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3,63

sur 101 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est une plongée dans l'Italie de la première moitié du XXe siècle, au travers d'une saga familiale, que va découvrir le lecteur en lisant ce roman. Antonio Pennacchi le souligne lui-même dans le préambule : "ce livre est la raison pour laquelle je suis venu au monde". Ayant étudié l'histoire italienne avec grand intérêt, ce livre qui se définit "entre chronique et farce" m'a interpelé.

Ce roman est une saga familiale, celle des Peruzzi, dont l'histoire évolue avec le contexte historique de l'arrivée du fascisme et de Mussolini en Italie. Largement inspiré de sa propre famille, le narrateur pourrait être Antonio Pennacchi lui-même. de la rencontre de ses grands-parents à sa naissance ; de la guerre de 14-18 à la seconde guerre mondiale ; l'auteur arrive à entremêler L Histoire avec un "H" majuscule et la petite histoire, celle des paysans italiens de l'époque.
C'est avec beaucoup de franchise que le narrateur explique l'attachement des Peruzzi au Fascio puis au parti fasciste. Chose inavouable de nos jours, il faut savoir qu'après la Première Guerre Mondiale, les soldats italiens sont conspués par leurs compatriotes et par le parti socialiste, initialement contre le conflit. Seuls les adhérents au Fascio et Mussolini les reconnaissent, les remercient et, surtout, promettent à leur famille (souvent des paysans métayers) de devenir propriétaires terriens. Comment auraient-il pu ne pas ovationner cet orateur proche du peuple ? Antonio Pennacchi n'a que faire des conventions et replace les choses dans leur moule initial : il n'était pas condamnable d'être fasciste au début du mouvement, avant la dictature et les horreurs de la guerre.
Mais ce livre est aussi l'histoire de l'assénissement des Marais Pontin, notamment par le Canal Mussolini où vivaient les Peruzzi. Une vie extrêmement difficile au début de leur urbanisation, lorsque moustiques et malaria profiléraient.

Les personnages sont nombreux dans ce roman, mais je n'ai eu aucun problème pour m'y retrouver ; certainement du fait que l'auteur les nomme sans cesse et les fait entrer dans la tête du lecteur grâce à la répétition.
Entre personnages fictifs (les Peruzzi) et ceux ayant une réalité historique, Antonio Pennacchi entremêle les deux avec brio. Un glossaire en fin d'ouvrage permet au lecteur de se documenter sur l'activité et le rôle de certaines personnalités citées dans le livre.
Concernant la famille Peruzzi en particulier, ils sont tous attachants de par leur unité malgré des caractères trempés et très différents.

Le style d'écriture d'Antonio Pennacchi est tout à fait atypique. Très dense, avec de longues descriptions et surtout un nombre trop important de digressions, il faut vraiment une concentration extrême pour ne pas se perdre. le schéma commun est le suivant : une histoire nous est racontée ; celle-ci amène une anecdote qui va ouvrir une grande parenthèse de quinze pages ; puis on revient à l'histoire initiale. Pour un roman de 500 pages, j'ai malheureusement trouvé cela lassant après en avoir lu les trois quarts.
Notons tout de même le langage "paysan", argotique et haché, que j'ai beaucoup apprécié puisqu'il permet de se plonger dans le quotidien des métayers.

En conclusion, je dirais que ce livre est passionnant durant les 300/350 premières pages. Un puits de savoir sur l'histoire de l'Italie du XXe siècle mais aussi une découverte du monde paysan. Avec des descriptions et des digressions moins longues, le roman aurait gardé ce côté saga historique vivante et entraînante. Malheureusement, les 150 dernières pages ont été très dures à lire, le style devenant lassant et ennuyant.
Une lecture mitigée mais dont le fond historique est très intéressant néanmoins. Elle intéressera les amateurs d'histoire italienne et ceux qu'un style descriptif et plein de digressions n'effraie pas.
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Pennacchi, le gagnant du Prix Strega 2010, traite de la question du fascisme vu à travers les yeux des Italiens pauvres, les agriculteurs italiens, c'est un roman néoréaliste, épique, chorale, écrit avec la fierté d'entre nous.
Déjà dans son célèbre discours de 1911 le poète Pascoli proclamait «la grande prolétaire s'est déplacée» de sorte que la guerre en Libye eût interprété comme une guerre sociale dont l'expansion coloniale et la conquête de nouveaux territoires accordât aux agriculteurs le droit de devenir petits propriétaires fonciers comme dans les jours de l'ancienne Rome.
Même Canale Mussolini raconte la bonification des terres réalisée par 30 000 familles d'agriculteurs descendent principalement de la Vénétie à l'Agro pontino pour indigence, c'est la récupération promu par l'Organisme National de Combattant (ONC) au cours de la Première Guerre mondiale, dont Pennacchi décrit l'économie rurale, la relation avec la
terre, avec les animaux et avec d'autres familles appartenant à la société paysanne.
Pennacchi chante une histoire populaire dans lequel l'Italie est rachetés de la misère grâce au travail des champs, en réévaluant la condition rurale et la culture paysanne.
Lien : http://www.librimondadori.it..
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abandonné provisoirement, trop long, trop de personnages, je n'arrive pas à entrer dans l'histoire, malgré l'intérêt certain pour cette période de l'histoire.
Lien : http://mazel-pandore.blogspo..
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Antonio Pennacchi, devenu écrivain après avoir été ouvrier, a été lauréat en 2011 du prix Strega pour Canal Mussolini.
Cette saga familiale à l'italienne, contée par l'un des fils, de la famille de métayers italiens Peruzzi, dont la verve truculente rappelle un Don Camillo, évoque sur un ton bon-enfant un sujet grave: l'histoire de l'Italie sur trois générations et surtout la montée du fascisme.
Entre un grand-père charretier qui culbute allègrement sa femme et la vie quotidienne de leur flopée d'enfants et petits enfants, on passe de la guerre de 14, où le programme de Mussolini plait car il défend l'honneur des soldats, au moment où les fils revêtent les chemises noires du Duce (après avoir eu leur grange brûlée par vengeance), puis à l'exode des Italiens vers les marais pontins, qui asséchés par le Canal Mussolini (d'où le titre) vont devenir fertiles.
Le Duce, ami de la famille, fait les yeux doux à la mémé. C'est donc l'épopée de la condition paysanne, plus que les horreurs de la guerre et l'antisémitisme qui sont traités dans ce roman.
L'intérêt est donc de nous montrer une autre facette de Mussolini, beau parleur, solitaire (avec en 24 l'affaire Matteoti), qui arrive au pouvoir à coups de fusil, mais qui par certains côtés a pu plaire à certains.
Le sujet par lui même et le langage populaire ne m'ont pas vraiment enthousiasmée.
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Voici un roman très intéressant qui parle d'un pays, l'Italie, et d'une période de son histoire, la montée du fascisme, que je connaissais très mal.

