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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A partir d'un fait divers relativement banal (un homme, Simon, kidnappe Sam, l'enfant de son ex pour tenter de se rapprocher d'elle...), Elliot Perlman nous offre 8 romans en un seul !
Dans une construction subtile, l'auteur, après nous avoir livré les faits bruts, le coup de folie de Simon, décortique les témoignages de 7 personnes plus ou moins liées à l'affaire, imbriquant les histoires les unes dans les autres pour former une toile complexe : on découvrira ainsi l'histoire de Joe, le mari d'Anna et père de Sam qui travaille dans la finance et joue de son bagout, puis le personnage d'Alex Klima, psychiatre ayant Simon pour patient, une call-girl atteinte de sclérose en plaque, la fille du psychiatre... On obtiendra à la fin une juxtaposition de faits de ressentis, de souffrances, de non-dits et le portrait final d'un homme complexe et d'une société australienne qui se délite
Elliot Perlman radiographie son époque et analyse les bouleversements qu'un fait divers provoque dans les existences des uns et des autres.
MAGISTRAL
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Cette énorme brique (près de 860 pages quand même) dormait depuis quelques années dans ma PAL. Grâce à une lecture commune, je l'ai enfin exhumée. Et quelle bonne idée ! Car même si le sujet et l'épaisseur du livre peuvent effrayer, c'est un régal à plusieurs niveaux.

Un petit résumé : Simon, jeune trentenaire, brillant diplômé, est un instituteur au chômage. Il passe ses journées à boire, à lire de la poésie, à promener son chien Empson et voir son amie Angela, une jeune prostituée. Mais surtout, il ne cesse de penser à Anna, son amour de fac, qui hante ses nuits et ses jours, malgré que leur relation a pris fin depuis plus de dix ans. Il est obsédé par elle, à un tel point qu'un jour il enlève son petit garçon, Sam, à la sortie de l'école.

Elliot Perlman, à partir de cette trame, réalise un extraordinaire roman à plusieurs voix. Mais son tour de force réside dans l'absence de répétition des scènes d'un narrateur à l'autre. Bien que chacun part du drame pour raconter son histoire, le récit avance et ne stagne pas sur l'enlèvement. L'écrivain, au travers des différents témoignages, aborde le passé, le présent mais aussi le futur de chacun de ses personnages.

Le début m'a semblé un peu fastidieux. Dès que le premier narrateur prend la parole, la confusion règne, on ignore qui parle. J'ai été contente quand cette première partie s'est terminée. Mais ensuite, tout s'enchaîne de manière fluide et cet écueil ne se reproduit plus. On est happé par l'histoire qui se (re)construit peu à peu au fil des interventions. le seul autre défaut que je pointerais est la présence de quelques longueurs dans certaines parties. Notamment celles concernant le métier du mari d'Anna, courtier en bourse ou celles traitant de la réforme du système des soins de santé en Australie. Mais au final, cela ne m'a pas tant dérangé. Il faut aussi souligner que tout n'est pas rose dans ce roman. Chacun se retrouve malmené par la vie, à des degrés divers.
Beaucoup de sujets sont abordés par l'auteur : la famille, le divorce, le chômage, la politique, le système social, les soins de santé, la shoah, le système scolaire (primaire et universitaire), la religion, … Mais surtout le système judiciaire. On peut dire que Elliot Perlman ne donne pas le beau rôle à la police et ne nous offre pas une belle image de la justice australienne. Mais ce roman est tellement vaste et complexe que citer tout ce qui est évoqué par Elliot Perlman serait impossible. Sachez seulement qu'il est d'une richesse incroyable et déborde d'idées.

La construction du roman est vraiment brillante. Plus on avance dans le récit, plus on s'aperçoit que ce qu'on pensait au départ n'était qu'illusion et que la réalité est bien plus compliquée. En plus, malgré que l'histoire soit racontée par différentes personnes, il n'y a aucune redondance tant la manière d'aborder les témoignages est originale. le romancier australien possède un véritable sens du suspens. Certaines réponses, que l'on brûle de connaître assez rapidement, ne nous sont révélées que dans les toutes dernières lignes.
Le choix du titre est très judicieux car ce roman montre en effet toute l'ambiguïté qui peut régner dans les relations humaines, les fausses impressions, les a-priori, les jugements qu'on a sur les gens. Quelque soit la personne qui parle, elles nous montrent les personnages sous des jours tellement différents que nos opinions n'arrêtent pas de se modifier au fil du roman. Et cela ne m'était jamais arrivé à ce point et sur autant de personnages !!! Et une fois la dernière page tournée, je me dis : on ne connaît jamais réellement quelqu'un ! Ce sont les circonstances et notre vécu qui façonnent notre opinion sur les gens. Et leurs actes bien sûr ! Mais là aussi, notre vécu et notre situation nous permettra de mieux excuser ou comprendre certains actes que d'autres.

