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EAN : 9782020050746
158 pages
Seuil (01/02/1979)
3.98/5   139 notes
Résumé :
Méprisés pendant des siècles, encensés par les Romantiques, ces mille ans d'histoire ont presque toujours été recouverts de la crasse de l'ignorance. Godiche ne vient-il pas de gothique ? Féodal ne désigne-t-il pas l'obscurantisme le plus indécrottable ? Moyenâgeux les vieilleries poussiéreuses ?

Grâce à ce livre décapant, mille ans d'histoire émergent enfin - le Moyen Age est mort, vive le Moyen Age !

"Régine Pernoud, à la lumière de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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On peut dire ce que l'on veut de Régine Pernoud et critiquer tant et plus ses livres en se parant de toute sa dignité d'universitaire, il n'en demeure pas moins que ses ouvrages sur le Moyen Age écrits dans une langue simple pour être accessibles au plus grand nombre, ont contribué à réhabiliter une période de l'histoire mal connue et souvent méprisée.
Certes cet essai publié au milieu des années 1970 a un peu vieilli parce que la recherche a évolué et les historiens ont fini par s'intéresser à ce vaste pan de notre histoire qui couvre quand même plus de mille ans .
En déconstruisant les stéréotypes, l'auteur amène à s'interroger sur la notion de progrès, sur la hiérarchie des valeurs et sur la place des hommes (et des femmes !) dans la société. Et il apparait que les "ages obscurs" sont parfois plus près des idéaux inscrits au fronton de nos monuments républicains qu'on pourrait le croire au premier abord. La fraternité n'était pas un vain mot dans une société christianisée solidaire et la dignité de l'homme était reconnue à travers la personnalisation des rapports dans un système féodal.
C'est intelligent, ironique, très facile à lire...et fort bien documenté.
J'ai particulièrement apprécié le découpage de la période que Regine Pernoud effectue pour mieux faire comprendre l'évolution des institutions entre la période franque des royaumes éclatés, à l'empire carolingien, puis à l'époque féodale pour terminer par la noirceur du 14ème siècle qui a connu la guerre dite de 100 ans mais surtout la grande épidémie de peste qui a décimé la population ayant résisté à la grande famine du début du siècle.
C'est ce cadre particulièrement tragique mais nullement représentatif de tout le Moyen Age, qui est souvent choisi par les romanciers épris de noirceur ...Et voilà qui contribue à véhiculer des informations biaisées sur notre passé.
Pour tous ceux qui souhaitent aborder le Moyen Age d'une façon générale et sans à-priori, ce court essai est un bon portail pour susciter l'envie d'en savoir plus et d'aller rechercher chez Favier et LeGoff un complément historique judicieux.
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Ce livre a été publié la première fois en 1977. Et si on a fait des progrès depuis, la plupart des a priori que dénonce Régine Pernoud sont encore d'actualité !

Elle fait une focale successivement sur :
- "Moyen-âge", la bêtise de cette appellation : on traite mille ans d'histoire comme si cela n'avait été qu'une période intermédiaires, et qu'il avait fallu attendre la Renaissance pour avoir à nouveau un peuple civilisé. Or, la Renaissance est la redécouverte de l'Antiquité, et l'assujetissement à ses dogmes, et encore, pas toute l'antiquité, le siècle de Périclès comme référence pour la Grèce, et celui d'Aristote pour Rome, à l'exclusion de toutes les autres périodes et civilisations.

- "Gauches et maladroits" : Régine Pernoud dénonce le jugement sur l'art médiéval, et démontre fort bien qu'ils savaient y faire, notamment en architecture, et que décréter que les oeuvres médiévales - sculptures ou peintures - sont "moches", c'est du jugement, pas de l'histoire.

