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Critique de latina


Et c'est ici que je me sens toute petite...
Si petite devant ce raz-de-marée émotionnel que j'ai ressenti face à l'univers créé par Anne Percin.
Ce n'est pas un univers totalement imaginaire, pourtant, puisqu'elle nous plonge pour quelques années, fin du 19e siècle, à Pont-Aven.

Pont-Aven ? Cet endroit mythique d'où sont sortis les plus grands noms de la peinture, du moins ceux que je préfère, à commencer par Gauguin. Gauguin et sa relation houleuse avec Van Gogh, le grand Absent de ce roman, du moins en chair et en os. de lui, on en parle presqu'à chaque page, mais jamais il n'interviendra dans l'histoire...sauf à sa mort, tragique.
Tous les Post-Impressionnistes s'engouffrent dans la brèche de Pont-Aven, se mêlent, aiment, se disputent, peignent à tout-va, exposent ou n'arrivent pas à exposer, et sont furieusement vivants.

Et c'est ici que je me sens un peu plus grande...
Car Hugo Boch, un jeune peintre qui finira par se découvrir photographe, m'emmène par le biais de ses lettres dans sa vie très humaine. C'est lui le personnage principal, le « héros ». C'est lui, personnage imaginaire, qui côtoie tous ceux dont on connait le nom. C'est lui qui se livre par lettres à sa cousine Hazel et à son ami de toujours, Tobias. Ces trois personnages inventés par Anne Percin m'ont aidée à vivre avec le monde des génies, le temps d'une lecture.
Le croisement de ces destins, qu'ils soient humbles ou magnifique, fait de ce roman une oeuvre éblouissante, pleine de subtilités, pleine de singularité.

« Je suis juste de plus en plus, de mieux en mieux si l'on préfère, singulier. Et singulier, cela veut dire seul, aussi... » : Hugo chemine, se cherche, s'approfondit. Il apprivoise la Mort. Il creuse en lui pour trouver le « dragon vert ». le voisinage des peintres, ces Singuliers, le secoue. Et son ami Tobias le ténébreux lui est en quelque sorte un guide vers une descente aux enfers, nécessaire.
Hazel, elle, apporte une brassée de fraicheur. Que j'ai aimé la suivre dans ses pérégrinations à travers Paris, de la tour Eiffel qu'on est en train de construire, jusqu'à Montmartre et la création des cabarets fameux ! Ses démêlés avec la société machiste, même dans l'art, surtout dans l'art, ses élans affectueux vers son cousin, ses peintures de nus masculins (dont un est un peu trop « émotif », hem), tout cela m'a emportée.

« Ce qu'on reproche souvent aux artistes, c'est de se prendre trop au sérieux. Mais en disant cela, on oublie que tout art est tragique. Seul le pratique avec légèreté celui qui n'est pas un artiste ».
Le tragique, le sérieux, oui, il y a beaucoup de ça dans ce roman. Mais jamais au point de se fracasser la tête au mur : Anne Percin a insufflé un tel souffle de vie, un tel murmure de tendresse qu'on ne peut que suivre avec bonheur son histoire mi-vraie, mi-arrangée des petits et des Grands, tous Singuliers.

Et c'est ici que je me sens immense, pleine d'exaltation à la lecture de ce roman...Singulier. Inoubliable !
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