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Résumé :
LNGLD - (Livre Numérique Gratuit Libre de Droit)

Pergaud Louis – Dernières histoires de bêtes, La légende de Saint-Hubert : On connait surtout Louis Pergaud pour être l’auteur de La Guerre des boutons. Mais cet écrivain franc-comtois a aussi reçu, en 1911, le prix Goncourt pour De Goupil à Margot où il met en scène dans sa région des histoires d’animaux tout en leur prêtant des impressions, des réactions et des souffrances proches des nôtres. Sociali... >Voir plus
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LE MIRACLE DE SAINT HUBERT
En ces temps-là, le Val des Hiboux, qui s’appelle maintenant la Grâce-Dieu, était un lieu sinistre où l’Audeux roulait ses ondes torrentielles entre deux murs sombres de roc que gardaient d’immenses forêts s’étendant du Val de la Loue au coude du Doubs.
Du ponant au levant, cette large bande touffue s’étalait dans son ampleur royale, sombre en été, rousse en automne et, sous le mystère ondoyant de ses frondaisons, abritait les tribus innombrables des bêtes : vieux solitaires au dur boutoir, madrés goupils à longue traîne, lièvres malins et rapides, et les hardes
de cerfs et de chevreuils, et des familles de loups, des assemblées d’écureuils, et des clans sombres de corbeaux, des caravanes de ramiers et de geais et des chœurs de pinsons qui faisaient de cette immense cité libre un paradis de chansons, d’amour et de batailles.
La sève alors, généreuse et débordante, s’épanouissait en chênes géants, en hêtres colossaux, en bouquets puissants de charmes, en poiriers trapus, en bouleaux énormes dont les fûts blancs semblaient être les piliers épars soutenant la gigantesque et verte voûte d’une architecture fantastique, et tous mêlaient dans l’air vif, sans cesse rénové par les vents des hauteurs, leurs
ramures épaisses, lourd vêtues de feuilles, que baisait le soleil et que giflait la pluie. (p55)
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LA REPUE FRANCHE
On en avait assez, au village, de Denis-la-Bête, le vieux mendigot, l’innocent ; tous les fermiers, l’un après l’autre, venaient de le renvoyer durement et, à travers le taillis défeuillé, les quatre renards du crêt Buchin regardaient le simple qui remontait le chemin de la Côte, son bâton gesticulant, la barbe au vent, la gorge pleine de blasphèmes et d’imprécations.
Les jours, lentement, s’écoulaient, monotones et gris comme le ciel, monotones et mornes comme la terre que la neige partout recouvrait. Sous le sabot du vieux elle criait, dure et glacée tellement que les bêtes avaient renoncé à l’écarter avec leurs pattes, pour trouver sous sa couche profonde le sol tondu,
avec son herbe rare et ses fruits plus rares encore.
Du flanc de leur coteau, sur le seuil du terrier où ils élevaient leur portée, Renard le vieux et la vieille Hermeline surveillaient tour à tour le village des hommes ainsi que la grande combe en contre-bas, semée de « murgers » et de buissons. Elle touchait au bois d’un côté et, de l’autre, à la plaine et leurs yeux allumés pouvaient voir, négligemment semés ça et là, des cadavres écorchés de petits veaux récemment péris que les hommes avaient apportés là certains matins que la lumière, toute la nuit, avait brillé dans leurs maisons. (p38)
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L’ARRIVÉE DU MAÎTRE
C’était l’hiver sur la plaine et sur la forêt. La neige glacée couvrait partout le sol. Depuis trois semaines pourtant elle ne tombait plus, mais le gel qui l’avait cristallisée en paillettes luisantes d’une finesse merveilleuse, l’avait rendue plus subtile encore et plus traîtresse. Pas un abri n’échappait à son assaut ; son emprise fluante et légère s’étendait aux recoins les mieux défendus et, selon le caprice des bises de décembre qui se plaisent à mener aux carrefours des chemins et aux croisements des tranchées forestières leurs bals blancs, le tourbillonnement gracieux des papillons immaculés s’élevait et s’abaissait, recouvrant, au fur et à mesure de leur apparition, les traces mouvantes des passages frayés.
Les nuits se succédaient, tantôt assombries par les troupeaux de nuées couleur d’encre à qui le couchant certains soirs semblait ouvrir des portes de sang et qui erraient désolées par le ciel, tantôt illuminées de fantastiques clairs de lune dont les rayons dessinaient au pied des arbres solitaires et dans les vergers dénudés des silhouettes menaçantes d’ombres immobiles et difformes.
Et les bêtes des bois avaient faim. (p33)
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UNE BATAILLE DANS LA FORÊT
C’était le matin, dans la forêt des Essarts, la grande forêt verte aux hêtres élancés, aux blancs bouleaux, aux chênes noueux.
Le soleil, derrière la croupe chenue du mont de la Bouloie, laissait filtrer, par une sorte d’oeil-de-boeuf nuageux, quelques rayons d’or qui glissaient sur les frondaisons comme une onde pure sur un gravier vert.
Le bois s’éveillait avec les chants des merles et l’écureuil Guerriot, tout ébouriffé encore de sommeil mit le nez à la fenêtre.
La boule de Guerriot, juchée à une fourche de branches, à trente pieds du sol, dominant la futaie, se balançait à tous les vents et, dans la blonde lumière de ce clair matin d’automne, tout petit devant l’immensité, il faisait penser au mousse de ce navire qui n’avait « ja-ja-jamais navigué », au petit mousse désobéissant
qui aurait grimpé dans la hune du gabier de misaine pour inspecter le large mystérieux de la ténébreuse mer de verdure sur laquelle voguait son destin.
Il sortit d’un bond rapide, se retourna d’une cabriole, puis, comme s’il eût voulu explorer plus loin encore ce sombre domaine, embué de brume, il grimpa au faîte de son arbre et écouta. (p4)
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LA DERNIÈRE HEURE DU CONDAMNÉ
Les monte-en-l’air, haut pattus, porteurs des bâtons qui tuent, et leur horde familière de hurleurs poilus venaient, à la suite d’une faible course et avec des cris terribles, de grands beuglements rauques (rires et abois), de faire halte devant le trou où Tasson, le vieux blaireau, se terrait depuis quatre ou cinq neiges.
Tasson, dans son abri, écoutait. La terre, martelée à grands coups, tremblait, et les vibrations qui lui parvenaient, contrairement à ce qui s’était passé à toutes les précédentes chasses, ne s’atténuaient point : elles semblaient même s’amplifier, devenir plus nourries, plus intenses, plus fortes. C’était grave assurément. (p24)
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La guerre des boutons - Louis Pergaud - 01
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