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3,47

sur 242 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans Cadix assiégée par les armées napoléoniennes, la vie et le destin d'une dizaine de personnages s'entrecroisent, sur fond de meurtres en série.
Si l'enquête policière constitue une des trames de fond de ce livre, elle n'en fait pas pour autant un roman policier. Pas vraiment. Cadix, ou la diagonale du fou est avant tout un roman historique et un roman d'atmosphère : le portrait d'une ville et de ses habitants - d'une ville vue par ses habitants - en temps de troubles et de guerre, à un moment où son histoire s'apprête à basculer.

C'est un roman très long, très lent, dont j'ai savouré la lenteur avec un plaisir immense. Parce que ce rythme, s'il n'est pas exempt de quelques redites, est à la mesure du temps réel, tel que peuvent le ressentir les personnages : il nous amène, très sûrement, dans leur monde, nous y retient, nous y captive. Et les personnages en question sont superbes, tous de force et d'ambiguïté.
Rogelio Tizon, le commissaire brutal, cynique et corrompu, parfait salopard que les meurtres et l'enquête entraînent peu à peu à une autre conscience de soi, où la part d'ombre est plus présente que jamais. Lolita Palma, la femme de tête et de commerce qui découvre soudain ses propres failles. Pepe Lobo, marin qui n'aime pas la mer et que ses peurs vont rattraper. Simon Defosseux, le professeur devenu artilleur, pour qui la guerre pourrait n'être qu'une grande expérience de physique. Gregorio Fumagal, taxidermiste, misanthrope et traître : coupable parfait. Et tous les autres, plus secondaires et chacun essentiel.

C'est à eux tous, sans doute, que je dois d'avoir tant aimé ce livre. A eux, à tous les détails passionnants que j'y ai appris sur l'histoire de l'Espagne, à cette ville forteresse posée sur le bord de la mer, bâtie de ténèbres et de couleurs éclatantes, de vie, de violence et de sang, dont Perez-Reverte restitue magnifiquement l'ambiance. A ce réseau d'intrigues, enfin, qui se resserrent peu à peu, presque insensiblement, jusqu'à faire naître un suspense en demi-teinte, non exempt d'une certaine fatalité.
Un très beau moment de lecture.
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Perez Reverte au plus haut de sa forme, lui dont le talent pour faire vivre l'histoire à travers des personnages de chair n'est plus à démontrer.
La guerre d'Espagne de Napoléon est fascinante par les contradictions qu'elle met en évidence : le régime le plus réactionnaire d'Europe (le siècle des Lumières est quand même déjà derrière nous à cette époque), l'un des plus inégalitaire, où le peuple vit dans la misère et le mépris, se voit, certes par la contrainte, et par l'étranger, mis à bas, en faveur d'un régime, certes imposé par Napoléon, mais bien plus égalitaire et susceptible de générer des progrès de toutes natures, économique, social et autre, et voilà que tout de même c'est ce peuple opprimé par le régime renversé qui veut le rétablir!
Une partie importante de la bourgeoisie éclairée est plutôt du côté des Français, mais a l'espoir de pouvoir à la fois les évincer, à la faveur de la révolte populaire, et avec l'aide des anglais, et conserver l'acquis politique et social venu avec l'envahisseur.
C'est ce que montre merveilleusement bien Perez Reverte avec des personnages aussi divers que psychologiquement vrais, et avec sa mise en scène, toujours via les personnes qui y participent et a révélation de leurs espoirs, des travaux de l'assemblée constituante de Cadix, dont les acquis seront réduits à rien quelques années plus tard par la monarchie absolue revivifiée.
Tout cela dans un thriller dont certaines scènes vous glacent les os.
À lire absolument, par les amateurs d'histoire et de polards.
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IMPOSSIBLE DE LEVER LE SIEGE

Les enquêtes policières vous passionnent, vous appréciez qu'elles se déroulent dans un cadre historique bien reconstitué, vous aimez quand l'histoire est éclatée entre différents personnages appelés tôt ou tard à se rencontrer ou à se confronter, vous adorerez ce roman d'Arturo Pérez-Reverte, ce formidable émule d'Alexandre Dumas.

