"Voici les poèmes auxquels, en dehors de tout jugement des critiques, va ma préférence. Ce seraient eux en somme que j'aimerais laisser à la postérité, si postérité il y aura"
Recueil publié en 1973, de Poésies, Sandro Penna souhaita qu'il soit comme une anthologie de toute son oeuvre poétique.
Dans ce recueil, l'auteur se livre sans détour sur son homosexualité (omosessualità). Dans des poèmes courts, il décrit son amour des jeunes hommes dans une quête assumée, comme contemplative, sublimée, toujours chaste. L'émoi soudain suscité à la vue d'un homme rencontré dans les gares, dans les transports en commun ou ailleurs à l'abris des regards, la réminiscence de la promesse d'une rencontre, du bonheur incomparable d'être aimé, l'affliction qui suit la séparation, de l'absence sont dans ces poèmes de Sandro Penna toutes les variations de possibles, sans cesse réinventés.
Découvert par hasard, Poésies de Sandro Penna m'a permis de découvrir ce grand poète italien des années 50 à 70. Si de très beaux textes composent ce recueil, j'ai, je le concède, été assez vite freiné dans mon enthousiasme par ce qui s'apparente, Dominique Fernandez le décrit ainsi dans la préface, à un journal de drague comme autant d'amours impersonnels.
Je recommande cependant la lecture de ce livre qui ne manque pas d'un intérêt au niveau du style de l'auteur et d'un reflet d'une époque, celui du conformisme bourgeois et catholique des années 50.
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Que la nuit et la douceur du vent me cachent.
Chassé de chez moi et venu à toi
lent fleuve mon romantique ami.
Je regarde le ciel et les nuages et les lumières
des hommes là-bas toujours de moi
plus éloignés. Et je ne sais qui je veux
aimer encore sinon ma souffrance.
La lune se cache puis reparaît
- lente manœuvre inutile
sur ma tête fatiguée de regarder.
p. 19
L’automne me parle déjà. À la fenêtre
sombre j’écoute dans le silence mes pensées
fléchir sous le vent d’ouest
qui ruisselle sur les feuilles de mes arbres
noires présences seules vivantes dans la nuit.
Puis je m’enferme dans mon lit. Salué
par le chant d’un garçon que la nuit,
violente, amplifie : la vie ne change pas.
p. 29
1. Croix et délice/Croce e delizia
1927 - 1957
Extrait 3
Soleil et lune, mer et forêts,
tout ensemble embrasser sur une bouche.
Mais le garçon ne sait. Il court vers une porte
de triste lumière. Et sa bouche est morte.
Étrangetés/Stanezze
1957 - 1977
Extrait 3
Alfio qu'un train emporte très loin.
Où portes-tu ton regard douloureux
et si gai à la fois ? À présent c'est l'aube
et semble déjà si loin le soir
qui avec nous est passé depuis peu. Le soir
où tu n'as voulu me donner
la seule chose que je méritais, qui
de n'être donnée m'incendie cœur et esprit
à tel point que l'aube le soir le jour
créent une confusion
où je ne vois que ta lumière.
1. Croix et délice/Croce e delizia
1927 - 1957
Extrait 5
Comme j'étais heureux sous un arbre en fleurs.
Je croyais souffrir et j'écoutais
des enfants qui voulaient embrasser un chien.
Leur répondait un jappement -- un rire
insolent me rendait encore plus triste.
Puis tout se perdait dans la lumière,
il me restait à écouter le baiser.
L'écrivain, journaliste et traducteur Pierre Lepori, en dialogue avec Christian Ciocca. Ouvrage cité durant l'entretien:
«Poesie / Poèmes» Sandro Penna, traduit de l'italien par Pierre Lepori
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