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Pierre a quitté Paris, son boulot, ses études de philosophie et ses amis pour s'installer aux champs baillés, pas très loin de chez Paulette. Il a laissé derrière lui R., son ami de toujours, qui à l'occasion passe lui faire un petit bonjour. Entouré de ses animaux qu'il a récupérés ici et là, il a monté un petit magasin de brocante, juste à côté de la crêperie de Jean-Michel. Chineur dans l'âme, il aime récupérer toutes les vieilleries dont les gens se débarrassent et les revend sur les marchés ou au magasin. Il profite de ce moment de liberté totale pour commencer sa biographie sur Rosa Bonheur, peintre émérite homosexuelle du XIXème siècle qui voua une passion sans limite aux animaux et qu'il avait croisée au Père Lachaise. Entre les déjeuners chez Jean-Michel, les cafés chez Paulette, la vie trépidante de Rosa Bonheur s'emmêlent ici et là quelques souvenirs, tantôt douloureux, tantôt plus légers mais qui font ce que Pierre est aujourd'hui...

Anne Percin met en lumière ce très beau portrait d'homme sauvage, blessé dans son âme et dans son coeur et qui s'est isolé de tout. Que fuit-il ? Ses amis ? Ses amours vaincues ? Son passé qui semble le ronger et parfois le poursuivre ? Au fil des pages, l'on découvre Pierre qui se dévoile, narrant son enfance, son frère jumeau, ses études et ses fréquentations. C'est au milieu des champs, dans ses bottes crottées, dans son jardin ou encore chez Jean-Michel que l'on croise Pierre. C'est dans cette campagne solitaire qui le renvoie à sa propre solitude, dans les blessures des autres qui lui rappellent les siennes, dans ces silences si réconfortants et c'est au seuil de sa vie que le jeune homme prend conscience de son passé, de son être, de ses souffrances si profondes et de ce qu'il veut. Anne Percin décrit d'une manière si poétique, si pudique et si douce que ce roman délicat et empli d'un bonheur caché mais certain est, au final, un formidable cri de bonheur retrouvé. Ce véritable roman d'amour d'une infinie tendresse et d'une grande justesse nous plonge dans une petite bulle de bonheur.

Bonheur fantôme... Bonheur tout court...
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Pierre a le coeur percé. Pierre a peur. Pierre a mal. Mal au coeur, mal à son enfance, mal à l'autre.
Que je l'aime, ce Pierre inventé par Anne Percin ! A 28 ans, il quitte Paris et surtout R....
Il devient brocanteur à la campagne, dans la Sarthe. Sa maison aux quatre vents suinte d'humidité, il ne mange pas grand-chose, mais il a deux chiens, plein de chats, et en tête une peintre dont il veut écrire la biographie : Rosa Bonheur, cette artiste « d'une modestie effarante, dont le monde, c'est la bête ».
Pierre a plein d'amour en lui. Pour ses parents, pour son frère mort il y longtemps, pour R...
Pierre adore chanter, surtout des vieilles chansons. Surtout Mouloudji. Sa nostalgie, sa tendresse.
Pierre est pudique. Bâillonné par des gestes retenus. Par des mots non dits. Par des sentiments qui l'étouffent.

Comment expliquer cet élan qui me pousse vers ce Pierre, sinon grâce à l'écriture si humaine, si poétique d'Anne Percin... de roman en roman, elle m'emmène de plus en plus loin dans la profondeur, dans la recherche de soi à travers les personnages qu'elle invente. D'une manière si simple, si directe, elle décrit la vie et ses souffrances, la vie et ses petits riens qui la font étinceler, la vie et ses joies exaltantes.

Pendant ma lecture, s'est imposée à moi l'image de Pierre Niney, cet acteur si sensible, à l'aspect fragile et pourtant si déterminé. Ceux qui le connaissent comprendront. Eh bien ce Pierre d'Anne Percin lui ressemble étrangement.

Sans hésiter, je recommande ce bout d'humanité à tous ceux qui aiment s'arrêter un moment pour regarder. Soi-même, son chat, son chien, son pommier, les rides de sa mère, le dos voûté de son père, la larme au coin de l'oeil d'un inconnu, les photos jaunies...

