Je me souviens de tout. D’absolument tout. Des saucisses en coiffe, du merlot italien, de la robe de coton jaune de la petite Gabrielle. Des animosités et de la tendresse, tacites.
Après le repas du midi, nous sommes tous sortis dans le jardin, laissant derrière nous, comme d’habitude, une table jonchée de serviettes en papier roulées en boule et des bouts de pain entamés. Les portes-fenêtres de la salle à manger sont restées grandes ouvertes. Vraiment, je n’ai rien oublié. Ni les nuages de stuc qui voyageaient très vite au-dessus de nos têtes. Ni la mélodie que jouait mon frère à la guitare et qui se répandait en volutes sur tout le vert de juin: une bagatelle de Walton.