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EAN : 9782072786303
144 pages
Gallimard (05/04/2018)
3.68/5   377 notes
Résumé :
«Je ne sais rien de mon frère mort si ce n’est que je l’ai aimé. Il me manque comme personne mais je ne sais pas qui j’ai perdu. J’ai perdu le bonheur de sa compagnie, la gratuité de son affection, la sérénité de ses jugements, la complicité de son humour, la paix. J’ai perdu ce qui restait de douceur au monde. Mais qui ai-je perdu?»
Daniel Pennac.
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Critiques, Analyses et Avis (87) Voir plus Ajouter une critique
3,68

sur 377 notes
Un petit livre pour un grand moment , pour un salut à ce frère aîné décédé, pour ce frère dont l'absence est un grand vide , un frère dont le " souvenir " se manifeste ici ou là , au gré d'un événement aussi anodin que le passage d'une voiture rouge par exemple ... on pourrait s'attendre à partager deux vies désormais séparées à travers les moments heureux , les farces d'enfant , les complicités dans les " bêtises " mais l'auteur , ne l'oublions pas , c'est Pennac et ce qu'il " doit à son frère ", c'est plus que ça et un voile de pudeur va s'installer devant nos yeux pour nous cacher la banalité d'une relation " normale " entre frères et nous " montrer " une relation plus " intellectuelle " , un legs littéraire illustré par l'hommage de Daniel à Bernard .Cet hommage solennel , c'est la "reprise " d'un texte adoré des deux frères :"Bartleby, le scribe " , une nouvelle d'Herman Melville , plus connu pour l'extraordinaire Moby Dick . A travers ce texte , intercalé entre des extraits plus " personnels " c'est toute la reconnaissance , l'amour partagé de deux frères pour la lecture , pour le partage avec un public , pour la vie qui éclate au grand jour . C'est tout simplement magnifique , pudique , fort , humain , triste...Pennac .
Vous l'aurez compris , je ne suis pas vraiment objectif mais , quand je lis un tel roman , j'ai la certitude que la littérature est un art .
Et puis , Pennac , depuis son " Comme un roman " , il a changé ou " mûri " mes réflexions , comme il a , ici , vous le verrez , " su amener " le public au...partage . Et ça , vraiment , c'est l'apothéose, la récompense au " conteur Daniel " et le " merci à Bernard " , ce frère dont on ne doute plus , à la fin , du rôle tutélaire essentiel, indispensable qu'il a pu jouer .
Un bien beau livre . Merci Messieurs .
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Mon frère est , dès le deuxième chapitre, une surprise: on attendait un recit intimiste, et, très vite, c'est un autre texte, un autre auteur qui prend le relais: on relit et on revit Bartleby, de Melville, qui a été monté, mis en scène et joué par Daniel Pennac seize mois après la mort de Bernard, son frère préféré, de 5 ans son aîné. C'est tout plein de ce vide - si j'ose dire- que Pennac a joué ce spectacle. 'Seize mois plus tard il me manquait encore quotidiennement. Mais il s'invitait souvent. Avec tact, je dois dire. Il s'installait discrètement en moi"écrit Pennac.

Certes, c'est un spectacle que Bernard aurait aimé, lui qui chérissait ce livre - Il avait même baptisé les petits gâteaux au gingengembre des "Bartleby" ...

Bernard était un frère protecteur, aimant, aimé - le préféré de ses frères et de ses parents- très taciturne, très peu disert sur lui-même, tout en tact, en ironie douce et en distance - mais aussi tout empli d'une souffrance, d'un malheur qui le dévorait peu à peu: un grand vide sentimental et conjugal.

Daniel, bouleversé par cette mort et par son incapacité à dire vraiment qui était celui qui lui manque si fort, entreprend de le retrouver à travers un texte qu'ils aimaient tous les deux.

De rechercher la clé de son mystère dans le portrait en creux du scribe Bartleby - celui qui préférerait pas..- un personnage touchant, attachant, un peu "christique" pour le pauvre notaire qui l'emploie et dont il frappe l'existence d'absurdité, de dérision et de tragique.

Nous relisons donc les pages de la nouvelle de Melville qui "entrelardent" un récit plus intime de Daniel sur Bernard - et , par le jeu de miroirs entre les deux textes, captons un peu de cette "humanité "- la parole ultime du notaire de Bartleby- de cette humanité immense du frère disparu , et beaucoup de la tendresse profonde, du désarroi, de l'impuissance de Daniel à trouver les mots pour dire ce frère chéri.

