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3,71

sur 536 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il était une fois...
Un homme tellement épris des livres que les mots résonnent en lui comme une mélodie intarissable. Il marche dans les livres comme nous marchons dans la vie. Il cherche le bonheur mais ne le trouve nulle part sinon dans un petit coin avec un petit livre.
Il était une fois...
Une toute petite fille aux yeux noirs qui attend sa mère à la sortie de l'école, elle tarde comme toujours, à être à l'heure pour aimer sa fille. C'est sous la pluie de la grande chartreuse que la petite court sur la route se faisant heurter par l'homme épris des livres.
Il était une fois...
Une librairie. « Le verbe Être ».
Un hôpital. Une petite fille endormie dans le coma.
Une mère handicapée qui préfère laisser à l'homme le soin de s'occuper de sa fille.
Alors il va réciter, raconter, conter.
« Tu réciteras au nom de celui qui t'a créé à partir d'un caillot de sang ! Tu réciteras au nom de celui qui t'a créé à partir d'un crachat ! Tu réciteras au nom de celui qui t'a créé à partir d'une tache d'encre ! Tu liras et tu réciteras… »

Quelques mots éblouissants,
Pour des solitudes fracassées,
Des flocons de neige
Pour relier des êtres
Sous son tapis blanc.
Il était une fois La petite chartreuse de Pierre Péju, un roman comme un diamant brut, un roman céleste à faire rougir les étoiles, un roman spécial, un roman qui rend hommage aux livres et à la belle littérature. Merci Etienne, merci Eva, je vous garde dans mon coeur.
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Parce que sa mère, une nouvelle fois, n'est pas venue la chercher à la sortie, parce qu'elle n'était pas là à “l'heure des mamans”, Eva, dix ans, est partie en courant de l'école, affolée de chagrin, trop inquiète pour prêter attention à quoi que ce soit, et s'est jetée sous les roues de la camionnette du libraire Etienne Vollard. L'accident est inévitable, une sale plaisanterie du destin, une plongée en enfer pour la petite fille comme pour Etienne qui “sent bien que ses muscles et sa viande et ses os et ses nerfs et sa cervelle n'en finiront jamais de percuter ce corps enfantin par une fin de journée neigeuse aussi vaste que le temps qui lui reste à vivre.”

Ce drame provoque la rencontre de trois solitudes : celle d'Eva, l'enfant délaissée, quasiment abandonnée, enfant fantôme pétrie d'angoisse et de chagrin jusqu'à l'accident, mutique depuis ; celle de Thérèse, sa mère, une femme à la dérive, errante, précaire et un peu perchée, qui aspire “à n'être plus personne”, à la “tranquillité des femmes imperceptibles” et élève sa fille seule, sans avoir pleinement conscience d'être mère ; celle d'Etienne, enfin, le libraire, asocial, immense, massif, tout empêtré de lui-même et des drames intimes de son enfance, lecteur compulsif et hypermnésique, un amoureux fou des livres dont la mémoire est imprégnée de milliers de textes, “de milliards de mots avalés, mâchés, remâchés, ruminés en une interminable jouissance”.

Trois vies qui chavirent et basculent à l'occasion d'un drame, trois solitudes qui se percutent, se télescopent, se frottent, hésitent un instant à se rejoindre pour une impossible résilience, trois solitudes trop puissantes et trop désespérées pour qu'un avenir puisse encore se construire, pour accueillir le bonheur et conjurer le destin...

“La petite chartreuse” est un roman à la fois lumineux et sombre, que j'ai quitté le coeur serré, des larmes plein les yeux, et que j'ai vraiment beaucoup aimé. J'en ai aimé l'histoire, sensible et délicate comme un très beau conte ; j'ai aimé le style, rapide et presque fiévreux, de Pierre Péju, sa capacité d'évocation dans une grande économie de mots, son sens de la formule (“Ordinaire et gluant, l'événement s'est plaqué comme un poulpe sur les choses” ; “Debout, dans le bruit des pages tournées, découvrir les quelques mots qui paraissent s'adresser directement à soi. L'inespéré noir sur blanc. Intime universel. Musique silencieuse.”...) ; j'ai adhéré à ses personnages, incarnés, touchants et captés avec beaucoup de finesse dans leurs vérités intimes ; et j'ai adoré, enfin, cette belle célébration de la littérature, cette foi ardente et magnifique dans le pouvoir des livres et des mots… impuissants néanmoins, dans ce récit, à réparer la brisure des âmes.
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CHALLENGE ATOUT PRIX 2015/2016 (12/15)

Prix du Livre Inter 2003

Une magnifique histoire, triste à pleurer, qui parle de l'amour des livres et de la solitude des êtres.

