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EAN : 9782930440798
65 pages
Atelier de l'Agneau (15/09/2014)
3.33/5   3 notes
Résumé :
4 textes de fiction poétique sur Charles Péguy, écrivain mort au front en octobre 1914 au début de la guerre. Charles Pennequin s'appuie sur les écrits de Péguy et sa biographie pour lui rendre hommage.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
De multiples Mercis à Masse critique, Pierre Krause, ainsi qu'aux éditions de l'Atelier de l'Agneau, dont je découvre le travail pour la première fois avec ce texte, comme je découvre totalement cet écrivain-poète

Je ne peux débuter cette critique que par un extrait de Charles Pennequin, qui m'apostrophe de plein fouet….comme tous ces « persuadés », avec des idées bien arrêtées sur Charles Péguy. Pour ma part , ce poète est coincé dans des compartiments des plus restrictifs : les souvenirs de mes années en institution catholique, et son texte consacré à Jeanne d'Arc. J'avoue avec « honte »… ne jamais avoir fait l'effort de le lire et de me faire ainsi ma propre appréciation !! Alors les imprécations et la « suggestion impérative » de l'auteur sont plus que justifiées…
« Mais relisez le donc ! (Péguy) ou plutôt : lisez-le ! car vous ne l'avez même pas lu. Vous l'avez condamné illico du fond de votre esprit. du fin fond de votre pensée libérée vous l'avez déjà condamné, sans même l'avoir jamais lu ! Lisez donc la Deuxième Elégie XXX, ou lisez donc Notre Jeunesse, pour vous persuader de votre erreur. Vous êtes déjà des persuadés, mais avec Péguy vous apprendrez que votre persuasion a fait de votre esprit tout serré, a fait de votre pensée un cachot à idées reçues. Lisez-donc le Porche de la vertu et vous mourrez sur place ! (p.27)

Un hommage étonnant de par sa forme…. Des phrases sans verbe, le plus souvent, qui s'enchaînent en reprenant les derniers mots de la phrase précédente. Ce qui donne au texte un rythme particulier…comme une litanie qui se déroule sans fin. En réfléchissant et lisant des extraits de Charles Péguy, on retrouve comme une même petite musique…répétitive, qui creuse son sillon…..On peut tour à tour en être agacé ou se laisser prendre, bercer ….
Je suis toutefois reconnaissante envers deux auteurs, qui dans des styles singuliers, des points de vue différents ont fortement attiré mon attention et réactiver ma curiosité pour l'oeuvre de Charles Péguy. Je voulais citer Charles Pennequin, avec ce « Charles Péguy dans nos lignes » mais aussi Jean-Luc Seigle, avec son magnifique « Cheval Péguy »…Deux textes à lire vraiment…pour découvrir ou « redécouvrir » à sa juste valeur un « mal-aimé des Lettres françaises »… Il aura fallu le centenaire de sa mort (5 septembre 2014) pour que des éditeurs et écrivains nous offrent des écrits singuliers et passionnants….comme celuic-ci

« Que faut-il croire alors ? il faut croire en la tête à Péguy, la bobine à Péguy qui court tête nue à travers ses lignes d'écrits. Ses lignes où ça éclate de partout, où ça se trompe de toute part et où ça se réécrit, redit, approfondit, jusqu'à faire des trous. Il faut croire en sa bonté et en sa colère. Il faut croire en sa guerre, comme véritable rédemption pour notre monde moderne et postmoderne. (p.65) »

Je suis vraiment très heureuse de cette lecture qui interroge, questionne, explose, vitupère, admire…se disperse en mille salves qui saluent, rendent une image autre de ce poète méconnu, ou mal connu.
Appris différents éléments, et qu'ainsi parmi son oeuvre iconoclaste, il a rédigé un texte, toujours d'une brûlante actualité sur « L'Argent »que je vais m'empresser de « dénicher » et de lire ! et tant d'autres textes de Péguy m'attendent...pour cette fois, un véritable élan pour apprendre à apprécier ce poète....

