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EAN : 9782259215954
910 pages
Plon (20/02/2014)
4.04/5   12 notes
Résumé :
Les religions sont-elles dangereuses ? Non, si elles n'engagent que les croyants. Oui, si elles prétendent à nouveau dicter la loi commune. Les fanatismes religieux d'aujourd'hui sont inquiétants. Face eux, un seul rempart : la laïcité. Une laïcité contestée par les nostalgiques des privilèges publics des religions. Pourtant elle fournit à des hommes d'origines très diverses un cadre commun universel, délivré des traditions rétrogrades. Ainsi elle les unit tous en c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Laïcité, plus que jamais Marianne - Mercredi 14 Janvier 2015
Henri Pena-Ruiz Philosophe et écrivain. Son Dictionnaire amoureux de la laïcité (Ed. Plon) qui s'est vu décerner le Prix national de la laïcité 2014.Le philosophe Henri Pena-Ruiz, auteur chez Plon d'un "Dictionnaire amoureux de la laïcité", rend hommage aux dessinateurs de "Charlie Hebdo" dont "l'humour impertinent a tenu lieu de clarté politique, écrit-il, quand trop de responsables se sont livrés à l'incantation de principes qu'ils n'osaient plus défendre concrètement." Et il prévient :
"Si nous voulons être “ Charlie” , vraiment, nous devons bannir toute tentation de transiger sous quelque prétexte que ce soit avec les principes de notre République".
. Des dizaines de bougies vacillent au pied de Marianne. La République est en deuil. Qui pourra dire l'accablement, cette tristesse dans tous les yeux, cette impossibilité de former des paroles qui ne paraissent pas dérisoires ? On prend soudain la mesure du crime. Les fanatiques ont voulu tuer le courage, l'humour critique, l'insolence salutaire, ces audaces de l'art et de la satire qui parlaient vrai et clair.
Et ce alors que la complaisance électoraliste inventait le politiquement correct pour travestir la trahison en réalisme, en expressions confuses, en formules ambiguës. Car enfin confondre l'esprit critique avec la stigmatisation, la culture avec le culte, la fermeté du droit avec la violence arbitraire, c'est brouiller le sens des principes et encourager leurs adversaires. de même réduire la laïcité à l'égalité des religions et non de toutes les convictions, c'est discriminer l'humanisme athée ou agnostique.Paradoxe. C'est l'humour impertinent qui a tenu lieu de clarté politique, quand trop de responsables se sont livrés à l'incantation de principes qu'ils n'osaient plus défendre oncrètement. Chez Cabu, chez Charb, chez Honoré, chez Tignous, chez Wolinski,héros ordinaires de la clarté comme du courage, la liberté ne s'encombrait pas d'opportunismes ou de silences partisans. Elle jaillissait avec la fraîcheur du regard sans concession, la force d'un absolu dit hâtivement « irresponsable », mais assumé comme tel à rebours des lâchetés intéressées. Oui les dessinateurs de Charlie étaient les « instituteurs du peuple » chers à Victor Hugo. Leurs caricatures géniales surgissaient de la conscience spontanée qui pointe l'inqualifiable et le donne à voir sans autre violence que celle du fanatisme dénoncé. On riait devant le dessin et sa légende, car il visait juste en passant à la limite, mais selon un clin d'oeil complice qui n'avait rien de cette violence pointée du doigt.
Ces hommes de culture ne voulaient nullement faire la leçon. Ils incarnaient la liberté vive de l'être humain, cette sorte de langage sans façon qui convoque la pensée dans le sourire provoqué, et produit la conscience émancipée. Ces artistes modestes et tendres n'étaient jamais méchants, mais toujours féroces avec l'inhumanité qu'ils dessinaient sans complexe ni fausse pudeur. Ils dénonçaient l'intolérance et le racisme, la xénophobie et la bêtise meurtrière. Ils s'inscrivent désormais dans la « tradition des opprimés » chère à Walter Benjamin. Ils côtoient Jean Calas et le Chevalier de Labarre, Giordano Bruno et Michel Servet, suppliciés au nom de la religion. Ils sont les héritiers de Voltaire, qui « écrasait l'infâme » dans l'humour du Dictionnaire philosophique, de Diderot qui dénonçait le fanatisme dans LaReligieuse, d'Averroès qui invitait à lire le Coran avec distance dans le Discours décisif.
