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Barbey d' Aurevilly (Préfacier, etc.)
EAN : 9782915892048
470 pages
Editions Palimpseste (26/06/2006)
3.83/5   9 notes
Résumé :

" Il faut que je change de costume. Voulez-vous me tenir compagnie ?- Volontiers ", dit le jeune homme.Cela fut proposé et accepté avec une simplicité indescriptible. Seulement, ils échangèrent un regard en dessous : " nous allons voir " disaient les yeux de la princesse ; " vous verrez " répondaient ceux de Mérodack, et ils sortirent du salon en adversaires qui se sont défiés. Sans qu'un mot eût ét&#... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« le vice suprême », roman catholique et monarchiste, a connu un certain succès lors de sa parution en 1884. C'est le premier d'une éthopée - ainsi que Péladan lui-même a nommé cet ensemble de romans - consacrée à la décadence de la race latine. L'action commence à Florence, à la fin du dix-neuvième siècle. Leonora d'Este est une descendante de la famille d'Este et de Lucrèce Borgia. Dans son sang coule le vice de ses ancêtres, mais un vice magnifié, qui, loin de se réaliser dans la concupiscence, se manifeste par sa chasteté et son dédain des hommes. Mariée, elle vient vivre à Paris, nouvelle ville du vice. Puis, veuve, elle devient le fantasme de toute une armée d'hommes lubriques. Pourquoi la chasteté de la princesse d'Este est-elle le vice suprême ? Parce qu'elle n'est pas l'accomplissement du Mal, mais son origine. En terme moderne, Leonora est une allumeuse. Et Péladan soutient que l'accomplissement du Mal est moins répréhensible que de susciter le vice chez les autres. de toute façon, pour Péladan, il n'y a pas d'échappatoire, nous sommes tous des pécheurs. le plaisir, le désir et même l'amour profane ne sont que des formes différentes du plus odieux des vices. Toutes sortes de subtilités théologiques sont évoquées dans ce roman et ne peuvent laisser le lecteur attentif que dans un gouffre de perplexité. Péladan s'en sort avec des pirouettes magiques et astrologiques assez peu convaincantes. Sa religion se situe à mi-chemin entre Saint-Augustin et Paco Rabanne, beaucoup plus proche de ce dernier en fait. Il suffit de regarder des photos de lui avec sa pilosité assyrienne et sa robe de bure (je parle de Joséphin Péladan, pas de Paco) pour comprendre qu'il a eu au moins une bonne idée, celle de vivre cinquante ans avant l'âge d'or des camisoles de force et des électrochocs. Plus sérieusement, Péladan avait une grande culture, peut-être un peu trop ostentatoire, mais surtout inutile, menant partout et nulle part. Aussi, je me demande sérieusement jusqu'à quel point il a compris ce qu'il écrivait. Ce roman est-il d'une totale hypocrisie ou d'une réelle naïveté ? Les deux, j'ai l'impression. En tout cas, il est évident que cette Leonora d'Este est la matérialisation de ses fantasmes. Son succube, pour employer ses termes. Et puis, trois viols de vierge en un seul roman, je ne crois pas que ce soit innocent. Tout ça pour en venir à sa misogynie, qui là, est indéniable. Roman catho, donc : La femme est considérée comme un être normalement inintelligent, source de tout le Mal du monde, impure dès la perte de sa virginité. Mais surtout, on sent bien que Péladan est de la même espèce que les individus qui aiment répéter : « Elle l'a bien cherché ». A côté de ça, il y a des passages très intéressants, par exemple sur la faillite de l'Union générale, évènement loin d'être anodin dans une France dont la ligne de démarcation politique se situait encore entre les républicains et les monarchistes, et qui a provoqué la ruine du parti légitimiste et par la même occasion augmenté le ressentiment d'une partie de la population envers les banquiers juifs. Bref, il y a beaucoup de sujets dans ce roman, plus ou moins heureux. Quant à son style d'écriture, il est, lui aussi, très discutable. Il a un certain goût pour le classicisme qui rebutera d'emblée tous les amateurs de platitudes contemporaines et ça, c'est plutôt un bon point. Certains passages sont délicieusement surannés comme un vieux roman de chevalerie. Des fois on frôle le comique, lorsque Péladan raconte la guerre de 1870 façon « chanson de Roland ». Mais tout ça est plutôt charmant. Par contre, son maniérisme, l'afféterie de son style, son côté bêtement prétentieux ne laissent aucun doute : Péladan était un écrivain de second ordre. Il était au classicisme ce que le stuc est au marbre, une imitation. Les néologismes, les mots barbares comme « écolièrement », « docilisé » ou « rebellionnée » envahissent le texte et il faut avoir un gros sens de l'humour pour ne pas refermer ce livre. Et cette manie des citations latines inopportunes et gratuites, est très fatigante. Péladan c'est du toc, du faux, on a l'impression d'être au théâtre et de regarder une pièce ambitieuse faite avec trois bouts de ficelle. Ce qui ne serait pas désagréable en soi si l'auteur ne se prenait pas tant au sérieux.
