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Emmanuelle Aronson (Traducteur)
EAN : 9791041413607
456 pages
Points (09/02/2024)
3.92/5   258 notes
Résumé :
C’était en 1973, une année de droits des femmes et de bouleversements politiques, et elle venait de sortir de l’école, une nouvelle infirmière à son premier emploi dans une clinique de planification familiale à Birmingham. La clinique était financée par le gouvernement et la plupart de sa clientèle était pauvre, un fait qui était difficile : Civil avait grandi avec des privilèges dont peu d’Alabamans noirs jouissaient, et elle avait été amenée à craindre les gens qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (74) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 258 notes
Depuis que Civil Townsend est devenue infirmière, puis plus tard, médecin, deux prénoms sont à jamais gravés dans sa mémoire. Ils sont même cousus, depuis des années, à l'intérieur de toutes les blouses blanches qu'elle a revêtues pour sa profession. Erica, India. Pour ne pas oublier. Mais comment oublier ?
Nous sommes en 2016 et Civil va sur ses soixante-sept ans, elle vit à Memphis et s'apprête à retourner, enfin, dans sa ville natale mais elle doit d'abord tout dire à sa fille adoptive. Que renferme ce « tout » ? Un fardeau, une colère intériorisée, une injustice plus que révoltante, une abomination discriminatoire et une question lancinante — Quelle responsabilité avions-nous dans ce qui s'est passé ?
Sa longue confession vient également éclairer son choix d'avoir voulu rester célibataire ainsi que celui de ne pas avoir d'enfant biologique.

Montgomery, capitale de l'État d'Alabama, en 1973. Gonflée de l'importance que lui confère la certitude d'être un maillon essentiel à la mission décidée par L'État de réduire la misère, Civil, nouvellement embauchée en tant qu'infirmière dans une clinique du Planning familial de la ville, se sent investie d'un devoir. le devoir d'aider les jeunes femmes noires pauvres, de leur faire bénéficier de la liberté que peut offrir une contraception. La clinique est dirigée par une femme blanche mais les infirmières sont toutes des Afro-Américaines.
Civil se voit remettre un dossier pour une visite à domicile mais c'est en tremblant qu'elle quitte la cabane miteuse où vivent les deux filles à qui elle vient d'injecter un contraceptif. L'une d'elle, India, n'a que onze ans et n'est pas encore réglée !
Les doutes viennent envahir la jeune infirmière qui va bien vite comprendre que les bonnes intentions du gouvernement, de la clinique, d'elle-même, viennent fissurer, voire crevasser ces vies précaires, pauvres et non instruites. Bénéficiant des aides sociales, souvent analphabètes, ces familles se sentent redevables envers L'État et signent, confiantes, d'une croix, les formulaires qu'on leur présente.
Après quelques recherches, elle apprend que le contraceptif qu'on lui demande d'injecter n'a pas été approuvé par l'Agence de sécurité pharmaceutique. Elle décide de ne pas administrer la seconde injection car elle se demande si ce produit ne peut pas avoir des effets secondaires dramatiques.
Cette décision aura un effet désastreux et irréversible pour les fillettes et pour elle une culpabilité qui la hantera pour le reste de sa vie.

Partie d'un sujet précis, c'est toute une politique raciste, injuste, que l'auteure veut dénoncer. La valeur d'une vie dans la société américaine selon que l'on est riche ou pauvre, blanc ou noir n'est pas du tout la même. On pourrait croire que la guerre de sécession, la fin de l'esclavage puis la révision des droits civiques des noirs grâce à Martin Luther King ont sorti les États-Unis de l'ornière mais ce n'est pas le cas. le pouvoir en place s'arroge le droit de décider qu'une femme peut procréer ou pas.
L'auteure fournit dans ce roman quelques informations sur les actions militantes, la lutte pour les droits civiques des noirs. Mais la reconnaissance certaine, depuis les années 70, qu'un bout de chemin a été parcouru, notamment dans l'accès à l'éducation, ne peut faire oublier toutes les discriminations encore bien présentes.

