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3,51

sur 175 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Excellent thriller que « La patience du franc-tireur ». Avec ce roman, Arturo Pérez-Reverte revient à ses origines. Je ne peux m'empêcher de faire des liens avec ses premiers titres comme « le tableau du maitre flamand » ou encore « le club Dumas », qui comptent parmi les premiers de l'auteur et ceux que j'ai lus tout d'abord. Toujours cet intérêt pour les arts, que ce soit la peinture, les manuscrits rares et, maintenant, les graffitis. Après avoir passé à travers la série complète des « Aventures du capitaine Alatriste », que j'ai aussi adoré, ça a fait du bien de replonger dans cet univers moderne, mystérieux et fascinant.

Alejandra « Lex » Varela est une spécialiste dans le monde de l'art urbain. Un grand éditeur désire publier un ouvrage dédié à cet art et lui demande de retrouver la trace d'un « artiste » célèbre mais autant énigmatique que reclus, Sniper (franc-tireur). Mettre la main dessus ne sera pas tâche facile. On reconnaît ses graffitis à sa signature : une ligne de mire peinte en rouge. Et il les appose partout, dans des endroits aussi visibles qu'inaccessibles. Surtout, sa renommée est telle que ses fans téméraires accourent par centaines pour bombarder de peinture les édifices ou les villes où il souhaite faire des coups d'éclat. À leurs risques et périls…

De Madrid à Lisbonne, puis de Vérone à Naples, Varela explore un univers qui m'est assez inconnu. L'auteur réussit à décrire ces lieux avec réalisme. J'avais vraiment l'impression d'y être. Et pas que des lieux de cartes postales, d'une beauté à rendre jaloux. Non. Des lieux malfamés, des quartiers pauvres ou, surtout, glauques. Des lieux où les graffiteurs vont la nuit tombée pour réaliser leurs oeuvres. Et ils ne sont pas tous fréquentables, certains sont tout bonnement dangereux. D'autant plus que d'autres tout aussi menaçants recherchent aussi Sniper, mais pour d'autres raisons. Bref, des pièges de tous les côtés, le suspense fonctionne à merveille.

Ce roman est l'occasion pour l'auteur d'exposer son opinion à propos de l'art. L'art moderne, contemporain, comme vous voudrez. Mais aussi l'art de rue. C'est que Varela s'informe tant auprès des éditeurs, des chefs de police, de galéristes, des artistes (graffiteurs convertis) que des jeunes des rues. Chacun exposant son point de vue sur la situation. le roman en lui-même devient presque un documentaire assez complet. J'ai beaucoup aimé « La patience du franc-tireur », comme tous les autres romans de Pérez-Reverte. Toutefois, la fin m'a un peu déçu. En général, les chutes inattendues me plaisent assez bien mais, de par le dénouement de l'histoire, j'ai un peu l'impression que l'auteur a triché cette fois-ci, qu'il n'a pas donné vraiment de chance à son lecteur pour essayer d'anticiper cette fin. Mais bon, ça reste tout de même du grand art.
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« L'art moderne n'est pas de la culture, il est seulement une mode pour snobs. Il est un énorme mensonge, une fiction pour des privilégiés millionnaires et imbéciles… »

Voilà comment Sniper s'exprime, ce « maitre » du graffiti, cette légende vivante qui détruit systématiquement les plus grands lieux du monde pour leur imposer sa loi, celle que le monde doit se détruire parce qu'il est moche et dégénéré. Lex, une journaliste espagnole, part à sa recherche pour les besoins d'un livre luxueux. Dans son sillage, elle entraine bien malgré elle des gens qui veulent la peau de Sniper.

Ce roman qui pose les bonnes questions sur les graffeurs mais aussi sur l'art moderne en général nous emmène de Madrid jusqu'en Italie, Vérone et puis Naples. Il se terminera de façon spectaculaire dont je ne vous toucherai pas un mot.

Disons que la première partie du roman s'attache beaucoup à nous informer sur ce milieu qui m'était totalement inconnu. C'est bien intéressant, mais je piaffais d'impatience car je m'attendais à beaucoup de suspens…qui se faisait attendre - avec panache, bien sûr, car l'écriture de Pérez-Reverte est une explosion de couleurs et de saveurs -.

