Je remercie les éditions PLON et la plateforme NetGalley pour l'accès à ce témoignage dénonciation.
L'amour d'une grand-mère peut amener à l'amour d'un métier, celui qui consiste à prendre en soin les anciens les plus fragilisés, ceux qui sont reclus chez eux, ou en Ehpad.
Passer de responsable d'hôtel à auxiliaire de vie à domicile était déjà audacieux ; ensuite, Anne-Sophie Pelletier est devenue AMP, aide médico-psychologique, puis a exercé comme aide-soignante en Ehapd, tout en assumant le rôle de porte-parole de ses collègues à plus d'une occasion (comme lors de son emploi dans l'association de soins à domicile) allant jusqu'à la grève pour essayer de faire évoluer une situation engluée.
Le livre est une succession de portraits de personnes âgées, de coups de coeur en coups de gueule, on est surtout au coeur d'une réalité inadmissible, une maltraitance induite par des conditions de travail souvent inhumaines pour ces métiers tellement humains.
On retrouve les ingrédients classiques tels que les sous-effectifs, la valse des arrêts de travail voire des démissions, les burn-out, et l'impossibilité d'exercer correctement sa fonction, avec les valeurs qui l'accompagnent normalement.
Par moment, j'ai eu honte pour la profession paramédicale, quand elle cite des cas d'infirmières sans scrupules qui facturent des soins non faits à l'instar de certains kinésithérapeutes. Ah les « douches sans eau » !
Je me suis parfaitement reconnue quand elle décrit si bien l'enthousiasme des premiers jours où, la fleur au fusil et l'optimisme en bandoulière, on imagine qu'on a trouvé le poste idéal ; avec notre énergie positive, on remotive les collègues fatigués et découragés. Et puis, au fil des semaines et des mois, on s'épuise, on se heurte à la bureaucratie hermétique à nos demandes, et on finit sur les rotules, complices d'un système que l'on dénonce. Cela concerne toutes les catégories, de l'agent de service à l'infirmier.
Je déplore juste le manque d'humour qui aurait peut-être allégé un peu la lecture, mais arrivée à ce stade, je crois que l'auteure n'a plus du tout envie d'en rire.
#EhpadUneHonteFrançaise #NetGalleyFrance
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Il est très difficile de livrer un avis sur un témoignage, car celui-ci rapporte des faits et ne raconte pas une histoire.
Ce livre m'a vraiment bouleversé, choqué car l'imagination marche à plein tube pour imaginer ce qu'il se passe derrière les portes de ces établissements ou encore derrière les portes des domiciles des personnes dépendantes.
L'auteure livre là un témoignage horrifiant sur la réalité des aides aux personnes dépendantes. On prend connaissance d'un monde où la qualité est effacée au profit de la quantité, où la hiérarchie se rend coupable de non dénonciation, où l'état n'a strictement rien à faire de ce que subissent nos aînés qui ont labouré toute leur vie pour être traités de la sorte au cours de leurs derniers instants.
C'est écoeurant tout simplement. Alors plutôt que de livrer un « avis littéraire », je tirerai simplement mon chapeau à cette femme (et à toutes celles qui lui ressemblent) d'avoir choisi ce métier par conviction, de mener ce combat contre l'horreur, la maltraitance et l'indignité de chacun.
Nous devons trouver un moyen de changer ça, en se révoltant tous ensemble, nous pouvons peutêtre faire encore et encore parler de ça auprès des gouvernements afin que des vraies choses soient mises en place.
Merci Madame Pelletier d'avoir osé délier votre langue quand d'autres fermaient les yeux.
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Au premier abord, j'ai bien aimé ce livre. Un style simple et épuré. le livre décrit notamment les couloirs d'une maison de retraite. le hic, c'est que cette dernière est privée. Et travaillant dans un EHPAD public, les objectifs et le fonctionnement sont différents. C'est un récit personnel qu'il ne faut pas généraliser. Mais cet ouvrage fait froid dans le dos et pose de nombreuses: que souhaite-on pour nos aînés et quels moyens devons-nous mettre?
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Je pense que sans ma grand-mère, je ne serais pas devenue aide medico psychologique dans une maison de retraite. C'est mon amour des personnes âgées qui guide mon besoin de les protéger et de lutter pour que nos sages soient pris en charge dans toute la dignité qui leur est due dans les maisons de retraite, et pour qu'ils continuent de nous transmettre leurs expériences de vie.
Ils sont notre patrimoine commun, ils sont nos mémoires vivantes.
Le maintien des personnes âgées à domicile à ses limites, et l'État compte le dévouement des soignants , leur citoyenneté , leur altruisme, leur humanité, pour pallier ses manques.