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EAN : 9782081430402
240 pages
Editions Arthaud (16/01/2019)
4.23/5   11 notes
Résumé :
« Cela, le jardin ne le sait pas. De but en blanc, tous les soins cesseront. La nature redeviendra l’unique force en présence, le dialogue entre l’homme et le paysage, exprimé dans le jardin, cet art éphémère entre tous, s’interrompra. »

Une passion, un chef-d’œuvre, un jardin en Toscane. Pia Pera y a consacré son temps et son amour. Mais une maladie incurable l’emporte à petit feu et ses forces la quittent. Face à la dégradation de son corps, contrai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

"Si le jardin a pu être le lieu où contempler les métamorphoses et l'impermanence, maintenant l'accélération du courant m'impose la conscience de m'y trouver moi-même immergée. Je ne suis plus un observateur extérieur, venu disposer et administrer. Je suis moi-même soumise à une force. D'où un sentiment de fraternité vis-à-vis du jardin, une sensation plus aiguisée d'en faire partie. D'être tout aussi sans défense, tout aussi mortelle." (22)

"Je suis en train de me noyer lentement et personne ne peut me lancer la bouée de sauvetage." (233)

Ce journal est à la fois profondément émouvant et porteur d'une grande fraternité de coeur. Pia Pera, bien qu'entourée d'aides et d'amis, vit ses expériences dans la solitude de son être. L'incertitude concernant la nature de sa maladie, l'angoisse sur son issue, avec lesquelles elle est obligée de cohabiter, la poussent à se tourner vers divers médecins, charlatans et guérisseurs alternatifs, non sans humour et recul après coup, mais la véritable voie qu'elle trace est au fond d'elle-même. Et elle nous l'offre, à travers ce livre destiné dès le début à des fins de publications. Elle aurait souhaité être encore là quand nous le tiendrions entre nos mains, évidemment, mais cela n'a finalement pas été le cas.

"Je finis le livre de Marinella (…). Une chose me frappe : elle a perdu, écrit-elle, tous ses muscles volontaires et elle vivra seulement aussi longtemps que fonctionnera l'unique muscle involontaire, le coeur. N'est-elle pas étrange, cette maladie extirpant, petit à petit, tous les mouvements dus à notre propre volonté ?" (142)

Atteinte d'une maladie du moto-neurone, elle perd peu à peu son autonomie physique, les muscles ne répondent plus, les membres restent inertes, la vitalité est contrariée. Elle s'insère peu à peu dans la communauté des "stagiaires de la mort" pleinement conscients de leur dégradation progressive. Seul l'esprit reste vif, dynamique, créatif. Pia Pera tente de rassembler ses énergies, de trouver une harmonie intérieure, un équilibre, de se penser autrement qu'en personne malade, d'avoir le talent d'accueillir encore la vie présente, "cette unique fenêtre sur le monde, fût-elle réduite à la taille d'une meurtrière, d'un trou de serrure".

"Plongée dans l'instant présent, comme cela ne m'était encore jamais arrivé, je fais enfin partie du jardin, de ce monde fluctuant en perpétuelle transformation." (24)

"(…) je me sens, maintenant plus que jamais, en rapport intérieur avec une espèce de beauté et d'harmonie impalpables. Cette beauté continue à se révéler à mesure que l'approche de la mort fait disparaître la complaisance du moi, l'attachement au monde. Je me sens réabsorbée au-dedans d'une entité plus vaste que moi." (29)

Pia Pera ne fuit pas. Elle contemple. Elle tâtonne. Apprivoise la mort à travers la pulsation de son jardin. L'effondrement de tout ce à quoi elle a cru, la perte de ce qui lui était cher et structurant sont très douloureux, la dernière partie est poignante, mais elle se tourne de plus en plus résolument et avec courage vers son dernier refuge intérieur, se résout à sortir finalement du déroulement narratif. de son travail de dépouillement lucide naissent des intuitions inspirantes et une grande beauté.

