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Critique de jovidalens


Décidément Nancy Pena me ravit par l'élégance de son graphisme et ses intrigues malicieuses.
Voici une mini-série (déjà trois opuscules) dont chacune des couvertures est un délice en rouge, noir et blanc, avec un rien de prétendument suranné.
On aurait pu croire que "Le Chat du Kimono" resterait un "one-shot", un exemplaire unique par son histoire, entre conte et manga, avec un parfum de "non sens" du temps de l'empire victorien, celui sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Mais Nancy Pena a su lui donner une suite, un peu moins déjantée, à première vue, dans sa composition - très sage - mais avec cette titillante excentricité, spécialité toute britannique.
Qui aurait pu imaginer que la très charmante petite Alice du "Chat du Kimono" se transformerait en une belle, spirituelle et presque dangereuse jeune femme, si capable de mettre du piment dans la vie bien coincée de ces gentlemen bourgeois ?
Nancy Pena exploite une fois de plus un savoureux filon : celui du penchant des anglais pour les paris. Laissant courses de lévriers et d'équidés tout comme les combats de coqs, ce fut tout d'abord autour de l'emblématique "tea" que les paris se déchainèrent. Ce qui nous valu le plaisir de faire la connaissance du beau métier de "counseller" représenté par Victor Neville.
Après "Tea Party", c'est autour de "shortbreads" que le défi est lancé et il est de taille : retrouver la recette de ce biscuit, véritable "madeleine" d'un lord écossais. Et ici, comme à une table de jeux d'argent, la mise est double. Double parce que Victor Neville va devoir affronter son frère aîné Percy, double la difficulté puisque la merveilleuse Alice aide et soutient Percy, double l'intrigue puisque à la recherche de la recette il va falloir découvrir la double vie d'un père disparu et double plaisir d'évoluer entre enquête policière, contes japonnais et rêves cauchemardesques. Mais le chat veille.
Un régal de scénario qui utilise un graphisme tutoyant le désuet. Une page somptueusement composée : celle où Miss Barnes se prépare à se reposer dans sa chambre : elle est en corset et jupon et vient de sortir de l'armoire son kimono aux chats. le rouge et le noir chatoient avec ses chats qui s'éparpillent sur le tissu, s'y étirent voluptueusement, occupant tout l'angle inférieur de l'image, mis en valeur par le trait fin et noir qui dessine toute la scène.
Succession de saynètes "clin d'oeil' quand en trois vignettes, la lutte silencieuse et maladroite de Victor contre un tiroir résistant évoque les déboires d'un Capitaine Hadock et d'un bout de sparadrap.
En quelques traits, l'auteur dévoile l'âme de ses personnages comme le regard rusé et méchant de l'aieule, celui mutin et diablement intelligent d'Alice, Percy l'ainé, dont le regard soupçonneux et méprisant se cache sous des sourcils broussailleux alors que son frère, toujours atteint de narcolepsie a un visage comme figé (presque) continuellement par la surprise et l'étonnement.
De l'amour, des secrets de famille, des frères qui s'opposent sans se déchirer, un berceau nobiliaire et ancillaire, des manigance et de l'espionnite et du rêve à chaque page.
A quand un autre pari ?
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