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Lidia Breda (Autre)
EAN : 9782743649982
284 pages
Payot et Rivages (27/05/2020)
3.44/5   8 notes
Résumé :
Notre capacité à relever le défi climatique et à promouvoir plus de justice envers les autres, y compris envers les animaux, suppose un remaniement profond de nos représentations sur la place de l’humain dans la nature. Dès que nous prenons au sérieux notre vulnérabilité et notre dépendance à l’égard des écosystèmes, nous comprenons que notre habitation de la Terre est toujours une cohabitation avec les autres. Ainsi, l’écologie, la cause animale et le respect dû au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Corine Pelluchon apporte sa pierre à la construction d'une société écologiquement soutenable. Corine Pelluchon est lauréate du prix de la pensée critique Gunther Anders. C'est une figure de proue de la défense de la cause animale. Dans cet ouvrage sont rassemblés des textes déjà publiés qui ont pour fil directeur le thème de la réparation.
Dans le premier texte : "La cause animale aujourd'hui", Corine P. nous fait, dans un premier temps, découvrir les penseurs et les concepts clés de la cause animale : Peter Singer et Paul Regan qui dénoncent l'exploitation animale jusqu'aux travaux de Derrida et de Merleau-Ponty ; de la notion de sentience des premiers penseurs , capacité d'un être à faire des expériences et à ressentir la douleur, le plaisir et la souffrance de manière subjective, jusqu'à la critique de Derrida des catégories ontologiques construites sur le logos (raisonnement et langage articulé) alors qu'en sont dépourvus les animaux. Corine P. arrime sa pensée à la phénoménologie de Merleau-Ponty les animaux ont un comportement signifiant c'est à dire qui n'est pas « rivé » à l'instinct mais qui s'adapte aux conditions de vie, toujours changeantes, imposées par les hommes ; les animaux comme acteurs de ce monde. Dans un deuxième temps, Corine P. propose, à partir de ses propres travaux sur la considération, un projet politique qui intègre les intérêts des animaux pour penser un monde commun partagé entre les humains et les non-humains, notion qui ne dépend pas de l'appréhension logique du monde animal mais de l'expression des émotions humaines nées de la proximité avec les animaux. Cette acceptation des émotions et de la vulnérabilité de tous les êtres vivants conduit à revoir nos valeurs construites autour la domination et de la performance au profit de la considération d'autrui et de la communauté de destin. Pour autant, il ne faut pas déduire que l'humanité et le monde animal sont identiques mais bien d'inviter l'humanité à exercer ses responsabilités : « En cela la cause animale est un humanisme puisqu'elle promeut l'émancipation, la capacité d'agir et une vie digne ». Dans un troisième temps, Corine Pelluchon construit une Zoopolitique. D'abord d'un point de vue juridique : l'animal doit bénéficier de droits positifs c'est à dire d'une justice qui prend en compte la réparation des dommages infligés aux animaux ; puis d'un point de vue politique : en démocratie pour que cette zoopolis puisse advenir il faut que la cause animale recueille la majorité. Pour cela il faut permettre à chacun d'exprimer ses idées dans le respect de la vie animale (opposé à la maltraitance) et établir des consensus ; d'un point de vue éducatif : le respect envers les autres êtres vivants passe par la transformation de chacun grâce aux émotions et par une déconstruction des valeurs individualistes.
Je ne pense pas lire tout de suite les autres articles de ce petit mais très dense recueil. Non pas parce que je me désintéresse de la pensée de Corine Pelluchon mais parce que je vais tâcher de prolonger cette première lecture par des podcasts.
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Je connaissais Corine Pelluchon à travers ses prises de parole sur la cause animale. L'intérêt de cet ouvrage a été pour moi de situer son engagement dans un ensemble philosophique plus large, en faisant le lien avec d'autres aspects de son travail, moins connus : éthique des vertus, philosophie de l'énergie, droit de l'homme et zoopolitique, autonomie et vieillissement.
L'ambition de Corine Pelluchon est de prolonger les idéaux de justice et d'égalité hérités des Lumières. Admettre dans cette perspective, que les animaux, avec lesquels, de fait, nous faisons communauté, puissent bénéficier de droits universels. Et ce faisant, abandonner une posture dominatrice vis-à-vis de la nature en cultivant les dispositions d'empathie, de bienveillance, de générosité. Et le sens de la coopération. Car si la philosophie des Lumières nous aide à se penser comme individus pour s'émanciper des pesanteurs sociales, le primat de l'individualisme a ses revers. En particulier celui de nous faire oublier à quel point, pour vivre, nous sommes en lien avec d'autres. Humains et non humains.
