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EAN : 9782226238504
350 pages
Albin Michel (01/02/2012)
3.5/5   23 notes
Résumé :
Elu parmi les meilleurs livres de l’année 2010 par les libraires indépendants américains. « Percy porte la subtile dynamique de la famille jusqu’au point de rupture, et il emporte totalement le lecteur. » The Los Angeles Times Echo Canyon, un lieu encore sauvage de l’Oregon, menacé par les activités humaines. Mais aussi un lieu de souvenirs conflictuels entre Justin Caves et son père Paul, qui n’ont jamais entretenu une relation facile. Quand Paul propose à Justin d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Tout cela commence plutôt bien : l'auteur va droit au but, décrit ses personnages et les situations le plus simplement et le plus directement possible.
Une grande partie du livre consiste à ausculter les relations entre les différents protagonistes, à décrire leurs caractères, leurs questionnements, leurs cheminements intérieurs. C'est plutôt bien fait, Benjamin Percy inventant des héros mal dans leurs peaux et qui ont du mal à vraiment communiquer. Cependant, Brian, l'ex-marine est un rien stéréotypé : un ancien combattant qui revient détraqué par ce qu'il a vu, ce qu'il a vécu et ce qu'il a été obligé de faire pendant le conflit dans lequel il était engagé. On a déjà vu ou déjà lu ce genre de personnages, concernant notamment la guerre du Viet Nam. On s'attend dès le début à ce que le serrurier commette une bévue voire un drame. Mais le fera-t-il ? Quel suspense, Yv ! Tu es trop fort !
L'autre grande partie du livre est la nature de l'Oregon. Benjamin Percy la décrit lentement et assez précisément. Il parle surtout de ce qui va disparaître puisque -je le rappelle aux inattentifs- le canyon sera recouvert d'un complexe immobilier. Bon, au début, ça va. Mais, je me dois de dire ici, à la France entière, que dis-je, au monde entier ("Yv, c'est l'heure de prendre tes cachets !") que ça devient un petit peu long. La description du campement des garçons, leurs gestes quasiment minute par minute, ça me fatigue un peu. Et puis en plus, je n'aime pas le camping : on a froid, on ne dort pas bien, on ne mange pas bien et souvent froid ou tiède. Non, je préfère nettement un bon hôtel -un quatre étoiles au moins cela va sans dire. Là, au moins, on prend soin du client. Si j'ajoute qu'un ours rôde autour du campement de Paul Justin et Graham, qu'en outre il y a des bruits bizarres, vous avouerez qu'une suite au Sofitel de New York, c'est quand même mieux, non ? Sauf si l'on est femme de chambre, certes, je vous le concède !
Bon revenons à notre campement : un peu longs les passages sur les grands espaces (peut-être Keisha est ses désormais célèbres lectures nature-writing appréciera).
Mais il y a quand même du très bon dans ce roman : du début à la fin un suspense monte, tant pour les campeurs aux prises avec leurs peurs, leurs angoisses et une éventuelle visite d'un éventuel ours que pour Karen qui ne sait pas qu'elle est la cible de l'étrange fascination de Brian le détraqué. A tout moment du livre tout est possible, et là, Benjamin Percy tient bien son lecteur, il ménage ses effets, alterne les moments plus calmes avec des situations plus tendues. Il y a des affinités avec les très bon Sukkwan island de David Vann, mais là, on n'est plus dans le grand nord mais en Oregon.
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La famille Caves a un rituel : aller chasser à Echo Canyon, dans l'Oregon. de père en fils, c'est une transmission que celle de partir un week-end entre hommes, isolés au milieu de nulle part. Cette année les choses changent puisqu'un projet immobilier menace de de dénaturer ce lieu préservé. Chez les Caves, Paul (le grand-père) est d'avis de remettre ça : partir une fois de plus avec son fils, Justin mais aussi avec son petit-fils, Graham pour qui c'est une première. Trois générations devraient donc aller de concert pour ce week-end de chasse qui s'annonce rude, dans une nature hostile, où la forêt se fait menaçante et où un danger imperceptible plane. D'un autre point de vue, se place Karen (la femme de Justin) qui reste à la maison en ayant formulé une seule requête : que Graham revienne sain et sauf. N'est-elle pas un peu autoritaire voire tyrannique, cette mère qui ne s'aventure pas hors de la chaleur du foyer? Quoi qu'il en soit, elle poursuit confortablement sa vie, laissant les hommes à leurs affaires de famille mais ayant toujours voix au chapitre tout au long de la narration.
Pour donner encore plus de piment à l'histoire, vient s'ajouter un jeune soldat, Brian, qui est de retour d'Irak et dont les souvenirs le hantent en permanence. Sa reconstruction est longue et difficile d'autant qu'il se sent seul et handicapé. Quel est le lien entre eux deux? Que vient-il faire à proximité? C'est ce qu'il vous est donné de découvrir dans cette histoire palpitante où la chaleur du feu crépitant vient vous bercer tout au long des pages mais où le danger omniprésent vous fait tourner les pages fébrilement, soupçonneux quant au tour que prendront les événements. Mais c'est le paysage et ses acteurs qui rendent la narration intense et à couper le souffle.

