Le bossu de Montfaucon, tome 1 : Notre-Soeur

A la mort de Louis XI en 1484, son héritier Charles VIII n'a pas l'âge de gouverner le royaume de France. La soeur du dauphin, Anne de Beaujeu, et le deuxième dans la ligne de succession, Louis d'Orléans, vont se disputer la régence.

Sur fond historique, les auteurs nous livrent une histoire de conflit d'intérêt politique entre deux parties : celui de Anne de Beaujeu et celui de Louis d'Orléans. Entre les deux le duché de Bretagne lui aussi en instabilité politique et dont la meilleure arme et le futur mariage de la jeune Anne de Bretagne.
Le personnage principal est Pierre d'Armagnac, bâtard de la même famille, qui s'allie à un personnage fictif bien connu : le bossu de notre dame. Bon il faut avouer qu'il est rigolo d'inventer une suite à la vie de Quasimodo après le roman de Victor Hugo mais pour le moment il ne sert pas à grand chose. C'est un homme de main particulièrement fort mais il n'y a pas grand intérêt à ce que ça soit le Bossu du roman...

Le dessin de Stalner est sympathique, rigoureux, mais il n'est pas toujours facile de reconnaitre les personnages. Les deux personnages principaux : Pierre d'Armagnac et Louis d'Orléans, se ressemble et sont en plus dotés de la même barbichette ce qui fait que je n'arrêtais pas de prendre l'un pour l'autre.
Autre point négatif sur Jeanne, la soeur cadette d'Anne de Beaujeu que Louis XI avait marié à Louis d'Orléans, est sensée avoir un physique particulièrement ingrat : boiteuse, petite, voutée, laide... D'ailleurs dans la BD son époux ne se lasse pas de le répéter et de mettre en avant sa laideur. Mais graphiquement nous avons à faire à une jolie demoiselle au minois avenant, à la taille fine, à la belle poitrine et au maintien droit. Stalner l'a juste affublé d'une bosse qu'on ne remarque pas une fois sur deux. Alors pourquoi ne pas aller au bout de la démarche ? Il le fait bien pour Quasimodo... A-t-il peur que le lecteur ne soit pas capable de s'attacher au personnage s'il courbait son corps ?

L'action se situe à une époque qui, pour moi, est assez inconnue et confuse. Nous sommes en 1484, Charles VIII a 14 ans. Il est le seul héritier mâle de Louis XI. Anne de Beaujeu, la soeur de Charles, est régente. Elle a les manières de son père, calculatrice et manipulatrice. Son but: maintenir Charles VIII sur le trône. Elle s'oppose à Louis d'Orléans, qui a été forcé d'épouser Jeanne de France, soeur d'Anne et de Charles, bossue et contrefaite, dans l'espoir que cela fasse disparaître la lignée des d'Orléans.

Anne de Beaujeu entre en conflit aussi avec Charles VIII, qui est tendre '(il est jeune et arrangeant) afin de le faire épouser Anne de Bretagne.

La Bretagne est au coeur de ce tome. A Nantes, on prépare la lutte contre Charles VIII. Louis d'Orléans vient sceller des alliances. le genre de deal qui est rompu aussi vite qu'il est conclu, tant les nobles changent de camp selon le sens du vent.

A Nantes arrive un bâtard accompagné d'un bossu récupéré sur le Gibet de Montfaucon. Quasimodo n'est pas mort. Il sera même au centre de ce tome qui virevolte à grands coups d'épée. Il est question aussi de lettres et de bâtards... Louis d'Orléans, fils de Charles d'Orléans (fait prisonnier à Azincourt) et de Marie de Clèves ne serait lui aussi qu'un bâtard, dont les prétentions au trône seraient donc nulles.

J'ai appris des tonnes de choses, dont l'exactitude me semble avérés. Pelaez a fait un sacré travail de recherche. Même si parfois, c'est un peu complexe de suivre les alliances, cela reste fascinant. le rythme s'en ressent aussi. Il y a de longs passages à la cour et dans des discussions sans fin, dont je ne vois pas toujours l'intérêt (si ce n'est historique). le dessin, par contre, est de très belle facture. On pourrait être à l'aube d'une série comme les Chemins de Malefosse, sauf que Pelaez n'arrive pas à créer un personnage charismatique (Quasimodo est assez limite dans le rôle). Il opte pour un récit où les personnages historiques sont au centre et choisit dès le départ de se positionner dans un diptyque.

A la fin du XVe siècle, la lutte de pouvoir pour détenir les clefs du royaume de France est à sin paroxysme.

Les situations un peu rocambolesques le sont tout autant. Les ducs de Bretagne sont alliés aux français, et les Bretons dirigés par un duc.... français.

Louis d'Orléans entend bien cercler la couronne de France sur sa tête, et se prépare à défendre la ville de Nantes face aux troupes du jeune Charles VIII, mais dont sa soeur, Anne de Beaujeu manipule selon son bon vouloir.

Dans ce tumulte politico-militaire, car il ne fait aucun doute que la bataille va bientôt s'engager, deux hommes viennent proposer leurs services à Louis: Pierre le Bâtard et un bossu qui le suit partout comme son ombre.

Pierre, n'est autre que le fils illégitime de Jean d'Armagnac, assassiné sur ordre du roi Louis XI, le père d'Anne de Beaujeu, ce qui explique déjà en grande partie sa motivation.
Son bossu, même si il se défend d'être son maître, mais tout simplement son ami, n'est autre que Quasimodo, le même que tout le monde pensait être mort à Paris.

