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EAN : 9782754827690
160 pages
Futuropolis (11/09/2019)
3.35/5   34 notes
Résumé :
Dans l'île de Siberut, en Indonésie, les Mentawaï luttent pour conserver leur mode de vie, en totale communion avec la nature, au coeur de la jungle. Profondément animiste, malgré une assimilation à marche forcée mise en oeuvre par les régimes indonésiens successifs, la tribu des Mentawaï s'évertue à conserver ses traditions séculaires, et à les transmettre. La jungle constitue la première ressource de ses habitants, et la vie est quotidiennement ponctuée de cérémo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Tahnee Juguin rencontre un peuple indonésien vivant au plus près de la nature : les mentawaï. Ils veulent garder leur culture animiste malgré la modernité qui frappe à leur porte, le développement du tourisme et la politique indonésienne qui aimerait les voir disparaître.

Cette bande dessinée raconte l'approche de Tahnee pour monter un documentaire sur les pratiques Mentawaï. Avec sa caméra elle tente d'être fidèle à leurs rites et leurs croyance.
C'est un joli documentaire magnifiquement servi par les très belles aquarelles de Jean-Denis Pendanx. C'est lumineux, coloré et les émotions passent avec douceurs. Avec des dessins pareils pas besoin de texte par moment.
Au-delà de ça je trouve que ce n'est pas toujours fluide niveau des dialogues : mélange français, mentawaï et anglais le tout pas toujours traduit. Ca traduit bien le ressenti Tahnee qui débarque en Indonésie mais ça ne facilite pas la lecture.
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Tahnee Juguin n'avait pas 20 ans lorsqu'elle est partie pour la première fois à la découverte du peuple Mentawaï, dans l'île Sebarut de l'archipel indonésien. Elle y a fait depuis quelques longs séjours s'étalant sur plusieurs années. de son expérience sur place, elle a tiré le scénario de ce copieux album (160 pages) : on y voit l'arrivée de Tani, son « double fictif », son installation, ses rencontres et l'évolution de ses relations avec ceux qui l'accueillent. Son idée initiale de réalisation d'un documentaire finira par être reprise par les autochtones eux-mêmes, soucieux de s'approprier les moyens de maîtriser les images qui les représentent.

Les premières pages de l'album nous plongent directement au coeur d'une danse rituelle, dont on découvre soudain qu'elle est filmée par des touristes : les Mentawaï, on l'apprend ensuite, monnayent ce genre de prestations, habitués à commercialiser leur culture, en veillant cependant à ne pas y perdre leur intégrité. le rapport des Mentawaï au monde moderne est en effet au coeur du livre, de même qu'il est au coeur de leur histoire. Car, sous le précédent régime, dictatorial, ils ont été chassés de leurs umas, maisons communautaires traditionnelles, on a coupé les cheveux des chamanes et obligé les enfants à fréquenter l'école, au lieu de rester auprès de leurs parents, à l'école de la vie via la forêt nourricière.

On suit Tani, en immersion comme elle dans un environnement dont elle ne connaît ni la langue ni tous les codes. Elle attrape des mots à la volée et se bâtit rapidement un petit lexique. Son guide-traducteur la laisse quelque temps seule, à vivre le quotidien de la famille qui l'accueille chaleureusement dans sa uma (un certain nombre ont été reconstruites), pendant que de son côté il participe au tournage d'un film documentaire. L'expérience sera déterminante car lorsqu'il s'avèrera que le montage ne respecte pas les faits, lui et ses proches décideront de s'impliquer directement dans une prochaine réalisation. le thème s'impose à eux quand un membre de leur communauté, Aman Goddaï, doit être initié pour devenir un sikerei (chamane) : son parcours rituel fera un excellent scénario. Deux jeunes hommes sont alors recrutés dans la population pour être les cameramen, ainsi qu'une jeune femme comme camerawoman … et Tani devra batailler ferme pour qu'elle ne se retrouve pas cantonnée à la cuisine, la séparation des tâches entre les sexes étant très marquée chez les mentawaï.

