Le retour d'Arthur B

Un journaliste antipathique se fait virer de son journal.
Il est cynique, vulgaire, mysogine, exploite ses conquêtes.
Un ami lui propose une enquête sur des chantiers navals, à l'ouest du pays.
De mauvaise grâce il s'y rend, et là, l'auteur nous décrit un amoureux transi, fleur bleue, hésitant.
Ce n'est absolument pas crédible.
Outre que les traits sont outrés, l'histoire ne tient pas debout.
La soudaine association avec une petite fille obstinée est improbable et ne cadre pas avec les personnages.
Bref, une histoire qui se lit, certes, mais manque de cohérence, de rigueur….
Un début inutilement vulgaire
Une fin à l'eau de rose.
Un texte qui, je pense, aurait mérité d'être retravaillé.

Indécis après une première lecture, j'ai décidé de revenir au texte une nouvelle fois car quelque chose m'y avait interpellé (l'histoire/le style sont assez agréables, ce n'était pas une gageure). Ce sentiment vague s'est alors dissipé rapidement pour laisser place à une certitude : ce roman est plus profond et plus ambitieux qu'il ne le laisse croire (volontairement?) à des yeux distraits. le texte fourmille de trouvailles, de métaphores, de vers blancs (mes préférés étant ces innombrables alexandrins accessibles uniquement par des diérèses et qui sont donc cachés là, presque invisibles, sans que rien sinon de la curiosité et un peu de patience, ne dénonce leur présence) qui, dispersés sur chaque page, les illuminent de l'intérieur sans pourtant qu'aucune velléité de dégager du style ne se fasse jamais sentir, avec simplicité et bienveillance.
Simplicité et bienveillance; armé de ces deux mots, l'auteur nous fait traverser une histoire originale et touchante en nous collant aux basques d'un personnage au départ détestable avant de réussir le tour de force de nous le rendre attachant au point de ne plus vouloir refermer le livre et de regretter peut-être (mais est-ce une critique objective?) qu'il n'y ait pas une centaine de pages supplémentaires.
Le retour d'Arthur B. est une aventure humaine et poétique, sur les traces du monde perdu des rêves de l'adolescence, du domaine mystérieux d'Alain Fournier, de "toutes ces belles illusions bouillonnantes et colorées qui pullulent toujours à l'intérieur des crânes adolescents". Quelle mélancolie et quel bonheur de découvrir qu'il existe parmi nous un coeur humain qui palpite et qui bat encore.

Je viens enfin partager ma critique suite à la réception de ce livre dans le cadre d'une masse critique. Je tiens tout d'abord à m'excuser auprès de l'auteur, de l'éditeur et de Babelio pour le retard de poster cette critique aussi tard à cause de soucis de santé.
Mon avis est assez partagé sur ce livre. Il a des points que j'ai bien appréciés : je me suis attachée aux personnages secondaires (surtout Anna et ses parents et Marion bien sûr) et ce n'est pas souvent le cas. Ici, ils ont un vrai rôle. J'ai aimé l'histoire changeante.
Par contre, j'ai vraiment eu du mal avec le personnage de Dony que j'ai trouvé arrogant et cette personnalité qui pour moi ne collait pas forcément bien avec l'esprit du livre. J'ai aussi été un peu déçue de la chute. En fait, les éléments intéressants et la clé sont découverts dans les 40 dernières pages. J'aurai aimé avoir des éléments et des indices sur la chute un peu plus tôt dans le roman. Ou alors un peu plus de choses pour me tenir en haleine.
Ceci dit, c'est un roman facile à lire et sans "prises de tête" au niveau du style d'écriture, de la syntaxe et ça ça fait du bien. Ça permet d'avoir une vraie lecture détente.

Merci à tous pour vos retours, et Marc, merci pour ta belle critique que j'ai lue sur ton blog y a pas longtemps. Un roman de mec oui, j'y avais pas pensé en l'écrivant mais j'y souscris volontiers !