant, gardent sa fraîcheur et permettent aux hommes et aux femmes qui interrompent un travail harassant, de se désaltérer. le lecteur s'y abreuve lui-aussi.

«C'était l'heure argentée. La fin d'après-midi traversait le vent. On entendait le bruissement des arbres au loin, mais aussi les ailes des pigeons qui hachuraient l'air, des gémissements interrompus, et encore le feu qui brûlait, les flammes qui faisaient éclater le bois, et l'eau. le frère du Galopin était nu, assis dans une grande bassine émaillée, recroquevillé sur lui-même.
(...) Des pigeons entraient avec les derniers vestiges de la lumière. Quand ils se posaient sur la table, sur les poutres ou le vaisselier, ils avaient un air étonné. C'est qu'ils avaient des nouvelles à communiquer aux autres pigeons. le Galopim posa la serviette sur le dos de son frère, le serra contre lui et le prit dans ses bras. Il le porta, dégoulinant, jusqu'à une chaise devant la cheminée. Là, il le frictionna, le frictionna longuement pour être sûr qu'il était bien propre. Sur le lit étaient posés la chemise de nuit en coton, un caleçon et une paire de chaussettes.»


Malgré la gravité des années qu'il nous fait traverser, pesantes comme le poids des valises des émigrés qui rejoignent la France dans la nuit à la merci des passeurs et de la garde civile puis leur vie dans le bidonville de Saint Denis et à Paris avant le retour au Portugal, «Livro» est aussi plein de beauté, lumineux, habité par des êtres très attachants pour lesquels on ne peut qu'éprouver une grande compassion, et débordant de scènes émouvantes, inoubliables ...... Faîtes connaissance avec Ilídio, Josué le maçon qui l'a recueilli, Cosme et le Galopim, la tante Lubelia qui s'est fait faire un cercueil de prix qu'elle sort de temps en temps de dessous son lit pour l'admirer et sa nièce Adélaïde dont Ilidio est amoureux, Dona Milu , Libânia etc... Et il y a un livre dans ce livre, le livre que la mère posa entre les mains de son fils Ilidio avant de s'éloigner dans la nuit, qu'il offrira à son tour à Adélaïde qu'il aime ..... Tout cela et plus encore vous attend dans Livro.
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Cette troisième lecture d'un roman de José Luis Peixoto confirme mes impressions précédentes : l'on entre dans ceux-ci à tâtons, troublé par un sentiment d'étrangeté, autant spatiale que temporelle. Spatiale, parce que l'on ne sait pas forcément où l'on se trouve, si ce n'est dans un village portugais comme tant d'autres ; temporelle, parce que l'on sait quand l'histoire se passe, dans les grandes lignes – ici des années 1930 aux années 2000 -, mais qu'elle varie d'un paragraphe à l'autre sans crier gare, demandant un effort de réflexion quant à l'époque et aux protagonistes concernés.

Une fois que l'entrée, un peu fastidieuse, car demandant une véritable envie de percer le mystère de ce cadre au premier regard confus, s'est faite, c'est un régal que de suivre les pérégrinations de nos deux personnages principaux et de leurs familles : d'un côté, Ilidio, jeune garçon abandonné par sa mère – pour des raisons que nous découvrirons plus tard – et recueilli par le maçon du village, Josué ; de l'autre, Adelaide, à peine plus âgée qu'Ilidio, qui vit avec sa tante, vieille dame étrange qui vend timbres et cartes postales au village. Nous les voyons d'abord grandir séparément dans cette campagne portugaise, avec une forme d'insouciance propre à l'enfance et à l'adolescence, au milieu de leur entourage, familial comme amical, puis se rencontrer, et tomber amoureux… jusqu'à la séparation et l'émigration en France à quelques jours d'intervalle, émigration qui permet de prendre conscience de la dictature qui règne au Portugal, celle-ci ayant été, jusqu'à présent, euphémisée dans la narration, comme tous les secrets familiaux qui étouffent le village. Après un long chemin tortueux et semé d'embûches, nous découvrons en effet, une fois à Paris avec nos deux personnages, un autre type d'émigration portugaise, celle des exilés politiques ou culturels qui ont échappé de peu à l'emprisonnement ou à la mort, et qui ont préféré s'enfuir avant. Nous découvrons aussi les bidonvilles de Saint-Denis et de Champigny qui, dans les années 1950-1960, accueillaient l'émigration portugaise causée par la dictature, décrits dans leur quotidien le plus banal. S'en suivent d'autres évènements, d'autres rencontres… suite à cette arrivée à Paris, que je laisse le soin à chacun de découvrir.