« Ces fantômes de sentiments, vaporeux, évanouis, avortés, qui restent entre nous et qui nous étouffent », Anne Percin les libère ici. Et nous libère.
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Après la lecture de son bouleversant roman" le premier été ", j'avais envie de poursuivre ma découverte d'Anne Percin, connue surtout pour ses oeuvres de littérature jeunesse. Et je me suis tournée vers ce livre, suite au ressenti très inspiré de Latina, merci à elle!

J'ai tout de suite aimé le narrateur, Pierre, sensible, écorché, perdu ,mais plein de ressources cachées, qui ne demandent qu'à s'exprimer. A vingt huit ans, il n'arrive pas à se détacher de ses fantômes, dont je ne parlerai pas, car ce serait déflorer l'histoire. Il l'explique très bien lui-même:" Quand j'aurai dégagé ma route des ombres qui s'y étalent, j'y verrai mieux."

Alors, il quitte Paris et , non sans chagrin,son amour,R, un photographe, pour venir s'isoler dans un coin perdu de la Sarthe, où il exerce le métier de brocanteur.

La solitude, mais aussi les rencontres, l'affection envers les animaux qu'il recueille, le manque cruel de R , vont finalement peut-être l'aider à se trouver, à accepter les ombres qui le cernent et l'empêchent de vivre vraiment.

La dernière partie surtout m'a fort émue, l'auteure a vraiment l'art d'exprimer avec des mots simples et justes, poétiques, la détresse de son personnage, en qui on se reconnaît d'une manière ou d'une autre.

Quel plaisir, cette lecture, quel bonheur, et il n'était pas fantôme, celui-là !

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Je ne sais pas pourquoi j’ai mis si longtemps à lire ce livre.
Il n’est pas spécialement gros, 220 pages.
Peut-être que ce portrait d’homme se lit avec lenteur, avec délicatesse.
Pierre 28 ans, quitte Paris pour la Sarthe où il devient brocanteur et achète une maison. Il est solitaire, malheureux, repense tellement à R R. qui lui manque, tant.
J’ai trouvé tout cela doux, touchant, attendrissant.
L’écriture est belle, cette description psychologique parvient bien à ses fins, faire un portrait pudique mais provocateur et drôle à la fois, d’un jeune homme hanté par ses fantômes.
Une semaine agréable passée en compagnie de Pierre.
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Pierre, jeune homme de 28 ans, veut changer de vie et décide de tout plaquer. Il quitte Paris pour aller s'installer dans une petite ville isolée dans la Sarthe, loin de tout, de sa famille, ses amis. Par petites bribes d'informations distillées tout au long du récit, Pierre nous raconte les raisons de son départ, cette décision radicale mais qui a muri en lui. On comprend alors peu à peu pourquoi cet homme blessé, meurtri, amoureux, solitaire a voulu partir.
