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EAN : 9782021425017
336 pages
Seuil (07/01/2021)
3.28/5   16 notes
Résumé :
Comment défendre les Lumières aujourd'hui ? Leur idéal d'émancipation a-t-il encore un sens ?

On ne saurait se borner à invoquer un esprit des Lumières immuable dans un contexte marqué par le réveil du nationalisme, les crises environnementales et sanitaires et l'augmentation des inégalités. Faire face au danger d'effondrement de notre civilisation sans renoncer à la rationalité philosophico-scientifique, mais en tenant compte de notre dépendance à l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Je remercie grandement l'équipe du Seuil et Babelio pour cet envoi.
De manière détaillée, l'autrice expose en six chapitres ce que devraient être, selon elle, les Lumières (celles dont la genèse se situe en particulier au XVIIIème siècle) de notre époque.
Elle dessine un nouvel humanisme, déjouant les pièges des extrémismes, du nationalisme identitaire et du libéralisme matérialiste.
Elle se méfie de la raison utilisée pour dominer les autres être parfois au prix de l'horreur.
Elle prône une société libérée, considérant les autres et la nature sans chercher à les écraser, dans le respect de tous.
Ce livre est rempli d'espérance dans la possibilité pour l'être humain de changer sans contrainte et surtout sans violence.
J'ai éprouvé des difficultés à la lecture de certains paragraphes, nécessitant un dictionnaire pour comprendre certains termes (phénoménologie, schème par exemple - quoique ce dernier mot est bien expliqué dans l'ouvrage de Corinne Pelluchon) cités à maintes reprises, n'ayant pas étudié la philosophie au-delà d'un bac littéraire et n'ayant pas lu la plupart des nombreuses sources sur lesquelles l'autrice s'est appuyée pour écrire son essai.
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J'ai eu le plaisir de lire Les Lumières à l'âge du Vivant, de Corine Pelluchon dans le cadre de l'opération Masse Critique non-fictions, avec le thème « Pensez demain ». Un grand merci aux équipes de Babelio et aux éditions du Seuil pour ce livre. Sur l'objet livre lui-même, je trouve le format agréable à lire. Les pages sont assez grandes pour que les notes de bas de page qui éclairent la lecture soient lisibles sans trop empiéter sur le texte.
Je ne connaissais pas l'auteur, et n'ai pas fait de philosophie depuis le lycée, mais les thématiques abordées m'ont parlées, et sauf quelques paragraphes en pur « jargon philosophique », je n'ai pas éprouvé de difficulté de compréhension particulière, même si j'ai m'accrocher un peu par moment pour bien suivre le développement des idées de l'auteur. Cela reste un essai de philosophie politique avant tout, donc un ouvrage qui appelle à la réflexion et qui suppose une certaine culture philosophique et politique chez le lecteur qui m'ont parfois fait défaut.
Le point fort du livre repose sur l'actualité. Les remises en question de que j'appellerais en profane « le système », se font de plus en plus nombreuse ces dernières années, et portent sur des points aussi variés que nombreux. Par son approche, Corine Pelluchon propose des solutions pour que cette remise en question prenne un chemin cohérent avec l'esprit des Lumières et la compréhension grandissante que l'humanité a de sa place au sein d'un monde vivant.
Pour commencer à mettre en place ces fameuses lumières à l'âge du vivant, les premières parties de cet essai posent les définitions des Lumières, de la raison, et la façon dont la perversion de la raison a eu raison des Lumières au cours de l'histoire. En effet, celles-ci comportaient certes des idéaux souhaitables pour l'humanité, mais également des manques et des imperfections, ainsi que des opposants, le tout ayant conduit à leur échec actuel. Plutôt que de rejeter Lumières et raison, Corine Pelluchon propose d'actualiser les premières pour les accorder à l'âge du vivant, d'où le titre et le projet central de ce livre, en retrouvant un usage non perverti de la seconde. C'est en tout cas ce que j'en ai compris. La suite déroule le projet des lumières à l'âge du vivant, qui nécessitent une prise d'autonomie des individus accompagnée d'une meilleur compréhension de leur existence au monde, et le remplacement du Scheme de domination qui gouverne les sociétés par le Scheme de la considération, qui englobe non seulement l'humanité dans son ensemble mais aussi le vivant dans sa totalité.
Sur le fond, j'ai apprécié cet ouvrage qui vient nourrir mes réflexions propres sur le monde actuel. Personnellement je suis plutôt en accord avec le projet dans sa globalité.