Il faut maintenant se préparer à un peu plus d'action, tant dans les coulisses que sur le terrain, mais dans les deux cas, ça sent bien la poudre.

Une très belle intrigue et des jeux de pouvoir et d'influence poussés à l'extrême. Si tout semble en place, par contre les résultats attendus risquent bien de connaître quelques rebondissements, c'est du moins ce que l'on ressent à la lecture de ce récit, car tout le monde semble être sûr de son fait, mais comme la seule certitude est que tout le monde ne peut pas gagner ... j'attends la suite avec impatience !!
Je suis aussi très content de retrouver Quasimodo dans cette histoire, encore un peu plus abîmé, et même si ça ne va visiblement pas s'arranger....

Le Bossu de Montfaucon possède d'abord l'avantage de bénéficier d'une agréable première de couverture avec ce regard encapuchonné qui renvoie inévitablement à ce mystérieux bossu de cette bd qui n'est autre qu'un certain personnage inventé par Mr Victor Hugo... Mais loin de se focaliser sur le bossu, cette bd scénarisé par Philippe Pelaez et dessiné par Eric Stalner avec à la couleur Florence Fantini est avant tout un sympathique titre historique, un peu indigeste dans un premier temps, mais qui dispose de bons moments forts suffisant à attirer l'attention de son lecteur.

Comme la plupart des bd historiques de courte durée ( ce titre est prévu en deux volumes), il faut d'abord savoir appréhender le contexte historique. Ce qui peut nécessiter une petite relecture, d'autant plus au milieu de tous ces personnages d'abord résumé par le contexte historique de l'époque. L'intrigue de cette bd n'est pas simple à appréhender et nous jette un peu brutalement dans cette fosse de l'Histoire durant laquelle se côtoie diverses guerres intestines et querelles de pouvoirs. En l'occurrence, ici, en cette fin de XVème siècle, c'est le duel qui oppose Anne de Beaujeu, fille ainée du précédent roi décédé et actuelle régente du royaume face au capricieux Louis d'Orléans. Chacun d'eux a ses cartes en mains. D'un côté, Anne de Beaujeu peut compter sur l'aide d'un impitoyable homme de main tandis que Louis d'Orléans bénéficie de l'aide innatendu d'un chevalier bâtard et de son ami bossu.

On le comprend vite, Ce dernier n'est autre que notre cher Quasimodo relégué un peu au rang d'homme de main mais dont la présence demeure bien marquante à chacune de ses apparitions. En somme, les personnages sont plutôt réussis avec quelques surprises comme Jeanne la Boiteuse , une femme touchante méprisée par son mari et qui s'attache à Quasimodo. Ainsi, il y a un mélange réussi de personnages historiques et fictifs emmené par le dessin tout en gueule d'Eric Stalner qui dessine aussi bien des femmes gracieuses que d'infâmes salopards. Les décors sont à la hauteur et on remerciera Florence Fantini à la couleur pour quelques remarquables passages comme une vue tout en profondeur de Nantes ou un massacre hivernal aux allures de western.

Ainsi, ce premier volume du Bossu de Montfaucon combine quelques bons ingrédients mais dommage qu'il soit alourdit par un contexte historique mal emmené et quelques répliques indigestes. C'est peut-être un point un peu rebutant de ce titre : des dialogues qui manquent de force et sont calqués sur un ton romanesque et soutenu comme si les auteurs avaient voulu rester sur de la prose plutôt que de donner encore plus de force et de rythme au dessin. C'est notamment le cas avec un Quasimodo au final peu présent dans ce premier tome et qui est cantonné à un rôle de sbire un peu simplet tandis que les nobles nous assomment avec leurs discours et complots. C'est dommage mais on va attendre le second volume pour se faire un avis définitif quand à ce Bossu de Montfaucon.

En somme, nous avons une bd historique dont les bons ingrédients se mélangent dans un ragoût un peu lourd au premier abord à cause notamment d'un contexte historique un peu déboussolant et des répliques parfois ronflantes. Malgré tout, ce premier volume combine tant bien que mal, action, complot et personnages attrayants pour nous faire passer un bon moment de lecture. En espérant que le tome 2 soit plus relevé et digeste.

Et si Quasimodo avait été sauvé des caves du Gibet de Montfaucon, cet édifice placé aux portes de Paris pour marquer les esprits… Et si « Notre Dame de Paris » avait une suite ?

Voilà ni plus ni moins le défi relevé par Philippe Pelaez, faire une suite au célèbre roman de Victor Hugo ! Il parvient à insérer ce personnage fictif dans la réalité des évènements historiques de la fin du XVème siècle.

Et ça marche ! Voilà notre bossu célèbre homme de main aux services d'une lutte sans merci, celle pour le trône. Ils se mettent en quête de 2 lettres pouvant remettre en cause la légitimité de Louis au trône de France.

C'est très bien ficelé, on est vite embarqué dans l'intrigue et le dessin d'Eric Stalner contribue à cet engouement par des ambiances très réussies et des personnages marqués.

Au final c'est un premier épisode très réussi pour ce récit d'aventures historiques qui parvient à apporter une tension romanesque forte à un des évènements ayant vraiment eu lieu. Vivement la suite !