J'ai eu le plaisir de lire
Les Lumières à l'âge du Vivant, de
Corine Pelluchon dans le cadre de l'opération Masse Critique non-fictions, avec le thème « Pensez demain ». Un grand merci aux équipes de Babelio et aux éditions du Seuil pour ce livre. Sur l'objet livre lui-même, je trouve le format agréable à lire. Les pages sont assez grandes pour que les notes de bas de page qui éclairent la lecture soient lisibles sans trop empiéter sur le texte.
Je ne connaissais pas l'auteur, et n'ai pas fait de philosophie depuis le lycée, mais les thématiques abordées m'ont parlées, et sauf quelques paragraphes en pur « jargon philosophique », je n'ai pas éprouvé de difficulté de compréhension particulière, même si j'ai m'accrocher un peu par moment pour bien suivre le développement des idées de l'auteur. Cela reste un essai de philosophie politique avant tout, donc un ouvrage qui appelle à la réflexion et qui suppose une certaine culture philosophique et politique chez le lecteur qui m'ont parfois fait défaut.
Le point fort du livre repose sur l'actualité. Les remises en question de que j'appellerais en profane « le système », se font de plus en plus nombreuse ces dernières années, et portent sur des points aussi variés que nombreux. Par son approche,
Corine Pelluchon propose des solutions pour que cette remise en question prenne un chemin cohérent avec l'esprit des Lumières et la compréhension grandissante que l'humanité a de sa place au sein d'un monde vivant.
Pour commencer à mettre en place ces fameuses lumières à l'âge du vivant, les premières parties de cet essai posent les définitions des Lumières, de la raison, et la façon dont la perversion de la raison a eu raison des Lumières au cours de l'histoire. En effet, celles-ci comportaient certes des idéaux souhaitables pour l'humanité, mais également des manques et des imperfections, ainsi que des opposants, le tout ayant conduit à leur échec actuel. Plutôt que de rejeter Lumières et raison,
Corine Pelluchon propose d'actualiser les premières pour les accorder à l'âge du vivant, d'où le titre et le projet central de ce livre, en retrouvant un usage non perverti de la seconde. C'est en tout cas ce que j'en ai compris. La suite déroule le projet des lumières à l'âge du vivant, qui nécessitent une prise d'autonomie des individus accompagnée d'une meilleur compréhension de leur existence au monde, et le remplacement du Scheme de domination qui gouverne les sociétés par le Scheme de la considération, qui englobe non seulement l'humanité dans son ensemble mais aussi le vivant dans sa totalité.
Sur le fond, j'ai apprécié cet ouvrage qui vient nourrir mes réflexions propres sur le monde actuel. Personnellement je suis plutôt en accord avec le projet dans sa globalité.
Quelques aspects négatifs cependant : l'auteur développe dans certaines parties des considérations psychanalytiques dont je n'ai pas saisi la pertinence. L'aspect politique de l'ouvrage m'a également quelque peu dérangée, au sens ou certains courant idéologiques sont abordés en présentant leurs idées comme des évidences, sans approfondir les mécaniques à l'oeuvre dans ces mouvement, ni la façon dont les luttes qu'ils engagent peuvent participer ou non aux Lumières si chères à l'auteur. Personnellement plutôt en accord avec les mouvements cités en exemple, je regrette le manque d'approfondissement qui fait que leur emplois fait plus discours politique qu'essai philosophique.
La partie sur l'Europe a l'âge des Lumières, dernière partie du livre, a été fastidieuse à lire. le strict minimum de culture générale et politique autour de l'Europe n'est pas suffisant pour apprécier pleinement cette partie…
En bref : un ouvrage actuel, qui fournit une alimentation appréciables aux réflexions que l'on peut avoir sur l'avenir de la société. Un texte accessible aux non-philosophes, mais qui nécessite une culture philosophique et politique minimum pour en apprécier pleinement les tenants et aboutissements.
Des conseils de lectures : avant de lire cet ouvrage, je recommanderais la lecture des différentes déclarations des droits de l'homme. Notamment la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen de 1798, La déclaration universelle des droits de l'Homme adoptée par l'ONU en 1948, et la Déclaration universelle des droits de l'humanité rédigée à l'initiative de l'avocate Corine Lepage en 2015.
Note finale : 3,5 étoiles.