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le roman fin-de-siècle a ses codes, qu'il vaudrait souvent mieux, comme pour tout texte « d'école » ne pas voir strictement respectés à la façon d'une application de recette qui lasse. Toute oeuvre dont il existe quantité de variations similaires devient système et non plus art. La copie d'un procédé est de moindre valeur que la recherche d'un procédé nouveau, si possible plus efficace ou plus vrai.
Ainsi Peladan m'évoque-t-il Fersen, qui m'évoque Rachilde, etc.
Style d'érudition magnifique, d'étrangeté byzantine, d'efforts disparates, délibérément condescendant. Intrigue prétexte à démesures incrédibles, concaténée chronologiquement, sans planification élaborée, somme de tableaux arrêtés à contempler immobiles et encadrés d'or à la Sardanapale. Foules banales qu'une frénésie de divertissement aliène de dignité, de grandeur, d'individualité, grégarisées en troupeaux veules et excessivement confortables. Personnages monstrueux, monstrueux dans l'innocence ou monstrueux dans le vice, saints impavides comme des marbres ou dépravés débridés comme des diables, tous difformes, tous anomaux, répertoire de tératologie.
Et il m'est venu à cet endroit une réflexion fondamentale : c'est qu'on a tort d'admettre la littérature fin-de-siècle comme décadente et corrompant les moeurs. Pour réaliser un tel effet de subversion, il faudrait qu'elle condamnât ce que les moeurs admettent le bien, qu'elle tâchât à opérer un renversement de valeur, à instruire une réforme, du moins à rediriger la morale, à la questionner, et qu'en quelque chose elle mette en péril les normes unanimes et établies ; mais il n'en est rien ; le fin-de-siècle conserve les repères, ne propose nulle évolution de paradigme, et il inclut même une préciosité populaire et plaisante, dont l'aura de scandale, un certain temps, attira comme une excitation. Il ne comporte qu'une critique de la société de l'amusement et de la déspiritualisation, qui est au fond une critique très morale et presque une homélie, parce que chacun veut bien l'admettre, et continuer à se divertir stupidement – cet aveu est une condition de la déresponsabilisation : j'en suis conscient, je le déplore, donc je me suis repenti et je puis poursuivre mon genre de vie avec les minuscules altérations congruentes pour me donner bonne conscience. Les intrigues y présentent toujours nettement leurs monstres comme monstrueux, puis les monstres cruels périront dans leurs tares et les monstres gentils dans un halo lumineux – certes, en définitive tout s'extermine et s'annihile, mais c'est un dénouement d'Apocalypse à la Saint Jean. de tels romans ne sont pas diabolismes ou messes noires, ils ne convertissent pas au mal et ne sont nullement écrits dans l'intention d'invoquer des démons et de célébrer le vice ; ils sont au contraire une façon très rassurante et convenue de continuer à identifier le bien et le mal selon les mêmes critères manichéens, à se catégoriser dans le meilleur des camps par une dénonciation très propre (comme c'est curieux, tous ces auteurs dandy somptuaires qui plaident pour la vie rudimentaire !), mais sans implication, sans alternative, sans autre perspective, sans « par-delà bien et mal », et surtout : sans référence à Nietzsche. Je dirais – qu'on me pardonne – qu'un auteur décadent est par définition celui qui n'a pas lu Nietzsche et qui, à cause de cela, ressasse et retarde. Sa représentation, passée, est puérile et vaine, sans hauteur ni accès faute de distance et de proposition : cela ne touche personne, et cela ne touche même pas la réalité du mondain qui en disserte. Décoration et impostures – rentabilité.
