Il n'en revint pas de la puissance de la peinture à enfermer ce qu'elle fait jaillir, à immobiliser ce qu'elle rend vivant.
le prête sermonnait, l'assemblée récitait et lui ne quittait pas de ses yeux le tableau. Il ne s'en détachait pas, il finissait par habiter en lui.
L'importance c'était que la peinture, que pour une raison qu'il ne cherchait pas à s'expliquer, il ressentait comme un corps vivant et qui n'avait pas besoin de s'animer pour l'être, qui vivait dans l'absolue immobilité et dans le confinement, comme lui dans son fauteuil.
De Vuillard il avait appris l'art de déjouer le quotidien sans quitter sa chaise ou son fauteuil, de s'en rendre libre en le libérant de sa pesante et routinière identité.
Comme d'habitude la lecture de son journal l'avait déprimé, mais le déprimait surtout son besoin de le lire ce qu'il savait déprimant.
le sanglier de Corot, lui, ne s'exhibait pas: son apparence était brouillée, confuse, incertaine, elle déroutait, et ce que l'on trouvait, en fouillant dans cette masse ébouriffée, c'étaient deux billes noires qui vous regardaient derrière les poils.
le rouge était viril. Dans son ardeur transparaissait une sorte de maturité mâle.
les artistes et les critiques d'art s'étaient progressivement convaincus que les couleurs parlaient directement aux émotions: du romantisme à l'art abstrait, le thème avait prospéré dans les écrits sur l'art pour finir en axiomes au temps des avants gardes.
La seule vision de sa rougeur, déjà commençait découpla son empourprement. se voir rouge le faisait rougir, mais le voir de ses yeux portait ce rougissement à son comble.
Il attendait; attendre allongeait le temps, transformait les secondes en minutes.