J'ai donc rongé mon frein en m'instruisant, ce qui n'est pas à dénigrer, loin de là. Puis la fin m'a cueillie par surprise et a comblé ma patience…de lectrice.
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Une enquête qui se déroule dans le milieu des tagueurs.
Un éditeur propose à Alejandra Varela, historienne spécialiste du street- art de partir à la recherche du plus célèbre et mystérieux des graffeurs :
Sniper, un génie dont tout le monde parle mais que personne ne connait. Un surdoué qui peint des fresques monumentales dans des lieux improbables. L'éditeur veut lui consacrer un livre et une grande exposition de son oeuvre.
Une traque qui traverse Lisbonne, Madrid, Vérone, et Naples où nous assistons à un face à face final.
Un personnage, fascinant, mais direct et agressif, protégé par des gamins qui n'hésitent pas à mettre leur vie en péril pour le séduire. Un homme dont on essaie de comprendre le but, les objectifs tant sa radicalité surprend.
Que l'on connaisse ou non l'art urbain, ce livre est finalement plus intéressant par son côté documentaire car l'histoire n'est pas spécialement originale.
Mais on se laisse porter par l'ambiance de la rue, le monde troublant de la nuit, les couleurs, Voici une attachante peinture ( murale) de l'art urbain.
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Vous avez toujours considéré que les graffiti étaient davantage une pollution visuelle qu'un art véritable ? Vous êtes totalement étranger au monde des graffeurs et n'avez que peu d'intérêt à y pénétrer ? Figurez-vous que vous n'êtes pas les seuls et que le thème du dernier roman de ce cher Arturo Pérez-Reverte avait de quoi laisser plutôt perplexe après un ouvrage aussi langoureux que le tango de la vieille garde. Comme quoi les a priori, c'est comme les vêtements à la piscine, il vaut mieux les suspendre au vestiaire. Honnêtement, La patience du franc-tireur n'est pas le meilleur livre de l'écrivain espagnol mais visiblement très documenté il nous fait pénétrer dans un univers fascinant au point qu'on regrette de ne pas avoir de version illustrée du roman, histoire de changer son regard sur ces graffitis. L'intrigue en elle-même, une véritable traque de la star de l'art urbain, aussi idolâtré que controversé, n'est pas le point fort du livre. Pérez-Reverte en narratrice, on n'y croit pas trop, mais bon, on s'habitue. Non, l'intérêt du livre vient de la description de ce monde des graffeurs, milieu opaque, radical et anarchisant. Et plus largement de leur conception de l'art contemporain, depuis longtemps prostitué aux phénomènes de mode, happenings et exhibitions grotesques, dans l'habileté de certains marchands à faire passer des vessies pour des lanternes. Hum. Pour en revenir au bouquin proprement dit, on est un peu déçu quand se produit LA rencontre promise depuis les premières pages. Juste avant d'être estomaqué par le dénouement imprévisible et brutal, alors que Pérez-Reverte avait semé quelques indices auparavant qui se révèlent éclairants in fine. Une tournée de tequila (ou de coca zéro) au lecteur avisé qui aura découvert avant la fin comment se conclue ce roman ! C'est drôle mais après ça, on ne pourra regarder les graffitis de rue avec le même oeil courroucé. Tout au contraire.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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J'ai trouvé ce livre en audio, lu par Marie-Christine Lefort. Déjà admirative de Pérez- Reverte (le Hussard, Alatriste et ses aventures, Eva...) je suis sûre de sa plume précise, de sa construction narrative sans faille, de son suspens et de tout un univers à inventorier. Ici on va tout comprendre sur l'art urbain du graffiti, du tag si on préfère. On va suivre la traque d'un illustre graffeur qui se cache à Lisbonne, Madrid, Vérone ou encore Naples. Enquête finaude, filatures en tout genres, tout le savoir-faire de la petite espionne, experte en art contemporain qui sait comment débusquer son "Sniper" sur les toits et murs des villes la nuit malgré les dangers.
Et ici, les femmes assurent dans la bagarre, Eva notre narratrice est bien décidée à tout pour trouver cet homme convoité par le plus grand musée du monde, un rebelle, un marginal qui vaut des milliards.

