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EAN : 9782491560089
96 pages
Le Realgar (14/11/2020)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Condamné à passer la nuit dans la ville où il a effectué ses études il y a une vingtaine d’années, le narrateur fait la connaissance d’un élève des Beaux-Arts en qui il croit voir une sorte de double lui offrant l’opportunité, au cours de déambulations à travers différents lieux de la ville, d’échanges et de rencontres, tout en lui permettant de revisiter son propre passé de lycéen et de retrouver le souvenir demeuré vivace d’un camarade mort à vingt ans. Placé sous... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un accident de voiture, l'immobilisation forcée dans une ville qui fait revenir de lointains souvenirs d'enfance, une ville en bord de mer, avec sa cathédrale aux tours jumelles, sa Place aux Herbes et son lycée. Et un homme sans nom, quadragénaire sans doute, replonge dans sa vie d'élève, dans ces images qu'on croyait oubliées et qui remontent, nimbées de rêve, d'émotion et d'angoisse.

Le voyage du souvenir est facilité par la rencontre d'un jeune étudiant en Arts prénommé Simon, troublante rencontre faite de similitudes étonnantes, de réminiscences, de fils tendus, imperceptibles mais vibrants entre les deux hommes.
Les souvenirs comme les jours s'enfuient et puis reviennent. le bar l'Angélus, lieu de prédilection du narrateur, s'est mué en prêt-à-porter. Une cave existe où les deux nouveaux amis écoutent du jazz tandis qu'une femme « fête » ses 25 ans de mariage en faisant le compte des infidélités de son mari. Un café est tenu par une sorte d'ogre-ours mafflu qui croquerait bien le petit Simon.
La vie d'une ville de province, la nuit.

Au fil de la nuit, les rencontres se multiplient, fantomatiques. Au sortir d'un blockhaus, vestige de la dernière guerre, couvert de graffes, la chouette-chevêche chuchote un message crypté à grand renfort de « Chhhhh.. » auquel répond le narrateur. Chhhh... Chut !...Les silences de la mémoire et puis l'océan mugissant. Les peintures sur le vieux bâtiment face à la mer font penser à Egon Schiele, éclatantes de couleurs, crues et provocantes.

Rimbaud n'est pas loin, promenant sa silhouette frêle, sa blondeur et ses yeux bleus dans les bars de la ville. Baudelaire, Rembrand, Nerval pendu à une grille de la rue de la Vieille-Lanterne, près du Châtelet, peintres et poètes percent la nuit, silhouettes fugitives d'un tableau onirique. Leurs mots, leurs images s'entrecroisent parmi des souvenirs d'enfance ressuscités par la rencontre...

Souvenirs cruels comme la méchanceté des ados, souvenirs délicats d'une baigneuse nue comme issue d'une estampe japonaise, souvenirs troublants comme les premières érections d'un adolescent, rêve inaccessible de l'adolescent Berg qui veut être aussi bon que Baudelaire, son maître en poésie et ne supporte pas de ne pas y parvenir.

Les images se succèdent, évanescentes, dans un flou poétique qui nous amène à une sorte d'état de rêve.

Un joli livre, marqué par le contraste entre réalités difficiles ou trop crues et envol des pensées artistiques et des rêves d'adolescent, .