J'achève ce billet par ces lignes de Charles Pennequin " Les Rimbaud- Artaud se sont extirpés du troupeau. Les Rimbaud-Artaud ont déployé leurs cris. le cri de Péguy est proféré aussi, mais dans le flot du troupeau, dans le fracas de la masse. Il taillait dans la masse, Péguy. Il se frayait un chemin dans les fourrés, mais il le frayait avec la communauté. Il avait ce sens inné. Ce sens communautaire. Car il avait le sens de la vie à profusion. (...) Péguy n'est pas reconnu comme tous les autres grands poètes du XXe siècle, car il semble peut-être confus. Et c'est tant mieux ! C'est là qu'il est fort. Il est inutilisable. (p.20)


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En ouvrant ce livre, on ressent des émotions fortes.Il faut résister à la tentation de lutter contre celles-ci, et accepter de se laisser emporter. C'est un livre qui souffle fort et qui vous soulève, une tempête de mots, un torrent de montagne, une forêt d'images et de métaphores qui vous enserrent. C. Pennequin utilise la répétition et des phrases courtes qui se font écho les unes aux autres. Il semble répéter plusieurs fois la même idée mais sa pensée avance et le lecteur finit par entendre, au delà des mots, la voix de celui qui les écrit. C'est la grande réussite de ce livre-papier: il s'incarne et prend vie comme s'il était lu, parlé, crié.
C'est un livre qui chante la gloire de Péguy l'oublié, qui crie la force de Péguy l'incompris et qui évoque de façon poético hagiographique la puissance de la pensée de Péguy le méconnu. Péguy apparaît progressivement comme un auteur comparable à Nietzsche pour la force vitale et pour le caractère percutant , novateur, des idées , haut, très haut au-dessus de la mêlée.
Quand on respire, on se dit que ce texte est trop touffu et foisonnant.
Mais il ne saurait en être autrement, c'est le chant d'un barde et non une analyse philosophique et littéraire.
Pennequin a lu Péguy. Il chante la grandeur de l'oeuvre et l'extraordinaire vitalité de l'homme.
Certains lecteurs de Péguy, qui ne veulent pas le laisser aux mains des catholiques ou des étroits de pensée, reconnaîtront le souffle du "mécontemporain", et saisiront un des volumes de poésie ou d'écrits polémiques qu'ils possèdent, pour le relire. D'autres voudront le connaître. Je ne saurais conseiller à ces derniers par quel texte commencer. J'ai rencontré l'écriture de Péguy par hasard, et c'est un professeur de philosophie de la Sorbonne, couronné de cheveux blancs et couvert d'honneurs, Henri Birault, qui a lu à la dizaine d'étudiants que nous étions, un poème merveilleux dont j'ai oublié le titre, dans une petite salle au parquet ciré et aux plafonds assez hauts pour laisser déployer la musique des mots et l'écho de leur signification.
Magie du verbe, magie de la parole, je suis heureuse d'avoir retrouvé dans le petit livre de Pennequin quelque chose de la voix unique de Péguy, que j'ai entendue ce jour-là à 20ans, quand je pensais qu'il était un écrivain de sacristie.
Lu dans le cadre de Masse Critique
Merci à Babelio, à l'éditeur L'Atelier de l'Agneau pour cette rencontre, et merci à l'auteur.
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Cette lecture laisse perplexe. Incompréhension totale de cet hommage à Charles Peguy, avec cette impression que l'auteur a mis sur pages ses idées, comme s'il les lâchait à voix haute lorsqu'elles surviennent. On comprend bien que Charles Pennequin cherche à réhabiliter la perception de l'écriture de Péguy, mais cette sorte d'hagiographie littéraire propose une structure... étonnante.
A plusieurs reprises, l'auteur répète une même idée en utilisant différentes métaphores, différents procédés. Au point de sentir parfois sa réflexion figée. Un sentiment brouillon doublé par l'absence de paragraphe. A distinguer toutefois le dernier chapitre de l'ouvrage, qui imagine la tête de Péguy de nos jours, moins philophico-poétique et donc plus explicite. Mais peut-être faut-il être un assidu des écrits de Charles Péguy pour apprécier à sa juste valeur ce texte ?
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critiques presse (1)