Un excellent roman, vraiment, dont je conseille la lecture ! Mais prevoyez du temps devant vous ou entrecoupez la lecture par d'autres plus courtes et plus légères. Ce que j'ai fait. Je ne sais pas si j'aurais pu le lire d'une traite !

Lien : http://www.chaplum.com/ambig..
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La lecture "d'Ambiguïtés" a confirmé ce que m'avait permis de découvrir celle de "La mémoire est une chienne indocile" : Elliot Perlman est un as de la fresque, expert dans l'art d'allier sans heurt densité et structure, de construire à partir de multiples points de vue un ensemble cohérent.

Il utilise comme point de départ et comme fil rouge de son récit protéiforme un événement improbable : l'enlèvement par Simon Heywood, instituteur au chômage, du petit garçon de son ex-compagne Anna, avec laquelle il n'a plus de contacts depuis dix ans. L'enfant est rapidement rendu à ses parents sans avoir subi aucun dommage ni traumatisme. La dénonciation de Simon par sa petite amie du moment, qui exerce accessoirement le plus vieux métier du monde, enflamme les médias... mais là n'est pas l'important.

Des proches de Simon ou d'Anna s'expriment à tour de rôle suite à cet acte insensé. L'analyse, tantôt des motivations de Simon, tantôt des conséquences parfois inattendues de cet acte sur l'existence des divers protagonistes, dépasse le simple cadre de l'enlèvement, qui devient le prétexte à l'élaboration d'une intrigue où de nombreux destins se croisent, s'imbriquent, s'affrontent, les héros se débattant avec leurs manquements, leurs fêlures, leurs obsessions.

La principale obsession de Simon, c'est Anna, dont il ne s'est jamais vraiment remis du brusque départ. Persuadé que la jeune femme s'est fourvoyée en le quittant pour épouser Joe, un golden boy focalisé sur sa réussite sociale, il compte sur sa -brutale- réapparition dans sa vie pour provoquer une prise de conscience...
Mais Simon est aussi hanté par l'amertume et la déception que provoque en lui la mercantilisation croissante de la société, la poursuite effrénée du profit aux dépens des valeurs humaines d'empathie, de solidarité. Ses semblables, emportés, aveuglés par les prérogatives de cet environnement matérialiste et compétitif, ont à ses yeux perdu leur capacité à s'impliquer humainement, faisant preuve vis-à-vis des autres et de leur éventuelle détresse d'une apathie et d'une indifférence qui le révoltent. Sincère et intransigeant, mais aussi lucide et réfléchi, Simon refuse de s'adapter à la dynamique d'un monde où prévaut la quête du profit et de la possession.

Pour autant, le roman d'Elliot Perlman n'oppose pas les méchants capitalistes représentés par Joe et ses confrères aux gentils rêveurs humanistes dont Simon serait le représentant.

C'est un roman sur la difficulté de l'être à accéder à la plénitude, à se réaliser en accord avec ce qu'il est profondément.

C'est un roman sur l'émouvante complexité des individus, sur les fissures qu'ils abritent, et qui finissent parfois par se transformer en béances, sur les mensonges que l'on sert aux autres comme à soi-même, mais dont personne n'est vraiment dupe, sur les compromissions censées préserver l'apparent bonheur confortable dans lequel on s'est installé en jetant derrière soi ses aspirations et ses principes.

C'est aussi un roman sur le fourvoiement, qui conduit au délitement des relations insincères que l'on entretient avec l'autre, sur l'incompréhension mutuelle, et la propension de l'individu à imaginer les désirs de l'autre selon les siens propres.

C'est, enfin, un roman sur l'héritage que laissent les parents à leurs enfants, non pas l'héritage matériel, mais cette transmission, souvent inconsciente, d'angoisses et de rejets, de souffrances et de faux-semblants, et sur la façon dont on se construit, avec, ou envers, cet héritage.

"Ambiguïtés" est un roman à la fois très intelligent et profondément humain. Elliot Perlman, en portraitiste sensible mais clairvoyant, manie la dérision et le sens du détail avec une justesse qui exhausse le caractère pitoyable et poignant des individus.