- frustes et ignares : bon, ils connaissaient les oeuvres antiques, la preuve, s'ils ne s'étaient pas cassé la tête à les recopier, on n'aurait jamais pu "redécouvrir" l'antiquité. et puis ils ont inventé le "codex", le livre, qui remplace avantageusement les rouleaux. et que dire du rayonnement culturel des abbayes et universités ?
- "Torpeur et barbarie" : là, on s'interroge sur la notion de féodalité et sur le droit coutumier en vigueur. Et c'est là que Régine Pernoud commence - selon moi, à lever un sacré lièvre, qu'elle développera davantage dans les parties suivantes, à savoir la réintroduction du droit romain.

- "des grenouilles et des hommes" : focus sur le servage, et comparaison avec l'esclavage, autour de cette image d'épinal - que je ne connaissais pas, des serfs battant les étangs pour faire taire les grenouilles qui empêchent leur seigneur de dormir. Elle parle aussi de la culture de la campagne qui précède celle de la ville, et des différences de mentalité qui en découlent.

- La femme sans âme : les femmes avaient beaucoup plus de droits à cette époque, et notamment prenaient part aux votes sans qu'on ait besoin de le préciser tellement c'était évident. Elle cite en exemple un vote où une population devait prendre une décision liée au partage de la terre, et seule une voix était contre, et le nom cité était féminin. Donc hommes et femmes votaient. Elle cite aussi Héloïse et Hildegarde de Bingen, entre autres, et par extension les abbesses, qui administraient les terres comme des seigneurs. Abbesses qui pouvaient aussi parfois diriger des communautés d'hommes ou "mixtes".Au XIIème siècle, Robert d'Arbrissel fonde deux couvents, un pour hommes et l'autre pour femmes, avec une église commune, seul lieu où les communautés se côtoient. La personne qui dirige ces deux communautés est une abbesse, Pétronille de Chemillé, et cela n'a suscité aucune réaction de quelque sorte que ce soit. "Dans le nono" ;-)

- l'index accusateur : ici, on va parler de l'inquisition, et Régine Pernoud va rappeler que les pires procès (en sorcellerie comme celui de Galilée), n'ont pas eu lieu pendant le moyen-âge, mais bien plus tard.

- histoire, idées et fantaisie : ici, elle va critiquer la façon dont certains traitent l'histoire, rejoignant un autre auteur que j'aime beaucoup, Michel Pastoureau.

- Simples propos sur l'enseignement de l'histoire : Régine Pernoud préconise une façon d'aborder l'histoire en fonction de l'âge des enfants.

En fait, cet ouvrage a clairement vocation à réhabiliter cette période de l'histoire qui semblait être vraiment malmenée dans les années 70. Alors, vu de ma fenêtre, on n'a plus tellement ces idées là, à ce point là. Mais quand même, quand elle dénonce les difficultés de l'époque des étudiants en histoire de devenir médiévistes, ça m'a fait tilt. J'adore cette période de l'histoire - la faute à Arthur, des Monthy Python à Astier en passant par Disney ! - et quand je cherche des trucs un peu informatifs à lire, je tombe sur beaucoup de médiévistes américains ! Là le prochain livre que je vais lire sur le sujet - ou le suivant - est sur le chevalier, et c'est une auteure américaine.

L'autre chose que je retiens de cette lecture, ce n'est pas la place de la femme de la société, ça je le savais déjà, c'est l'influence, le cataclysme qu'a été le retour du droit romain, qui a entraîné le changement du rapport à la terre, le changement de la place de la femme - au foyer, plus le droit à la parole, alors que l'expansion du christianisme avait dans un premier temps contribué à davantage d'émancipation ! - et surtout le retour de l'esclavage, qui est fort différent du servage, comme Régine Pernoud le démontre avec brio.