Court mais fort.
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Voici un petit récit d'une grande beauté où Daniel Pennac----le prof-----( je me souviens de ses "Dix droits du lecteur " ...)rend hommage à celui qui lui a donné le goût de la lecture, ce frére Bernard, né cinq ans avant lui: "Pour silencieux qu'il fût, c'est ce frère qui m'apprit à parler.Et d'ailleurs à lire , plus tard, les romans qu'il aimait. Donc à écrire ."
Parmi ces lectures fondatrices, il y eut Bartleby de Melville, entremêlé d'une maniére fort originale et subtile au texte, en une série d'allers et retours avec de touchants fragments de souvenirs : l'histoire d'un homme étrange qui réussit à rendre fou un notaire par son attitude absurde à refuser toute tâche avec toujours les mêmes mots : "Je préférerais ne pas "...
Qui est donc ce jeune homme qui ne veut rien ?
Mystère auquel renvoie cette phrase de D.Pennac, : "Je ne sais rien de mon frére mort si ce n'est que je l'ai aimé ". "Il me manque comme personne mais je ne sais pas "Qui "j'ai aimé ..."

L'auteur évoque avec humour et tendresse l'attitude fort discrète de Bernard, son originalité blessée, sa présence attentive qui ne jugeait pas, sa retraite anticipée, son attirance vers le néant, sa tentation de l'effacement définitif ....
" Nous ne parlions qu'autour de ce qu'il y avait à dire."
"Souvent en commentant les livres que nous lisions. "
"La littérature nous servait de camp retranché ...."
Un livre parfaitement construit bouleversant et tendre, traversé autant par l'amour d'un frére que par l'amour des livres.,..
Un ouvrage mélancolique qui prolonge la vie d'un disparu, D.Pennac y parvient avec un naturel confondant !


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La littérature est l'occasion rêvée de rendre hommage à un être cher, disparu, trop tôt. C'est un exutoire parfait pour l'auteur, qui laisse glisser la plume pour dire et alléger son chagrin, et comble le manque à coups de phrases et de souvenirs. La vertu thérapeutique de l'écrit.
Mais pour le lecteur, si la compassion peut être de mise, le deuil n'est pas le sien. L'être perdu ne l'est pas. Les mots ne soulageront pas la peine. Il faut donc que l'écrivain crée la connivence par un autre biais que la douleur partagée.

Daniel Pennac se livre ainsi à un exercice de style, qui mêle les souvenirs à la lecture publique de Bartleby le scribe, nouvelle mythique d'Hermann Melville, qui a fait et fait encore coulé beaucoup d'encre, tant le personnage énigmatique interroge , étonne, agace, surprend. Et le lien se fait naturellement, l'auteur revendique une construction « Marabout-bout de ficelle », dans une sorte d'écriture intuitive. le personnage de roman rejoint le frère perdu, pour s'y retrouver . Et Daniel Pennac prendra place du juriste de melville, déconcerté par ce qu'il ne comprend pas chez le scribe.

Derrière le texte, le lecteur perçoit la voix de l'auteur, imagine les intonations, ce qui donne encore plus de consistance à ce partage. le frère restera un inconnu, plus encore qu'il ne le fut pour ses proches, mais le manque aura pris corps.

