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Emprunté à la Bibliothèque Buffon- Paris- Mai 2023

Un véritable OLNI (Objet Littéraire Non Identifié...ou du moins très difficilement!).

Un texte inclassable tant il recoupe moult registres: du Grand ordinaire, du quotiduen le plus prosaïque aux questions existentielles...

Incroyable de se rappeler que la 1ère publication de cet ouvrage date de près de 50 années !!
(*1974 aux éditions Galilée... )

Texte jubilatoire, ", tentaculaire " qui semble partir dans tous les sens, tout en possédant une vraie cohérence et progression. Essai pluridisciplinaire , déambulations faussement "anarchiques", que l'on passe de la facétie, aux énumérations abracadabrantesques, à divers exercices pratiques, de la sociologie à l'" ethnologie du quotidien", à la philosophie...tout se tient !

Georges Perec analyse subtilement par cercles successifs les divers espaces que nous " habitons", occupons. : du plus intime , de l'espace privé à l'espace à partager avec nos congénères... en passant évidemment par l' Écriture...
Autre espace vital !

Voici donc la progression de " nos" espaces par ordre croissant, grandissant chaque cercle de notre
" situation spatiale" , chaque fois :

- La page
-Le lit
-La Chambre
-l'appartement
- Portes
- Escaliers
-Murs
- L'Immeuble
- La Rue
- Le Quartier
- La Ville
- La Campagne
- du mouvement
- le Pays
- Europe
- Ancien Continent
- Nouveau continent
- le Monde
- L'Espace

Pour chaque territoire description, observations des plus ordinaires pour s'élargir pareillement , au fur et à mesure vers l' Universel humain...comment les individus vivent, s'approprient les différents espaces : privés, collectifs, étrangers, etc.

J'avais noté cet ouvrage après avoir lu avec enthousiasme l'essai de Claire Marin ," Être à sa place", où l'auteure y faisait référence à plusieures reprises, à juste titre ; et qui a augmenté la curiosité envers cet écrit de Georges Pérec.

J'ai beaucoup souligné au fil de ma lecture; j' insère la citation suivante car elle résume assez bien la question centrale de cet essai: chaque individu tente de trouver " la bonne place" , celle qui lui convient le mieux ;que cela soit dans sa vie privée ou dans ses rapports aux autres, à la société, et bien avant, ses rapports à son habitat, son immeuble, son quartier, sa ville ou son village, son pays etc.

"La Campagne

Alternative nostalgique ( et fausse ) :

Ou bien s'enraciner, retrouver, ou façonner ses racines, arracher à l'espace le lieu qui sera vôtre, bâtir, planter, s'approprier, millimètre par millimètre, son " chez soi": être tout entier dans son village, se savoir cévenol, se faire poitevin.

Ou bien n'avoir que ses vêtements sur le dos, ne rien garder, vivre à l'hôtel et en changer de pays; parler, lire indifféremment quatre ou cinq langues; ne se sentir chez soi nulle part, mais bien presque partout."

L'ouvrage est clos par un répertoire singulier des mots utilisés...Surprenant !

Ce livre peut peut être lu de plusieurs manières, à mon sens: ou sagement , classiquement, chronologiquement ou de manière buissonnière au fil de l'envie , de la curiosité du jour; ce que j'ai choisi, pour ma part; reprenant certains chapitres, m'interrogeant plus directement....

Il est question de notre regard sur ce qui nous entoure, ainsi que nos manières d' " habiter " concrètement, physiquement, mentalement nos différents " espaces de vie"; en bref, notre " façon d'habiter le monde" !
Tout un programme...que Georges Pérec nous fait partager , avec brio....

Perec achève ce texte, de la façon la plus évidente pour un écrivain, par l'espace le plus cher à son coeur : " La Page":

"Espaces ( suite et fin )

Écrire: essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes.
Paris
1973-1974"

En fait l'air de rien, ce livre est unique et inclassable , car son auteur parvient à nous offrir une sorte d'inventaire géant de l'activité et de l'histoire humaine, dans les différents territoires que l'Homme a réussi à apprivoiser ou non... !



