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EAN : 9782953942095
Ed du Colombier (01/05/2016)
3/5   1 notes
Résumé :
"Perche (Maurice Marceau) - Né le 15 octobre 1924 à la Ferté-Villeneuil (Eure-et-Loir) Député de L'Eure-et-Loir de 1956 à 1958. -
Maurice Perche est issu d'une famille de petits propriétaires agricoles. Son père était également un entrepreneur de battage. Elève du Lycée Marceau de Chartres, il obtient son baccalauréat, fréquente l'Ecole normale d'Orléans et commence une carrière d'instituteur. Il épouse une institutrice bientôt directrice d'école matern... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Perche Maurice (1924-). – "Mes chemins imprévus : mémoires" – Colombier, 2016 (ISBN 978-2-9539420-9-5) – format 25x17cm, 347p.

La quatrième de couverture résume la biographie de l'auteur .
Préliminaire technique : le livre est littéralement truffé de fautes d'orthographe, de grammaire, de typographie : il convient de passer outre.

Les cent premières pages constituent un véritable témoignage ethnographique de la vie dans un village avant la guerre 1939-1945. L'auteur relate son enfance, et nous narre dans le détail divers moments de la vie concrète et prosaïque de la vie d'une famille rurale dans ce petit village de la Ferté-Villeneuil situé à environ une dizaine de kilomètres au Sud de Châteaudun : la rentrée des betteraves (p. 19), l'arrachage des haricots (p.20-21), la moisson, les glanes, les battages (pp. 22-32), le cérémonial de la mise à mort du cochon (p.33-36), la lessive (pp. 37-43). Il évoque aussi ses grands-parents, sa famille, les gens du village, les fêtes, les automobiles, les voyages "à la ville" pour le marché hebdomadaire (Châteaudun), et bien évidemment sa scolarité.
Ce type de témoignage très concret, reflétant la vie rurale à cette époque est suffisamment rare pour que ces seules pages constituent déjà une motivation d'achat de l'ouvrage.

le chapitre traitant de la "drôle de guerre" (1939-1940), de l'évacuation, de l'invasion allemande n'est pas original, mais il vient confirmer tous les témoignages recueillis dans cette région auprès des gens de cette génération (pp. 117-130). Maurice Perche ose de surcroît évoquer la réalité des pillages des biens des gens par les fuyards (ce qui peut se comprendre) mais aussi tout bonnement par des gens du cru (pp. 121-123). le témoignage sur la débandade de l'armée française est tout aussi poignant (p. 122).
NB : pour cette période, le récit le plus près de la vérité – au vu des témoignages recueillis auprès d'un grand nombre de personnes qui me sont proches – se trouve dans la "Suite française" d'Irène Némirovski.

Il se trouve que l'auteur a donc effectué sa formation d'instituteur pendant l'Occupation, de 1941 à 1945 à Chartres, ce qui constitue également un témoignage probablement unique. Quelques pages sur la libération de Châteaudun. Toutefois, l'auteur ne s'attarde guère sur ces années et ne cherche pas non plus à s'attribuer un rôle de résistant héroïque, se bornant à exposer ses modestes contributions en ce sens.

Première grosse déception : arrivé à l'époque de la Libération, l'auteur prend sa carte au Parti Communiste Français. Il ne lâche pas un seul mot sur les motivations qui le conduisent à cette adhésion ; le lecteur habitué aux arcanes de la vie communiste relève toutefois qu'aujourd'hui encore, après avoir quitté le PCF en 1995, l'auteur utilise l'expression "le Parti" un peu comme un ecclésiastique papiste évoque "L'Eglise" (una, sancta, catholica et apostolica ecclesia, expression qui colle bien mieux aux partis staliniens qu'aux Eglises Chrétiennes !).