Belle évocation également de ce que crée la lecture sur scène, les interactions avec le public, qui réagit à ce que l'acteur laisse entrevoir du personnage, comme si l'histoire se déroulait devant lui. Magie des mots.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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J'ai fais en même temps la connaissance de Bartleby et de Bernard, le frère tant aimé de Daniel... Les voilà déjà partis, à la fin d'un livre bref, généreux, et tellement touchant et doux.
Daniel, soir après soir, lis et joue Bartleby pour son frère qui n'est plus là. C'est à la fois sublime et déchirant, sans larmoyer, en restant dans cette sobriété, cette politesse extrême d'une grande et lucide intelligence.
Bernard, comme Bartleby, garde un certain mystère, une certaine distance... L'un dans la vie passée et l'autre dans la fiction d'antan. Et c'est Daniel qui fait ce lien si précieux par sa voix qui entonne la musique des mots de Herman Melville.
Herman Melville à lire, donc, et les autres livres de Daniel Pennac pour longtemps.
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critiques presse (2)
LeMonde
23 avril 2018
L’écrivain rend un bel hommage à celui qui lui a donné le goût de la littérature, son frère aîné Bernard, si semblable au personnage de Melville.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
13 avril 2018
L'écrivain rend hommage à son frère aîné, qui ressemblait au Bartleby de Melville. Un texte d'une grande beauté.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
"Je ne sais rien de mon frère mort si ce n'est que je l'ai aimé.
Il me manque comme personne mais je ne sais pas "Qui " j'ai perdu.
J'ai perdu la gratuité de cette affection, l'agrément de cette compagnie, la profondeur de ce silence, la distance de cet humour, la délicatesse de cette attention, la sérénité de ce jugement , cette intelligence des situations , la paix.
J'ai perdu ce qui restait de douceur au monde.Mais "Qui "ai-je perdu ? ".
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Je raccrochais sans composer son numéro, en m'accusant de m'être offert une petite représentation de deuil fraternel.
Seize mois plus tard il me manquait encore quotidiennement. Mais il s'invitait souvent. Avec tact, je dois dire.
Il s'installait discrètement en moi. Mon cœur n'accusait plus le coup. Les larmes ne me venaient plus. Mon frère débarquait à brûle-pourpoint et mon chagrin avait cessé de le rejeter. L'émotion se faisait accueillante. Je l'acceptais en l'état. Je constatais sa présence parce qu'une bagnole me doublait à toute allure sur l'autoroute du Sud. Cette flamme qui me frôle, ce point rouge si vite à l'horizon, l'écho tenace de l'échappement, je viens d'être doublé par l'exact contraire de mon frère. C'est à cet instant précis que m'est venu le désir de relire le Bartleby de Melville, de le monter au théâtre et de le jouer. Un de mes regrets - mais bien sûr ça ne veut rien dire - c'est que Bernard n'ait pas vu le spectacle.
Bartleby... En voilà un qui n'ajoutait pas à l'en-
tropie.
C'est ce qu'il m'aurait dit, à coup sûr.
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Le désir de monter au théâtre le Bartleby de Melville m'est venu un jour que je pensais à mon frère Bernard.
Je conduisais sur l'autoroute du Sud, entre Nice et Avignon. Un bolide venait de me doubler, un de ces projectiles de luxe comme on en trouve tant sur cette portion d'autoroute. Ferrari, peut-être, du rouge en tout cas, et du neuf. J'étais un homme d'âge mûr et n'avais jamais acheté une voiture neuve de ma vie.
On ne va tout de même pas ajouter à l'entropie...
Un des principes de mon frère mort.
Usons l'usé?
C'est ça, n'abusons pas, usons l'usé.
Il était mort depuis seize mois. Sa présence me manquait. Nous habitions à sept cents kilomètres l'un de l'autre, nous nous voyions assez peu mais nous nous téléphonions souvent. Dans les premières semaines qui suivirent sa mort il m'est arrivé de décrocher le téléphone pour l'appeler. Arrête. Ne fais pas le fou. On souffre beaucoup mais on n'est pas fou de douleur.
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Je ne sais pas qui j'ai perdu. J'ai perdu la gratuité de cette affection, l'agrément de cette compagnie, la profondeur de ce silence, la distance de cet humour, la délicatesse de cette attention , la sérénité de ce jugement, cette intelligence des situations. J'ai perdu ce qui restait de douceur au monde. Mais qui ai-je perdu?
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- Payés à ne rien foutre ! Tu ne trouves pas çà honteux ?
- Honteux je ne sais pas mais inévitable à coup sûr.
Car, de mon côté, je voyais venir le jour où l'humanité entière serait payée à ne rien faire pour continuer de consommer en rond. L'autre terme de l'alternative était un conflit planétaire, une gigantesque saignée démographique où on casserait le plus de matériel possible, histoire de faire repartir la machine en réparant les dégâts. Pour le coup chacun se sentirait joyeusement utile !
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Vidéo de Daniel Pennac
À l'occasion de la 19ème édition du salon "Lire en Poche" à Gradignan, Daniel Pennac vous présente son ouvrage "Le cas Malaussène Vol.2 : Terminus Malaussène" aux éditions Gallimard.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2670947/daniel-pennac-le-cas-malaussene-vol-2-terminus-malaussene
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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