Liberation
31 décembre 2014
Dans Charles Péguy dans nos lignes, un poète rencontre un autre poète par capillarité, il l'embrasse, lui serre le kiki. Pennequin fait servir Péguy (1873-1914) à la compréhension de notre monde, le débarrasse de son image de «socialiste borné», «chrétien entêté», «bergsonien à la retape». Il le lit au sens fort : il l'interprète.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Charles Péguy c'est comme un arbre. Quand on regarde un arbre on ne demande pas si c'est logique. Si la logique de cet arbre est de pousser. Comme à Péguy, on ne demande pas si c'est logique que ça parle. Car ça parle. C'est comme un fleuve. Ou plutôt comme la sève d'un arbre. ça ne fait que monter (p.9)
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Un poète qui attaque la pensée. Un poète qui fonce tête nue dans la vie. Un poète qui va au but, comme le décrit Nietzsche. Et il n'y a pas à rougir de ce rapprochement. En bien des endroits la puissance de Péguy rejoint celle de Nietzsche. Car ça pense littéralement et dans tous les sens. Dans la joie du rythme. Dans la marche saine des phrases. Ca roule et ça envoie promener. Par la générosité du parler. Par l'attaque franche et désintéressée de sa pensée. (p.28)
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Mais relisez le donc ! (Péguy) ou plutôt : lisez-le ! car vous ne l'avez même pas lu. Vous l'avez condamné illico du fond de votre esprit. Du fin fond de votre pensée libérée vous l'avez déjà condamné, sans même l'avoir jamais lu ! Lisez donc la Deuxième Elégie XXX, ou lisez donc Notre Jeunesse, pour vous persuader de votre erreur. Vous êtes déjà des persuadés, mais avec Péguy vous apprendrez que votre persuasion a fait de votre esprit tout serré, a fait de votre pensée un cachot à idées reçues. Lisez-donc le Porche de la vertu et vous mourrez sur place ! (p.27)
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Péguy, c'est aussi une symphonie. Péguy est une vraie symphonie quand il écrit. La symphonie du souffle, car Péguy a le souffle symphonique. Si on le lit. Si on arrive à suivre le souffle de l'écrit. Si on n'est pas époumoné avant la fin. (...) Et ce n'est pas la symphonie pastorale Péguy, il n'a rien d'un pasteur. Il n'a rien d'un écrivain qui veut soigner ses ouailles par sa symphonie pastorale Péguy. (...)
Il est juste un poète, mais quel poète ! (p.43)
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Les grandes phrases de Péguy, il faudra aller les chercher sous des plis de parlottes (...) C'est avec cette recherche, à faire parler même de Dieu sous la parlotte, c'est-à-dire comme s'il se trouvait au coin d'une table, comme s'il était au coin d'une table dans une cuisine. Comme si Dieu était cette bonne femme ou ce bonhomme à ce coin de table et à éplucher ses légumes pour la soupe. (p.48)
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Videos de Charles Pennequin (41) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles Pennequin
Avec Gracia Bejjani, Gwen Denieul, Charles Pennequin, Milène Tournier, Gilles Bonnet, Erika Fülöp & Gaëlle Théval
Après les sites et blogs des années 2000 puis les réseaux sociaux au début des années 2010, les poètes et écrivains investissent désormais l'espace YouTube par une production littéraire audio-visuelle. À la fois archive et laboratoire, YouTube favorise l'invention de nouvelles écritures à l'écran. de multiples traditions se croisent, du vidéopoème au journal et à la performance, exploitant les spécificités du support numérique. En compagnie d'auteurs et de poètes praticiens de la littéraTube et des auteurs du premier essai sur le sujet, cette soirée invite à découvrir ce champ de création littéraire en plein essor à travers un ensemble de projections, de performances et de discussions.
En savoir plus : consultez le répertoire des chaînes YouTube & Littérature sur le site de Littératube.
À lire – Gilles Bonnet, Erika Fülöp, Gaëlle Théval, Qu'est-ce que la littéraTube ?, Ateliers de Sens public, à paraître le 22 mai 2023.
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