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Citations sur Un jour de colère (17)

Alvarez dont la patience n'est pas la qualité première, sent la colère lui monter à la tête. Il n'est pas du parti français, il est seulement un militaire fidèle aux ordonnances et au roi Ferdinand VII. Il est ici, ordres mis à part, parce qu'il considère que la résistance à l'armée impériale est une aventure téméraire et inutile. Ni le peuple et les militaires réunis, ni l'Espagne entière soulevée n'auraient la moindre chance face à l'armée la plus puissante du monde.
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-Mais allez-vous-en, ils vont tirer à leur tour.
-M'en aller ?... Même les Maures de Murat ne me délogeront pas d'ici, ni même leur impératrice Agrippine, ni leur freluquet de Nabuléon Malaparte... Je ne marche que pour le roi Ferdinand.
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Le directeur, encore incrédule, chausse ses lunettes et lit la pétition que vient de lu présenter le gardien-chef, transmise par la voie réglementaire.
"Ayant appris le désordre qui se manifeste dans le peuple et que par les balcons l'on jette des armes et des munitions pour la défense de la Patrie et du Roi, le soussigné Francisco Cayón, supplie sous serment en son nom et en celui de ses camarades de revenir tous à la prison que nous soyons mis en liberté pour aller exposer notre vie contre les étrangers et pour le bien de la Patrie.
Fait respectueusement à Madrid ce deux mai mil huit cent huit."
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– Je vous dis de vous en aller, insiste Daoiz avec raideur. C'est trop dangereux de rester à découvert.
La figure salie par la fumée de la poudre, la fille se noue un foulard autour de la tête pour rassembler ses cheveux et esquisse un sourire. Daoiz observe que la sueur met des taches sombres à sa chemise et ses aisselles.
– Tant que vous resterez ici, mon général, Ramona García ne vous lâchera pas Comme dit une cousine à moi qui n'est pas mariée, un homme, ça se suit jusqu'à l'autel, et un homme courageux jusqu'à la fin du monde.
– Elle dit vraiment ça, votre cousine ?
– Juré craché, cœur de ma vie.
Et en remettant un peu d'ordre dans sa mise devant les sourires fatigués des artilleurs et des civils, Ramona García Sánchez chante à voix basse au capitaine deux ou trois mesures d'une "copla".
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Le capitaine observe les femmes qui sont dans la cour, mêlées aux militaires et aux civils. Ce sont pour la plupart des parentes de soldats ou de civils armés : mères, épouses et filles, voisines qui sont venues pour accompagner leurs hommes. Sous la direction du caporal artilleur José Montaño, certaines, qui ont apporté des draps, des courtepointes et des nappes, les déchirent et entassent dans la cour une pile de charpie et de bandes en perspective du moment où les hommes commenceront à tomber. D'autres ouvrent des caisses de munitions, mettent des paquets de cartouches dans des cabas et des paniers d'osier, et les portent aux hommes qui prennent position dans les quartiers du parc ou dans la rue.
– Autre chose, Arango. Essayer d'évacuer ces femmes avant que les Français n'arrivent… Ce n'est point un endroit pour elles. Le lieutenant pousse un profond soupir.
– J'ai déjà essayé, mon capitaine. Elle m'ont ri au nez.
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Le répit dure peu. A peine passé le gros de la nouvelle charge française, tous, Máiquez compris, ressortent dans la rue, sur le pavé glissant de sang. José Antonio López Regidor, trente ans, reçoit une balle à bout portant juste au moment où , ayant réussi à se jucher sur la croupe du cheval d'un mamelouk, il lui plantait sou poignard dans le cœur. D'autres tombent aussi, et parmi eux Andréz Fernández y Suárez, comptable à la Compagnie royale de La Havanne, âgé de soixante-deux ans, Valerio García Lázaro, vingt et un ans, Juan Antonio Pérez Bohorques, vingt ans, palefrenier aux Gardes du Corps Royales, et Antonia Fayloa Fernández, une habitante de la rue de la Abada. Le noble du Guipúzcoa José Manuel de Barrenechea y Lapaza, de passage à Madrid, qui est sorti ce matin de son auberge en entendant le tumulte avec une canne-épée, deux pistolets de duel à la ceinture et six cigares de La Havanne dans une poche de sa redingote, reçoit un coup de sabre qui lui fend la clavicule gauche jusqu'à la poitrine. A quelques pas de là, au coin de l'hôtel des Postes et de la rue Carretas, les petits José de Cerro, dix ans, qui va pieds nus, et José Cristóbal García, douze ans, résistent à coups de pierres à un dragon de la Garde impériale avant de mourir sous son sabre. Pendant ce temps, le prêtre don Ignacio Hernández, épouvanté par tout ce qu'il voit, a ouvert le couteau qu'il portait dans sa poche. Les pans de sa soutane retroussés jusqu'à la taille, il bataille de pied ferme au milieu des chevaux, avec ses paroissiens de Fuencarral.
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« Nous allons probablement devoir nous battre avec les Français », a-t-il-dit au peintre en parlant comme d'habitude très fort tout contre son oreille invalide, avant de repartir avec le sourire juvénile et héroïque de ses jeunes années, sans prêter attention aux objurations de Josepha Bayeu qui lui reprochait de prendre des risques sans tenir compte de l'inquiétude de sa famille.
– Tu as une mère, León.
– J'ai mon honneur, doña Josepha, et une patrie à défendre.
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Il n'a pas échappé à Marbot que Murat, conscient du danger de la mission, l'a confié à lui, jeune officier attaché à son état-major, et non à des aides de camp en titre, qu'il préfère conserver près de lui et à l'abri du danger.
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Quoi qu'il en soit, convaincue de son impuissance, la Junte militaire qui, nominalement, gouverne encore l'Espagne en ce matin du lundi 2 mai a pris, passant outre l'avis de ses membres les plus pusillanimes, une décision qui manifeste un certain courage et sauve pour l'Histoire quelques bribes de son honneur. En même temps qu'elle cède devant l'ultimatum du grand-duc de Berg, exigeant le transfert à Bayonne des derniers membres de la famille royale espagnole, et qu'elle donne l'ordre aux troupes de demeurer dans leurs casernes sans leur permettre de "se joindre à la population," elle institue, sur proposition du ministre de la Marine, une nouvelle Junte en dehors de Madrid, en prévision du cas, ou l'actuelle "se trouverait privée de liberté dans l'exercice de ses fonctions." Et cette Junte, composée exclusivement de militaires reçoit tous pouvoirs pour s'établir librement là où cela lui possible, en précisant toutefois que le lieu de réunion recommandé est une ville espagnole encore libre de troupes française : Saragosse.
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Jean-Baptiste Antoine Marcellin Marbot, fils et frère de militaire, futur général, baron, pair de France et héros des guerres de l'Empire, pour l'heure simple capitaine de vingt-six ans affecté à l'état-major du grand-duc de Berg, referme le livre qu'il tient dans ses mains et consulte la montre posée sur la table de nuit.
[...]
Malgré sa jeunesse, Marbot est un vétéran de Marengo, Austerlitz, Iéna, Eylau et Friedland. Il a donc de l'expérience. Et c'est, de plus un militaire cultivé : il lit des livres. Cela lui donne une vision des événements plus large que celle de beaucoup de ses camarades, partisans de tout régler à coups de sabres.
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