Le récit s'intéresse donc à la naissance et au développement du projet, jusqu'à son aboutissement. Il n'oublie pas pour autant de rester, comme Tani, proche des gens et de leur mode de vie au quotidien, ainsi que de leurs préoccupations : la contraception, par exemple, l'implant que Tani porte dans le bras suscitant bien des commentaires, mais aussi l'éducation des enfants, le fait qu'ils doivent aller à l'école semblant à certains indispensables pour qu'ils ne soient pas perdus dans le monde actuel.
La préface de Teo Jartho, le guide de Tahnee Juguin, et la postface de celle-ci, en forme de making of, encadrent cet album au format généreux, en apportant au lecteur les précisions qu'il peut souhaiter quant à son élaboration. On y voit notamment le dessinateur Jean-Denis Pendanx (dont j'avais déjà salué le talent avec "Les oubliés de Prémontré") accompagner Tahnee sur place pour s'imprégner des lieux et des ambiances, qu'il restitue à la perfection.

« Mentawaï ! », bande dessinée documentaire où l'intérêt de la découverte est soutenu par un graphisme de haute volée, s'avère une première approche intelligente et empathique d'un peuple soucieux de rester enraciné dans sa culture, quand bien même il se voit contraint de s'adapter au monde moderne dans lequel on l'a propulsé. Se faire connaître du grand public est pour lui un moyen de manifester sa volonté de pouvoir continuer à vivre au sein d'une forêt dont il n'ignore pas que, comme tant d'autres, elle est menacée.
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Tahnee Juguin est scénariste. Elle est aussi passionnée par les indigènes.
En 2011, elle découvre l'Archipel des Mentawaï, à l'ouest de l'Indonésie. Elle y réalise un film, au tournage duquel participent des membres de la tribu, qui décident de filmer leurs coutumes. La maison de production qui le finance, dans sa volonté de le destiner à un public familial, le dénature en faisant des coupes, le réduisant à une dimension folklorique.

C'est ce que raconte cette bande dessinée, qui est aussi et surtout l'occasion de découvrir une partie de la culture et du quotidien de ce peuple forestier et profondément animiste, à partir du sujet central du film : l'initiation du jeune Amman Goddaï au rôle de Sikerei, sorte de chaman.

Y est également évoquée la répression dont les Mentawaï ont fait l'objet dans les années 1960, période jusqu'à laquelle ils ont vécu dans un isolement protecteur. Avec la dictature de Soeharto - militaire président de la République d'Indonésie de 1967 à 1998-, ordre leur a été donné de quitter leurs uma (maisons communautaires) pour s'installer dans des villages plus faciles d'accès, et de renoncer à leur animisme. Dans le but de les assimiler à la société indonésienne, les enfants ont été envoyés à l'école, et la religion monothéiste leur a été imposée. Il s'agissait, en bref, de leur apporter le "progrès". En cas de refus, les Mentawaï, notamment les Sikerei, considérés comme garants de leurs traditions, étaient persécutés.

Lorsque, dans les années 1990, les touristes ont commencé à s'intéresser à cette tribu, le gouvernement, par crainte de la médiatisation et conscient de la manne financière que pouvaient représenter les Mentawaï, a cessé son oppression. Mais si le tourisme les protège, l'assimilation continue sournoisement. Peu à peu, la scolarisation s'accompagne de la perte du savoir lié à la vie en forêt, les enfants n'ont plus le temps d'écouter les histoires des anciens. Et ces derniers eux-mêmes participent parfois au délitement de la transmission intergénérationnelle d'une spiritualité ancestrale : le souhait que leur descendance ait une vie plus facile, ne souffre pas d'exclusion, fassent des études, génère un besoin d'argent qui les incitent à participer à la démonstration folklorique qu'elle est en partie devenue. En partie seulement, car comme le souligne avec soulagement Tahnee Juguin, il y a, y compris chez les jeunes Mentawaï, un réel mouvement de résistance consistant à préserver la pratique de leur culture dans toute son authenticité même s'il se révèle compliqué de concilier compromis envers la modernité et la relation aux autres -notamment aux touristes, qui viennent souvent avec des attentes nourries de fantasmes et d'idées préconçues- et respect de leurs coutumes et de leurs croyances.

