Livre de prof pour les profs, ça tombe bien, je découvre le métier. Discours cliché ? Souvent, mais cliché qui fait du bien, vision gentille et lucide, il faut sauver les cancres, nos semblables, nos frères, de la tyrannie des marques, c'est notre devoir de prof, sauver les hirondelles qui se cognent contre les vitres, leur permettre de s'envoler vers leur sud, la métaphore vaut ce qu'elle vaut,
Pennac lui-même le reconnaît, mais admettons, contre tout parti pris d'originalité, que je suis convaincu que ce bouquin dit vrai, que ce que nous devons apprendre, nous les profs, c'est l'ignorance, nous préparer à "ça", au "y" du "j'y comprends rien", au choc du savoir et de l'ignorance, admettre l'impossible, à savoir que nos élèves ne savent pas déjà ce que nous leur apprenons.
Discours ? mots de pédagogue ? blabla de DAES2 ? Un peu. Trop ?
Pennac raconte (c'est son boulot de romancier, après tout, d'ailleurs, ce livre, qu'est-ce que c'est, un roman ?
comme un roman ?). Il se met en avant. Moi, je faisais comme ça : un texte à apprendre par coeur par semaine... oui... tant que ça... et ça marchait... "ça", "ça", "ça". Envie de faire la même chose ? il faudrait, on aimerait bien et on se dit qu'on le fera peut-être plus tard, quand on (qui, on ? ça ? y ?) sera vraiment prof, qu'on pourra faire (ô illusion dont même
Pennac est conscient) ce qu'on veut.
Bref, c'est quoi un bon prof ? Ne surtout pas répondre, car on s'abaisserait à en faire une affaire de méthode, de présence physique, de compétence didactique, etc.
Pennac lâche un indice : un bon prof se couche tôt, et j'écris ce texte déjà trop tard dans la soirée. Démissionnons, je ne serai jamais un couche-tôt. Il doit bien y avoir des exceptions pour que la règle soit confirmée. Un bon prof, alors, c'est quoi ? c'est qui ? C'est un type qui aime ses élèves. Aimer ? Tu dérapes mon ami... Aimer pourtant, seule solution. le savoir dont je cherche à donner le goût à mes élèves, si je le leur transmets, c'est uniquement parce que je pense qu'il est peut-être utile à leur bonheur comme il l'est au mien, et comme je les aime, mes élèves, cancres ou friandises, je fais tout mon possible pour les rendre heureux. Idéalisme cul-cul ? Naïveté ? Sortez les violons que je vous montre à quel point je suis gentil dans mon monde rose de roman à l'eau du même nom ? Oui. Faire prof sans être idéaliste, c'est comme faire curé sans croire en Dieu.