« Oui, oh oui… Jessica… Je te ferai subir plus de tourments que le Diable en personne…
— Vous êtes un peu vantard, non ? »
Il se redressa d’un bond sur son lit. Quelqu’un venait de parler dans sa cellule. Pourtant, il était censé être seul.
Il observa le fond de la pièce, plongé dans le noir total.
« Il y a quelqu’un ? » hasarda-t-il.
Depuis la pénombre, une voix féminine lui répondit :
« Je disais : vous êtes un peu vantard, non ? Croire que vous pourriez faire mieux que le Diable. »
« Tu as bien changé, tu sais ? J’ai failli ne pas te reconnaître »
L’intrus qui s’adressait à elle restait invisible dans le noir, mais la voix lui était familière. Trop
Mon Dieu, on dirait…
« C’est bien moi. »
Lentement, Léon Schwartz émergea des ténèbres et vint se placer dans un carré de lumière jaune projetée par la fenêtre.
« Bonsoir ma douce, dit-il. Heureux de te retrouver. »
Lorsque Maxime dormait chez lui, Mathieu lui laissait le lit et prenait le canapé. D'habitude ça ne lui posait pas de problème, mais, ce matin, il se leva courbaturé.
Tu as passé trente ans, mon vieux, c'est le début de la fin.
Il s'étira comme le lui avait montré le coach de la salle de sport qu'il avait fréquentée durant deux semaines l'année précédente. La colonne craqua, ça le soulagea un peu. Il fit le tour d el'appartement pour ouvrir les stores, puis se rendit dans sa chambre pour réveiller son frère.
Le lit était vide.
Son premier réflexe fut de vérifier la salle de bain et les toilettes, mais il ne s'y trouvait pas non plus. Il fouilla toutes les pièces : rien.
Maxime avait fugué.
Encore.
Maxime songeait souvent qu'il était sans doute plus facile de prévoir la trajectoire d'un électron que de comprendre un être humain avec son incohérence, sa déraison, son absurdité, et ses contradictions à côté desquelles le chat de Schrödinger, à la fois mort et vivant, était un exemple de simplicité.
Elle se pétrifia alors que son cerveau en ébullition cherchait en vain à interpréter le spectacle aberrant qui s’étalait sous ses yeux. Malheureusement, aucune explication un tant soit peu acceptable n’était de mise, à présent.
Un cadavre d’animal reposait sur le marbre blanc, ouvert en deux comme les lapins vendus chez le boucher. Sauf que le pelage blanc tacheté n’était pas celui d’un anonyme futur plat en sauce mais celui d’Uggie. Le petit chien avait été éventré et vidé ; ses organes reposaient à côté de lui en un magma de viscères gluants.