"Peut-être, à l'approche de la mort, le jardinier n'est-il plus jardinier. L'écrivain n'est-il plus écrivain. Peut-être, à l'approche de la mort, voit-on arriver la conscience d'être en réalité indéfinis. C'est cette nature indéfinie qu'on apprend à accepter par la méditation." (210)

Le legs de ce témoignage, qui touche à notre expérience commune de l'existence, est un geste précieux. Reste cette question, la seule finalement essentielle : que se passe-t-il au niveau de la conscience quand la dernière expiration s'éteint sans qu'aucune inspiration ne la suive ?

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]

Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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En recevant ce livre pour la masse critique Babelio, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Avant de parler du contenu, parlons du contenant qui est pour le coup très beau à mon gout : la couverture est très belle, douce, et le papier incrusté à la manière d'un papier fibré nous donne ce côté nature qui m'avait plu à la lecture du résumé. Pour finir sur l'esthétique de l'objet, j'aime le détail de la couleur des pages qui ne sont pas blanches, mais de la même couleur que la couverture.

Abordons maintenant le contenu de ce livre que je dirais semi-autobiographique de Pia Pera, une célèbre écrivaine en Italie. Atteinte d'une maladie dégénérative, l'autrice, également connue pour son jardin et ses écrits dans les magazines de jardinage, prend des notes sur sa relation avec la mort mais aussi au jardin et à la maladie, lente et inexorable.

Si vous aimez jardiner, vous serez forcément touché(e) par l'évocation du jardin par Pia Pera. Je m'attendais néanmoins à plus de présence de la nature dans ce livre mais c'est surtout le rapport à la mort et à la maladie qui prend le dessus dans le récit. Là aussi, je parle de récit mais ce sont véritablement des notes, des pensées sur ce qui arrive à l'autrice. On suit ses espoirs, ses désespoirs, ses nostalgies, ses épreuves et ses réflexions sur cette longue période.

Malgré un thème lourd et sombre, Pia Pera aborde ce thème de la mort et de la maladie avec une sensibilité qui touche forcément. J'ai particulièrement aimé la dernière partie du livre qui est un ode à la contemplation de la nature et à la vie tout simplement.

Au final, j'ai été très touchée par cette lecture même si je m'attendais à autre chose a priori.
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Il y a des livres qui vous apaisent l'âme et vous donnent à réfléchir à votre vie. Ce fût le cas pour moi à la lecture de « Ce que je n'ai pas encore dit à mon jardin », ultimes mémoires de Pia Pera, autrice italienne reconnue de son vivant et amoureuse inconditionnelle de son jardin.

Beauté, bravoure, vérité et solitude sont les mots qui me viennent à l'esprit en dévorant ce bijou d'authenticité et de sincérité. A l'approche de la mort, Pia nous livre un témoignage philosophique, poétique même sur la maladie et le temps qui passe. Au milieu de ce petit coin de paradis où poussent des centaines d'espèces de fleurs, d'arbres ou encore de fruits, notre jardinière émérite voit, impuissante, ses forces diminuer jour après jour.

Alors qu'elle fait le point sur sa vie, la romancière s'interroge également sur l'avenir du jardin. Qui pourra s'occuper de tailler, bêcher, retourner la terre, semer, lorsqu'elle ne sera plus de ce monde ? Que deviendra cet endroit qui fut, des années durant, son véritable havre de paix ? Un regard bouleversant et emplie d'une tristesse heureuse qui m'a profondément touché.

Parce que derrière cette maladie dégénérative grandissante se cache une envie de guérir. Et quelle force de vivre ! Malgré la perte progressive de ses jambes, de sa mobilité et, par extension, de sa liberté, Pia tente de s'en sortir et de profiter de chaque instant. La contemplation du jardin nourricier qui la voit s'éteindre devient alors une quête en soi. Et on a envie de partager ses visions qu'elle sait rendre si vivantes grâce à un style fort et juste qui fait mouche. On s'y croirait.

