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EAN : 9782253030348
379 pages
Le Livre de Poche (01/10/1982)
3.74/5   201 notes
Résumé :
La femme a-t-elle toujours été cette perpétuelle mineure qu'elle fut au XIXe siècle ? A-t-elle toujours été écartée de la vie politique comme elle le fut dans la France de Louis XIV ?
N'a-t-elle jamais eu plus d'indépendance économique que celle que lui concédait l'autorisation maritale ? Régine Pernoud, avec son expérience de médiéviste et d'archiviste, s'est attachée depuis longtemps à l'étude de ces questions. Ses ouvrages consacrés à Héloïse, à Aliénor d... >Voir plus
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A en croire Régine Pernoud, la femme aurait connu sa période de gloire au cours de l'Histoire. Il suffit de remonter pour cela au temps des cathédrales, autrement dit au XII et XIIIème siècles.
L'historienne médiéviste s'appuie sur des exemples concrets pour donner une nouvelle image de la femme vivant en ces temps reculés et qui peuvent parfois nous paraître bien obscurs. Pour étayer l'idée que la femme tenait une place importante à l'époque féodale, Régine Pernoud nous expose diverses situations où l'on voit les femmes administratrices de leurs biens, gérantes de commerce et exerçant même parfois des métiers "masculins". Elle cite, par exemple, "la belle heaulmière" de François Villon ou encore la miresse (médecin) en s'étonnant du fait que ce terme existe au féminin au XIIIème siècle et qu'il soit encore au masculin de nos jours !
Elle accorde également une place prépondérante de la femme à travers la littérature. Comment ne pas citer Marie de Champagne qui fut une des principales instigatrices de l'amour courtois et qui encouragea de nombreux écrivains ? Là encore, les femmes ont le beau rôle...
En effet, l'amour courtois (la fine amor) s'appuie sur les liens féodaux régissant tout rapport au Moyen âge. La Dame est suzeraine de son chevalier servant qui lui rend hommage et lui jure fidélité. Régine Pernoud y voit là une forme de liberté indéniable. Serait-ce d'ailleurs une vision un peu trop idéaliste ? Je cite, à ce propos, Duby : " de ce jeu les étaient en vérité les véritables maîtres" et encore le Goff : " L'historien invite à ne pas voir dans les belles réalisations poétiques et romanesques une réalité vécue." Je ne vais pas détailler ici leurs propos mais on pourrait imaginer les dires du père à sa jeune fille de façon un peu triviale :
"Tu peux toujours rêver, lire des histoires romanesques, ça ne t'empêchera pas d'épouser celui que je te désignerai et ne t'avise surtout pas de le tromper ou il t'en cuira ! "
Mais ne ternissons pas cette belle image de la femme que Régine Pernoud tient à nous donner. N'oublions pas qu'il y aura aussi Christine de Pisan, fervente féministe, Catherine de Sienne qui eut une grande influence dans le catholicisme ou encore, bien sûr, Jeanne d'Arc...

Un livre intéressant, somme toute, mais qui ne se suffit pas à lui-même, à mon avis. Il convient d'y associer d'autres essais sur le Moyen-âge pour bien appréhender le rôle de la femme au Moyen âge.
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Régine Pernoud fait partie des chercheurs qui ont permis de remettre en cause le mythe du Moyen Age obscurantiste. Dans la femme au temps des cathédrales, l'historienne défend la thèse que la femme a plus de droits et de pouvoirs dans cette période que dans les siècles qui la précèdent et la suivent.
Ce livre est un gros pavé dans la mare des clichés que nous aimons cultiver sur le Moyen Âge, et sur le christianisme misogyne. Pour Régine Pernoud, la religion chrétienne a libéré la femme en lui donnant un statut d'égale de l'homme.

On apprend dans cet essai que le plus ancien traité d'éducation a été écrit en France par une femme Dhuoda ... et que le principe directeur de ce traité n'était pas la punition ... mais l'amour. Que la médecine était exercée couramment par des femmes au XIIIe siècles ( on appelait les femme-médecin "miresse" à l'époque on avait aucun scrupule à féminiser les noms de métiers) les filles étaient majeures à douze ans, deux ans avant les garçons. Elles ne portaient pas de corset (apparu à la Renaissance ) ni même le nom de leur mari ( les épouses gardaient leur nom de jeune fille ).