En rentrant chez lui au volant de sa camionnette, un soir d'hiver, Étienne Vollard renverse, Eva, une fillette de huit ans qui traversait la rue en courant, oubliée une fois de plus à l'école par sa mère. Libraire de son métier, amoureux de la montagne où il marche des heures, ce géant solitaire ne vit qu'à travers ses lectures. Souffrant d'hypermnésie, il en retient des pans entiers. Bouleversé par l'accident, il se rend à l'hôpital pour voir Eva qui est dans le coma. Pris pour le père par le personnel qui lui conseille de parler à l'enfant pour la stimuler, Etienne, rongé par la culpabilité, va commencer à lui réciter tous les passages de ses lectures qui encombrent sa mémoire. Il y fait la connaissance de Thérèse la mère qui passe en coup de vent. Jeune et instable, cette dernière a énormément de mal à assumer son rôle de parent.

Comme j'aurai aimé que ces trois-là rompent leur isolement grâce aux livres ! Malheureusement ceux-ci n'ont pas le pouvoir de lutter contre le destin. L'ampleur du drame qui nous est conté par Pierre Péju, n'a d'égal que la beauté du texte. Des mots qui frappent, des phrases chocs pour nous raconter à travers le regard d'un témoin l'enfance de Vollard, souffre-douleur de ses camarades, mais aussi pour nous décrire la difficulté d'être mère, et surtout nous offrir un magnifique hommage à la littérature. Encore sous le coup de l'émotion, je ne peux qu'accorder un 20/20 à ce prix littéraire amplement mérité.
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Evidemment ce n'est ni joyeux, ni optimiste mais c'est une touchante histoire de solitude, d'exclusion, de mal de vivre si tant est que l'on soit un peu différent... Coup de coeur pour ce drôle de libraire empêtré dans un corps trop grand pour lui, et tellement plongé dans la littérature. Une superbe écriture, que j'aimerais bien reprendre encore...
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Tout d'abord, je voudrais vous faire partager l'émotion que j'ai ressentie en lisant ce livre.
Il y a longtemps que pareil sentiment ne m'était arrrivé.
je cherche, maintenant que la dernière page est tournée à comprendre cet enthousiasme.
Ecriture belle et fluide. Pas d'ornement inutile. Rien que du véritable ressenti.

Deux attraits dans ce livre : Tout d'abord cette passion dévorante pour les livres. C'est toute la vie de ce libraire. Restera à comprendre si c'est la ddifficulté de s'insérer dans la société, dès l'enfance, son physique ingrat, et le sentiment de ne pas appartenir au monde environnant, qui l'a fait d'abord, se réfugier dans la lecture, ou l'inverse : cette singularité de pouvoir s'abstraire de toute réalité qui l'a éloigné du monde?

Dans cette vie quasi monastique, l'accident qui lui fait connaitre cette enfant murée, d'abord dans le coma, puis dans une vie autiste, le tire de son quotidien. Il lui transmet avec une sorte de ferveur, son amour des mots et des phrases inscrites depuis des lustres dans son cerveau et quand cette enfant disparait, tout lui semble vain, les livres ne le consolent plus; il ne lui rest plus qu'à faire ce gand saut à l'élastique dans le néant.

