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EAN : 9782905061225
Geste (30/11/-1)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Prix Goncourt en 1920 pour Nêne, Ernest Pérochon exerça d'abord comme instituteur.

"Le chemin de plaine", une version romancée de sa première année comme enseignant au sortir de l'École Normale de Parthenay au tout début du XXme siècle, parut en 1921, date à laquelle il renonce à l'enseignement pour se consacrer à plein temps à la littérature.

Le roman, de facture réaliste, puise ses racines dans le quotidien d'un instituteur débutant d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Voilà une lecture gentillette, une écriture bien tournée, bien que l'auteur s'en défende, devenue totalement désuète aujourd'hui, remplie d'expressions d'autrefois.

Il s'agit du journal que tient un jeune instituteur de campagne entre 1902 et 1914. Il entrevoit son avenir comme un chemin de plaine, « où ne passent que des laboureurs, un de ces chemins étroits, mais sûrs, où l'on marche en se balançant parce que la terre colle aux
pieds ».

Maximin Tournemine a vingt-trois ans, il est pauvre et bien décidé à exercer sa profession d'enseignant sans s'encombrer de femme et encore moins d'enfants puisqu'il en a une cinquantaine à gérer dans cette petite école rurale des Deux-Sèvres.

Nous ne saurons pratiquement rien de sa vie d'instituteur car Maximin a décidé de consigner dans son cahier la vie quotidienne de son village et ses rapports avec ses collègues. Les jalousies et les commérages ne manquent pas. Voilà un jeune homme, beau gars, réservé à souhait, ne se mêlant pas à la vie villageoise, ne courant pas le guilledou et ne fréquentant pas l'église. Sa petite maison de fonction lui suffit amplement et de temps en temps, pour faire plaisir à son copain Evrard déçu par le mariage, l'accompagne à la pêche.

Rien de folichon donc. Sauf qu'un jour, ce célibataire convaincu tombe sous le charme du rire d'une jeune demoiselle qu'il n'aura de cesse de connaître. Alors, peu à peu, en catimini, le garçon maladroit se déride. Josette est la fille d'un marchand de boeufs cossu, qui vient de se remarier à une donzelle qui espérait beaucoup de Maximin. Josette fréquente sa cousine, mère d'un petit Dédé qui reçoit des cours particuliers de son instituteur. L'occasion faisant le larron, c'est chez Dédé que les jeunes gens se rencontrent. « Dédé avait saisi la main de sa cousine et y frottait sa joue. J'aurais voulu en faire autant. Ce désir niais faisait cavalier seul dans ma grande courge de tête. J'ai bien été là deux longues minutes à essayer vainement de pauvres mots, tel un individu qui cherche, en pleine nuit, à ouvrir un chalet de nécessité avec un trousseau de fausses clefs ».

Les jeunes amoureux se retrouvent en cachette, font des projets d'avenir et Maximin s'ouvre de son amour à son ami Evrard dont la femme quelque peu revêche lui assure que « Josette est un parti détestable. D'abord, elle ne sait rien faire. Elle est instruite d'accord ! mais est-ce une ménagère ? Experte en broderies, en dentelles, en chiffons, serait-elle capable de faire seulement une soupe aux choux ? ». L'amoureux transi décide d'aller demander la main de sa belle à son père. Par malheur, il tombe sur la belle-mère qui ne se remet pas d'avoir été éconduite.

La méchanceté et les ragots s'insinuent, le drame commence.

Ernest Pérochon a obtenu le prix Goncourt pour Nêne en 1920. Il a écrit aussi Les Gardiennes, livre remarquable celui-là, sur la vie des femmes de la campagne qui remplacent les maris partis au front lors de la Première Guerre mondiale. Je lirai encore Nêne pour me rendre compte de ce qu'était un prix Goncourt au début du XXe siècle.
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Félicitations à ClaireG.

Quatre remarques:

1)"Le chemin de plaine" se déroule à Courlay et est très largement autobiographique d'après des articles très documentés parus sur le sujet.

2) C'est donc le même environnement, le bocage, que celui de "Nêne" (prix Goncourt), à savoir le nord-ouest des Deux-Sèvres où on trouvait alors nombre de fidèles de la Petite Eglise. Eux mettaient leurs enfants à l'école laïque alors que l'enseignement catholique était dominant.

3) Ernest Pérochon romance ici sa première année d'enseignant qu'il effectue dans l'école où il a été scolarisé jusqu'au certificat d'études.