A lire, impérativement.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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J'ai abandonné le livre à la page 45. J'aime l'histoire, les personnages qui ont leurs propres failles, loin des héros parfaits qu'on pourrait imaginer. Je manque simplement de temps pour savourer cet énorme pavé. Alors j'ai laissé le père du petit garçon enlevé dans son monologue et sa remise en question. Je suis toujours étonnée par la faculté qu'ont les hommes de rejeter sur leurs proches leur culpabilité ou responsabilité. Je n'en dis pas plus, à vous de déguster une mise à nu !
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Le point de départ de ce pavé de six cents pages est un fait divers: Simon, instituteur brillant mais au chômage, enlève Sam à la sortie de l'école. Sam est le fils d'Anna, une femme que Simon a passionnément aimée dix ans plus tôt. L'intérêt du roman est que l'histoire nous est rapportée par sept personnages qui gravitent autour de Simon à des degrés plus ou moins éloignés: les récits s'entremêlent et l'intrigue se dévoile petit à petit, les rapports entre protagonistes gagnent en complexité et en véracité. Au final, un roman captivant !
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Ce livre a été écrit pour moi. En écrivant cette phrase, je me demande si chaque lecteur ne peut pas en dire autant. Si c'était le cas, on aurait la un livre phénomène. Et s'il est incroyablement intéressant et touchant pour moi, sa construction en différentes narrations-narrateurs n'est pas neuve, elle est réussie, cela dit. A partir de pas grand chose finalement, Perlmann nous sort des perles (pardon pour cette facilité).
La solitude, les relations, l'amour, et ce qui s'y cache, ce qui s'y trouve, ce qui se croise, ce qui se joue, ce qui se délite, ce qui...
Love, actually.
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Simon est un homme charmant et raffiné, instituteur attentionné. Mais suite à une série d'enlèvements d'enfant, il se retrouve au chômage. Il commence à boire, à s'isoler : il rêve à son amour d'étudiant, Anna, qu'il n'a pas revue depuis dix ans, et cristallise jusqu'à l'obsession. Un jour, il kidnappe le petit garçon d'Anna après l'école. Sept personnes impliquées dans cette histoire d'une manière ou d'une autre raconte alors leur propre vision de l'histoire : sept sortes d'ambiguïtés.

Premier coup de coeur de l'année 2007, ce livre est un chef-d'oeuvre! Les personnages sont subtils, le style de l'auteur profond et émouvant. J'ai été impressionnée par la plume d'Elliot Perlman, qui s'adapte à chacun de ses héros, décrit avec finesse les difficultés d'adaptation à notre société et nous emmène aux frontières de la normalité.

Une critique tout de même : l'histoire paraîtra peut-être trop psychologique aux inconditionnels de l'action. Une question encore : est-ce une ode à l'amour ou une critique effrénée de la passion?

Céline
Lien : http://enlivrezvous.typepad...
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C'est encore un assez gros livre (850 pages). On découvre vite l'histoire. Bon, ça y est, on la connait.
Mais à chaque nouveau chapitre on la redécouvre sous un autre angle, parfois innatendu, d'ailleurs on peut avoir besoin de plusieurs paragraphe pour situer le narrateur.
AU final ça en fait une histoire bien plus complète, bien plus profonde que d'habitude.

C'est un bon bouquin qui plait à mon esprit éternellement relativiste : persuadé que la Vérité existe certes mais qu'elle est composée des versions de toutes les personnes impliquées de près ou de loin et donc approchable mais pas connaissable.

p855: "Les faits s'accumulent, jusqu'à ce qu'ils soient assez nombreux pour composer une histoire. L'histoire comme toutes les histoires, supporte des points de vue contradictoires"

C'est tellement plus satisfaisant de pouvoir "écouter" chaque personnage plutôt que de les laisser dans leur rôle de "méchant", de "victime", ....
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Commentaire : le livre est découpé en plusieurs parties qui sont chacune le point de vue de chacun des protagonistes. Cette façon d'amener le récit permet de comprendre en profondeur les sentiments de chacun face aux différents événements qu'ils ont à subir, et les priorités qui en découlent.
Cependant, contrairement à d'autres livres construits sur le même mode, on n'a pas cette impression de répétition et de relire plusieurs la même histoire.
Le titre "Ambiguités" prend tout son sens à la fin de la lecturee car les faits se traduisent en fonction de la manière de leur interprétation.
L'écriture est fluide, peut-être un peu technique quand l'auteur rentre dans la psychologie de chaque chose mais l'ensemble reste néanmois très agréable.
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7 personnages, 7 vies, 7 regards sur le même événements pour raconter l'enlèvement de Sam et essayer de comprendre ce qui est passé par la tête de Simon.


Un roman un peu déstabilisant au début mais dans lequel on entre avec plaisir. Les personnages sont tous pris dans leur problème et restent autour de leur nombril pour comprendre et avancer face à cet enlèvement. Ils sont travaillés, dans l'air du temps et imprégnés dans la société où Simon, marginal, mal compris est la victime idéale.
Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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