Ce qui est particulièrement intéressant dans son approche, et qui devrait rendre les pédagogues attentifs à son travail, c'est l'importance qu'elle accorde à la formation des esprits pour relever le défi de la transition écologique. Prendre conscience de sa propre vulnérabilité, et faillibilité, se confronter par l'expérience à l'incommensurabilité du monde pour partager des valeurs en adéquation avec la tâche, immense, qui nous attend : réparer le monde.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Si tout s’effondre sous l’effet de crises multiples, écologiques, sociales, géopolitiques, si les pouvoirs en place sont réduits à l’impuissance, que des guerres éclatent sous l’impulsion de dirigeants en proie à la démesure, il faudra bien que les individus qui devront reconstruire le monde aient des repères. Ils devront savoir comment réorienter l’économie, faire évoluer les modes de production et de consommation, réorganiser le travail et les échanges, et accompagner les changements culturels pouvant revitaliser la démocratie et donner naissance à une nouvelle gouvernementalité. Ils devront avoir confiance en eux, en leur intelligence et leur créativité, afin d’affirmer leurs capacités d’agir et de coopérer, au lieu d’être séduits par des récits simplificateurs les dressant les uns contre les autres.
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La plupart du temps, le défi énergétique apparait seulement comme un fardeau, et non comme une entreprise de réparation du monde à laquelle chacun pourrait prendre part. Seuls les efforts et les sacrifices immédiats qu'il demande sont perçus, ce qui ne motive guère les personnes à changer leurs habitudes de consommation et leurs pratiques. Pourtant, les problèmes qu'il soulève sont l'occasion de faire évoluer des modèles de production responsables de nombreuses contre-productivités sociales, sanitaires et environnementales. L'enjeu est également de remplacer les valeurs de compétition et l'individualisme qui caractérisent le marché et envahissent toutes les sphères de l'existence par le sens de la coopération, afin d'inciter les individus à innover et à expérimenter et de libérer l'intelligence collective sans laquelle il est impossible d'élaborer de nouveaux récits.
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Le modèle de développement écologiquement insoutenable qui est actuellement le notre, encourage le repli sur soi, la marchandisation du vivant, l'exploitation des humains par d'autres humains, la domination, la peur de l'autre et la toute puissance. Il pousse les êtres à se cliver, à dissocier leur raison de leur émotion, ce qui renforce l'individualisme, fait naitre le cynisme ou l'indifférence et s'oppose à la coopération, à l'entraide, à l'empathie et au courage qui sont nécessaires pour opérer la transition énergétique et promouvoir un monde plus juste et écologiquement soutenable.
p222
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L'ignorance n'est pas la cause principale de notre incapacité à prendre à bras-le-corps les problèmes écologiques. Il ne s'agit pas de nier l'importance des informations, des nombreuses conférences et de l'ensemble des rapports traitant des conséquences à la fois sociales, économiques et géopolitiques de la dépendance énergétique. Toutefois, ces connaissances ne suffisent pas à générer les changements individuels et collectifs qui sont nécessaires. Car la plupart des individus préfèrent ne pas regarder en face une réalité qui leur donnent le sentiment d'être totalement impuissants.
p219
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C'est en étant confronté à ses limites et en comprenant la communauté de destin qui l'unit aux autres êtres vivants, que l'individu ressent le désir de transmettre un monde habitable et peut alors développer des vertus indispensables à la transition écologique, comme la sobriété, la coopération, la bienveillance, la générosité, la justice et le courage. La raison seule ne peut produire cet élargissement du sujet.
p225
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Videos de Corine Pelluchon (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Corine Pelluchon
CONVERSATION Présentée par Raphael Zagury-Orly Avec Vincent Delecroix, philosophe Camille Riquier, philosophe Corine Pelluchon, philosophe
Ce n'est jamais l'espoir qui fait vivre: ce sont les aléas de la vie qui donnent à l'espoir ses ailes ou, au contraire, les lui coupent. On le sait bien d'ailleurs: l'espoir, on le «nourrit», on le «caresse», on le «fait naître», on le «soulève», on le «suscite» - comme si, en lui-même, il n'était qu'immobile attente, tantôt confiante, tantôt naïve, de l'avènement d'un Bien, d'un événement favorable, gratifiant, bénéfique. D'ailleurs, une langue telle que l'espagnol, n'a qu'un seul verbe pour dire attendre et espérer. Aussi une vie qui ne se s'alimenterait que d'espoirs serait-elle aussi anémique qu'un amour qui ne vivrait que d'eau fraîche - car bien tenue est la limite qui les sépare des illusions, des douces tromperies (ameni inganni) dont parlait Leopardi. Certes, dans l'Ancien Testament, Dieu lui-même est nommé Espoir ou Confiance, les Pères de l'Eglise en ont fait une vertu théologale, et du «principe espérance» de Ernst Bloch la philosophie contemporaine s'est nourrie. Mais lorsqu'on dit que l'espoir fait vivre - ou que l'espoir est toujours le dernier à mourir - il faudrait entendre que pour faire vivre l'espoir, il faut d'abord commencer soi-même, autrement dit «faire le premier pas» de l'action, le mettre en mouvement en faisant «un pas en avant», en s'engageant, en allant si l'on veut vers Dieu, par la foi, en allant vers l'autre, par l'amour et l'amitié, en allant vers autrui, par la bienveillance, l'hospitalité, la solidarité.
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