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Critique de michfred


« Pourquoi écris-je ? » semble se demander avec malice le charmant Daniel Pennac.

« Pourquoi reviens-je - que c'est moche, entre parenthèses, reviens-je, encore pire que "écris-je "– pourquoi reviens-je aux Malaussène, cette improbable et pléthorique tribu dont le public, fidèle et amusé, a suivi les aventures de tome en tome depuis si longtemps… qu'il en a oublié les péripéties et les protagonistes? »

« Pourquoi les arraché-je - encore pire, ça fait mal aux dents !- à leurs limbes non moins fameuses qu'anciennes ? »

Et son moi- écrivain se dédouble pour répondre à cette brûlante problématique :

- Côté fiction, l'inénarrable Malaussène himself, avec son chien qui pue, ses idées foutraques sur l'éducation des enfants, sur le droit des jeunes à rançonner les vieux salauds, et avec sa propension fâcheuse à jouer le bouc émissaire même à l'insu de son plein gré.

- Côté vévé –on vous explique : les vévés sont les tenants inconciliables de la Vérité Vraie ; en littérature, ils sont nombreux, -des noms, des noms !- et d'un intérêt commercial incontournable !- côté vévé, disais-je – ça c'est plus joli que arraché-je et reviens-je, non ? – côté Vévé donc, Alceste, le misanthrope –trop drôle !– auteur du best seller « Ils m'ont menti » et de sa suite-« Leur très grande faute » -à paraître !


Bien sûr, l'intrigue s'en mêle, les emmêle et nous emmène dans deux JUNGLES particulièrement complexes :

- celle du grand banditisme à col blanc, je veux dire, des patrons pourris, baignant dans tous les jus juteux- pas très joli non plus, mais c'est une allitération quand même- : foot, politique, rachat-vente de grosses boîtes et séquestre de secrets salaces – une autre allitération, tiens !- en tout genre. Des noms, des noms ? Dans le livre c'est le personnage de Lapiétà, mais à une lettre près, on reconnaît une grande gueule bavarde et véreuse qui colle aux Affaires de tout poil comme le sparadrap de Haddock…

-celle de l'édition, autre marigot, avec ses grandes prêtresses dictatoriales- la reine Zabo-, ses rabatteurs de génie –Loussa de Casamance- et ses auteurs-maisons : les juteux comme Alceste et les bonnes poires comme Malaussène. – je sais une bonne poire, c'est juteux, aussi, vous m'emm… à la fin !

Deux mondes parfaitement étrangers et apparemment séparés par des galaxies ?

Pas vraiment : à leur intersection, le pauvre Malaussène, encore lui. Qui joue au complice du Masque de fer dans le maquis vertacomicorien – ne comptez plus sur ma bonté d'âme pour vous dire que ça veut dire qui est relatif au Vercors – et ça, c'est une prétérition !- et au père sacrifié sur l'autel de la paternité. Double rôle qui lui vaut d'en jouer à nouveau un troisième, son rôle préféré : celui de bouc émissaire !

J'avoue que j'ai été un peu agacée au début par tous ces noms qui me renvoyaient cruellement à mes oublis de la saga –il y a un répertoire à la fin, c'est encore plus énervant, j'ai décidé de l'ignorer et ne l'ai lu qu'à la fin, quand progressivement toutes les petites connections neuronales s'étaient un peu rafistolées grâce au gentil Daniel Pennac qui fait des séquences de rattrapage pour lecteurs alzheimerisés, avec le talent qu'on lui connaît.

L'histoire n'a aucune espèce d'importance ou d'intérêt. On s'en fiche, en plus elle ne se finit pas pour plusieurs personnages. Il y aura donc un tome deux. Chouettos, comme dirait Malaussène fils.

Alors pourquoi trouvé-je –c'est moche ?! comment vous dire ? je suis désolée, mais c'est la règle !- pourquoi trouvé-je , donc, que ce livre mérite quatre étoiles ?

Parce que j'ADORE Daniel Pennac, son humour, sa gentillesse qui transpire à chaque ligne, son ironie- ONG, charity business, littérature vérité, hommes d'affaires et d'Affaires à la Lapiétà – alalapiéta….moche comme tout, ça aussi ! on dirait une rengaine de Dalida !- bref tous ces sagouins en prennent pour leur grade, et c'est bien envoyé.

Et puis j'adore sa façon d'écrire : dialogues enlevés, portraits vivants, parenthèses drôles et réflexions désabusées sur la vie comme elle va, il touche à tout, et à chaque fois, il fait mouche !

Finalement, oserais-je vous susurrer que je la savoure, cette resucée de Malaussène. –une petite dernière allitération pour la route ?



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