Et autre écueil : comme la mutation d'une société vers l'évanescence donne aux auteurs fin-de-siècle le sentiment d'une déchéance, et puisqu'une évolution, même qu'un progrès, leur paraît foncièrement un déclin, pour soutenir ce jugement catégorique ils produisent des fictions qui entretiennent et prolongent l'univers du divertissement, puis convoquent en les rehaussant certains passés douteux redorés de couleurs fabuleuses en gloires d'auréole qui présentent tout le caractère du spectre et du conte dans une volonté fallacieuse et rétrograde. Ils veulent alors ressusciter les dogmes anciens, aspirant par exemple comme Peladan, Bloy ou d'Aurevilly au retour d'un catholicisme de suprême autorité, sans admettre que cette religiosité était inepte et presque mondaine, fondée sur la crainte et la superstition, et finalement une sorte d'adhésion plus ou moins impensée sans force individuelle. Et l'on aboutit ainsi à un conservatisme inepte, aveugle et de pure réaction, consistant à rechercher par défaut ce qui n'est plus, ce qui s'est éteint, dans la conviction, plutôt que l'analyse, que rien ne peut être pire que le présent, de sorte qu'il devient superflu d'examiner vraiment le passé pour le vouloir réaliser. D'Aurevilly livre d'ailleurs une préface étonnamment absurde, dans laquelle il semble considérer le vice suprême comme un plaidoyer pour la monarchie ainsi qu'un manifeste catholique, et ce regard biaisé, sectaire, obtus, de sérieux outré et en grand décalage avec l'amusement d'horreurs impossibles dépeintes dans le livre, l'incite à produire à la fois un éloge extrêmement convenu et un blâme fort incongru, éloge et blâme aussi faux l'un que l'autre. C'est considérer ce roman avec trop de profondeur et de militantisme, sur la foi de son mysticisme d'apparat, parce que… c'est un divertissement encore, immature, clinquant, du faux-homme, de la décadence de mode. Peladan ne cessera jamais d'arborer ce dandysme mondain dont il espère évidemment un succès énorme.
Au fait : cela parle d'une princesse machiavélique, et résolue, en son désoeuvrement, à rendre les hommes fous de luxure sans qu'on la touche, et qui mène une vie fastueuse d'ennui. Cela parle aussi d'une androgyne perverse et cupide, ancienne prostituée amorale, qui fonde un groupe de cyniques versés dans l'amertume, la médisance et la vilenie distinguées. Cela parle encore d'hommes solitaires combattant la turpitude, dont l'un est mage adepte du magnétisme et du mithridatisme spirituel, et un autre prêtre enthousiaste dénonçant une société pécheresse en prêches accusateurs. Et ce qui rend cette profusion de personnages nécessaire, c'est le besoin d'alimenter une intrigue dont les péripéties manquent, parce que le roman narre une végétation ou un pourrissement sans perspective ni souci de vraisemblance. Comme souvent dans ce genre, il ne se passe presque rien, et le peu qui arrive n'est guère profond.