Ce thème tragique et révoltant, inspiré d'un fait réel, méritait d'être exposé et dénoncé. Toutefois l'écriture de Dolen Perkins-Valdez manque cruellement de relief, entravant le passage de tous courants émotionnels. Cette tragédie aurait gagné davantage ma compassion avec plus de richesse dans l'écriture. Les faits, les actions, les dialogues font penser à une voile dans la pétole, désespérément plats. Je me suis efforcée à ressentir les liens, de plus en plus forts, que Civil tisse avec cette famille pour contrer l'extrême pauvreté qui les enferme mais ils sont restés coincés entre des mots trop fades. Surprenant, comme une trouée de soleil dans les nuages, à la moitié du roman, surgit une intervention de la grand-mère qui offre une réflexion profonde et un dialogue plus riche. Celle-ci, femme sensée mais victime de son illettrisme porte d'ailleurs sur leur situation un jugement très juste, que j'ai admiré.
Pour moi, le style est aussi important que l'histoire. L'équilibre entre les deux est indispensable. Peut-être que la traduction n'est pas étrangère à la pauvreté du style vu qu'ici, on y allume et éteint un robinet ! Certaines phrases, notamment en début d'ouvrage, laissent également perplexe.
Un autre point a également gêné ma lecture. Dolen Perkins-Valdez a jugé bon, probablement pour compléter le thème de la maternité contrariée, d'ajouter un épisode d'intervention volontaire de grossesse chez Civil. Celle-ci ressasse tout au long du livre le poids de cet acte, bien qu'elle ne le regrette pas, en utilisant peu ou prou les mêmes phrases.
Je remercie Babelio et les Éditions du Seuil pour ce roman dont, à mon humble avis, la forme dessert le fond.
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Memphis 2016. Civil se prépare pour un voyage vers l'Alabama. India, dont nous ferons la connaissance plus tard, est malade. Il est temps de lui rendre visite, à cette période de sa vie où le temps n'est plus dépendant d'un calendrier chargé et inéluctable, lorsqu'elle était médecin. Il est temps aussi d'expliquer à sa fille les détails d'une histoire qui ont modifié son destin de mère adoptive.

Flashback vers les années 70. Civil est alors une toute jeune infirmière zélée et naïve. Désireuse d'accomplir avec sérieux la tâche que la directrice de la clinique de planning familial qui l'emploie, elle se rend chez ses patients, deux fillettes de onze et treize ans, pour leur administrer un contraceptif injectable. Perturbée par les conditions de vie de cette famille, dans un taudis nauséabond, elle décide de faire les démarches pour les reloger, s'immisçant dans leur vie au-delà de ses responsabilités. En même temps, elle s'interroge et s'angoisse sur la raison d'être de la contraception pour ces gamines…


Ce roman s'appui sur des faits réels qui ont secoué les États-unis lorsqu'ils ont été rendus public, à travers les procès qui ont suivi. L'autrice a le mérite de mettre en lumière le scandale de cette politique d'eugénisme décidée en haut lieu. On est d'autant plus touché que le personnage principal, Civil, est profondément sympathique, par son courage et sa détermination. La narration à la première personne donne beaucoup de vie au récit, et contribue à l'élan d'empathie suscité par l'histoire.

La publication en France est une première pour Dolen Perkins-Valdès. Espérons que ses deux autres romans suivront le même chemin.