Rapidement, j'ai eu l'impression de connaître Pierre. C'était comme un frère dont on comprend les blessures, son besoin de solitude... Ses mots et ses émotions nous parlent, nous ressemblent un peu. C'est un mélange à la fois de douceur et de tristesse mais aussi de sourires, de rage, de souffrance. Un entrelacs d'émotions qu'on a vécu au moins une fois. Pierre laisse tout derrière lui, quitte à se faire mal, à s'amputer peut-être. Pierre est notre âme solitaire, loin du tumulte du monde, loin du bruit. Loin de son amour aussi pour R., cet homme plus âgé que lui, celui qui le porte, le fait fondre. Pierre, c'est aussi celui qu'on aimerait être sans jamais en avoir vraiment le courage, ce courage de tout faire valser, de changer de vie, d'écouter cette petite voix qui nous dit ‘'ça suffit de vivre en apnée. Il est temps de vivre selon nos convictions, nos aspirations profondes et nos rêves''.
La Fourche, lieu-dit où il s'installe pour devenir brocanteur, est un nom bien trouvé pour raconter le nouveau chemin que Pierre décide de prendre, une nouvelle vie qu'on décide de vivre et qu'on assume parce qu'on l'a choisie. La peintre Rosa Bonheur dont il veut écrire la biographie est comme l'emblème de ces désirs et de cette vie assumée, loin du dictat social. Une vie sûrement plus dépouillée, plus difficile financièrement, à manquer souvent d'argent pour s'acheter même l'usuel. Alors c'est la débrouille qui prime, le troc et l'entraide entre voisins. Socialement, c'est juste un café chez la voisine, quelques moments passés dans le bar du coin ou à la crêperie de Jean-Michel pour arrondir ses fins de mois. C'est apprendre à vivre avec le strict nécessaire, sans le superflu, sans l'inutile. C'est comprendre ce qui est vraiment important. C'est retrouver son corps, par la brocante tout d'abord (les meubles à transporter, les réveils dans la nuit, dans le froid), par l'alimentation moindre, par le travail dans le jardin, les balades dans les champs avec ses chiens.
En termes d'allégorie, ce n'est plus la grande route professionnelle qu'on pourrait fantasmer à Paris. Non, ce petit chemin que Pierre prend, loin de la vie parisienne, c'est un bout de nature, entouré d'animaux (à devoir parfois refaire les gestes des anciens qu'on n'avait plus besoin de faire : la préparation du lapin offert par la voisine, moment drôle et épique !). C'est aussi la liberté, la part sauvage qui est en nous, le plaisir des petits riens, retrouver ses sens. Laisser parler son coeur, l'écouter et peut-être même le laisser pleurer mais pour le laisser à nouveau battre, crier, hurler, vibrer. Et aimer. Trouver un nouveau souffle, de nouvelles envies. Partir pour enfin vivre. Partir pour apprivoiser ses fantômes. Les vivants et les morts. Partir pour renaître. Et goûter à l'essentiel. Un plaisir qui ressemble pas mal à celui que j'ai eu en me plongeant littéralement dans ce roman, comme dans un petit cocon, protecteur et régénérant.
Je ne connaissais pas Anne Percin avant de lire ce roman. Et je remercie cette amie Babelio qui -pour un contexte particulier- m'a conseillée un autre roman de cette auteure (‘'Les singuliers'' que je n'ai malheureusement pas trouvé à ma Médiathèque). Par ce petit billet, comme un passage de témoin, j'espère transmettre à mon tour peut-être l'envie de découvrir cette auteure à la plume tendre et délicate. Un plaisir simple, tranquille, sans fioritures. Un petit moment qui fait du bien.