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Tiens, et si, comme Georges Perec, on faisait le compte des espaces traversés dans une journée ? Car « Vivre, c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner. »
Ce qui rend Perec original c'est sa manière de questionner le quotidien, le banal. On sort de notre cécité quotidienne, on réalise qu'on ne voit rien en fait, qu'on ne prend conscience que de très peu de choses. le temps nous obsède au détriment des espaces qui se succèdent dans notre journée, lit, chambre, rue, quartier, supermarché, gare, ville, région, pays....
Perec se pose des questions que les autres ne se posent pas. Ensuite, il énumère sans se soucier d'épuiser le sujet. Espèces d'espaces fonctionne comme un catalogue de propositions qu'il se fait à lui-même. Ça n'a l'air de rien, mais derrière chaque phrase il y un livre possible.
C'est à une méditation sur l'espace que Perec nous convie. Ce n'est pas un travail sociologique, mais une réflexion libre, la pensée reste en liberté, capable de toutes les digressions.
Il commence par l'espace de la page « Il y a peu d'événements qui ne laissent au moins une trace écrite ». Il continue par le lit, ce qu'il pense de son lit, ce qu'il y fait (le vice de la lecture), ce qu'il aime dans son lit, les banalités autour du lit ( On passe un tiers de son temps dans son lit). Puis, c'est la chambre, il se souvient de toute celles où il a dormi. Comment les classer. Il nous propose une typologie (p.48). Quand il digresse, il appelle ça "petite pensée placide", exemple: « N'importe quel propriétaire de chat vous dira avec raison que les chats habitent les maisons beaucoup mieux que les hommes. »
L'appartement questionne le fonctionnel. Il repense à une vieille voisine qui ne sortait plus de chez elle, séquence émotion avec cette vision crépusculaire. Découpage scénaristiques des tranches horaires... Dans ce chapitre, Georges Perec parvient à placer le mot nycthéméral. Et il invente les mots "gustatoir" et "auditorium". Et si nous avions une pièce pour le lundi, une pour le mardi...Son humour reste constant.
En principe, les rues n'appartiennent à personne. L'auteur décrit tout ce qu'il y a dans les rues comme si nous ne savions pas ce qu'est une rue. Il imagine la transformation de la rue, il essaye de voir ce qui est invisible, les infrastructures sous le bitume, le passé géologique.
Sa ville, c'est Paris. Et quand on est un piéton de Paris, on se reconnaît évidemment dans ce qu'il écrit. Se souvenir que la capitale s'est bâtie autour de sept collines. Il déclare sa flamme à sa ville.
Ce livre bâti sur un concept original donne plein d'idées.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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« L'espace de notre vie n'est ni construit, ni infini, ni homogène, ni isotrope. Mais sait-on précisément où il se brise, où il se courbe, où il se déconnecte et il se rassemble ? On sent confusément des fissures, des hiatus, des points de friction, on a parfois la vague impression que ça se coince quelque part, ou que ça éclate, ou que ça se cogne. » (Extrait du feuillet mobile intitulé « Prière d'insérer »)
Georges Perec se lance dans une réflexion sur l'espace, sur sa nature et sur son sens. Qu'est-ce que l'espace par rapport à soi, par rapport aux autres et par rapport au monde ? « L'objet de ce livre n'est pas exactement le vide, ce serait plutôt ce qu'il y a autour, ou dedans. Mais enfin, au départ, il n'y a pas grand-chose : du rien, de l'impalpable, du pratiquement immatériel : de l'étendue, de l'extérieur, ce qui est à l'extérieur de nous, ce au milieu de quoi nous nous déplaçons, le milieu ambiant, l'espace alentour. » (p. 13)