Roman relatant l'histoire de plusieurs générations portugaises – celle qui est restée au pays ; celle qui est partie, et qui est parfois revenue, régulièrement ou définitivement ; celle qui a de ce fait connu deux pays et deux cultures -, Livro est tout d'abord un roman sur l'exil, vécu violemment par ceux qui partent, et ressenti tout aussi violemment par ceux qui restent. Mais c'est aussi un roman sur l'amour, sur toutes les sortes d'amour – passionnel, paternel, filial, amical… – qui peuvent faire soulever des montagnes pour leur permettre de s'accomplir totalement. C'est enfin un roman sur l'écriture, sur son pouvoir de transcender des évènements pour leur donner le sens et le rôle que l'on souhaite, au détriment du ressenti des autres qui ont vécu pourtant les mêmes évènements – ou comment l'écriture de soi est forcément écriture, et donc transformation de soi -. C'est un roman que j'ai trouvé, malgré la première étape d'adaptation demandant toujours une petite gymnastique intellectuelle, tout aussi magnifique que les précédents, d'une force d'évocation remarquable, lumineuse, touchante et belle, dans toute sa simplicité.
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Dans ce livre, j'ai eu l'impression de lire un très, très long prologue, suivi d'un long épilogue. Je ne m'attendais pas forcément à avoir beaucoup d'action mais je suis plutôt déçue. Je pense que je suis totalement passée à côté de ce livre. J'aurais aimé en savoir un peu plus sur l'histoire de Portugal et sur l'émigration. Mais on reste centré sur les personnages et leurs histoires, personnages auxquels j'ai eu des difficultés à m'attacher. le style d'écriture n'aide pas vraiment, ce sont des enchaînements de phrases très courtes, peu de discours. D'un point de vue personnel, je n'accroche pas du tout à ce type d'écriture, je ne me sens pas assez impliquée dans la vie des personnages. J'ai l'impression de ne faire que survoler l'histoire.
Je n'ai aucun doute sur le fait que ce livre puisse plaire, mai je ne suis malheureusement pas la cible de ce genre de lecture.
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Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple? C'est la question que je me suis posé en lisant ce livre.

Supposé évoquer une page de l'émigration portugaise, ce roman désarticulé sans véritable structure a peiné à m'intéresser.

Les partis pris stylistiques de l'auteur tiennent plus de la cogitation intellectuelle que du souci de faire partager une histoire avec le lecteur.

Ilidio, Adelaïde, José et consorts méritaient davantage d'empathie de la part de leur créateur. Dommage pour eux et pour les lecteurs.
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J'ai aimé l'histoire d'Ilidio qui nous raconte l'émigration portugaise dans les années 70. Elle me rappelle celle de mon ami portugais qui est arrivé en France à l'âge de 14 ans pour rejoindre son père qui travaillait en forêt. le reste de la famille était resté au Portugal. Chaque année, Il retournait au Portugal et au fur et à mesure des années, il a fait comme Ilidio, il y a construit sa maison, il changeait régulièrement de voiture, il amenait des tas de choses, il flambait là-bas. Il fallait qu'il montre qu'il avait réussi même si en France, il vivait modestement. C'était une question d'honneur. Il habite maintenant au Portugal où, dans son village, il est un peu mis à part, comme sur un piédestal. Il continue à faire des allers-retours entre ses deux pays. Mais à quel pays appartient-il ?

Cependant, j'ai trouvé ce livre un peu confus, il manque de structure. Et je n'ai pas compris l'utilité de ce long passage où l'auteur se fait l'autocritique de son propre livre…
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les livres de Constantino disposaient de nouvelles étagères. Dans ma tête, j'embrouillais la façon de les ranger. Je n'avais pas beaucoup de goût pour l'ordre alphabétique. J'ai toujours aimé chercher les livres, je n'ai pas envie de savoir où ils sont, il me suffit de savoir qu'ils existent. (265)
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Il est d'une naïveté impardonnable de croire que les livres prêtés peuvent être rendus.
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