En racontant l'histoire de ces paysans pauvres, métayers, luttant pour survivre dans les plaines du Pô, tributaires des aléas et dernières volontés des Nobles propriétaires des terres et accueillant l'arrivée du fascisme, issu initialement d'idéologie socialiste ou socialisante, Antonio Pennacchi nous aide à comprendre cette période de l'histoire Italienne et les espoirs qu'a pu nourrir la montée du fascisme.

L'auteur nous raconte la grande histoire tragique de cette époque par le prisme de cette famille nombreuse, aux multiples ramifications, viscéralement attachée à la terre et à la nature, totalement imprégnée de sa culture avec son patois et ses traditions. Pour survivre et enfin devenir propriétaire, ils émigrent dans la région de Rome, où des anciens marais ont été asséché et transformés en terre agricole. Dans ces nouvelles terres, la famille Peruzzi va vivre la montée et la chute de Mussolini.

L'auteur garde un regard critique et amusé sur le peuple italien, ses travers et défauts et se permet régulièrement de faire quelques parallèles critiques et pertinents avec notre époque permettant ainsi de relativiser et de donner des clés de compréhension.

Le risque de cette position littéraire c'est finalement de banaliser le fascisme et son allégeance au nazisme. J'ai été parfois ennuyé que tous ces aspects de la dictature mussolinienne, points communs de tout totalitarisme, l'intolérance, la violence, l'antisémitisme, soient évoqués de manière très légère et qui ne portaient pas à conséquence.

La grande qualité de ce roman reste le style : le narrateur nous parle, nous raconte avec ses mots, ses interprétations, son imaginaire, ses souvenirs certainement tronqués, nous rapporte les propos de ses ancêtres racontés par ses frères et soeurs. Ce parti pris donne au roman un style léger, dynamique, parfois drôle et donne une photographie de cette famille très tendre. le narrateur nous interpelle et s'étonne de nos interrogations.

A relever la note en fin de roman de la traductrice qui explique sa démarche et les principes qu'elle a arrêté pour transcrire les différentes intonations et expressions des régions d'Italie. Exercice parfaitement réussi.

Un roman captivant et jubilatoire qui permet de découvrir une période de l'histoire de l'Italie, de mieux comprendre la montée du fascisme et plus généralement de mieux aimer le peuple Italien.
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Je ne raconterai pas l'histoire,d'autres l'ont fait.
Ce que j'ai le plus remarqué,c'est le style.
Le narrateur prend plaisir à parler de sa famille,à faire des sauts dans le temps, à reprendre le fil de son récit. C'est normal, normal aussi que cela implique de nombreuses redites.
Ce petit-fils de métayers pauvres raconte comme s'il s'adressait directement à un public. D'où des nivaux de langage variés: proche de l'oralité, ou sérieux,ou ironique,humoristique,voire caricatural.Ce qui apporte un certain détachement,une légèreté,même pour parler de choses graves.
Mine de rien,il lache quelques réflexions très justes sur le comportement des Italiens,toutes classes confondues. Et ceci m'a aidée à comprendre le berlusconisme. :pas de conviction profonde mais l'adhésion à l'homme du moment.
Tout au long du récit,le lecteur est pris à partie,comme s'il était présent. L'auteur suppose ses objections et y répond.Pas question que ce même lecteur s'endorme et gobe n'importe quoi.
Toutefois,l'excès des "Pardon? Que dites-vous?" a fini par m'agacer et je sautais "yeux joints" par-dessus.
Personnellement,j'ai bien apprécié les épisodes "vrais" de l'Histoire de cette période.
Je termine avec cette réflexion de la grand-mère,une maîtresse femme,
"Le pouvoir n'est pas propre. Quand on est propre ,on ne va pas au pouvoir, on exerce un autre métier."
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