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EAN : 9782070313303
208 pages
Gallimard (12/02/2004)
3.71/5   536 notes
Résumé :
Sous une pluie froide de novembre, la camionnette du libraire Étienne Vollard heurte de plein fouet une petite fille en anorak rouge qui, affolée, courait droit devant elle après avoir vainement attendu sa mère, jeune femme fuyante et transparente.
Désormais, cet homme va devoir vivre avec les conséquences de l'accident. Affublé d'une paternité d'emprunt, Vollard, jusque-là introverti et solitaire, commence à réciter à l'enfant plongée dans le coma des textes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (73) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 536 notes
Il était une fois...
Un homme tellement épris des livres que les mots résonnent en lui comme une mélodie intarissable. Il marche dans les livres comme nous marchons dans la vie. Il cherche le bonheur mais ne le trouve nulle part sinon dans un petit coin avec un petit livre.
Il était une fois...
Une toute petite fille aux yeux noirs qui attend sa mère à la sortie de l'école, elle tarde comme toujours, à être à l'heure pour aimer sa fille. C'est sous la pluie de la grande chartreuse que la petite court sur la route se faisant heurter par l'homme épris des livres.
Il était une fois...
Une librairie. « Le verbe Être ».
Un hôpital. Une petite fille endormie dans le coma.
Une mère handicapée qui préfère laisser à l'homme le soin de s'occuper de sa fille.
Alors il va réciter, raconter, conter.
« Tu réciteras au nom de celui qui t'a créé à partir d'un caillot de sang ! Tu réciteras au nom de celui qui t'a créé à partir d'un crachat ! Tu réciteras au nom de celui qui t'a créé à partir d'une tache d'encre ! Tu liras et tu réciteras… »

Quelques mots éblouissants,
Pour des solitudes fracassées,
Des flocons de neige
Pour relier des êtres
Sous son tapis blanc.
Il était une fois La petite chartreuse de Pierre Péju, un roman comme un diamant brut, un roman céleste à faire rougir les étoiles, un roman spécial, un roman qui rend hommage aux livres et à la belle littérature. Merci Etienne, merci Eva, je vous garde dans mon coeur.
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Ma première rencontre avec Pierre Péju! Un livre que j'ai aimé, touchant, rempli d'émotion... Comment n'aurais-je pas accroché à cette histoire qui met en scène une petite fille et un amoureux des livres, car le protagoniste, Etienne, est bien plus qu'un libraire, il se nourrit de mots, de phrases, de textes littéraires qu'il connaît par coeur.
Un beau livre. Un texte touchant servi par une plume de qualité.
A lire aussi pour le plaisir de retrouver des citations de très grands auteurs : Goethe, Fernando Pessoa, Pierre Loti, Thomas Bernhard...
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Parce que sa mère, une nouvelle fois, n'est pas venue la chercher à la sortie, parce qu'elle n'était pas là à “l'heure des mamans”, Eva, dix ans, est partie en courant de l'école, affolée de chagrin, trop inquiète pour prêter attention à quoi que ce soit, et s'est jetée sous les roues de la camionnette du libraire Etienne Vollard. L'accident est inévitable, une sale plaisanterie du destin, une plongée en enfer pour la petite fille comme pour Etienne qui “sent bien que ses muscles et sa viande et ses os et ses nerfs et sa cervelle n'en finiront jamais de percuter ce corps enfantin par une fin de journée neigeuse aussi vaste que le temps qui lui reste à vivre.”

Ce drame provoque la rencontre de trois solitudes : celle d'Eva, l'enfant délaissée, quasiment abandonnée, enfant fantôme pétrie d'angoisse et de chagrin jusqu'à l'accident, mutique depuis ; celle de Thérèse, sa mère, une femme à la dérive, errante, précaire et un peu perchée, qui aspire “à n'être plus personne”, à la “tranquillité des femmes imperceptibles” et élève sa fille seule, sans avoir pleinement conscience d'être mère ; celle d'Etienne, enfin, le libraire, asocial, immense, massif, tout empêtré de lui-même et des drames intimes de son enfance, lecteur compulsif et hypermnésique, un amoureux fou des livres dont la mémoire est imprégnée de milliers de textes, “de milliards de mots avalés, mâchés, remâchés, ruminés en une interminable jouissance”.

Trois vies qui chavirent et basculent à l'occasion d'un drame, trois solitudes qui se percutent, se télescopent, se frottent, hésitent un instant à se rejoindre pour une impossible résilience, trois solitudes trop puissantes et trop désespérées pour qu'un avenir puisse encore se construire, pour accueillir le bonheur et conjurer le destin...

