Le scénariste
Harvey Pekar est un grand nom de la B.D indépendante américaine et sa série « american splendor » en constitue un jalon important. Je me suis enfin penchée sur cette oeuvre et ai ainsi comblé ce qui est une lacune lorsqu'on s'intéresse à la B.D underground.
Les histoires qui composent ce premier volume de l'anthologie « american splendor » s'inscrivent dans une veine intimiste et réaliste s'intéressant au quotidien de personnages lambdas. « American splendor » est largement autobiographique,
Harvey Pekar mettant beaucoup de lui-même dans son personnage principal. Si les récits autobiographiques sont aujourd'hui courant en B.D, ce n'était pas forcément le cas dans les années 70,
Pekar était en ce sens assez novateur. Outre cet aspect précurseur la série est intéressante de par le personnage dont elle raconte le quotidien. Ce type banal, dépressif, colérique, éternel insatisfait a tout pour rebuter le lecteur. Et pourtant, j'ai fini par m'attacher à lui. Ces imperfections si humaines, ses manies de collectionneur me l'ont rendu touchant.
Pekar propose une peinture de la société américaine de l'époque fine et qui rend intéressantes des histoires où il ne passe finalement pas grand-chose.
L'autre réussite de « american splendor » c'est bien sûr le dessin.
Pekar étant seulement scénariste, il a fait appel à des illustrateurs de grand talent. Je ne reviendrai pas sur le grand Crumb qui fait encore ici des merveilles, notamment concernant l'expressivité des personnages. Avec « American splendor », j'ai découvert le talent d'illustrateurs que je ne connaissais pas du tout. J'ai ainsi apprécié le trait épais de Gary Budgett qui propose des cases très dataillées tout en étant très lisibles. J'ai aussi beaucoup aimé le style de Gerry Shamray, très épuré, simplicité qui trouve son point culminant dans un récit où les personnages apparaissent uniquement sous forme d'ombres.
« American splendor » n'est pas une lecture joyeuse et j'avoue préférer quand la B.D autobiographique a une touche d'humour, comme chez
Joe Matt par exemple. Mais c'est une lecture très intéressante, tant narrativement que visuellement, indispensable à tout amateur de B.D indépendante américaine.