Partant des principes qu'« il y a plein de petits bouts d'espace » (p. 14) et que « vivre, c'est passer d'un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner. » (p. 16), l'auteur passe en revue tous les lieux qu'il connaît, du plus intime au plus impersonnel. Son inventaire topologique commence par le lit et se finit par l'espace, tout en parcourant la chambre, en traversant l'appartement, en célébrant la ville et arpentant le pays.
Il fait de l'écriture un jalon dans l'espace de la page : « J'écris : j'habite ma feuille de papier, je l'investis, je la parcours. Je suscite des blancs, des espaces (sauts dans le sens : discontinuités, passages, transitions). » (p. 23) L'écriture est action et actrice : elle prend la forme de sauts de ligne, de marges griffonnées, de notes de bas de page désopilantes, d'alinéas étudiés, etc. George Perec applique à l'extrême son étude de l'espace. Il aurait été vain de prétendre parler d'espace sans aborder celui qu'il connaît le mieux.
George Perec s'impose des travaux pratiques et se livre à des exercices d'écriture que le lecteur peut reprendre. Écrire l'espace sur l'espace de la page, c'est une mise en abime sublime et infinie. Les descriptions auxquelles Perec se livre sont systématiques et peuvent sembler artificielles, mais elles découlent du besoin de fixer l'espace, de le délimiter. L'auteur est obsédé par la surface et la frontière. Où commence tel espace ? Pourquoi telle mesure plutôt que telle autre ?
Suivre Perec dans sa quête d'espace m'a tout d'abord semblé facile et très plaisant, comme une promenade en compagnie d'un doux dingue qui connaît une ville ou un quartier comme sa poche. Mais à mesure que les pages se tournaient, le malaise empirait : l'inventaire de Perec n'est pas anodin, ce n'est pas un guide de voyage. J'y vois une carte affolée, un besoin de poser des repères pour repousser l'indéfini. Si l'auteur utilise un langage factuel et un peu mécanique, la poésie et la peur sourdent des pages et se mêlent en fin de ligne.
Les Espèces d'espaces de George Perec sont un peu les nôtres, mais les avait-on déjà regardés comme l'auteur les a vus ? Ouvrez le texte de Perec et redécouvrez le monde quotidien, c'est à prendre le vertige !
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Georges Perec.. Peut être est son chat.. Et si j'enlève une voyelle est ce qu'une consonne prendra l'o ? Je vois rond et je passe le mur du son. Et si de deux choses Lune, alors peut être je n'y serai pas. Espèces d'espaces !… Tirer des lignes dans la mer est ce que c'est faire des ronds dans l'eau ? Un dé entre les doigts, un espace entre soi et ce reflet que l'on inspecte du haut des toits.
« Vivre, c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner ». Alors il faut écrire pour se parcourir disait Henri Michaux. Jamais inutilement remplir. Rendre l'habitable, et se méfier de l'habité . Aimer la géométrie spatiale pour tenter d'oublier, un peu l'espace d'un instant. Intelligence de l'espace qui entrechoque l'inactivité d'un lieu. Du partir, à l'’advenir, toutes nos histoires sont bien plus questions d'espaces que de temps.
Espèces d'espaces, maigre échelle du temps, topographie de l'instant.
Lire Perec c'est exercer les mots dans l'espace de l'oeil. C'est mathématiquement beau et lucide, et poétiquement sublime.
Lisez Perec et vous ne vous cognerez jamais plus contre les vitres !
Désolée de contrarier Brancusi , mais l'oiseau n'est pas dans l'espace, il est l'espace.