Ni ouverte ni fermée, leur laïcité avait l'évidence nette de leurs dessins créateursCabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski n'ont jamais confondu le respect de la liberté de croire, conquis par l'émancipation laïque, et le respect des croyances elles-
mêmes. Ils ont su qu'on peut critiquer voire tourner en dérision une religion, quelle qu'elle soit, et que ce geste n'a rien à voir avec la stigmatisation d'un personne en raison de sa religion. Ils ont pratiqué la laïcité par la liberté de leur art, sans l'affubler
d'adjectifs qui attestent une réticence hypocrite. Ni ouverte ni fermée, leur laïcité avait l'évidence nette de leurs dessins créateurs. Car ils savaient que l'indépendance des lois communes à l'égard de toute religion est la condition des libertés comme de l'égalité, mais aussi celle d'un cadre commun à tous, capable d'unir sans soumettre. Ils savaient, comme le rappelle Bayle, qu'il n'existe de blasphème que pour ceux qui vénèrent la réalité dite blasphémée. Dans un état de droit laïque nul délit de
blasphème n'est légitime. Quant aux responsables religieux qui naguère ont poursuivi en justice Charlie Hebdo ils ne anqueront pas de verser des larmeshypocrites et de défendre en paroles la laïcité et la liberté. Duplicité. En tenant à faire du blasphème un délit ils ont pris une très lourde responsabilité morale et témoigné
de leur conception rétrograde.
Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski savaient et montraient clairement que lesfidèles des religions ne peuvent être confondus avec leurs délinquants. Ni le christianisme avec Torquemada qui envoya au bûcher tant d'« hérétiques » ou avec
les poseurs de bombe qui le 23 octobre 1988 firent 14 blessés graves en incendiant le cinéma Saint-Michel qui projetait La dernière tentation du Christ. Ni le judaïsme avec Baruch Goldstein qui le 25 février 1994 abattit à Hébron 29 Palestiniens ou avec Yigal Amir qui assasina Yitzhak Rabin le 4 novembre 1995 après avoir vu dans un verset de la Bible une incitation au meurtre. Ni l'islam avec les fous de Dieu qui le 11 septembre 2001 précipitèrent des avions contre les Twin Towers de New York, causant la mort de plus de 3 000 personnes, ou avec les tortionnaires de l'Etat islamique qui violent les femmes et décapitent des journalistes.
Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski nous manquent déjà, d'une absence cruelle qui nous fait mesurer ce qu'ils apportaient à l'humanité rieuse et pensante, à la lucidité collective, à la conscience libre. Et avec eux nous manquent toutes lespersonnes qui ont subi cette mort aveugle, soit en s'opposant courageusement aux tueurs, comme les policiers, soit en se trouvant là, en conférence de rédaction ou à l'accueil.
Si nous voulons être Charlie, vraiment, nous devons bannir toute tentation de transiger sous quelque prétexte que ce soit avec les principes de notre République.
Des principes conquis dans le sang et les larmes, à rebours de traditions rétrogrades qui n'épargnèrent aucune culture, aucune région du monde. Liberté, égalité,fraternité. Et laïcité, plus que jamais. Henri Pena-Ruiz est philosophe et écrivain.
Son Dictionnaire amoureux de la laïcité (Ed. Plon) qui s'est vu décerner le Prixnational de la laïcité
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Après avoir lu celui-ci, de A à W, fort complet et très intéressant,j'ai eu envie de parcourir d'autres dictionnaires amoureux de ...
C'est l'oeuvre d'un érudit, visiblement en effet amoureux de son sujet. Je suis d'accord avec l'auteur sur de nombreux points de vue (pas forcément tous cependant).
Cette somme est indispensable et on devrait s'en servir dans l'enseignement.
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Vous allez me dire qu'il faut être un peut spécial pour lire un dictionnaire de 1023 pages chapitre après chapitre, comme un roman. Certes. Il n'empêche: j'ai adoré !

Comment vivre ensemble sur cette terre en bonne intelligence et en harmonie en respectant les différences de chacun ?