Elle nous donne une multitude d"exemples de femmes de pouvoir issues de la noblesse comme comme Aliénor d'Aquitaine ou Blanche de Castille, mais aussi des femmes issues du peuple comme Jeanne d'Arc ou Catherine de Sienne qui ont complètement bouleversé l'équilibre du monde d'alors.

Régine Pernoud raconte aussi le quotidien des femmes de toutes conditions au Moyen Âge : les métiers (Les femmes étaient salariées et taxées ), elles pouvaient tenir un commerce, les arts ( elle évoque la merveilleuse Christine de Pisan, et bien sûr Hildegarde de Bigen ( religieuse, mais aussi écrivain, compositrice et médecin )

Un long développement au sujet de l'amour courtois qui idéalise la femme va bien dans le sens de la thèse défendue par l'auteur... même si on peut douter que les valeurs de l'amour courtois furent partagées par toutes les couches de la société.

Pour finir, j'insisterai sur l'écriture remarquable de Régine Pernoud. Quelle plume ! Quel style ! le livre n'en est que plus passionnant.
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voici le livre complémentaire, à lire en parrallèle à Si je t'oublie Jérusalem.

Pendant que les seigneurs partaient en croisade, que faisaient leur femme ?

Pensez vous qu'elles restaient sagement assises à se languir du retour de leur homme ?
Si oui, alors il vous faut rapidement lire ce livre. On y cotoye Aliénor d'Aquitaine, Blanche de Castille, Jeanne d'Arc et bien d'autres. On s'aperçoit que la condition de la femme était plus égalitaire qu'à certaines époques plus récentes.

le style de l'auteur est parfois un peu lourd mais très bien documenté, bien construit. Ce livre appelle à d'autres découvertes... biographies ainsi que d'autres essais sur le Moyen Âge.
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Un livre très intéressant qui m'a beaucoup appris. Les femmes étaient bien plus qu'on le croit mais souvent dans l'ombre. Elles étaient "majeur" à douze ans car pouvant procréer. Mais sortons de ces clichés basés sur beaucoup de vrai (pourtant).
Les femmes, à l'époque médiévale, avaient bien plus de pouvoir : politique, financier, etc. Elles pouvaient avoir leurs propres deniers, diriger leur Maison, ne portaient pas le nom de leur mari. Les plus gros "clichés" sont tellement ancrés dans l'esprit collectif que l'on amalgame toutes les époques. Dans l'antiquité, la femme était moins qu'un esclave, moins qu'un animal avec un patriarcat fort, ayant droit de vie et de mort sur sa famille. Parfois, avec de la chance la femme avait un mari plus ouvert que la plupart. Mais au moyen-âge, c'était plus "avant-gardiste", et la femme était bien plus respectée qu'on le croit avec la montée de l'amour courtois. Ce n'est que plus tard vers le XVIIème que cela se dégrade. Et ne parlons pas de cela sous la Régence... Mais cela c'est une autre Histoire. Je vous invite à lire aussi " La vie au Moyen Age" de Robert Delort.
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Challenge ABC 2017-2018
2/26