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Je n'aime pas tous ces tags sauvages qui, souvent, n'expriment pas grand chose et n'embellissent pas les abords des gares et les entrées de tunnels déjà bien moroses. Mais, dans ce livre, le lecteur découvrira l'art du tag dans sa violence et le talent de ses graffeurs. Il n'y a pas de réel suspense, mais un besoin de savoir de l'héroïne transmis au lecteur, l'ensemble dans de belles villes du sud de l'Europe. Depuis cette lecture, je porte un autre regard sur les tags... enfin, ceux qui le méritent
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Après la claque du polar de Minnier, Une putain d'histoire, je n'étais pas sûre du tout d'accrocher à un autre polar. Arturo Pérez-Reverte fait très fort, il écrit une histoire haletante et originale dont le sujet principal n'est pas, à priori, un assassinat et l'enquête, mais plutôt une traque dans le mon de l'art urbain, voire de l'art tout court.

Lex cherche Sniper, maître de l'art urbain, énigmatique et anonyme, celui-ci refuse systématiquement toutes les propositions émanant des autorités et des responsables culturels sous prétexte que l'art doit rester libre et illégal pour exprimer les contradictions de la société contemporaine. Lex aimait Lita, une jeune graffeuse, qui signait Spuma et a trouvé la mort dans la rue. De l'Espagne à l'Italie en passant par Lisbonne, elle rencontre des graffeurs indignés ou devenus sages et artistes, des graffeurs qui ont tous connus un jour Sniper mais ne veulent rien en dire époustouflés par son caractère honnête et son idéologie. Et pourtant...

Sniper organise des évènements dangereux où certains graffeurs meurent, souvent par accident ou lors de courses poursuites avec les forces de l'ordre. Certes, il ne les pousse jamais dans le vide mais il les incite à affronter la mort pour donner de la valeur au graffiti urbain illégal et, du coup, accroitre sa propre célébrité. Qui est Sniper ? Que lui veut vraiment Lex ? Où s'arrêtent les limites de la responsabilité ? Est-il un artiste génial ou simplement un agitateur dénué de scrupules ?

Il existe mille questions dans ce livre et l'écriture leur rend service, car je trouve la plume de Pérez-Reverte, ou la traduction, délicieuse et lire un polar bien écrit c'est souvent une très bonne surprise.
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Dans La patience du franc-tireur, une sorte d'enquête doublée d'une chasse à l'homme, Arturo Perez Reverte (APR) dépeint de façon très réaliste l'univers du street art -et plus particulièrement celui des graffeurs-, et propose une réflexion sociale et politique intéressante sur l'art contemporain, sa signification, sa raison d'être et sa représentation dans l'espace public.

Historienne de l'art urbain, Alejandra (Lex) Varela, la narratrice, est chargée par un important éditeur espagnol de retrouver le mystérieux Sniper, un graffeur de génie et une véritable légende dans le milieu, pour le convaincre de publier un catalogue de ses oeuvres et d'exposer ces dernières au MoMa à New York. Cette tâche se révèlera particulièrement difficile pour Lex car non seulement le graffeur vit dans l'anonymat le plus complet mais il a aussi quitté l'Espagne depuis que sa tête a été mise à prix suite à la mort d'un jeune tagueur ayant voulu relever un défi lancé par Sniper. Véritable icône, ce dernier contrôle et organise en effet à distance de nombreuses actions d'envergure dans toute l'Europe. de Madrid à Lisbonne et de Vérone à Naples, Lex suivra les traces de Sniper dans une enquête et une chasse passionnantes à l'issue complètement inattendue!

APR dépeint de façon très réaliste un monde en marge de la loi dans lequel la transgression de l'ordre établi et la recherche d'adrénaline priment et dans lequel euphorie rhyme avec danger. Pour Sniper, le graffiti est "la guérilla de l'art" et représente le seul moyen de véhiculer des messages sociaux et politiques forts et de se rebeller contre l'ordre dominant. A travers la vision radicale de Sniper, APR formule une critique sans concession de l'art contemporain et plus globalement d'une société caractérisée par un consumérisme excessif.