Bref, un petit livre qui commence à dater, mais qui est toujours d'actualité !
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Dis donc, elle était remontée Régine Pernoud quand elle a écrit ce livre !! Démontant préjugés, aberrations, interprétations devenues certitudes, fausses vérités, elle ne mâche pas ses mots et pose son regard d'historienne sur le Moyen-âge. Agréable et instructif, cet essai date un peu aujourd'hui. Quarante ans et des poussières ont passé depuis sa publication, et cette période de l'histoire a désormais ses passionnés, ses spécialistes. Certains préjugés n'ont plus tellement cours. Merci à elle et a d'autres qui ont contribué à ce changement.
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C'est le deuxième livre de Régine Pernoud que je lis et je suis encore une fois enchantée par ma lecture.
J'ai commencé par Aliénor d'Aquitaine qui a été une très bonne lecture mais je dois dire assez facile peut-être parce que je commence à connaître le sujet. En revanche, l'essai « Pour en finir avec le Moyen-âge » m'a demandé quelques efforts car ce petit livre de moins de 200 pages est plus complexe qu'il en a l'air et il est rempli d'informations ultra intéressantes. J'aurais pu mettre deux à trois post-ils par pages tellement j'aimerai noter chaque élément historique. La aussi je mets cela sur le compte de mes connaissances limitées sur le sujet.
Cependant, à part le fait que j'ai appris énormément de choses, je dois avouer que la structure du livre est très claire. On voit très bien où l'auteur veut nous emmener et quelle va être son prochain sujet. J'avoue que j'y suis assez sensible car ce livre n'est pas un roman mais un essai.
Régine Pernoud défend le moyen-âge et en fait preuves à l'appui une formidable période de transformation, de lumière et de liberté. Les thèmes abordés sont vraiment riches et les parallèles que l'auteur réalise interpellent le lecteur et notamment avec le classicisme.
Voici quelques sujets du livre :
Nous balayerons l'art gothique et roman, la sculpture, la peinture et découvrirons la richesse et la liberté que pouvaient avoir les artistes de ce temps.
L'auteur fait un point sur l'éducation et le savoir au moyen-âge que certains pensent encore inexistant.
La littérature et la poésie du moyen-âge est comparé au classicisme qui enfermait dans des règles très strictes tout effort d'imagination.
La place de l'église avec (ou dans) l'état est également évoqué avec le rappel sur la distinction entre le pouvoir spirituel et temporel.
Le servage présente des caractéristiques intéressantes quand on le compare à l'esclavage des temps soi-disant éclairés.

Je vous avoue que sur quelques pages, j'ai eu du mal à comprendre les tenants et les aboutissants notamment celui sur le chapitre des taxes. Mais cela n'enlève rien à la multitude de choses que j'ai pu apprendre.

Et enfin, j'ai ressenti que sur certains sujets comme l'Empire romain notamment, le livre de Régine Pernoud (et c'est normal il a été écrit il y a 40 ans) est un peu décalé avec les dernières découvertes. Il en reste néanmoins encore un excellent référentiel pour qui est intéressé par le sujet.

Je conseille ce livre qui a l'avantage en plus d'être très complet et complexe d'être court et donc, la plupart d'entre nous aurons la satisfaction d'être arrivé au bout !
Lien : https://ideeslivres.jimdo.co..
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Ah, le Moyen Âge, cette époque obscure peuplée d'illettrés ! Stop !!
C'est bien ici ce que tient à nous dire Régine Pernoud.

Parce que oui, même encore maintenant, bien que ce livre date de 1977, le Moyen Âge souffre d'une très mauvaise image, image encore plus dégradée par la TV et le cinéma. Mais cette période longue de 1000 ans n'a pas été uniforme et surtout, ce n'est pas cette période horrible.

En 150 pages, l'auteure revient sur les aspects négatifs dont souffre le Moyen Âge et démonte, point par point, ces préjugés institués depuis l'école. Art, philo, etc.Au passage, Pernoud tape sur la Renaissance.
Il y a un chapitre que j'ai beaucoup aimé : celui sur les femmes. En 20 pages, l'auteure vous démonte cette affirmation que le Moyen Âge est misogyne ! (enfin sauf pendant une courte période). Comme je l'ai dit plus haut, le Moyen Âge, c'est 1000 ans ! Et vous en conviendrez : nous vivons et pensons exactement comme en… 1014 !