“La petite chartreuse” est un roman à la fois lumineux et sombre, que j'ai quitté le coeur serré, des larmes plein les yeux, et que j'ai vraiment beaucoup aimé. J'en ai aimé l'histoire, sensible et délicate comme un très beau conte ; j'ai aimé le style, rapide et presque fiévreux, de Pierre Péju, sa capacité d'évocation dans une grande économie de mots, son sens de la formule (“Ordinaire et gluant, l'événement s'est plaqué comme un poulpe sur les choses” ; “Debout, dans le bruit des pages tournées, découvrir les quelques mots qui paraissent s'adresser directement à soi. L'inespéré noir sur blanc. Intime universel. Musique silencieuse.”...) ; j'ai adhéré à ses personnages, incarnés, touchants et captés avec beaucoup de finesse dans leurs vérités intimes ; et j'ai adoré, enfin, cette belle célébration de la littérature, cette foi ardente et magnifique dans le pouvoir des livres et des mots… impuissants néanmoins, dans ce récit, à réparer la brisure des âmes.
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CHALLENGE ATOUT PRIX 2015/2016 (12/15)

Prix du Livre Inter 2003

Une magnifique histoire, triste à pleurer, qui parle de l'amour des livres et de la solitude des êtres.

En rentrant chez lui au volant de sa camionnette, un soir d'hiver, Étienne Vollard renverse, Eva, une fillette de huit ans qui traversait la rue en courant, oubliée une fois de plus à l'école par sa mère. Libraire de son métier, amoureux de la montagne où il marche des heures, ce géant solitaire ne vit qu'à travers ses lectures. Souffrant d'hypermnésie, il en retient des pans entiers. Bouleversé par l'accident, il se rend à l'hôpital pour voir Eva qui est dans le coma. Pris pour le père par le personnel qui lui conseille de parler à l'enfant pour la stimuler, Etienne, rongé par la culpabilité, va commencer à lui réciter tous les passages de ses lectures qui encombrent sa mémoire. Il y fait la connaissance de Thérèse la mère qui passe en coup de vent. Jeune et instable, cette dernière a énormément de mal à assumer son rôle de parent.

Comme j'aurai aimé que ces trois-là rompent leur isolement grâce aux livres ! Malheureusement ceux-ci n'ont pas le pouvoir de lutter contre le destin. L'ampleur du drame qui nous est conté par Pierre Péju, n'a d'égal que la beauté du texte. Des mots qui frappent, des phrases chocs pour nous raconter à travers le regard d'un témoin l'enfance de Vollard, souffre-douleur de ses camarades, mais aussi pour nous décrire la difficulté d'être mère, et surtout nous offrir un magnifique hommage à la littérature. Encore sous le coup de l'émotion, je ne peux qu'accorder un 20/20 à ce prix littéraire amplement mérité.
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Quel est ce cri dans la montagne ? Une nuit de novembre. Un animal peut-être.

Etienne Vollard vient d'écraser une petite fille, Eva. Un accident qui sera à l'origine de son hurlement bestial. Car Vollard est un homme très grand, très gros, très roux. Une force de la nature comme on dirait d'une personne comme lui, la quarantaine bien trempée. Pourtant, sa corpulence était déjà bien présente lorsqu'il était adolescent. Et sa tignasse, déjà bien rouge. Mais, à cet âge, peut-on dire que les enfants soient gentils entre eux ? Qui le croit ?
A sa différence physique vont s'ajouter sa passion inconsidérée pour les livres et sa mémoire prodigieuse.

Vollard, devenu libraire logiquement, verra sa vie bien rangée dans ses rayonnages, complètement écartelée par cet accident et par cette petite fille, Eva, tombée dans un coma profond. A moitié disparue.