Toujours est-ce artiste : goût du verbe éclatant, de l'éloquence pourpre, de la sélection des tournures pittoresques, originales, sensuelles, puissantes et évocatoires, comme on n'en ose plus depuis plus d'un siècle : « Elle grandit dans ces salles immenses où le bruit de ses jeux éveillait des échos si étrangement sonores, qu'elle les interrompait souvent, interdite, inquiète par les regards des portraits d'aïeux. […] Dans ses ébats elle ne se roula pas sur les meubles mous et bas des décadences ; elle heurta sa nonchalance aux lignes droites, au bois dur, aux formes architectoniques de ce mobilier de la Renaissance qui pousse à l'action par son inaptitude aux alanguissements de la rêverie. » (pages 30-31) ; « Sa voix, d'une stridence aiguë, avec des éclats de cristal heurté, faisait un bris de vitres quand il riait. » (page 217). Aussi, des lucidités à l'endroit des foules, et qui réjouissent de justesse encore actuelle, comme : « Pantin cassé aux ficelles pendantes, le décadent n'a même pas le ressort qu'il faut pour déplacer son vice et changer de fumier ; il pourrit sur place, heureux de cette vermine, qui, pour quelques droits qu'elle lui ôte, lui ôte aussi tous les devoirs. Dédaigneux de sa liberté qui lui pèse, il appelle avec cris la tyrannie d'un vice. Aux époques d'épée, on faisait bon marché de sa vie ; aux époques de dandysme, on fait bon marché de sa volonté. Vivre est si nauséeux qu'on s'abandonne avec le martellement de l'habitude à ce lent suicide : l'ivresse de l'inertie. » (page 76) ; ou : « « Je reconnais une loi doublement organique ; mais plus cette loi sera générale, plus je me dois d'y faire exception. L'exception, c'est tout ce qu'il y a de grand dans l'humanité, c'est tout ce qui reste des civilisations. le saint, l'homme de génie, exceptions ! le chef-d'oeuvre d'art ou de vertu, exceptions ! » de la constatation des horreurs sociales, de l'inutilité des efforts humains, du dessèchement de sa sensibilité, un ennui lourd – car il était fait de pensées – tombait sur elle. Nature poétique tournée à l'aigre, voyant l'envers des gens, des faits, des mots ; ayant l'intuition des versos, des dessous, elle gémissait de n'avoir pas un grand destin. » (pages 85-86) ; ou encore : « « Vous êtes un inerte, c'est pire. Mieux vaut le Mal qui veut, que le bien qui ne sait pas vouloir ; la passivité de l'homme est plus honteuse que toute perversité de femme. » » (page 119) ; ou au surplus la formule lapidaire suivante, indiquant l'effet de toute éloquence irréfragable sur un matériau médiocre : « Émues, non contrites ; point converties, humiliées. » (page 275) ; ou enfin, ce remède, que j'avais déjà envisagé, à la déchéance d'esprit qui atteint la société : « « La passion est une roue qui tourne à senestre dans le sens du mal ; imbécillité de l'arrêter. Il faut la faire tourner à dextre, dans le bien. C'est la roue du Tarot, c'est le coeur de l'homme. On l'a arrêtée ! On a fait des culs-de-jatte, de peur qu'ils ne fissent usage mauvais de leurs membres. Toi qui rêves, comme Alta, de régénération : chauffe les passions à blanc ; le feu purifie ou consume, et l'incendie d'une société a sa grandeur ; tandis que ce monde moderne que tu aimes, jeune que tu es, s'en ira, avec l'imperceptible gargouillis d'un robinet qui s'égoutte ou le susurrement d'un ballon qui crève… » » (page 386)
Peladan joue, et il joue en ayant l'air sérieux, à quoi se prend d'Aurévilly, comme dans ces tableaux où les clartés jouxtent les sombreurs et où le critique penche toujours du côté où son tempérament le pousse. Il réalise un parangon de ciselures, selon l'exemple d'une toile de Gustave Moreau, reprenant un thème en vogue, ce « jaune » caractéristique et de racole, sans y adjoindre, à vrai dire, plus qu'une énième histoire de « vampires » qu'on n'écrirait certainement pas pour soi seul, qu'on épanche dans la société, une épate, rien de profondément personnel, et donc – une sorte d'impeccable insincérité.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Il s'agit d'une oeuvre de jeunesse de Joséphin Péladan, qui décrit le triste sort d'une princesse italienne, victime d'un vice qui l'entraîne fatalement à sa perte. L'écrivain s'inscrit dans le mouvement des décadents, et est stylistiquement très proche d'un Barbey d'Aurevilly, qui a d'ailleurs préfacé ce livre, ou bien d'un Villiers de l'Isle d'Adam. A l'instar de Barbey, je regrette la part trop importante donnée à la magie dans ce livre, mais ses immenses qualités permettent de passer outre ce point. Mention spéciale pour le prince de Courtenay, qui m'a rappelé Robert de Saint-Loup, de la Recherche du temps perdu. J'ai l'impression que le côté mystique de l'auteur, qui m'a un peu rebuté dans ce livre, n'a fait que se développer par la suite. Joséphin Péladan (qui s'est rebaptisé Sar Mérodack Joséphin Peladan plus tard, quand il a sombré dans le mysticisme occultiste) est actuellement tombé dans l'oubli et je n'en ai jamais entendu parler.