444 pages Seuil 3 Février 2023
Traduction (Anglais) : Emmanuelle Aronson

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Connaissez-vous "l'appendicectomie du Mississipi" ? Ce nom révèle un phénomène de société ultra violent ou comment à l'occasion d'une opération bénigne, la patiente si elle est noire, femme, pauvre le tout aux Etats-Unis des années 50, 60, 70, se verra enlever son utérus..... La stérilisation forcée voilà le thème de ce roman qui se base sur l'histoire (vraie) de jeunes soeurs de 12 et 14 ans, stérilisées à leur insu et à celui de leurs parents par les services sociaux les suivant.... Les chiffres officiels se compteront en centaines de milliers de femmes victimes, le tout payé par l'Etat.
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Vous aurez compris la thématique du livre. maintenant le roman. L'auteure invente le personnage fictif d'une jeune infirmière qui suit les deux soeurs. Dans la réalité c'est une assistante sociale qui fut la "lanceuse d'alerte" qui révéla cette odieuse affaire. Odieuse car allons jusqu'au bout de l'ignominie : si l'Etat fut condamné, jamais les gamines ne furent indemnisées....
On va suivre la découverte de l'affaire, d'abord la situation des deux soeurs, puis la découverte d'une pratique récurrente dans le temps et sur l'ensemble du pays.
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Une histoire intéressante, peut-être affadie par le fait que l'auteure s'intéresse trop à son personnage fictif (ses amours, sa famille, son avortement etc etc) et peut-être pas assez aux deux soeurs.
Mais ce livre a le mérite de révéler un acte abominable à connaître, à ne pas oublier. Il en profite pour parler de militants pour les droits civiques que je ne connaissais pas (tels Medgar Everts ou Fannie Lou Hamer).
Donc intéressant mais avec un petit bémol.
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Merci à Babelio et aux éditions du Seuil.
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Memphis 2016, il ne se passe pas un jour sans qu'elle pense à India et Erica, ce qui est arrivé à ces fillettes est la plus grande douleur de sa vie. Civil aura bientôt soixante-sept ans, elle ne veut pas changer le passé, juste raconter à sa fille adoptive Anne, cette histoire pour que les fantômes reposent en paix. Montgomery 1973, Civil jeune infirmière noire, vient de rejoindre le Planning familial pour participer à l'essor du peuple noir.

Basé sur des faits réels, l'auteur a passé beaucoup de temps à effectuer des recherches pour assurer la profondeur et la précision de ce roman poignant sur un moment honteux de l'histoire de l'Amérique : la stérilisation forcée sur des mineures issues de milieux défavorisés, souvent des familles noires. Et plus largement les expériences médicales faites sur les noirs puisque, semble-t-il, ils sont plus durs à la douleur. Les personnages sont profondément touchants, un regard perçant sur le racisme encore bien présent au début des années 1970. Dolen Perkins-Valdez nous offre un récit tout en sensibilité porté par la personnalité de Civil, une femme qui lutte contre un système, qui redonne la voix à celles qui ont perdu d'avoir le choix et le libre arbitre sur leur corps, une femme qui refuse d'être réduite au silence.