Un joli moment de lecture pour lequel je remercie les éditions le Réalgar et Masse critique de Babelio.
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Magistral, « Une ronde de nuit » de Raymond Penblanc est dans cet entre monde. Hors du temps et de l'espace, une déambulation empreinte d'intériorité. L'écriture est un miracle. Une plénitude certifiée, les accords loyaux des délivrances qui osent s'affranchir. Bien au-delà du récit, une à une les feuilles tombent de l'arbre des rappels subrepticement. Salvateur et grandiose le récit happe et vous bouleverse. le narrateur, tel un retour en destinée est dans la ville où il a étudié l'Art. On ne saura jamais le lieu exact, mais l'essentiel n'est pas là. On a l'impression d'être dans un film en noir et blanc. Les angles magnifiés par la douceur du ton. Cette sincérité, cette échappée qui déploie la ronde de nuit. Les rencontres du narrateur : « Il faudrait que je lui propose quelque chose, ou que je l'invite à sortir afin d'accomplir ensemble quelques pas dans la rue, j'en profiterai pour lui dire que j'ai échoué ici par hasard, qu'il y a peu de chances que nous nous soyons rencontrés auparavant. » le narrateur foule alors un passé tourmenté avec cet homme (un ami d'enfance ou une image ?). Et là, on a le souffle coupé par cette force intrinsèque, les résurgences, les torpeurs et l'écho pavlovien de cet ami disparu à jamais. « Et c'était toujours Berg qui choisissait notre table. Cette Rue-de-la-Soif, nous l'avons arpentée souvent autrefois, je ne saurais donc l'avoir oubliée, je voudrais juste éviter de revenir sur mes brisées. » Cette myriade, cette ampleur d'un récit magnifié, somme de Baudelaire, Rimbaud, Nerval... L'Art en porte-voix, mes mots si pâles face à ce grand livre qui vous réveille et vous captive. Il y a du Salinger, des regards d'encens, une femme-modèle, peinture exutoire, fantasmes d'étudiants. « Alors qu'ici, Rue-de-la-Soif, c'était plutôt l'auteur des « Filles du feu ». C'est en effet dans ces prairies qu'avec la foi encore intacte et la maladresse du néophyte, il est venu tartiner ses premiers Monet, ses premiers Sisley, ses premiers Pissarro. » L'essentialisme, les paraboles sont des cordes à noeuds. « On se raccroche à ce qu'on peut... Et ce serait la chapelle. Après tout, je n'ai cessé de rajeunir tout au long de cette nuit. » « Une ronde de nuit » rassemble l'épars égaré dans les limbes des souvenirs échos. Des flammes dont on ne craint pas l'amplitude ni les brûlures. « Une ronde de nuit » émancipatrice, initiatique. Lisez ce livre doucement, la rencontre est de haute importance. Ce n'est pas un livre des hasards, des instants furtifs. Mais un livre des métamorphoses qui vous bouleverse à jamais tant son rivage est crucial. Bien après la ronde de nuit qui vous encerclera vous verrez comme tout change. Publié par les majeures Éditions le Réalgar.
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Decouvrir un nouvel auteur est toujours un coup de poker. Passera, passera pas? Est-ce qu'on arrivera à rentrer dans son univers ou est-ce qu'au contraire on restera au bord de la route ? Certains adoreront là où d'autres détesteront.
En ce qui concerne la Ronde de nuit j'ai été agréablement surprise. J'ai beaucoup aimé la plume de Raymond Penblanc, très agréable, fluide et par moments poétiques. Très court, on rentre très rapidement dans l'histoire et on le termine en peu de temps sans même s'en rendre compte ce qui est une excellente qualité !
Découvert grâce à la masse critique babelio je me laisserais probablement tenter par un autre titre du même auteur !
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Onirique retour sur les lieux d'une jeunesse, de ses dédoublements et autres pertes ; réflexion hantée sur nos défaut douloureux de réalité, sur les contagions de son modèle et de son peintre, les similitudes des souvenirs et les communs aveuglement. Dans un style ample, de longues phrases où il capture l'errance de son narrateur égaré dans la ville de sa jeunesse, Une ronde de nuit peint un fantastique, éperdu, retour à soi. Raymond Penblanc signe un livre âpre et singulier.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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J'ai recu ce livre dans le cadre de la masse critique de janvier 2021. Il est des livres que certains apprécient et que d'autres n'aimeront pas. S'agissant d'une masse critique je me devait tout de meme de faire un retour.
Ce livre n'était pas fait pour moi, je me suis ennuyé des la premiere page et meme en me forçant jusqu'à la fin je n'y ai pas trouvé beaucoup d'interet et je le regrette car la maison d'edition a quand même prit le temps de me l'envoyer. C'est toujours la surprise quand on sélectionne plusieurs livres et dans un minimum de temps, on risque parfois de tomber sur un livre qui ne va pas forcement nous plaire complètement mais aussi parfois le contenu ne correspond pas a la 4eme de couverture.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
il existait une galerie moderne rue du Refuge [… ] Je me souviens d'y être entré un soir avec Berg et de nous être extasiés bruyamment devant l'art à minima d'un abstrait géométrique tout juste capable de tracer un trait droit, un jeune trouduc à barbe rousse et costume de velours noir (,,,] Essentiel, avait gloussé Berg, Quintessentiel, m'étais-je gargarisé à mon tour, avant de rameuter nos références picturales respectives, Nicolas de Staël pour Berg (mauvaise pioche), dont nous venions de découvrir la série des Footballeurs, Mondrian et Kandinsky pour moi, dont il m'avait suffi de repérer les noms sur le prospectus distribué à l'entrée pour comprendre qu'ils faisaient partie des incontournables du jeune trouduc.
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Pour une raison que j'ignore,le mot « estaminet » avait éclos dans mon esprit avec une telle évidence que la physionomie du bar en avait été transformée, et c'est dans ce nouveau contexte qu'avait surgi la fantôme d'Arthur, son clair visage de fille, son paletot éculé et son pantalon trop court »...
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Sans l'art le monde serait réduit à un chaos.
Sans l'art de rue les villes retourneraient à leur sauvagerie primitive.
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