Quelques aspects négatifs cependant : l'auteur développe dans certaines parties des considérations psychanalytiques dont je n'ai pas saisi la pertinence. L'aspect politique de l'ouvrage m'a également quelque peu dérangée, au sens ou certains courant idéologiques sont abordés en présentant leurs idées comme des évidences, sans approfondir les mécaniques à l'oeuvre dans ces mouvement, ni la façon dont les luttes qu'ils engagent peuvent participer ou non aux Lumières si chères à l'auteur. Personnellement plutôt en accord avec les mouvements cités en exemple, je regrette le manque d'approfondissement qui fait que leur emplois fait plus discours politique qu'essai philosophique.
La partie sur l'Europe a l'âge des Lumières, dernière partie du livre, a été fastidieuse à lire. le strict minimum de culture générale et politique autour de l'Europe n'est pas suffisant pour apprécier pleinement cette partie…
En bref : un ouvrage actuel, qui fournit une alimentation appréciables aux réflexions que l'on peut avoir sur l'avenir de la société. Un texte accessible aux non-philosophes, mais qui nécessite une culture philosophique et politique minimum pour en apprécier pleinement les tenants et aboutissements.
Des conseils de lectures : avant de lire cet ouvrage, je recommanderais la lecture des différentes déclarations des droits de l'homme. Notamment la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen de 1798, La déclaration universelle des droits de l'Homme adoptée par l'ONU en 1948, et la Déclaration universelle des droits de l'humanité rédigée à l'initiative de l'avocate Corine Lepage en 2015.
Note finale : 3,5 étoiles.
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Corine Pelluchon donne dans "Les Lumières à l'âge du vivant" les éléments philosophiques nécessaires pour comprendre la nécessité d'une "transition écologique" telle que l'Union européenne a engagée depuis son "Green Deal" lancé en décembre 2019.
Elle nous offre un exposé global des motifs proprement philosophiques pour lesquels il est indispensable d'opérer des changements "systémiques" radicaux de l'organisation de notre société et de son fonctionnement qui ne pourront s'opérer que si les individus eux-mêmes changent leur mode de vie.
Il y a pratiquement unanimité pour reconnaître cette nécessité d'un changement de système, mais les motifs profonds de cette nécessité restent souvent inexprimés, ce qui nous fait actuellement flotter dans une société indécise, tentée de ne rien changer en fin de compte, car notre confort est en cause, ainsi que le maintien de nos privilèges.
Cet exposé est partisan, en ce sens qu'il considère comme une évidence que l'organisation capitaliste, conquérante et concurrentielle du monde - qui est à l'origine de notre prospérité sans précédent (mais qui est peut-être sans avenir, c'est une question) - est destructrice de la vie sur terre.
Partant de la critique des Lumières par l'école de Francfort (Adorno, Horkheimer, ...), elle identifie une faute des Lumières du XVIIIè siècle pour ne pas avoir inclus dans leur promotion de la rationalité et de la liberté le sens de la mesure, pourtant identifié par Socrate comme une nécessité absolue.
Reprenant ses propres réflexions sur l' "éthique de la considération", elle conceptualise de nouvelles Lumières, les "Lumières à l'âge du vivant", qui doivent promouvoir l'attention aux autres, le souci du vivant et la conscience de n'être un individu qu'en tant que partie indissociable d'un tout à la santé duquel chacun d'entre nous est appelé à contribuer sans s'y fondre. Car reconnaître son interrelation avec un tout ou une transcendance ne signifie pas être soumis à cette transcendance ou à ce tout, mais y participer, au sens démocratique de ce terme (pour les relation sociales) et au sens naturel du terme (veiller à la préservation du vivant).
Nous devons passer d'un "Schème de la domination" (sur la nature, sur les autres, par la technique) qui caractérise notre société, à un "Schème de la considération".
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Tout d'abord, je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour la découverte de cet essai passionnant.
L'autrice s'appuie sur l'idéologie des Lumières façonnée par les philosophes et encyclopédistes pour en analyser les possibilités dans notre monde actuel.
A travers différents thèmes tels que la liberté de penser, la Nature, la position des femmes, l'Europe, le respect des autres civilisations, Corine Pelluchon positionne le projet des Lumières à notre époque et souligne ce qui peut ou doit être modifié pour tenter d'aboutir à un monde sauvé de lui-même et peut-être meilleur.
Ainsi se dessineraient des concepts éclairés en tenant compte des conjonctures et mouvements divers de l'Histoire pour ré-inventer les Lumières.
Certes, le programme est vaste mais porteur d'espoir.
Le style de l'autrice est très clair, précis sans fioritures et à la portée de tous (pourvu qu'un grand nombre le lise !).
