![]() |
Corine Pelluchon apporte sa pierre à la construction d'une société écologiquement soutenable. Corine Pelluchon est lauréate du prix de la pensée critique Gunther Anders. C'est une figure de proue de la défense de la cause animale. Dans cet ouvrage sont rassemblés des textes déjà publiés qui ont pour fil directeur le thème de la réparation. Dans le premier texte : "La cause animale aujourd'hui", Corine P. nous fait, dans un premier temps, découvrir les penseurs et les concepts clés de la cause animale : Peter Singer et Paul Regan qui dénoncent l'exploitation animale jusqu'aux travaux de Derrida et de Merleau-Ponty ; de la notion de sentience des premiers penseurs , capacité d'un être à faire des expériences et à ressentir la douleur, le plaisir et la souffrance de manière subjective, jusqu'à la critique de Derrida des catégories ontologiques construites sur le logos (raisonnement et langage articulé) alors qu'en sont dépourvus les animaux. Corine P. arrime sa pensée à la phénoménologie de Merleau-Ponty les animaux ont un comportement signifiant c'est à dire qui n'est pas « rivé » à l'instinct mais qui s'adapte aux conditions de vie, toujours changeantes, imposées par les hommes ; les animaux comme acteurs de ce monde. Dans un deuxième temps, Corine P. propose, à partir de ses propres travaux sur la considération, un projet politique qui intègre les intérêts des animaux pour penser un monde commun partagé entre les humains et les non-humains, notion qui ne dépend pas de l'appréhension logique du monde animal mais de l'expression des émotions humaines nées de la proximité avec les animaux. Cette acceptation des émotions et de la vulnérabilité de tous les êtres vivants conduit à revoir nos valeurs construites autour la domination et de la performance au profit de la considération d'autrui et de la communauté de destin. Pour autant, il ne faut pas déduire que l'humanité et le monde animal sont identiques mais bien d'inviter l'humanité à exercer ses responsabilités : « En cela la cause animale est un humanisme puisqu'elle promeut l'émancipation, la capacité d'agir et une vie digne ». Dans un troisième temps, Corine Pelluchon construit une Zoopolitique. D'abord d'un point de vue juridique : l'animal doit bénéficier de droits positifs c'est à dire d'une justice qui prend en compte la réparation des dommages infligés aux animaux ; puis d'un point de vue politique : en démocratie pour que cette zoopolis puisse advenir il faut que la cause animale recueille la majorité. Pour cela il faut permettre à chacun d'exprimer ses idées dans le respect de la vie animale (opposé à la maltraitance) et établir des consensus ; d'un point de vue éducatif : le respect envers les autres êtres vivants passe par la transformation de chacun grâce aux émotions et par une déconstruction des valeurs individualistes. Je ne pense pas lire tout de suite les autres articles de ce petit mais très dense recueil. Non pas parce que je me désintéresse de la pensée de Corine Pelluchon mais parce que je vais tâcher de prolonger cette première lecture par des podcasts. + Lire la suite |
Du 4 au 6 juin se dérouleront au Centre Pompidou une série d'échanges et de conversations accueillant 53 scientifiques, philosophes, économistes, juristes, anthropologues, médecins, écrivains, dont Abdennour Bidar et Corine Pelluchon, mais aussi Yannick Haenel, Delphine Horvilleur, Alain Damasio, Maylis de Kerangal, Etienne Klein ou Vinciane Despret.
À l'initiative d'Henri Trubert et de Sophie Marinopoulos, cofondateurs des éditions Les liens qui libèrent, paraîtra parallèlement une "Constitution des liens" (Les liens qui libèrent, 2021) à laquelle nos deux invités ont participé. Elle rassemble des réflexions et des propositions dans des domaines aussi divers que l'économie, l'éducation, l'écologie ou l'architecture.
Corine Pelluchon est philosophe, professeure à l'université Gustave-Eiffel, spécialiste de philosophie politique et d'éthique normative et appliquée. Elle s'intéresse ainsi aux questions de bioéthique, en particulier celles du handicap et de la fin de vie, et d'écologie. Elle est l'auteure, dernièrement, de "Les Lumières à l'âge du vivant" (Seuil) et d'une "Éthique de la considération" (Seuil). Dans "La Constitution des liens", elle propose, avec Virginie Maris et Pablo Servigne, une pratique de l'écologie qui appelle à percevoir les êtres vivants non plus comme des atomes, mais comme des noeuds dans un réseau complexe d'interactions et d'interdépendances.
Abdennour Bidar est docteur en philosophie et haut-fonctionnaire, spécialiste de l'islam. Il est l'auteur, entre autres, de "Comment sortir de la religion" (La Découverte, 2012) et de "Un Islam pour notre temps" (Seuil, 2017). Il est le co-auteur, avec Philippe Meirieu et Delphine Horvilleur, de deux chapitres de "La Constitution des liens", le premier sur l'éducation et le second sur la religion. Il appelle à permettre une éducation promouvant l'association et la coopération, et à redécouvrir la force démocratique de la laïcité.