Nous sommes à Cadix en 1811 et la cité espagnole est l'ultime îlot de résistance d'une Espagne occupée par les armées de Napoléon, lequel a installé sur le trône son frère Joseph, considéré comme l'usurpateur par les fidèles de Ferdinand VII et particulièrement par l'assemblée des Cortès qui continue à siéger dans la ville… assiégée.

Mais le danger extérieur qui se manifeste par un incessant duel d'artillerie n'empêche pas le port de Cadix protégé par la marine anglaise de poursuivre ses échanges commerciaux. du coup, la ville ne manque de rien et la population ne souffre que très modérément de la guerre, sinon par un afflux de réfugiés. En contrepoint de la menace française, les Cortès sont le cadre d'une intense bataille entre légitimistes et libéraux, mais aussi entre députés métropolitains et élus d'Amérique du sud qui expriment la volonté d'émancipation des colonies espagnoles, soutenus par les Anglais toujours à l'affût de la bonne affaire commerciale.

Dans cette ambiance particulière, la ville est la proie d'un tueur sadique qui s'attaque à des jeunes filles qu'il fouette sauvagement avant de les étrangler. C'est à lui qu'est confronté le commissaire Rogélio Tizon, policier sans scrupules, cynique et corrompu : « Il est fonctionnaire et sa seule idéologie s'aligne sur la hiérarchie établie … Tout pouvoir constitué a besoin de ses services et de son expérience. Aucun système ne peut tenir autrement. Il s'agit toujours d'appliquer les mêmes méthodes, quels que soit les idées ou le drapeau. » Il n'en est pas moins cultivé (il joue régulièrement aux échecs et lit Sophocle). le tueur lui pose une énigme qui occupe bientôt toutes ses pensées.

Pérez-Reverte, formidable metteur en scène, conduit son intrigue avec beaucoup de doigté en tirant les fils dans cinq directions : outre l'enquête de Tizon, l'activité fébrile du capitaine Simon Desfosseux, maître artilleur et scientifique (il était auparavant professeur de physique à l'école d'artillerie de Metz) qui tente d'atteindre le centre de Cadix avec ses bombinettes souvent récalcitrantes. C'est d'abord un scientifique : « le fil d'acier qui l'attache au bon sens et à la vie est fait de concepts, pas de sentiments. Même devoir, patrie, camaraderie (..) ne jouent aucun rôle. Pour lui, il s'agit de poids, volumes, longueur, élévation, densité des métaux, résistance de l'air, effets de rotation (..) Tout ce qui en somme permet à Simon Desfosseux, capitaine d'artillerie de l'armée impériale de rester en marge de toute incertitude qui ne soit strictement technique. » On appréciera le savoureux dialogue entre le capitaine et le maréchal Victor (Vosgien de Lamarche) au cours duquel le premier tient tête au commandant en chef avec un franc-parler qui est finalement apprécié par le maréchal sorti du rang qui ponctue l'échange par un affectueux « foutue tête de mule ! ».

Un autre « homme de science et de livres », c'est le taxidermiste Grégorio Fumagal, un anticlérical qui s'inspire de la philosophie des Lumières pour aider les Français à mettre à bas le pouvoir despotique de Ferdinand. A l'aide de pigeons voyageurs, il donne des informations stratégiques à l'artillerie impériale. Il y a aussi Lolita Palma, femme d'affaires qui gère avec prudence et compétence le commerce maritime légué par son père sous le triple signe (« solvabilité, crédit et réputation ») et réussit dans ce monde masculin, pour ne pas dire macho, à imposer sa personnalité. Cette « tête bien faite sur des épaules que l'on dit très jolies » est toujours bonne à marier à 32 ans. Enfin, le capitaine corsaire Pepe Lobo, employé précisément par la société Palma pour traquer les navires marchands français. En dépit d'une morale un peu vacillante, il fait preuve d'un indéniable courage.