Si vous aimez le pouvoir des mots, la montagne en hiver, la simplicité d'une petite librairie de village.
Si vos applaudissez la vengeance écrasant de son poids la méchanceté et le harcèlement.
Si vous ne craignez pas la solitude des livres.
La petite Chartreuse est fait pour vous.
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Citations et extraits (97) Voir plus Ajouter une citation
Qui saura, dans un avenir pas très lointain, ce que représentaient, pour des gens comme moi, les libraires et les librairies ?
Ce que signifiait dans une ville, grande ou petite, la présence de ces lieux où l'on pouvait entrer dans l'espoir d'une révélation?
Qui se souviendrait de la façon paisible dont on pénétrait dans ces antres à l'odeur de papier et d'encre, de cette façon de pencher la tête pour déchiffrer un titre nouveau, puis un autre, des noms d'auteurs familiers ou inconnus, afin de glaner des indices et des signes vivants sur les couvertures claires ?
Qui se souviendra de cette façon de poser l'index au sommet de l'ouvrage pour le basculer en arrière, l'attirer à soi, l'ouvrir, le parcourir ? Lire le quatrième de couverture?
Debout, dans le bruit des pages tournées, découvrir les quelques mots qui paraissent s'adresser précisément à soi ?
L'inespéré noir et blanc, intime universel, Musique silencieuse...
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"Le Verbe Être" était une vieille librairie. Boutique obscure, non en raison du manque de lumière mais du nombre de coins et recoins. Boutique profonde, parquets sombres, usés, et quelques alvéoles plus secrètes. Partout, les livres allongés sur les tables, ou bien debout, milliers de guetteurs silencieux sur les rayonnages de bois.
Lutte quotidienne de l'écriture et de la poussière. Au "Verbe Être", des cartons débordants, des piles de bouquins menaçant de s'écrouler. Anarchie souveraine. Grandiose anarchie. Un mélange des genres et des titres. Une alchimie joyeuse. Et c'est dans ce repaire que, pour quelques billets, l'on pouvait venir, chaque jour, se procurer de la littérature, grande ou populaire, secrète ou classique.
Un lieu que certains jeunes gens de l'avenir ne pourront pas même imaginer parce qu'il n'en existera plus de semblables, qu'on aura perdu ce mélange de l'ordre le plus minutieux et du foutoir, ce mélange d'affection pour les livres et d'entassement sauvage. Un commerce à petite échelle. Trafic discret mais essentiel. Résistance à tout le reste, par les textes, l'impression. Réservoir anodin mais explosif. Stocks de fusées éclairantes, capables d'illuminer le détail d'une vie aussi bien que des pans entiers d'existence. (...)
Au-dessus des présentoirs, quelques lampes munies d'abat-jour diffusaient une chaude lumière qui permettait aux lecteurs assoiffés de se pencher de façon intime sur la coupe débordante du texte. Champagne, élixirs du diable, vins capiteux, liqueurs, tord-boyaux et eau pure. Au fond du magasin régnait une pénombre à laquelle il fallait s'habituer, mais certains matins, près de la porte vitrée, le soleil pénétrait avec une telle générosité qu'on ne résistait pas au plaisir d'ouvrir un livre dans la clarté du jour qui tiédissait le papier dont le grain étirait ses ombres, et dont la blancheur s'étalait tel un désert de signes. Lenteur, lumière, lecture : un vrai bonheur !
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Au rayon des sous-vêtements, elle marche un moment dans une écume de dentelle et de Nylon, se laisse caresser par les vagues très douces de couleurs roses, blanches, crème, rouges, noires. Elle froisse délicatement un soutien-gorge, saisit un slip au hasard et le serre jusqu'à ce qu'il tienne tout entier dans le creux de sa main, comme un oiseau de soie qu'on protège ou qu'on étouffe. Une pensée rapide pour tous ces ventres réels de femmes réelles qui un jour palpiteront derrière ces étoffes encore tellement neuves. Fesses, seins, cuisses, ventres seront bientôt voilés et dévoilés par ces sous-vêtements encore endormis et vierges sur leurs présentoirs. C'est ce genre d'impressions fugaces que Thérèse note dans le cahier à spirale.
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Je me souviens de ce jour de grippe et de fièvre où seul, roulé dans une couverture, je lisais un conte dans lequel il neigeait à gros flocons. Fasciné par ces seuls mots : « il neigeait… », quand soudain, levant la tête du livre et comme alerté par un étrange silence, je découvrais que dehors, dans les rues de la ville, il neigeait magiquement aussi, que tout devenait blanc. Puissance du conte ! Transfiguration du monde par la neige et les mots.
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Classant une fois de plus mes livres, je me dis qu'après tout, moi aussi, j'aurais bien aimé devenir libraire, passer le plus clair de mon temps dans la compagnie des écrivains. Les découvrir, les faire lire, les aider à sa vendre, favoriser cette prostitution splendide, m'entremettre pour cette marchandise-là. Trafiquant de drogue littéraire. Libraire de fin de siècle.

Qui saura, dans un avenir pas très lointain, ce que représentaient, pour des gens comme moi, les libraires et les librairies ? Ce qui signifiait, dans une ville, grande ou petite, le présence de ces lieux où l'on pouvait entrer dans l'espoir d'une révélation. Qui se souviendra de la façon paisible dont on pénétrait dans ces antres à l'odeur de papier et d'encre ? De cette façon de pencher la tête pour déchiffrer un titre nouveau, puis un autre, des noms d'auteurs familiers ou inconnus, afin de glaner des indices et des signes vivant sur les couvertures claires? "Le seul vrai lecteur, c'est le lecteur pensif". Qui se souviendra de cette façon de poser l'index au sommet de l'ouvrage pour le basculer en arrière, l'attirer à soi, l'ouvrir, le parcourir. Lire la quatrième de couverture. Debout, dans le bruit des pages tournées, découvrir les quelques mots qui paraissent s'adresser précisément à soi. L'inespéré noir sur blanc.Intime universel. Musique silencieuse
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Videos de Pierre Péju (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Péju
Pierre Péju vous présente son ouvrage "Effractions" aux éditions Gallimard.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2626471/pierre-peju-effractions
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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