Bien sûr, il narre l'incroyable élection de 1956 (150 députés) qui lui vaut de devenir éphémère député d'Eure-et-Loir, mais nous n'apprenons pas grand chose sur les réalités du fonctionnement interne du PCF, alors qu'il est membre du Comité Central de 1956 à 1964.
Il s'attarde plus longuement sur ses activités de "directeur politique" de la revue "L'Ecole et la Nation", fonction qu'il assume de 1962 à 1999.

Plus drôle, il relate ses "magnifiques" séjours dans les "pays frères" : pour avoir passé quelques années de ma jeunesse dans l'édénique République Démocratique Allemande des Ulbricht, Honecker et consorts, je puis attester que l'anecdote qu'il relate sur ce pays ne peut qu'être parfaitement exacte... Il en va de même pour celle qui concerne ce franco-arménien lui remettant une lettre à faire passer en France : il y eut dans le même genre des franco-polonais amèrement déçus après être rentrés au pays pour y "construire le socialisme triomphant"... Sans battre sa coulpe outre mesure, l'auteur reconnaît tout de même qu'il aurait pu et du se douter de ce qui se passait réellement dans ces dictatures à ciel ouvert.

deuxième grosse déception : pendant les gouvernements Mauroy, l'auteur est chef de cabinet du ministre communiste Marcel Rigout de 1981 à 1984. On sait comment se termine cette algarade, on se rappelle la machiavélique liquidation des ministres communistes par Mitterrand. L'auteur ne dit rien, absolument rien, sur cette vaste pigeonnade que fut le "Programme Commun", qui servit à Mitterrand à réaliser l'un des ses objectifs majeurs, à savoir la liquidation du PCF servant à tirer des limbes le Front National en lui faisant cadeau de la frange purement protestataire de cet électorat.

Personnellement, bien que n'ayant jamais éprouvé de sympathie pour ce PCF, je voudrais bien savoir comment une personne comme Maurice Perche – qui a littéralement donné une bonne partie de sa vie "au Parti" – a pu vivre la dégringolade de ce qui lui servait d'église et de paroisse. Pourtant, l'auteur aurait des choses à dire, puisqu'il évoque brièvement le souhait manifesté inopportunément par Marcel Rigout de voir l'inénarrable clown Marchais démissionner de son poste de Secrétaire Général ; vers la fin du livre, il dit avoir appartenu aux cercles des divers rénovateurs groupés autour de Charles Fiterman. Pas un mot sur "l'eurocommunisme" à la Berlinguer, pourtant très en vogue dans ces années soixante-dix...

Troisième grosse déception, l'auteur ne dit quasiment rien de la Chute du Mur de Berlin, ni de la disparition des régimes communistes européens. Son récit s'arrête pratiquement en 1984, après le départ des communistes du gouvernement Mauroy. Il précise avoir quitté "le Parti" en 1995, sans donner de raison ni d'explication.

En 2016 – date de la parution de ce livre – l'auteur a quatre-vingt douze ans. Je l'ai rencontré lors d'une séance de signatures dans une petite librairie, il a bon pied, bon oeil, Dieu soit loué. Il est cependant peu probable qu'il publie un ouvrage complémentaire, et c'est bien dommage...

Reste une dernière question : comment une personne comme cet auteur Maurice Perche, qui a vécu l'époque des grandes controverses politiques, des rudes débats opposant (plus ou moins directement) un Duclos et un De Gaulle, peut-elle voir et ressentir l'époque actuelle, dont la vie politique se résume à des affrontements entre pitres médiatiques, sous l'égide d'un Président cultivant la bassesse, la médiocrité, le nombrilisme le plus pitoyable ainsi que la pantalonnade à la Feydau  ?
Maurice Perche fait allusion tout de même à un début de piste : c'est bien dans ces "années Mitterrand" que l'on vit apparaître ces meutes de jeunes carriéristes aux dents longues, mâles et femelles, qui arboraient sur leur trogne remplie d'autosatisfaction la certitude d'avoir "un plan de carrière"...

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