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Les faits collectifs n’existent que pour les manuels du baccalauréat… Un événement c’est un homme, ou deux, ou trois, mais cela s’incarne toujours. La seule incarnation multiple est le Serment du Jeu de Paume. Eh bien ! Carlyle a démontré qu’on pouvait tuer en quelques minutes cet événement. Les portes des écuries de Marie-Antoinette faisaient face à celles du Jeu de Paume ; il y avait des canons dans les cours ! Les rouler, les charger, bombarder la Constituante avant qu’elle fût constituée et la République avortait ; les têtes coupées, on avait le temps de couper les bras… Six zéros, c’est néant, mettez un devant, vous avez un million… En politique, comme en arithmétique, l’unité est tout et ôtez l’individu, l’événement n’a plus lieu. Qu’est-ce, le premier empire ?... Bonaparte. Au lieu de soldats contre son armée, il fallait envoyer des assassins contre sa personne… Vingt coups de poignards à travers l’histoire universelle… elle est changée. »
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— « Maintenant, conseillez-moi, le costume grenat ou celui gris d’argent ? »
— « Celui gris d’argent. »
— « Serait-ce abuser que de vous prier de me corseter ? »
Et le ton de cette demande raillait. Mérodack lui laça son corset sans empressement ni maladresse.
Alors elle fut troublée de ne point le troubler et elle s’assit afin que l’œil du jeune homme plongeât dans sa gorge.
Mérodack lui présenta le justaucorps. Elle se leva dépitée, passa les manches.
— « Agrafez-moi », demanda-t-elle.
Comme Mérodack évitait de toucher sa peau.
— « Non, il faut prendre en dessous », et le jeune homme subit au dos de ses doigts le contact caressant et moite.
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On dirait l'Anadyomène de ces primitifs qui, d'un pinceau encore mystique, s'essayent au paganisme renaissant, un Botticelli où la sainte déshabillée en nymphe, garde de la gaucherie dans la perversité d'une plastique de stupre ; une vierge folle de Dürer, née sous un ciel italien, et élégantisée par un mélange de cette maigreur florentine où il n'y a pas d'os et de cette chair lombarde où il n'y a pas de graisse.
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Sur ses formes Parmesanes, le peignoir de soie violette a des froissements pareils à des moues de lèvres, à des caresses timides et effleureuses. Un bras que la retombée de la manche dénude, encouronne sa tête aux cheveux roux et lourds, l'autre pend avec des flexibilités de lianes, des souplesses de lierre et le dos des doigts pointus touche la peluche rase du tapis.
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Un accord dissonant Wagnerien où les cuivres beuglèrent avec stridence, coupa net les conversations. Tout de suite une mélodie molle pleura des notes traînées : on eût dit des femmes blondes à l'embonpoint mou, traînant par un temps de pluie d'été, leurs mules sans talons et leur pensée sans objet. Puis les sons semblèrent des bayements délicats, des bras agacés de paresse qui s'étirent, des poses écrasées d'ennui, des bruits flasques de corps dans l'eau. Bientôt des frissons coururent des violons aux basses et les flûtes pépièrent grivoisement. Peu à peu l'orchestre se scinda et deux ouvertures alternèrent, se mêlant et se brouillant, se confondant. Tandis que les instruments à cordes, les haut-bois et les harpes lançaient d'idéales lamentations, les cuivres et les tambours accompagnaient en dérision : les éclats de bruit d'un bal de barrière, traversé par le motif idéal, cette mélodie aimée que Berlioz fait apparaître à travers la marche au supplice.
Comme dans la sérénade de Don Juan, où la guitare se moque de la voix langoureuse, Cadenet avait contrasté, mais cyniquement, éraillant les sons, déhanchant le rythme, avec des staccati canailles. Par une singulière perversité du maëstro, la mélodie idéale, peu à peu, se vulgarisait ; et ce n'était pas le sabbat, qui est terrible, c'était le chahut, qui est bête. Enfin, par une transition brusque, un tutti, ample et lent de prière…
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Vidéo de Joséphin Péladan
Trois préludes du Fils des Étoiles, wagnérie kaldéenne du Sâr Péladan. Nicolas Horvath au piano.
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