Ce livre se lit cependant avec un regard critique, il date de 1977 ! Il a presque 40 ans ! Ceci dit, les propos ne sont pas tous obsolètes.
Cet ouvrage a aussi peut-être un défaut : il ne me semble pas forcément facile d'accès.
Régine Pernoud mélange très bien anecdote personnelle, fait historique, argument pour la valorisation du Moyen Âge. En 150 pages, elle démontre très bien son propos et se permet même d'avoir un regard critique sur l'enseignement de cette période historique.

Un classique qui mérite d'être lu, surtout pour le chapitre sur la place de la femme dans la société. Il remet les choses en place et rétablit une vérité souvent évincer par certains médias et même l'enseignement.

PS : le livre se trouve très facilement en occasion.
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
L'imitation du latin classique s'est étendue à l'étude de la langue. On a tenté de réduire la phrase française aux normes de la phrase latine ; d'où les ébouriffantes règles de grammaire et d'analyse logique qui furent imposées aux élèves, avec les « conjonctives de restriction » et autres sornettes nées dans la cervelle de grammairiens animés d'un sombre pédantisme. De là aussi notre orthographe l'une des plus extravagantes qui soient. C'est pour imiter l'Antiquité que le mot homme a été pourvu d'un h, qu'on a multiplié les ph, les redoublements de m et de n... Et la tendance était ainsi posée qu'on devait en venir, assez tardivement il est vrai, puisque cela ne s'est guère produit qu'au XIXè siècle - à juger de la culture d'un individu à son orthographe ! Certes, la règle s'est instaurée en même temps que l'imprimerie, qui avait imposé une certaine fixité dans l'usage. Mais ce fut un grand malheur pour des générations d'écoliers qui durent, et doivent encore, subir cette fantaisie des pédants de la Renaissance, calquée, comme tout le reste, sur ce que leur dictaient les inscriptions antiques. Nous assistons actuellement à l'éclatement de cet appareil. Certains en restent inconsolables. On peut pourtant se demander en quoi pareille tendance, réactionnaire dans son essence, était justifiée ; elle paraîtra aux générations qui vont suivre de moins en moins justifiable.
Répétons-le : l'admiration qu'on peut éprouver pour le monde antique n'est pas ici en question. Dans les lettres comme dans les arts - pour adopter les classifications toujours en usage - on n'avait cessé, au Moyen Âge, de puiser dans l'Antiquité, sans toutefois considérer ces œuvres comme des archétypes, des modèles. C'est au XVIè siècle que s'est imposée, dans ce domaine aussi, la loi d'imitation.
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Je me rappelle l'entretien que j'avais eu avec un journaliste de la télévision catholique ; c'était à propos du procès de Jeanne d'Arc (...) Il me demandait comment étaient connus les actes du procès et je lui expliquai qu'on en possédait l'authentique, le relevé, fait par les notaires, comme dans toute action juridique à l'époque, des questions posées par le tribunal et des réponses faites par l'accusée.
- Mais alors on écrivait tout ?
- Oui, tout.
- Ça doit faire un gros dossier.
- Oui, très gros.
J'avais l'impression de converser avec un analphabète.
- Alors, pour le publier, il y a des gens qui ont tout recopié ?
- Oui, tout.
Et je le sentais plongé dans une stupéfaction si intense qu'insister eût été délicat ; il murmura pour lui-même : "On a du mal à croire que ces gens-là pouvaient faire les choses avec tant de soin..."
"Ces gens là... avec tant de soin..." A mon tour de m'étonner : ce journaliste n'avait donc jamais regardé une voûte gothique ? Il ne s'était jamais posé la question de savoir si pour tenir pendant bientôt un millénaire à quelques quarante mètres de haut, il ne fallait pas qu'elle eût été faite avec soin ?
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Le médiéviste, s'il s'est mis en tête de composer un sottisier sur le sujet, se trouve comblé par la vie quotidienne. Pas de jour où il n'entende quelque réflexion dans le genre "Nous ne sommes plus au Moyen Age" ou "C'est un retour au Moyen Age" (...) Le Moyen Age fournit, à tous ceux pour lesquels l'Histoire n'est qu'un prétexte, un terrain de choix: une période que le grand public ignore, avec quelques noms qui émergent, Charlemagne, la Chanson de Roland, les troubadours(...) Tel est à peu près le bagage moyen. Si l'on souhaite le corser, on y ajoute le secret des Templiers et le trésor des cathares, ou inversement le secret des cathares et le trésor des Templiers.
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On pourrait multiplier (…) les exemples de détails fournis par l’histoire du droit et celle des mœurs, attestant la dégradation de la place tenue par la femme entre les coutumes féodales et le triomphe d’une législation «à la romaine» dont notre code est encore imprégné. Si bien qu’au temps où les moralistes voulaient voir «la femme au foyer», il eût été plus indiqué de renverser la proposition et d’exiger que le foyer fût à la femme.

