C'est pour saisir les miettes perdues de son oeuvre qu'il faut lire ce livre de Louis Pergaud.
Car, c'est entendu, qui n'a pas lu "la guerre des boutons" pourrait bien se faire traiter de couilles molles" !
Il faut lire Louis Pergaud.
Il faut le lire avec gourmandise de préférence.
Il faut le lire dans les vieilles pages jaunies du "Mercure de France".
Elles sont encore toutes bruissantes des échos du drame de la haie, du bruit de la bataille de la forêt, du murmure de la vie rustique d'autrefois ...
La guerre est une saloperie, la guerre est un grand malheur.
La guerre n'a pas de frontières.
Elle tue, elle détruit, elle viole, elle pille.
Sans vergogne, elle traverse les frontières que l'homme a cru malin de tracer autour de lui.
Louis Pergaud, nous dit Pierre Gamarra dans la superbe préface de ce livre, Louis Pergaud piégé dans la boue, c'est Goupil cerné dans sa caverne, c'est Fuseline mordue par des mâchoires d'acier, c'est la grenouille happée, et c'est Margot captive.
A l'aube du 8 avril 1915, Louis Pergaud a disparu lors de l'attaque de la cote 233 au sud de Marchéville.
L'explication la plus vraisemblable est qu'il a été tué, et déchiqueté par les obus français qui furent tirés sur les positions allemandes.
La guerre est stupide.
Elle a enlevé un écrivain magnifique.
Elle a déchiré de belles pages blanches, vides encore des mots qui leur étaient promises.
Elle a projeté du sang sur la Littérature ...
Ce livre reprend l'oeuvre complète de Louis Pergaud.
Il s'ouvre sur une préface, riche de coeur, et généreusement illustrée.
Il est plein d'une oeuvre brève, mais solide.
C'est le roman inachevé d'un écrivain qui avait pourtant encore tant à écrire.
Ce livre est indispensable.
Il nous donne des nouvelle de Lebrac, devenu bûcheron.
Il nous présente Léon Deubel.
Il fourmille d'ébauches, d'inachevé.
Il replonge dans "la mare à grenouilles littéraire" que Pergaud aurait voulu "étang" ...
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Il n'y a pas à dire, mais quand les dieux ou les destins, comme vous voudrez, ont décidé qu'ils vous feraient trébucher sur la route de la gloire ou de la fortune, il est inutile de regimber.
Aussi bien que le plus gigantesque pavé, le moindre fétu vous envoie mordre la poussière, et cela quand vous vous y attendez le moins ....
J'adore les livres, mais qu'il fait bon quelquefois, loin d'eux, se laisser tout doucement redevenir une brute harmonieuse ! ...
Joie de vivre, joie d'écrire Pergaud est un conteur ...
(extrait de la préface de Pierre Gamarra)
La guerre des boutons - Louis Pergaud - 01