Astrid Shriqui Garain
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Un essai très très très détaillé ! Ce livre ayant été écrit, plus personne ne pourra refaire la même chose, à moins de prendre une orientation différente (voir Intérieur de Thomas Clerc).
Un livre facile à lire et amusant. Pourquoi les profs de français ne le proposent-ils pas à leurs élèves ? (jamais personne ne m'en avait parlé durant ma scolarité)
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Un mince (123 pages) petit volume qui se dévore, étonne, donne à réfléchir ou reconsidérer l'évidence, appelle à développer son sens de l'observation ou sa curiosité par des sortes d'exercices sur le terrain, ôte les oeillères, ouvre des horizons, amuse parfois, interpelle, et au moment d'écrire un billet ça se gâte, c'est Pérec, quoi, indubitablement.

Oh bien sûr à la fin l'on sait tout sur les espèces d'espaces, citons la page, le lit, la chambre, l'appartement, l'immeuble, la rue, le quartier, la ville, la campagne, le pays, Europe, Monde, Espace, voilà un catalogue à la Pérec, piqué dans la Table des matières.

Mais encore?
"Vivre, c'est passer d'un espace à l'autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner."

Des idées de balade originale
"J'aime marcher dans Paris. Parfois pendant tout un après-midi, sans but précis, pas vraiment au hasard, ni à l'aventure, mais en essayant de me laisser porter. Parfois en prenant le premier autobus qui s'arrête (on ne peut plus prendre les autobus au vol). Ou bien en préparant soigneusement, systématiquement, un itinéraire. Si j'en avais le temps, j'aimerais concevoir et résoudre des problèmes analogues à celui des ponts de Königsberg, ou, par exemple, trouver un trajet qui, traversant Paris de part en part, n'emprunterait que des rues commençant par la lettre C."

L'espace
"Lorsque rien n'arrête notre regard, notre regard porte très loin. Mais s'il ne rencontre rien, il ne voit rien; il ne voit que ce qu'il rencontre: l'espace, c'est ce qui arrête le regard, ce sur quoi la vue butte: l'obstacle : des briques, un angle, un point de l'espace: c'est quand ça fait un angle, quand ça s'arrête, quand il faut tourner pour que ça reparte. Ça n'a rien d'ectoplasmique, l'espace; ça a des bords, ça ne part pas dans tous les sens, ça fait tout ce qu'il faut faire pour que les rails de chemin de fer se rencontrent bien avant l'infini."

"L'espace semble être, ou plus apprivoisé, ou plus inoffensif, que le temps : on rencontre partout des gens qui ont des montres, et très rarement des gens qui ont des boussoles. On a toujours besoin de savoir l'heure (et qui sait encore la déduire de la position du soleil?) mais on ne se demande jamais où l'on est. On croit le savoir : on est chez soi, on est à son bureau, on est dans le métro, on est dans la rue."

Le mur (ne pas hésiter à relire)
"Je mets un tableau sur un mur. Ensuite j'oublie qu'il y a un mur. Je ne sais plus ce qu'il y a derrière ce mur, je ne sais plus qu'il y a un mur, je ne sais plus que ce mur est un mur, je ne sais plus ce que c'est qu'un mur. Je ne sais plus que dans mon appartement, il y a des murs, et que s'il n'y avait pas de murs, il n'y aurait pas d'appartement. le mur n'est plus ce qui délimite et définit le lieu où je vis, ce qui le sépare des autres lieux où les autres vivent, il n'est plus qu'un support pour le tableau. Mais j'oublie aussi le tableau, je ne le regarde plus, je ne sais plus le regarder. J'ai mis le tableau sur le mur pour oublier qu'il y avait un mur, mais en oubliant le mur, j'oublie aussi le tableau. Il y a des tableaux parce qu'il y a des murs. Il faut pouvoir oublier qu'il y a des murs et l'on n'a rien trouvé de mieux pour ça que les tableaux. Les tableaux effacent les murs. Mais les murs tuent les tableaux. Ou alors il faudrait changer continuellement, soit de mur, soit de tableau, mettre sans cesse d'autres tableaux sur les murs, ou tout le temps changer le tableau de mur."

Inventaire de tous les lieux où j'ai dormi? Fermer les yeux, les souvenirs précis reviennent. C'est bourré de ce genre d'idées, repenser la fonction des pièces d'un appartement (une pièce pour un usage, par exemple 'réservée à l'audition de la symphonie n)48 en do, dite Maria-Theresa, de Joseph Haydn'). Travaux pratiques, aussi, 'observer la rue, essayer de décrire la rue, magasins, cafés, prendre des notes...

Arrêtons-là, c'est riche, c'est à découvrir.

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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De la page encore blanche qu'il "habite, (...) investit, (...) parcourt" au monde "comme retrouvaille d'un sens, perception d'une écriture terrestre, d'une géographie dont nous avons oublié que nous sommes les auteurs", Perec inventorie l'infini des espaces en un merveilleux catalogue poétique.

Georges nous entraîne dans ses perec/rinations et à chaque paragraphe, le lecteur s'évade dans ses propres souvenirs d'espaces. Il laisse alors sourdre en lui une kyrielle de monuments mémoriels : ruelles de l'enfance, lits et chambres d'amour, villes rêvées, jardins clos... le bonheur se dissimule dans ces flâneries légères.