La quatrième de couverture m'a tout de suite fait penser aux romans de David Vann. Ayant beaucoup apprécié les deux, je ne pouvais que m'y retrouver dans cette histoire où la bravoure côtoie la peur et où les éléments naturels parfois dépassent de loin la simple expérience humaine. Oserai-je le dire que j'ai préféré le tout récent Percy aux deux raz-de-marée Vann? J'ai trouvé l'histoire étoffée d'une dimension contemporaine avec le sujet de la guerre qui transparait en filigrane dans le récit de Brian. J'ai également appris beaucoup à la vie animale et notamment sur les ours et les serpents grâce aux remarques des trois hommes, testant leurs connaissances les uns les autres. C'était très plaisant de les voir s'affronter dans un bras de fer mais aussi de voir leurs peurs, leurs failles qui se révèlent là où le vernis social n'est plus.

Un grand roman que j'ai dé-vo-ré ! La collection "Terres d'Amérique" de chez Albin Michel recèle de bien agréables trouvailles ! Pas de doute, dans ce cas précis, foncez !
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"Il n'y a pas de grizzly en Oregon, dit-il tout bas"

Entre Justin et Karen, le courant ne passe plus vraiment, elle se réfugie dans la musculation et la course à pied, méprisant son mari fuyant et faible, surtout face à son père Paul qui depuis toujours a mené son fils par le bout du nez. Paul convainc forcément Justin de passer un week end chasse et nature dans Echo Canyon, dernière chance avant que le coin ne soit envahi par un projet immobilier. Et d'y amener avec eux Graham, le gamin de Justin et Karen, pour une sortie "entre hommes".

Pendant ce temps, Brian, ancien de la guerre d'Irak avec séquelles, rode autour du logis de la belle Karen, revêtu de peaux d'animaux tués et dépecés par lui-même.

Deux histoires à fort potentiel angoissant, Karen et les deux types qui lui tournent autour (je n'ai pas parlé du promoteur immobilier!) et notre trio de trois générations, en pleine nature avec grizzli qui rode, gérant de station service pas content qu'on abîme son coin de forêt, et la santé parfois défaillante du grand père qui n'écoute personne de toute façon.

Bon, tel le grizzli, je tourne autour du pot, et voilà la vérité : ce roman au départ a absolument tout pour me plaire mais malgré une bonne histoire, assez classique quand même, des personnages intéressants a priori, surtout dans les relations père-fils, une bonne construction faisant alterner les points de vue, des moments descriptifs permettant de se remettre de la tension, et des paragraphes prenants assez nombreux, je me suis parfois ennuyée. Est-ce dû à l'écriture? A l'usage du temps présent? A l'overdose de récits nature? Au malaise ressenti devant les fuites de Justin? Même si l'ambiguïté de ses sentiments face à son père est un point fort du roman, subtilement mise en lumière jusque dans le bel épilogue.

A bien réfléchir, je me demande si l'histoire de Brian ne pourrait pas constituer une nouvelle indépendante du roman?

J'ai lu qu'un grizzli pouvait avoir un comportement imprévisible, surtout si on l'embête dans son territoire, mais j'ai eu du mal à croire qu'il soit aussi acharné dans la réalité, et ça m'a gâché quelques parties du roman. Ce n'est pas un gentil nounours, d'accord, son odorat et sa vitesse sont admirables, mais Rick Bass, dans le livre de Yaak, raconte avoir eu un mal fou à apercevoir le grizzli habitant sur les hauteurs près de chez lui...
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Le premier roman de Benjamin Percy est publié chez Albin Michel dans la collection Terres d'Amérique car l'action se passe au coeur de l'Oregon. Plus particulièrement dans l'Echo canyon, une ancien territoire indien en pleine forêt qui va bientôt être transformé en un vaste projet immobilier.

Le contexte est planté au coeur de la nature sauvage, territoire de chasse et de pêche, menacé par l'ambition des bâtisseurs.

Mais le roman ne se limite pas à cette dimension puisque l'auteur y installe une analyse sociale, avec dans un premier plan les relations entre père et fils et en second plan l'impact humain de la guerre d'Irak.

Justin n'a jamais su contrer son père Paul et sa femme Karen lui reproche souvent l'inconscience de Paul face à leur fils Graham. Pourtant, lassée par la monotonie de son couple, elle les laisse partir entre hommes pour une dernière partie de chasse dans l'écho canyon voué à disparaître. Dans cette nature hostile, Benjamin Percy va analyser la confrontation de ces hommes de trois générations, l'évolution de leurs sentiments. Dans cette ambiance poussée à l'extrême, se mêlent la candeur de l'enfance de Graham, l'effacement de Justin face à un père téméraire et sauvage, l'inconscience d'un grand-père imposant.

