Tambour-Babel

Vous êtes « des chasseurs de sons, des découvreurs de rythmes, des écouteurs d'échos, des veilleurs d'harmonie, des goûteurs d'improvisations, des défricheurs de paysages sonores et des explorateurs des différentes tonalités du silence » : précipitez vous sur Tambour Babel.

Ce livre est une expérience unique : comment un livre peut devenir une caisse de résonnance de sonorités intenses tout en mêlant une expérience physique avec les corps humains et le tambour.

Ce livre est un espace acoustique et sensuel. C'est donc à une véritable séance d'envoûtement que ce roman guadeloupéen nous convie. Ce tabour ka qu'on dégaine, débande, enjambe, entoure, raisonne, cajole, réchauffe, résonne, éreinte, essoufle comme l'écrivait Léon Gontran Damas dans Black Label.

Car ne nous trompons pas, c'est bien le tambour-ka qui est le personnage principal de ce roman : fidèle partenaire d'Eloi accompagnant les moments cruels, tristes et joyeux de son existence sous les douceurs et les fracas de ses coups, lui permettant de comprendre et d'interpréter la partition de la vie.

Comme le souligne l'auteur, « les blancs lisent de grands livres pour chercher la clef du monde, nous nous frappons à la porte de nos tambours et tout devient claireté ».

Dès la lecture du livre, vous n'aurez qu'une envie : en savoir plus sur le Gwoka, musique née durant la période de l'esclavage composée de 7 rythmes.

Vous composerez vos rythmiques selon vos émotions : choisissez le kaladjya pour exprimer la douleur morale ou bien si vous êtes d'humeur joyeuse, dansez sur du toumblak, optez pour le menndé pour le carnaval, l'évasion et la fête collective ou pour le graj pour le travail. le woulé a été inventé pour accompagner le travail de la fabrication de la farine de manioc composé de mouvements répétitifs. le léwoz, marqué par une repriz (à chaque changement de pas le danseur marque un temps d'arrêt), rythme incantateur avec un son lent et doux, exprime un désir de lutte. le padjambèl est le rythme qui accompagnait la coupe de la canne à sucre.

Le Gwoka ce n'est pas que de la musique, c'est aussi un instrument de rébellion utilisé dès l'esclavage. Il accompagne toujours les luttes sociales actuelles.

Tambour Babel la plus belle illustration de la diversité des langues et des peuples. Tambour Babel, personnage ambivalent, pour chanter les merveilles et les malédictions.

Rassemblez vous lors des léwoz, soirées de tambour organisées lors de rassemblements collectifs. Ayez la créole attitude : chantè, répondè, balaryen, makè et dansè. Et devenez tambouyé !

Né en 1950, guadeloupéen, avant d'embrasser le métier d' écrivain, Ernest Pépin a assumé plusieurs casquettes : professeur de français, critique littéraire, politicien en tant que consultant à l'Unesco puis Directeur adjoint du Conseil Général de Guadeloupe pour terminer à la tête de la DRAC au Conseil Général de la Guadeloupe.

Il a reçu de nombreuses récompenses Prix Casa de las Americas pour son recueil de poésie Boucan de mots libres (1991), Prix littéraire des Caraïbes en 1993 pour L'homme au bâton paru en 1992.

Le livre dont nous parlons Tambour Babel paru en 1996, sélectionné pour le prix Renaudot et le Goncourt, a obtenu le prix RFO du livre.

Au coeur du récit, qui adopte le point de vue de plusieurs personnages : le lewoz, un rassemblement de joueurs de tambour virtuoses en Guadeloupe.
Ce qui frappe à la lecture, c'est la manière dont le tambour rythme la lecture. L'affrontement entre Bazile et Napo, deux compétiteurs, est à couper le souffle de par la poésie des mots. La part belle est laissée aux descriptions de la Guadeloupe et de l'usine de canne à sucre dans le dialecte de l'île. Une excellente lecture à découvrir en préparant un voyage en Guadeloupe.