Comment transmettre le plaisir intense que j'ai éprouvé à découvrir cet ouvrage de fragile dentelle ? Perec attise notre envie de penser (panser) nos espaces, avec ou sans fonction, de réinvestir notre cartographie intime et sitôt, nous devenons co-auteur de notre "read in progress".

On pense au jeu du suichuka, si cher à Proust,...

A suivre : http://lavieerrante.over-blog.com/
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Partant de la page, puis augmentant de plus en plus son point de vue, du lit à la chambre, puis à l'appartement, à l'immeuble, la rue, le quartier, la ville, la campagne, le pays, l'Europe, le monde et l'espace, Georges Perec parle des espaces et de notre place à l'intérieur.

C'est brillant, comme à chaque fois avec Georges Perec, c'est parfois amusant ("Longtemps je me suis couché par écrit" attribué à Parcel Mroust, en ouverture de son chapitre : le lit). Il joue avec les codes de la mise en pages, avec les citations, avec le mot "espace", enfin bref, tout en faisant un exercice stimulant et instructif, il joue et nous avec.

"Bref, les espaces se sont multipliés, morcelés et diversifiés. Il y en a aujourd'hui de toutes tailles et de toutes sortes, pour tous les usages et pour toutes les fonctions. Vivre, c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner." (p.15/16)

Belle définition que j'aurais pu mettre en exergue de mon article, c'est la première que j'ai notée et retenue. le reste, ce n'est que du plaisir. On repère les contraintes que l'auteur se donne pour écrire son oeuvre, les envies d'écrire tel ou tel livre. Même lorsqu'il évoque des choses banales, de la vie courante, il est intéressant. Une série de verbes pour définir telle ou telle action ou des gestes du travailleur, des descriptions de scènes courantes qui paraissent simples mais à chaque fois, il y a la patte de Perec et là on se dit que la simplicité, en écriture, ce n'est pas le plus facile à faire. Qu'il y a des écrivains qui font ça bien et qu'il y a Perec.

J'ai découvert Perec avec Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, j'ai continué, forcément, chaque année, je tente d'en lire au moins un de plus, entre ses romans, ses essais ou récits et ses inclassables comme Espèces d'espaces, ou ses conférences comme Ce qui stimule ma racontouze. Chaque fois, c'est un régal, pourquoi m'arrêterais-je ?
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Que dire d'Espèces d'espaces? C'est l'oeuvre, dont la lecture m'avait été suggérée par une cousine que je vois trop peu souvent, par laquelle j'ai eu la chance dans les années 1980 de rencontrer Perec. C'est l'oeuvre qui a construit un pont entre deux de mes passions, la littérature et les mathématiques. C'est une lecture géométrique, c'est une topologie littéraire. C'est une incursion dans le monde de la pensée, de l'imagination, des listes et d'une certaine poésie non feinte. C'est une vision pleine de vertiges portant sur l'univers.

Perec a sa façon bien à lui d'interroger les faits du quotidien, l'anodin, l'infraordinaire, le signifié derrière l'insignifiant. Il dira le lit, la chambre, l'appartement, l'intérieur et l'extérieur, il investira et questionnera l'espace après avoir abordé la ville et son organisation. Ce sont ses exercices de style, ses exercices spatiaux, ses exercices euclidiens et non-euclidiens. Et, par ce parcours du domaine dans lequel il se situe, c'est lui-même qu'il raconte, ce sont ses projets, ses idéaux, ses vies.

À ma première visite à Paris, j'ai voulu voir certains des lieux de Perec. notamment, la rue où il avait habité au moment de l'écriture du roman Les choses, la rue de Quatrefages dans le 5e arrondissement. Ayant oublié mon carnet de notes à l'hôtel, je croyais me souvenir que l'adresse était 4 rue de Quatrefages, j'ai donc pris des photos de la porte d'entrée en question. de retour à l'hôtel après une promenade au Jardin des plantes tout près, je constate que Perec avait habité le 5 rue de Quatrefages. J'ai donc plusieurs photos de ce que voyait Perec lorsqu'il sortait de chez lui. L'espace et la mémoire s'étaient joués de moi.
Lien : http://rivesderives.blogspot..
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Malice, légèreté et ouverture sur d'autres possibles
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