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Critique de Davjo


Tiens, et si, comme Georges Perec, on faisait le compte des espaces traversés dans une journée ? Car « Vivre, c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner. »
Ce qui rend Perec original c'est sa manière de questionner le quotidien, le banal. On sort de notre cécité quotidienne, on réalise qu'on ne voit rien en fait, qu'on ne prend conscience que de très peu de choses. le temps nous obsède au détriment des espaces qui se succèdent dans notre journée, lit, chambre, rue, quartier, supermarché, gare, ville, région, pays....
Perec se pose des questions que les autres ne se posent pas. Ensuite, il énumère sans se soucier d'épuiser le sujet. Espèces d'espaces fonctionne comme un catalogue de propositions qu'il se fait à lui-même. Ça n'a l'air de rien, mais derrière chaque phrase il y un livre possible.
C'est à une méditation sur l'espace que Perec nous convie. Ce n'est pas un travail sociologique, mais une réflexion libre, la pensée reste en liberté, capable de toutes les digressions.
Il commence par l'espace de la page « Il y a peu d'événements qui ne laissent au moins une trace écrite ». Il continue par le lit, ce qu'il pense de son lit, ce qu'il y fait (le vice de la lecture), ce qu'il aime dans son lit, les banalités autour du lit ( On passe un tiers de son temps dans son lit). Puis, c'est la chambre, il se souvient de toute celles où il a dormi. Comment les classer. Il nous propose une typologie (p.48). Quand il digresse, il appelle ça "petite pensée placide", exemple: « N'importe quel propriétaire de chat vous dira avec raison que les chats habitent les maisons beaucoup mieux que les hommes. »
L'appartement questionne le fonctionnel. Il repense à une vieille voisine qui ne sortait plus de chez elle, séquence émotion avec cette vision crépusculaire. Découpage scénaristiques des tranches horaires... Dans ce chapitre, Georges Perec parvient à placer le mot nycthéméral. Et il invente les mots "gustatoir" et "auditorium". Et si nous avions une pièce pour le lundi, une pour le mardi...Son humour reste constant.
En principe, les rues n'appartiennent à personne. L'auteur décrit tout ce qu'il y a dans les rues comme si nous ne savions pas ce qu'est une rue. Il imagine la transformation de la rue, il essaye de voir ce qui est invisible, les infrastructures sous le bitume, le passé géologique.
Sa ville, c'est Paris. Et quand on est un piéton de Paris, on se reconnaît évidemment dans ce qu'il écrit. Se souvenir que la capitale s'est bâtie autour de sept collines. Il déclare sa flamme à sa ville.
Ce livre bâti sur un concept original donne plein d'idées.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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