Ces cinq-là vont se croiser, se surveiller, s'affronter, voire s'aimer au cours d'un ballet bien réglés par un écrivain qui maîtrise parfaitement ce petit monde qu'il a construit sur le terreau d'une formidable documentation et d'une connaissance parfaite des ressorts politiques de l'époque. Aucun manichéisme chez ses personnages qui sont d'une grande richesse psychologique et donne un relief tout particulier à cette ville-prison devenue un échiquier « hostile, plein de cases étranges, d'angles ténébreux jusque-là inconnus ». Ajoutez-y un style très fluide et une étonnante capacité à mener de concert les destins de chacun des personnages, et vous aurez un roman épatant dont l'objectif ultime –la dénonciation de la folie des hommes (guerres, crimes)- s'impose au lecteur sans avoir à forcer le trait et au terme d'un immense plaisir de lecture.
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Longtemps que je n'avais pas lu un livre de Perez-Reverte, et j'ai bien fait d'y remédier !
Ce roman se passe à Cadix durant le siège de l'armée française et nous suivons plusieurs personnages dont les destins s'entremêlent. Soldats, corsaires, policiers, tous sont passionnants. Au milieu de cette fresque napoléonienne, un tueur en série assassine atrocement des jeunes filles au milieu des bombes françaises qui s'abattent sur la ville. L'enquête est rondement menée et le meurtrier pas facile à démasquer.
Alors bien sûr, on peut regretter quelques longueurs ici ou là, mais difficile de bouder ce roman historique à la sauce Dumas, et ces personnages si attachants, avec une mention spéciale pour le corsaire Lobo qui a quelque chose du capitaine Alatriste. Je regrette un peu l'absence de happy-end, les dernières pages laissent un goût amer et la place à un sacré désenchantement. Mais qui ne gâchent en rien cette lecture, dense mais vraiment plaisante.
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Cadix ou la diagonale du Fou,d'Arturo Perez Reverte, est un extraordinaire roman, à la fois roman policier, roman historique, roman initiatique. Une foule de personnages entre-mêlent leurs destinées comme sur un échiquier dont un fou est la pièce maîtresse, qu'un policier traque sans relâche. En 1811, la citadelle de Cadix est assiégée par la flotte et l'artillerie de Napoléon. Un ingénieur français, le capitaine Desfosseux est obsédé par l'amélioration des performances de ses canons. Une riche héritière, Lolita Palma, a repris la direction de l'armement de sa famille, ses navires sillonnent les océans pour le commerce, mais elle arme également un bateau corsaire commandé par un corsaire au grand coeur, Pepe Lobo. le commissaire Rogelio Tizon est sur les traces d'un maniaque qui tuent des jeunes filles sous les coups d'un fouet tressé en fil de fer. Il lui faut toute sa perspicacité de joueur d'échec pour dénouer cette affaire. A partir de ces quelques éléments le lecteur est happé dans 780 pages faites de batailles navales, de duels, de combats d'artillerie, mais aussi des ambiances dans les tavernes, ou dans les soirées mondaines de l'aristocratie espagnole, de guets dans des rues sombres, sur les pas d'un taxidermiste, sur ceux d'un saunier, où d'un contrebandier mulâtre. le suspense est haletant. La reconstitution historique est éblouissante.
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Le temps d'un siège de Cadix pendant la Guerre d'Espagne, un tueur en série sévît en même temps que les bombardements français. Roman haletant ou le commissaire trouvera t il le vrai assassin?
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Dommage qu'on ne puisse rien dire de l'intrigue !
Arturo-Perez Reverte se joue de nous et nous emmene encore une fois là oú il veut, avec comme toile de fond le siege de Cadix.
Bon j'avoue certains détails, notamment militaires, ont un peu eu raison de moi mais quel talent ! que d'intrigues !
Et à la fin et bien le...
Bonne lecture !
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le plus beau des livres d'Arturo Pérez Reverte. ferait une excellente fresque cinématographique.Seul point noir pour moi, le vocabulaire "marin", que ce soit dans les manoeuvres ou dans les appellations du moindre "morceau" des bateaux.Il faut vraiment être spécialiste pour comprendre, mais on se laisse "porter"...
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