La réponse se trouve dans ce livre qui constitue à la fois un monument et une référence.
Je le fais figurer tout au sommet de ma bibliothèque.
Aux antipodes de toute récupération politique ou religieuse, c'est clair, simple, limpide. Les auteurs, philosophes et textes cités sont extrêmement pertinents et le tout constitue un ouvrage exhaustif très cohérent et compréhensible par tous.
Par les temps qui courent où l'obscurantisme semble vouloir refaire surface un peu partout sur la planète, la lecture d'extraits de ce Dictionnaire amoureux de la Laïcité devrait être rendue obligatoire dans toutes les écoles publiques...et privées.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Apostasie
Selon l’étymologie grecque du mot, l’apostasis recouvre le fait de se détacher de quelque chose, de s’en éloigner radicalement, de rompre avec elle. C’est en somme une désertion. Utilisé par l’Église de façon péjorative, le mot désigne la renonciation publique à une religion, en l’occurrence le christianisme ou le catholicisme. Plus généralement, tout abandon d’une conviction spirituelle ou d’une doctrine est une apostasie. Ce qui est étrange, c’est justement que l’Église catholique, se référant par exemple à la décision de l’empereur Julien de prendre ses distances avec le christianisme et de réintroduire dans l’Empire la liberté du culte païen, parle en mauvaise part de l’apostasie et fasse passer à la postérité l’appellation dépréciative de « Julien l’Apostat », comme si l’abandon d’une religion était une faute. Pourtant, saint Augustin racontant sa conversion dans Les Confessions fait lui-même état de la manière dont il a apostasié le manichéisme pour choisir le catholicisme.
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HUMANISME Protagoras disait:"L'homme est la mesure de toute chose". Une façon de réintégrer en l'homme le principe de toute évaluation, à la différence de ce que fait la religion. Telle pourrait être la première formulation de l'humanisme, en amont de celle de Pic de La Mirandole, qui tenta de la concilier avec la vision chrétienne, en mêlant le mythe de Prométhée et le mythe du péché sous l'égide du libre arbitre humain.;;page 458
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Je me remémore Montesquieu, et sa définition de la vertu civique : « l’amour des lois et de la patrie »… Ce sont ses propres termes ! Amour. Il appelait vertu, c’est-à-dire force d’âme, un tel amour. Et il considérait une telle vertu comme le principe de la république. Celle-ci ne tire sa force ni de la peur, comme le despotisme, ni de l’honneur, conçu en régime monarchique comme respect du rang. Un tel amour fondait selon lui le civisme. La vertu civique n’est ni soumission ni simple civilité. Elle accompagne le sentiment d’être libre. Rousseau le disait également : « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté. »
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Le droit à la différence ne saurait être confondu avec la différence des droits.
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Victor Hugo, croyant et laïque, savait distinguer la foi religieuse désintéressée de la captation cléricale de l’école. C’est pourquoi il s’illustra dans son discours contre la loi Falloux, le 15 janvier 1850, en interpellant ce qu’il appelait le « parti clérical ». Relisons-le, au moment où il s’adresse aux tenants de l’école sous tutelle religieuse : « Je ne veux pas vous confier l’enseignement de la jeunesse, l’âme des enfants, le développement des intelligences neuves qui s’ouvrent à la vie, les générations nouvelles, c’est-à-dire l’avenir de la France. Je ne veux pas vous confier l’avenir de la France, parce que vous le confier, ce serait vous le livrer. »
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Vidéo de Henri Pena-Ruiz
CONFÉRENCE PUBLIQUE "Vivre ensemble la laïcité" PAR HENRI PEÑA-RUIZ, Docteur en Philosophie, écrivain, auteur du “Dictionnaire Amoureux de la Laïcité”, Lauréat du prix de la laïcité - octobre 2014 Conférence du MARDI 16 DÉCEMBRE 2014 Archives du Monde du Travail 78 boulevard du Général Leclerc – Roubaix Métro Eurotéléport Organisé par le Comité du 9 décembre, rassemblement des associations humanistes et philanthropiques de Roubaix. Résurgences - 2 rue Boucicaut - 59100 Roubaix comitedu9decembre@gmail.com
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