Une belle leçon de vie donnée par cette femme qui est, malgré tout, pleine de doutes et de questionnement à l'approche de sa dernière heure. D'une humanité rare !

Pia Pera s'est éteinte en 2016 au milieu de son jardin. Mais ses écrits demeureront.

Lien : http://www.chroniquesdurenar..
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Quand j'ai parcouru la liste des livres proposés dans le cadre de la dernière Masse Critique, je rêvais de lire ce livre ... et je l'ai reçu ! Je remercie pour cela Babélio et les Editions Arthaud.

La couverture est magnifique et restitue réellement tout ce qui concerne le jardin dans le livre. La poésie qui habite l'illustration se retrouve dans l'écriture de Pia Pera.

J'ai beaucoup aimé ce livre dans la volonté de trouver dans la nature - ici un jardin tendrement choyé quand la maladie le lui permettait encore - un refuge pour faire face à une maladie dégénérative.
Les descriptions sont si précises que l'on déambule réellement dans ces allées fleuries.

Mais le livre fait aussi une grande place aux réflexions sur la maladie dont souffre la narratrice, ses questionnements sur la mort, et là, la légèreté disparaît pour laisser place à un questionnement quotidien et le fardeau qui en découle.
Cette partie est plus difficile à lire - chacun ira vers elle avec son vécu ...- et traduit la grande culture de Pia Pera.


Une belle lecture malgré la gravité d'une partie du sujet, mais dont sort quelque peu ébranlé...
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En ce trois octobre, ma meilleure amie a 80 ans et comme cette auteure, elle aime par dessus tout créer des jardins, comme elle, elle lutte aussi contre des maladies graves mais heureusement qui la laisse en vie permettant à ses amis de profiter de son incroyable optimisme . C'est aussi une photographe de talent et j'avais parlé d'un de ses livres sur le pain sur Luocine.

Le titre du livre vient d'un poème d'Emily Dickinson :

« Je ne l'ai pas encore dit à mon jardin

Tant je redoute ma défaillance.

Pour le moment, je n'ai pas tout à fait la force

De mettre l'abeille dans la confidence »

Pia Pera est connue pour ses livres sur les jardins et elle écrit ce dernier livre en luttant contre une maladie qui va finalement l'emporter. Tout le long des années où elle a senti son corps la trahir, elle a cherché du réconfort auprès des plantes dont elle s'était occupée dans son merveilleux jardins. Elle a aussi cherché auprès de la médecine, si impuissante dans son cas, une guérison qui n'est pas venue. Elle a accepté de trouver dans des médecines non conventionnelles un peu de réconfort, elle a beaucoup espéré hélas, en vain. Elle a trouvé aussi dans les lectures des points d'appui, plus sans sans doute que dans la science médicale. Mais ce qui fait le charme de ce livre qui a tant plu à Dominique ‑au point de me donner envie de le lire et de l'offrir- ce sont tous les passages sur les merveilles de la nature. Autant elle sent l'inutilité des souffrances qu'on lui impose pour soi-disant la soigner, autant on sent qu'elle se regénère à chaque fois qu'elle peut se fondre dans le paysage qu'elle a su créer.

Comme ce livre suit ses pensées, il fourmille de petits passages merveilleux qui enlèvent la tristesse du propos. Par exemple savez vous qu'à Détroit les habitants créent des jardins potagers et des fermes sur des terrains arrachés aux friches industrielles ou aux barres d'immeubles vidés de leurs habitants par la délocalisation des industries métallurgiques et automobiles. de nombreux jardins sont évoqués que j'aimerais bien aller visiter, et tant de livres que je n'ai pas lus et où elle trouve des propos qui correspondent à son état physique et mental. Car évidemment son corps souffre et trahit la femme active qu'elle a toujours été. C'est triste mais pas tragique car dès qu'elle peut adapter son corps à des plaisirs physiques, on la sent heureuse. Comme ce dernier bain de mer à l'île d'Elbe dans une voiture adaptée. Mais, ce sont les passages sur les plantes qui font tout le charme de ce livre et pourtant ce n'est pas mon sujet de prédilection. Je vous ai recopié le passage sur les rose pour vous donner une petite idée du style de Pia Pera.