J'ai bcp aimé ce roman et Arturo Perez-Reverte est vraiment une très belle découverte!
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Avec Arturo Perez-Reverte quand on découvre un univers qui vous est étranger, on est certain d'avoir acquis au fil de la lecture , des connaissances solides sur le milieu qu'il décrit car cet écrivain talentueux prend toujours la peine de se documenter comme le brillant journaliste qu'il était auparavant, sur les sujets traités dans le cadre de la fiction romanesque.
Nous voici plongés aux côtés de la narratrice Lex Varela, dans le monde des graffeurs ces jeunes urbains qui inscrivent sur les murs des villes leurs signatures, leurs tags, leurs maximes favorites, travaillant de préférence la nuit et surtout dans des endroits improbables, la quête du danger et le contournement des interdits aiguisant leur sens artistique.
Pourchassant pour le compte d'une célèbre maison d'édition d'art , l'insaisissable Sniper, ce graffeur de haut vol connu dans le monde entier pour lancer des défis dangereux aux amateurs de sensations fortes, Lex remontera sa piste au hasard des rencontres .
Mais comment convaincre cet irréductible qui a choisi de signer d'un cercle de tireur d'élite, les oeuvres qu'il réalise gratuitement pour tous, qu'il est préférable de rentrer dans le rang et d'intégrer le cercle fermé des artistes très côtés, exposés dans les musées et chez les riches amateurs ?
Bien sûr le récit de la traque est passionnant et le lecteur est littéralement scotché sur les pas de l'héroïne à la recherche de cet oiseau rare, mais ce qui m'a surtout interpellée, ce sont les réflexions de fond distillées au fil du récit sur le sens de l'art, le poids de l'argent et du marché, la valeur intrinsèque des oeuvres.
Je me suis alors remémoré une expérience personnelle dans un musée d'art contemporain où j'ai failli me faire jeter dehors parce que je me préparais à ramasser un chiffon et une canette de coca au sol, pensant qu'un touriste indélicat s'en était débarrassé . Grossière erreur ! C'était une "oeuvre " ! et je me suis excusée platement auprès du gardien qui avait empêché mon geste sacrilège ....
C'est dire comme certaines phrases de Sniper sur le marché de l'art me sont allé droit au coeur !
Encore un magnifique roman de cet auteur espagnol que j'apprécie tant depuis la découverte il y a bien longtemps de son célèbre "tableau du maître flamand" qui explorait déjà le domaine de l'art...mais d'une autre époque.
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Passant quotidiennement devant eux, nous ne les voyons pas – ou plus. Ou bien nous nous en indignons, vaguement scandalisés par ce vandalisme. de temps à autre, certains d'entre nous s'arrêtent quelques instants devant ces explosions de couleurs sur nos murs gris. Des tags. Des graffitis. Dessins et inscriptions, isolés et au contraire superposés, quelquefois fresques couvrant un mur tout entier, symboles – tous incompréhensibles pour la plupart d'entre nous. Si nous en déchiffrons quelques lettres, nulle pierre de Rosette sous la main pour en saisir le sens.
Alejandra Valejo, dite Lex, connaît les codes : l'art urbain, c'est sa spécialité. Chasseuse de têtes pour l'édition, elle accepte la mission de trouver un franc-tireur de ces marges-là : Sniper. C'est une des plus grandes légendes urbaines du milieu, tant par la qualité esthétique de ses oeuvres que pour l'idéologie qu'elles portent. « Si c'est légal, c'est pas un graffiti. » À travers l'Espagne, le Portugal et l'Italie, Lex traque Sniper, certes pour le compte de son commanditaire, mais peut-être aussi motivée par une quête plus intime.
Roman d'aventures donc, mais roman noir surtout, La Patience du franc-tireur nous interpelle violemment, voire crûment, à la fois sur l'art, son pouvoir de subversion, et sur le désespoir généré par nos sociétés marchandes.
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