Texte d'une conférence donnée à la fin des années 1970.
Pernoud donne une image de la femme médiévale assez éloignée des représentations habituelles.
Jusqu'au 15è siècle (environ), les femmes étaient presque à égalité avec les hommes : elles pouvaient exercer les mêmes métiers (des femmes docteurs sont enregistrées sur les registres d'impôts), soit par envie soit par suite de veuvage, pouvaient diriger des domaines et faire de la politique (quelques unes sont restées célèbres pour cela comme Aliénor d'Aquitaine, mais ce ne fut pas la seule), vivre seules, témoigner en justice. Elles furent aussi celles qui ont le plus contribué à la christianisation de l'Europe occidentale : en baptisant leurs époux et en fondant des monastères avec des moniales très instruites et cultivées. Sans compter l'adoucissement des moeurs avec la poésie courtoise.
Bref, jusqu'à la Grande Peste, puis la Renaissance avec le retour du droit romain qui fait de la femme une éternelle mineure, la femme a un rôle social important.
Cependant, le problème avec ces époques lointaines, ce sont les sources. La chercheuse a dû s'appuyer sur les chansons de geste, les registres d'impôts. Mais aussi sur des sources plus récentes, et donc a pu procéder par comparaison. Cela reste un essai intéressant et éclairant sur une période souvent vu comme violente et noire, peu digne d'intérêt. Sans doute faudrait-il refaire un travail similaire en s'appuyant sur des sources sans doute plus nombreuses aujourd'hui. Et qui sait, s'en inspirer pour les politiques actuelles.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
... à Rome la patria potestas, le pouvoir du père, était absolu, sur la famille et notamment sur les enfants à leur naissance ; tous les juristes ont relevé ce qu'on appelle la "disparition forcée des cadettes" ; en effet, si le père était tenu de conserver à la naissance les enfants mâles en raison des besoins militaires (sauf s'ils étaient mal formés ou jugés trop chétifs), il ne gardait en général qu'une seule fille, l'aînée ; c'est tout à fait exceptionnellement qu'on voit mention de deux filles dans une famille romaine. Et il est significatif que chacun des garçons reçoive un praenomen (prénom), tandis que la fille, l'aînée généralement, ne porte qu'un nom, celui de la famille paternelle ; ainsi, dans la gens Cornelia, la fille s'appelle Cornelia, ses frères sont Publius Cornelius, Gaïus Cornelius, tec. Pas de nom personnel donc pour la fille, mais seulement celui du père.

234 - [Le Livre de Poche n° 5690, p. 23-24]
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On est frappé du dynamisme, de la capacité d'invention de ces femmes que l'Evangile a libérées. Un exemple est frappant : celui de Fabiola. Le nom évoque our nous un roman fameux qui avait pour cadre précisément l'Eglise des catacombes, mais la Fabiola de l'histoire,comme il arrive souvent dépasse sensiblement celle de la légende : elle fait partie de ces dames de l'aristocratie romaine qui sont devenues les disciples de saint Jérôme; frappée de voir le nombre de pèlerins qui viennent à Rome et là se trouvent sans ressources, elle fonde une "Maison des malades", nosokomion, à leur intention. Autrement dit, Fabiola fonde le premier hôpital.
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Pour citer plus complètement l'étude de R. Etienne sur la conscience médicale antique : "La médecine antique semble avoir fait peu de cas de la vie du nouveau-né. Hippocrate pose comme naturelle la question de savoir "quels enfants il convient d'élever". Soranos, sans s'émouvoir, définit la puériculture comme l'art de décider "quels sont les nouveau-nés qui méritent qu'on les élève". Cette impitoyable sélection ne caractérise pas seulement une attitude scientifique, mais également celle d'une société toute entière. En effet Cicéron, que l'on ne peut accuser d'inhumanité, pensait que la mort d'un enfant se supporte "aequo animo" (d'une âme égale). Sénèque jugeait raisonnable la noyade des enfants débiles et faibles. Tacite qualifie d'excentrique la coutume des Juifs à ne vouloir supprimer aucun nourrisson; et quand Justin évoque le respect des chrétiens pour la vie de l'enfant il précise : "fût-il nouveau-né"
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On ne réalise pas toujours en effet ce qu'était alors cet harassant métier. sur cette matière dure qu'est le parchemin -beaucoup moins souple que le papier qui ne commence à être utilisé, on le sait, que vers le milieu du XIIIe siècle - aligner l'un après l'autre les chapitres de traités comportant des deux cent ou trois cent folios (double page), cela ne représentait pas une mince tâche. Un copiste y insiste : "Celui qui ne sait écrire ne croit pas que c'est un travail. Il fatigue les yeux, il brise les reins et tord tous les membres. Comme le marin désire arriver au port, ainsi le copiste désire arriver au dernier mot"
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Deux femmes ont mené une action décisive du point de vue politique, l'une au XIVe siècle, l'autre au XVe siècle. Deux femmes qui ne doivent absolument rien à des privilèges de naissance et que rien n'appelait à jouer un rôle particulier : ni reines, ni princesses, ni nobles. Deux filles comme les autres, dont on a parlé dans tout le monde connu d'alors, et qui ont modifié en profondeur l'équilibre de ce monde : Catherine de Sienne et Jeanne d'Arc.
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