Finalement que dire de plus : un très beau livre et un hymne à la vie. Comme le dit la mère de José Saramago

« le monde est si beau, quel dommage d'être obligé de mourir. »
Lien : https://luocine.fr/?p=15395
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
J'avais cette idée : vivre la paix et la sérénité, en m'affranchissant du désir de vouloir toujours plus, d'avoir envie de tout. C'était un idéal de frugalité, d'opposition à l'avidité dominante. (...) Cette aspiration continue à me sembler digne. Si elle vacille, c'est que, face à la peur, à la palpabilité de la notion imminente de n'être plus, l'âme est agressée par les fantasmes, les tentations, les doutes. La dissolution concerne, outre le corps, la pensée, la foi et la force d'âme. Heureusement j'ai su, ne serait-ce qu'un peu, être assez disciplinée pour méditer, heureusement je suis, ne serait-ce qu'un peu, allée à contre-courant : ainsi, même dans la tempête, même quand mes énergies s'effondrent, il n'est pas exclu que je puisse trouver un point d'appui, fût-il minuscule, peu importe. (220)
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Hier est arrivé le livre de nouvelles d'un ami par qui, à un moment donné, je m'étais sentie blessée. Je me suis rappelé, en lisant et en reconnaissant dans la femme à la jupe légère et aux sandales en caoutchouc sa propre femme, à quel point je les avais aimés, tous les deux. Et j'ai eu l'impression d'éprouver de nouveau cet amour. Et si on me l'a mal rendu, quelle importance ? Maintenant, je suis au-delà de tels calculs, peu importe si l'amour est raisonnablement dirigé ou pas. Je ne juge plus mes sentiments. C'est une énergie, rien d'autre, l'amour; il coule comme il veut; si l'on se demande qui mérite d'être aimé et qui ne le mérite pas, on le bloque. (137)
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José Saramago, dans son discours pour le Nobel, évoque l’homme le plus sage qu’il est connu – son grand-père maternel, qui ne savait ni lire ni écrire. Pressentant qu’il ne reviendrait pas du voyage qui d’Azinhaga allait le conduire jusqu’à un hôpital de Lisbonne, il a pris congé, en larmes, des arbres de son jardin, les étreignant un par un. quant à sa grand-mère maternelle, elle a déclaré : « Le monde est si beau, quel dommage d’être obligé de mourir.
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Des stages de suicide, dirigés par le docteur Philip Nitschke. (...) Le public visé par ces stages : y sont admises des personnes de plus de cinquante ans, ou bien des malades en phase terminale. (...) Il est troublant de voir se presser cette foule de femmes et d'hommes, à la recherche d'un moyen de sortie. (...) Ils paraissent tous accablés par ces corps dont il faut, d'une manière ou d'une autre, se défaire. Il faudrait une poubelle ad hoc. Des images de déchets me viennent à l'esprit, peut-être parce que, en excluant tout à fait le genre humain de la chaîne alimentaire, en le mettant hors d'atteinte des dangereux appétits d'autres espèces, tout au moins les espèces visibles à l’œil nu, on a transformé la masse des individus en corps à éliminer. (67)
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Moi je ne suis allée qu'une ou deux fois à l'église locale, leur ai-je dit, pour des occasions bien précises - commémoration d'un défunt, mariage - et chaque fois j'ai éprouvé une véritable rage face à l'occasion perdue. Par la médiocrité de ses propos, le prêtre détruit l'unique occasion offerte à la majorité des gens de se confronter à quelque chose de transcendant, de spirituel. (62)
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Video de Pia Pera (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pia Pera
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