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Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Seuil pour l'envoi, dans le cadre d'une masse critique privilégiée, de Prends ma main de Dolen Perkins-Valdez.
C'était en 1973, une année de droits des femmes et de bouleversements politiques, et elle venait de sortir de l'école.
Une nouvelle infirmière a eu son premier emploi dans une clinique de planification familiale à Birmingham.
La clinique était financée par le gouvernement et la plupart de sa clientèle était pauvre, un fait qui était difficile : Civil avait grandi avec des privilèges dont peu d'Alabamans noirs jouissaient, et elle avait été amenée à craindre les gens qui lui ressemblaient, mais n'étaient pas du tout comme elle.
N'était-il pas ironique, alors, que le premier dossier qu'elle ait reçu lors de son premier jour de travail soit pour Erica et India Williams, deux filles qui vivaient dans la misère, crasseuses et analphabètes ?
N'était-il pas ironique qu'on ait dit à Civil de donner à ces petites filles des injections contraceptives qui pourraient les rendre malades alors qu'elle-même portait un secret lié à la naissance ?
Mais parfois, à trop vouloir aider.. on peut aggraver les choses..
Prends ma main est un très bon roman qui traite de la ségrégation et de certains traitements abjects infligés au peuple noir, aussi bien aux adultes qu'à.. des petites filles !
J'ai commencé ce roman sans avoir lu le résumé, je ne savais pas trop où cette lecture allait m'emmener. En général, quand babelio me propose un ouvrage en masse critique privilégiée, je suis rarement déçue.
J'ai été stupéfaite de découvrir l'histoire d'India et Erica et, plus globalement, des minorités aux États-Unis en général. Ce qui est pratiqué sur eux est une infamie ! Comment peut t-on faire un truc pareil aux États-Unis dans les années 1970, dans un pays censé être civilisé ! Avec certains de leurs actes ils n'ont rien à envier aux Nazis pendant la seconde guerre mondiale, c'est à vomir.
Je ne m'étendrais pas sur ce qui est fait sur ces jeunes filles, car trop en dire serait une erreur. Mais franchement, j'ai trouvé ça bouleversant.
Civil est une jeune femme noire tout juste infirmière qui vient travailler dans un planning familial pour aider les femmes de tout age. Elle peut aussi travailler avec des hommes mais ces derniers viennent rarement consulter pour tout ce qui concerne la contraception.
C'est ironique car elle vient juste de faire quelque chose qui pourrait justement la freiner à travail dans un tel endroit..
Dès le premier jour cette jeune femme arrogante, pas tellement attachante, qui se croit un peu au dessus des autres va devoir affronter la misère. Elle est noire mais son papa est médecin, elle a toujours eu un train de vie, des privilèges, au dessus des autres personnes de sa communauté.
Elle est touché par ses deux jeunes filles à qui elle doit faire une piqûre contraceptive. Elle ne s'attendait pas à les trouver habitant dans un tel taudis, isolée des autres. Alors, elle décide de les aider. Mais pour qui ? Pour elle même, pour se sentir mieux.. ou réellement pour le bien être d'India et Erica ?
Civil va malheureusement oublier qu'à vouloir trop en faire on peut aussi faire les choses de travers !
J'ai été touché par ses deux filles et par les événements qui se déroulent dans ces années là envers notamment le peuple noir. C'est révoltant.
Je n'ai pas été touché par le personnage de Civil, j'ai préféré certains personnages gravitant autour d'elle, notamment son amie Alicia. Mais ne pas aimer Civil plus que ça ne m'a pas dérangé, et ne m'a pas empêché d'apprécié ma lecture.
L'histoire est très bien ficelée. Civil revient en arrière, dans ses souvenirs, en s'adressant à sa fille adoptive. Cela donne un roman vivant, on a vraiment l'impression que c'est elle qui nous raconte ce qu'elle a vécu.
Il y a également des passages se déroulant en 2016 avec son retour à Montgomery.
Prends ma main est un bon roman, lu tranquillement car j'ai eu besoin de souffler par moment.
Ce n'est pas un ouvrage que je pouvais lire d'une traite, le sujet est assez dur et j'ai eu besoin de pauses.
Je vous le recommande, il est vraiment très intéressant et mérite quatre étoiles et demie.
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critiques presse (1)
LeMonde
11 avril 2023
Une fiction dramatique très documentée, qui, en plus de revenir sur le scandale méconnu de la planification des naissances aux Etats-Unis, sonde les questions de la pitié et de l’éthique dans le champ médico-social.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
La médecine m’a appris, véritablement appris je veux dire, à accepter les choses que je ne peux pas changer. C’est une prière de la sérénité difficile à avaler. Je n’essaie pas de changer le passé. Je raconte cette histoire pour que les fantômes reposent en paix.
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Mme Seager n'avait pas seulement berné Mace. J'avais cru en elle, en notre mission au sein de cet établissement. Je l'avais entendue faire pression sur des femmes pour qu'elles acceptent de se faire ligaturer les trompes, et je n'étais pas intervenue, en croyant à l'époque bien faire. Les enfants qui naissaient dans la pauvreté n'avaient pas les mêmes chances que ceux qui naissaient dans des familles où il y avait un minimum d'argent. C'était ce que je croyais. Quelle hypocrite j'étais. J'avais tous les moyens du monde à ma disposition, et j'avais quand même avorté. Et en même temps, j'étais persuadée de savoir ce que les autres femmes devaient faire.
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La première chose qui m’a frappée, c’est l’odeur. Une odeur d’urine. De transpiration. De chien. Le tout mélangé aux effluves d’un plat salé qui mijotait dans une casserole.
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Maintenant, vous savez ce que certains Blancs pensent du corps des Noirs. Ils se disent qu'on supporte mieux la douleur qu'eux. Selon quelques-uns de ces articles, il y en avait même qui croyaient que la syphilis ne pouvait pas nous tuer. Il s'agissait aussi bien de mener des recherches sur les effets de la maladie que d'utiliser des Noirs comme cobayes comme seuls des Blancs détraqués rêveraient de le faire.
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 L’amour peut tuer parfois, au même titre que la haine. Quand on aime trop, on peut se perdre dans la souffrance de l’autre. 
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