Ah que j'aime la philo quand elle s'exprime de si belle façon !
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Le Hibook a lu «Les Lumières à l'âge du vivant » de Corine Pelluchon. Autant prévenir le futur lecteur ,ce n'est pas une lecture de plage ! Un ouvrage dense ,fouillé , appuyé sur de nombreuses références philosophiques qui , cependant, reste accessible . Mais un ouvrage passionnant : Corine Pelluchon part d'un constat :il convient d'actualiser les valeurs des Lumières (parfois dévoyées) pour répondre aux dramatiques problèmes de notre époque . Face à la dégradation de l'environnement , à la montée des nationalismes, impulsées par l'économisme dominant ,il convient de substituer à une éthique de la domination mortifère ,une éthique de la considération visant à rétablir le lien entre les hommes ,les animaux, le monde . Je partage absolument le constat et j'aimerais croire à la possibilité de cette issue . Malgré mon pessimisme je conseille la lecture de cet ouvrage remarquable et stimulant.
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critiques presse (1)
Bibliobs
08 février 2021
Alors que la pensée européenne est sous le feu des critiques, la philosophe Corine Pelluchon tente de promouvoir un nouvel universalisme.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ces préjugés ont la vie dure. Ils expliquent que les agriculteurs et les éleveurs, après la Seconde Guerre mondiale et surtout dans les années 1960 et 1970, se soient massivement tournés vers un modèle industriel, s'endettant pour pouvoir se procurer du matériel sophistiqué, acceptant la transformation des fermes en usines et la suppression des bocages et optant pour la monoculture ainsi que pour l'utilisation de produits phytosanitaires censés augmenter la rentabilité. Leurs enfants, quand ils n'ont pas fui vers les villes, ont renié le savoir-faire de leurs parents pour adhérer aux normes d'une agriculture productiviste qui devait, en outre, leur permettre de coller aux standards dominants, c'est-à-dire aux critères de la réussite telle que les urbains la définissent.
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La capacité de chacun à suivre cette voie suppose l'acceptation de sa propre vulnérabilité et de sa propre finitude car il n'y a pas de compassion ni de respect des autres vivants ,humains et non-humains , sans cette appréhension de soi comme être charnel , vulnérable,qui "vit de" a faim et soif,et a besoin pour s'épanouir ,de certaine condition à la fois naturelle et culturelle
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« Les lumières écologiques sont de nouvelles lumières, elles passent par la contestation des fondements anthropocentriques des philosophies du 18ème siècle, par leur dépassement de leurs dualismes et de ce qui est au cœur de leur projet de maîtrise de la nature en soi et à l’extérieur de soi, à savoir le rejet de l’altérité et du corps. »
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Videos de Corine Pelluchon (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Corine Pelluchon
CONVERSATION Présentée par Raphael Zagury-Orly Avec Vincent Delecroix, philosophe Camille Riquier, philosophe Corine Pelluchon, philosophe
Ce n'est jamais l'espoir qui fait vivre: ce sont les aléas de la vie qui donnent à l'espoir ses ailes ou, au contraire, les lui coupent. On le sait bien d'ailleurs: l'espoir, on le «nourrit», on le «caresse», on le «fait naître», on le «soulève», on le «suscite» - comme si, en lui-même, il n'était qu'immobile attente, tantôt confiante, tantôt naïve, de l'avènement d'un Bien, d'un événement favorable, gratifiant, bénéfique. D'ailleurs, une langue telle que l'espagnol, n'a qu'un seul verbe pour dire attendre et espérer. Aussi une vie qui ne se s'alimenterait que d'espoirs serait-elle aussi anémique qu'un amour qui ne vivrait que d'eau fraîche - car bien tenue est la limite qui les sépare des illusions, des douces tromperies (ameni inganni) dont parlait Leopardi. Certes, dans l'Ancien Testament, Dieu lui-même est nommé Espoir ou Confiance, les Pères de l'Eglise en ont fait une vertu théologale, et du «principe espérance» de Ernst Bloch la philosophie contemporaine s'est nourrie. Mais lorsqu'on dit que l'espoir fait vivre - ou que l'espoir est toujours le dernier à mourir - il faudrait entendre que pour faire vivre l'espoir, il faut d'abord commencer soi-même, autrement dit «faire le premier pas» de l'action, le mettre en mouvement en faisant «un pas en avant», en s'engageant, en allant si l'on veut vers Dieu, par la foi, en allant vers l'autre, par l'amour et l'amitié, en allant vers autrui, par la bienveillance, l'hospitalité, la solidarité.
+ Lire la suite
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