L'auteur parvient à créer un suspense intenable, en mêlant le côté sauvage d'une nature implacable, l'imprévisibilité de Brian, ancien soldat blessé à Bagdad, la vulnérabilité de Karen laissée seule à son domicile.

Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce roman polyphonique une lecture intéressante et palpitante. Je me suis intéressée aux personnages, au contexte. J'ai vibré devant les scènes angoissantes, j'ai été émue par cette relation entre Paul et Justin, un peu agacée par la légèreté de Karen.

C'est donc un premier roman qui ne laisse pas indifférent, même si on peut lui reprocher quelques scènes à sensation.

Si vous avez aimé Sukkwan Island de David Vann, vous aimerez sans aucun doute ce roman de Benjamin Percy.
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Immense coup de coeur pour ce Livre. Une nouvelle pépite signée Terres d'Amérique. le premier roman de l'auteur qui a signé un recueil de nouvelles que je n'ai pas encore lu. L'histoire est simple et complexe à la fois : Justin, devenu enseignant, accepte la proposition de son père de chasser une dernière fois dans le terrain de chasse de son enfance avant le démarrage des travaux de Construction d'un terrain de golf. Les deux hommes sont très différents et entretiennent des rapports complexes. Paul, le père de Justin exalte force et virilité insolente. La nature est son élément. Justin est plus hésitant et réfléchi, moins sentencieux aussi. Ce WE ravive leur incompréhension mutuelle surtout que la présence du fils de Justin, 12 ans, très désireux d'impressionner son grand père rend les choses plus compliquées et qu'une présence humaine et/ou animale crée une angoisse sourde mais de plus en plus forte chez les héros et le lecteur. À l'arrière de la scène, la femme de Justin qui se détache de son mari, le promoteur immobilier insupportable qui est à l'origine du terrain de golf et un serrurier vétéran de la guerre d'Irak qui cherche à retrouver la maîtrise de sa vie. Un roman polyphonique qui fonctionne très bien, le récit est remarquablement immersif, très bien construit. Une plume remarquable et une vraie réflexion sur la civilisation et la nature, les deux ayant leur part d'ombre et de malheur. Rien n'est manichéen ni téléphoné. Une Grande lecture.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
On pourrait penser, après toute ces années, que Justin serait mon sensible aux coups portés par son père, comme un nerf endormi par des chocs répétés. Mais non. Quand bien même il garde les bras croisés et une expression posée, une partie de lui-même tressaille. Son père vise toujours les coutures, espérant éventrer Justin et laisser son rembourrage tomber au sol. Parfois Justin réplique, mais la plupart du temps il serre les lèvres en un trait mince, et garde tout pour lui, espérant s'épargner ainsi les semaines épuisantes qu'il leur faut pour se réconcilier.
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Le pin ignore ce qui l'attend. Il restera là, sana la moindre méfiance, à pomper sa sève et à étendre ses racines de plus en plus loin dans le sol, jusqu'à ce que la scie attaque son écorce. Et lorsque cela se produira, quand la tronçonneuse hurlera en faisant jaillir un éventail de copeaux de bois, il n'aura plus d'avenir. Le vent ne passera plus dans ses aiguilles. Les oiseaux ne nicheront plus dans ses branches. Les chasseurs ne s'arrêteront^plus sous son ombre pour boire ou griller une cigarette.
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Seul. Inapte. N'appartenant ni à l'Irak, ni à l'Oregon. Ni Marine ni citoyen ; juste une enveloppe de sang, d'os et de nerfs flottant et tournant dans le vide. Pendant longtemps il s'est senti incapable de continuer une existence normale, de parvenir à une forme quelconque de bien-être. Il avait le sentiment d'avoir perdu davantage qu'un bout de crâne. De s'être perdu lui-même.
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Elle [Karen] est, était enceinte de cinq mois. Les médecins lui disent qu'elle a fait de la pré-éclampsie. En gros, son corps a fini par identifier le bébé comme un allergène et l'a expulsé. Lorsqu'elle explique cela à Justin, d'une voix que le Vicodin a rendue pâteuse, elle semble regarder au-dedans d'elle même et à l'extérieur en même temps, perdue dans de sombres pensées dans cette pièce trop vivement éclairée.
Quand l'infirmière vient contrôler les fonctions vitales de Karen, elle demande à Justin s'il désire voir le bébé, une fille. Il veut et ne veut pas. Le jour où son fils, Graham, est né, il était tout brillant, comme si le ventre de Karen l'avait poli, une pierre précieuse qu'ils serraient fort contre leur poitrine et se passaient avec d'immenses précautions. Ce bébé aussi ressemble à ça, sauf qu'il est plus petit, plus bleu. (p.16)
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Paul se frotte la tête et la barbe avec la serviette avant de la jeter sur un rondin près du feu. "Quelque chose est venu rôder tout près cette nuit. Pas vrai, Boo?" Il s'accroupit à côté du chien, lui serre le cou et l'embrasse sur le museau. "Qu'est-ce que tu sens, Boo Boo? Un raton laveur? Un opossum? Le grand méchant loup?" (p. 164)
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