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Pierre a quitté Paris, sa thèse sur Simone Weil, ses amis et le mannequinat pour s'installer à la campagne, faire les brocantes et écrire la biographie de Rosa Bonheur, une peintre féministe du XIXe siècle qui peint des vaches – entre autres. Il a surtout quitté R., cet homme qu'il craignait tant de perdre. Alors, à La Flèche, il vit du minimum : minimum d'argent, minimum d'émotions et minimum de sentiments. Sauf qu'à défaut d'argent, des émotions et des sentiments, Pierre en a à revendre, qui bouillonnent en sourdine sous son crâne et dans son ventre, qui remplissent le vide de rien et le rien d'amour. Dans ce paysage calme peuplé de personnages épars, il apprend peu à peu : à dépecer les lapins et à dompter ses fantômes.

Une quête identitaire en pays sarthois, pourquoi pas. Écrite par Anne Percin, avec plaisir. Au final, un roman haut en couleurs, où pudeur et provocation entrent en harmonie. L'on découvre peu à peu l'histoire de Pierre en même temps qu'il apprivoise son existence. Humour, douleur et douceur parsèment son chemin où le deuil a laissé sa marque, à côté de l'insécurité, du bonheur et des erreurs. Bonheur fantôme porte bien son nom : sous couvert de peu d'événements, c'est le tourbillon d'une vie qui cherche à se vivre.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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Il y a parfois des rencontres littéraires exceptionnelles. Bonheur fantôme d'Anne Percin est assurément l'une d'elles..
Pierre, 28 ans, a choisi de venir se perdre dans la Sarthe, il a trouvé une maison en bordure de la départementale qui relie La Flèche au Mans. Il y est seul mais il l'a choisi. Il vivote mais peu lui importe. Entre les animaux qu'il récupère , son activité de brocanteur, la boutique, les marchés et brocantes et Paulette sa voisine , il ne voit pas les journées passer mais les nuits par contre tout lui revient en pleine poire.
Parce que Pierre est un écorché vif . La solitude il fait avec mais la tristesse et la mélancolie ça lui colle à la peau.
Alors il a fui croyant échapper à ses fantômes mais ils sont toujours là , les disparus, les absents, l'amour de R...
Il hurle , mais personne ne l'entend:
"Contrairement à Rosa, je n'ai rien à mettre entre moi et le
monde. Alors, pour ne pas me le prendre en pleine figure, j'ai voulu effacer en moi ce qui faisait une tache.
le trou noir de la mort d'Éric : ne plus en parler. Comment j'ai vécu huit ans avec l'espoir de mourir comme lui, dans un accident : à ne pas raconter. Les tentatives de suicide de ma mère, les miennes, sa dépression chronique, mon anorexie :tabou. Jusqu'à l'amour dévorant, délirant, que je cache même à celui qui en est l'objet, pour ne pas l'effrayer… Tout cela est classé confidentiel. Secret défense.
(...) Je suis seulement quelqu'un qui s'écoute, comme dirait Paulette. " p 134.

Mais Pierre serait il Pierre sans la magie d'Anne Percin? J'en doute. Anne Percin trouve les mots, l'enchainement des situations, brosse le portrait de Rosa Bonheur, cette artiste du XIXè qui a su imposer son mode de vie et affronter imperturbable le scandale . Anne Percin sait s'un rayon de soleil illuminer une journée, sait redonner vie à celui qui allait vers le néant et insuffler à Pierre l'énergie nécessaire pour s'affirmer et Vivre .. Chapeau bas Madame
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Pierre 28 ans s'installe à la campagne comme brocanteur dans un petit village de la Sarthe. Pourquoi choisit-il de s'éloigner de la vie parisienne ? Pourquoi faire le choix de la solitude ? Pourquoi tout quitter même son grand Amour R. ?
Pierre se dévoile à chaque page, il dévoile ses craintes, ses peurs, ses sentiments, mais surtout ses fantômes, qu'ils soient vivants ou morts qui hantent cet écorché à vif, il dévoile aussi ses passions pour Simone Weil, Rosa Bonheur, les vieilles chansons...
Ce qui est magnifique dans ce roman, c'est qu'il raconte la vie, la liberté, l'Amour. Un beau portrait d'homme blessé, un roman sensible, débordant de vie avec ses joies, ses bonheurs et ses tristesses. C'est tout simplement beau, réel et écrit avec pudeur et délicatesse.
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Un jeune homme se réfugie dans la solitude et le dénuement d'un petit coin de campagne sans charme pour ruminer des bouts de sa vie, ceux qui lui sont restés en travers du gosier. Il choisi de prendre de la distance et de vivre frugalement afin de revenir à l'essentiel: lui même ou plutôt, ce qu'il a au fond de lui même.
Par toutes petites touches, il nous dévoile des bribes de son histoire qui se construit peu à peu. Beaucoup, beaucoup trop lentement à mon goût. Peu portée sur les récits du genre introspectif, je me suis exaspérée de cette lenteur. Trop de considérations sur l'art, l'amour, la vie, trop de citations ralentissent le rythme du récit et lui donnent un petit coté pédant qui m'a déplu. Arrivée à la moitié du roman et après beaucoup d'hésitations, j'ai décidé d'abandonner ma lecture. Pourquoi continuer quand le plaisir n'est pas au rendez-vous ?
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Bonheur fantôme, le titre du livre résume parfaitement la trame du livre qui penche à vouloir encourager la vie malgré la mort des autres qui nous hante inlassablement.

Comme toujours et heureusement la solution passe par l'amour de celui ou celle qu'on croise pour continuer le chemin malgré l'oppression spirituelle permanente qui résulte de l'absence du défunt.

L'atmosphère du livre pourrait paraître macabre et pourtant l'auteur réussi à nous faire sourire malgré les larmes pudiques versées par le personnage-narrateur.
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