Ouvrage documentaire, "Mentawaï !" se revendique pleinement comme tel en axant son intrigue sur les descriptions de scènes du quotidien -qui permettent de constater à quelle point la tradition y est encore très présente- et la transcription des échanges entre Tahnee et les membres de la tribu sur le tournage du film mais aussi sur les événements de leur vie, qui donnent parfois lieu à des épisodes aussi cocasses que sérieux, notamment lorsque les femmes évoquent avoir recours à la contraception en cachette de leurs maris.
De nombreux passages sont en langue Mentawaï, et leur traduction n'étant accessible qu'en fin de volume, cela en complique parfois la compréhension.

Le grand format de l'ouvrage participe du plaisir que l'on a à parcourir ses pages où la prédominance du vert ancre dans l'environnement forestier, l'aquarelle contribuant à rendre l'ensemble très lumineux, comme pour rendre hommage à la vitalité et à la malice dont font souvent preuve les Mentawaï, dont on découvre qu'ils rient beaucoup.

Un dossier clôt l'ouvrage, avec des photos des personnes mises en scène dans la Bande Dessinée, dont nous est également présentée la genèse. Tahnee Juguin y précise l'implication des Mentawaï eux-mêmes dans sa réalisation, et l'exigence de justesse qui y a ainsi présidée, non seulement dans le rendu des tenues, des objets de la uma, des plantes utilisées pour les rituels, mais aussi dans celui des positions des corps.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Entre documentaire, récit de voyage et immersion anthropologique, cette BD permet de découvrir le peuple Mentawai, son mode de vie, son rapport au monde et ses relations avec la modernité et l'État indonésien, Etat qui a longtemps cherché à les assimiler. Relu, complété et validé par deux membres de ce peuple, le propos est emprunt d'un profond respect pour les coutumes représentées, sans aucun jugement de valeur. Les dessins de Jean-Denis Pendanx sont très réussis, notamment les paysages de forêt. Une lecture très riche.
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Enthousiasmé par le parcours aventureux de la jeune Tahnee, qui, depuis ses tous premiers voyages Zellidja vers 18 ans, a évolué jusqu'à cet album.
Très beaux dessins qui ressituent bien l'ambiance locale (ou ce que j'en imagine). le scénario n'est pas trépidant ce qui pourra lasser les adeptes d'aventures sans répis. Mais le grand mérite est de montrer ce peuple dans sa simplicité et sa vérité, en dehors de tout folklore artificiel. Ces Mentawai souhaitent préserver leur identité singulière mais ils s'inscrivent, faute de choix, dans la modernité, et avancent lucidement sur un chemin de crête : la conservation de l'essentiel de leurs traditions tout en assimilant les bienfaits de la "civilisation".
Petit énervement très personnel sur l'écriture inclusive en fin ouvrage pour la présentation de la démarche...
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critiques presse (2)
BDZoom
04 octobre 2019
Jean-Denis Pendanx est un voyageur qui explore d’album en album des univers, décors, périodes historiques passées, qu’il enchante de son trait réaliste et de ses couleurs directes. [...] Le revoilà en Indonésie (il y était déjà pour « Le Maitre des crocodiles ») avec « Mentawaï » pour un reportage très intéressant…
Lire la critique sur le site : BDZoom
BDGest
24 septembre 2019
Noble dans sa démarche et appliqué dans sa réalisation, Mentawaï ! se révèle une docu-BD qui offre à un peuple les honneurs qu'il mérite tout en informant. Les amoureux de voyages et tous les curieux n'ont plus qu'à embarquer au bord de la pirogue de Tahnee Juguin, Jean-Denis Pendanx et leurs complices.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Préface : La création artistique est pour moi une forme de lutte : au-delà même de ce qu'une oeuvre peut transmettre, elle crée un lien avec le cœur des gens.
Ce lien renferme un pouvoir qu'on ne peut pas mesurer, mais dont nous avons besoin pour résister.
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