La réaction n’est venue qu’en notre temps. Elle est d’ailleurs, disons-le, fort décevante : tout se passe comme si la femme, éperdue de satisfaction à l’idée d’avoir pénétré le monde masculin, demeurait incapable de l’effort d’imagination supplémentaire qu’il lui faudrait pour apporter à ce monde sa marque propre, celle qui précisément fait défaut à notre société. Il lui suffit d’imiter l’homme, d’être jugée capable d’exercer les mêmes métiers, d’adopter les comportements et jusqu’aux habitudes vestimentaires de son partenaire, sans même se poser la question de ce qui est en soi contestable et devrait être contesté. A se demander si elle n’est pas mue par une admiration inconsciente, et qu’on peut trouver excessive, d’un monde masculin qu’elle croit nécessaire et suffisant de copier avec d’autant d’exactitude que possible, fût-ce en perdant elle-même son identité, en niant d’avance son originalité.

De telles constatations nous entraînent assez loin du monde féodal; elles peuvent en tout cas amener à souhaiter que ce monde féodal soit un peu mieux connu de celles qui croient de bonne foi que la femme « sort enfin du Moyen Âge » : elles ont beaucoup à faire pour retrouver la place qui fut la sienne au temps de la reine Aliénor ou de la reine Blanche…
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Je me rappelle l’entretien que j’avais eu avec un journaliste de la télévision catholique ; c’était à propos du procès de Jeanne d’Arc (…) Celui qui m’interrogeait me demanda comment étaient connus les actes du procès et je lui expliquai qu’on en possédait l’authentique, le relevé, fait par les notaires, comme dans toute action juridique à l’époque, des questions posées par le tribunal et des réponses faites par l’accusée.

– Mais alors on écrivait tout ?
– Oui, tout.
– Ça doit faire un gros dossier.
– Oui, très gros.

J’avais l’impression de converser avec un analphabète.

– Alors, pour le publier, il y a des gens qui ont tout recopié ?
– Oui, tout.

Et je le sentais plongé dans une stupéfaction si intense qu’insister eût été délicat ; il murmura pour lui-même : « On a du mal à croire que ces gens-là pouvaient faire les choses avec tant de soin… »

« Ces gens là… avec tant de soin… » A mon tour de m’étonner : ce journaliste n’avait donc jamais regardé une voûte gothique ? Il ne s’était jamais posé la question de savoir si pour tenir pendant bientôt un millénaire à quelques quarante mètres de haut, il ne fallait pas qu’elle eût été faite avec soin ? Il me rappelait cet autre interlocuteur qui – toujours à propos de Jeanne d’Arc – me disait, très supérieur: « Vous pensez bien que si des documents de cette époque existent encore, ils doivent être dans un tel état qu’on ne peut rien y lire du tout…! » Bien sûr, pour convaincre ce dernier, il suffisait de l’inviter à venir voir quelques-uns des kilomètres de rayonnage des Archives nationales. Il aurait tôt fait de reconnaître que le parchemin ou le papier de chiffe sont autrement plus résistants que notre papier journal.
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