Superbe..
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Etonnante rencontre entre Vollard, le libraire original, et Eva, petite fille au destin funeste, un jour à la sortie de l'école. A ces deux-là, ajoutons Thérèse la maman, elle aussi curieux personnage.
Ce livre, est la rencontre de trois êtres esseulés, emmurés. Trois solitudes qui provoqueront leur perte.
Eva la petite, livrée le plus souvent à elle-même, privée de la parole à la suite d'un tragique accident, et qui finira plongée dans un profond mutisme.
Thérèse, seule à élever son enfant, mère lointaine qui se fuit autant qu'elle fuit sa fille. Thérèse, la femme fantasque, qui n'ose ou ne sait pas parler à Eva alors qu'elle en a cruellement besoin.
« Elle sait qu'on ne peut pas laisser à l'abandon une fillette qui n'a au monde que sa maman. Elle fait ce qu'elle peut pour se convaincre qu'elle est la mère d'une petite fille nommée Eva, il y a dix ans. »
Et puis Vollard, le libraire, réfugié lui aussi dans la solitude des livres et des mots. Vollard, qui, tel un père de substitution, aura les mots et les gestes à l'endroit d'Eva, et de sa mère.
En dépit de la tristesse évidente de cette histoire, ce livre n'en reste pas moins lumineux. L'écriture fluide et nerveuse sait se faire discrète pour laisser le lecteur se délecter des mots, des évocations d'une région superbe qu'est la Grande Chartreuse, et lui laisser le temps de se laisser aller, tout simplement.
La tendresse un peu gauche et maladroite de Vollard est touchante. de la même manière que l'est la désinvolture de Thérèse qu'il m'a été impossible de blâmer ; peut-être parce qu'on ne sait pas grand-chose d'elle. Alors que de Vollard, nous en savons plus, et que cela explique aussi son univers si réduit.
Ce livre tendre, triste, et sensible à l'extrême se lirait presque « clandestinement » , pour coller à son atmosphère si particulière.



Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Superbe roman d'un auteur que je connaissais pas. Quelque part dans une petite ville de montagne. Etienne qui est un libraire passionné par son métier, renverse par accident Eva, une fillette de huit ans à la sortie de l'école. Sa vie, d'homme sans enfant prend alors une autre tournure. Il jouera le rôle de papa, et assistera l'enfant dans son long coma à côté de son lit, en lui récitant des histoires, des livres qu'il connait par coeur de mémoire. La fin du roman est un soulagement pour tous.
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Etienne Vollard tient la librairie "Le Verbe Etre" dans un village du massif de la Chartreuse. Un soir il renverse accidentellement une petite fille en voiture. Dévoré de remords il va la voir à l'hôpital où sa vie est en danger et rencontre la mère de celle-ci, Thérèse qui se confie à lui et lui raconte ses difficultés à être mère. Vollard va s'attacher à l'enfant, il lui récite des pages de ses livres préférés, l'emmène en ballade, remplaçant sa mère défaillante. Mais inexorablement la santé de l'enfant s'affaiblit, elle est mutique et devient anorexique jusqu'au jour où elle cesse de lutter pour la vie. Vollard dont la librairie a pris feu, se suicide.
J'ai beaucoup aimé ce roman que j'avais déjà lu une première fois et que je voulais relire, chose très rare pour moi. C'est un roman très fort que "La petite Chartreuse", avec une magnifique écriture, poétique et élégante. Les pages consacrées aux livres sont d'une grande beauté. On s'attache beaucoup aux personnages, à ce libraire bourru et solitaire, à cette enfant blessée, à cette femme qui s'est perdue dans la maternité. J'aime ce livre et il tient une grande place parmi les livres que j'apprécie particulièrement.
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La vie solitaire, la mort, le rejet pour délit de différence, l'impossibilité pour certains de pouvoir être reliés aux autres, les refuges l'un dans la lecture, l'autre dans les fugues en voiture ou en train, le décor est ainsi planté.
Le choc de la rencontre entre des destins que tout aurait dû opposer, voici le dénouement,
Dans un écrin de verdure, de montagne et de villages de vallée, Pierre Péju livre un drame de la vie quotidienne qui arrive à des accidentés de la vie avec une poésie désarmante.
Superbe roman!
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Pour les amoureux des livres, les passionnés de lecture. Fabuleuse histoire d'un homme habité par les livres, à l'esprit comblé de phrases et extraits littéraires, qu'il partage avec cette enfant dont il se sent coupable de son état après son accident. Père mère de substitution, remplaçant cette mère absente et fuyante... Un véritable petit bijou.
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