4) Par contre "Les Gardiennes" comme "Les fils Madagascar" se déroulent dans le Maris poitevin.
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lu il y a plusieurs années, un roman sur la misère noire qui régnait dans la région, c'était il n'y a pas si longtemps...
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
13 juillet [1905]. — Il m’est tombé aujourd’hui une inspection sur le crâne. Vlan !

L’inspecteur est l’homme qu’on n’attend pas. Je ne l’en blâme point. Si j’étais inspecteur, j’arriverais toujours à l’improviste. Arriver à l’improviste doit être la joie du métier; et quelle joie ! Surprendre de pauvres diables mal payés, les surprendre en faute, s’amuser à les troubler, à les affoler; faire le malin, le savant, l’incorruptible; faire peur surtout, faire peur ! voilà bien, sans doute, les plus fondantes délices de notre paradis sublunaire.

Puissé-je, plus tard, être inspecteur de quelque chose !

En attendant, c’est ma classe qu’on inspecte, c’est moi qu’on affole. Le chef, aujourd’hui, a dû se faire une pinte de bon sang. Je l’ai reçu comme on reçoit, je suppose, la peste ou le choléra.

Aussi, on n’a pas idée d’inspecter des classes en plein été ! Jamais depuis Charlemagne un inspecteur de l’enseignement n’a eu le temps et le courage de faire une tournée le 13 juillet.

Ce zèle me paraît singulier.

Il était une heure et demie. Je causais avec ces messieurs du cours préparatoire; nous parlions, je crois même, en patois ! Brusquement, ce grand bonhomme inconnu se dresse dans la porte.

— Monsieur l’instituteur, je viens visiter votre classe.

— Fort bien, monsieur ! Qui êtes-vous ? vos papiers ?

Bien entendu, ces questions n’ont pas été posées. C’est maintenant que j’ai cette présence d’esprit et ce courage. J’étais navré. Par cette chaleur nous en prenons un peu à notre aise, mes élèves et moi.

L’inspecteur examina mes registres et fronça les sourcils sur mon " Emploi du temps ", mon bel emploi du temps d’apparat, encadré de rouge et de bleu, où toutes les heures de la semaine sont dépecées en carreaux de cinq minutes.
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Je fis ensuite une leçon d’histoire à tous ces pauvres enfants.

Il paraît que cela n’a pas été vivant. La pédagogie ancienne — la mienne — reposait sur une psychologie erronée. L’enseignement dogmatique a vécu; aujourd’hui on ne doit employer que la méthode active.

Il faut que les enfants trouvent eux-mêmes. Ils marchent en aventuriers vers le Chanaan de la science. Le maître les guide, mais de temps en temps il se défile derrière la nuée. Il ne frappe pas le rocher de sa verge; il montre un point sur le sable et il dit grattez !

Voilà ce que m’a conté tout d’un trait M. l’Inspecteur. Après quoi, il a fondu sur Évrard. Il l’a tenu jusqu’à cinq heures. Puis il a eu un grand conciliabule avec M. Michaud.

Il était venu, évidemment, avec l’intention de nous prendre en faute. On nous tient à l’œil. Évrard, secrétaire de notre " Fraternelle s, adjoint indocile, brouillé avec M. Michaud, est une des bêtes noires des directeurs et des chefs. Moi, je suis insignifiant, certes ! je n’affiche pas d’idées subversives, mais j’ai le tort d’être l’ami d’Évrard.

Heureusement on ne peut rien trouver de grave contre nous. Malgré le relâchement inévitable qui précède les vacances, ma classe n’est pas en mauvais état. J’ai l’impression que cela marche.

J’aime mon métier... heu ! j’aime mon métier comme un myope aime ses lunettes; si je pouvais m’en passer... Mais enfin j’aime beaucoup mes marmots et je suis zélé presque malgré moi.
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Il est très facile d’arriver ; tout le monde arrive. Mais combien peu de gens savent partir, et, surtout, combien peu savent s’évader.
Un… deux… trois… Ça y est. Ce n’était pas compliqué. J’ai dit :
— Madame, les soucis de mon installation matérielle…
Ils m’ont lâché tout de suite. Peut-être en avaient-ils assez, eux aussi…
En sortant, je me suis heurté à Évrard. Il a eu de la peine à me tendre la main parce qu’il portait un kilog de sucre et une bouteille d’huile bouchée avec du papier.

Il n’a plus son allure leste d’autrefois. À vingt-sept ans, il se voûte. La lumière de ses yeux ne danse plus ; sa fine moustache retombe. Comment la jolie blague légère que nous aimions sortirait-elle de ces lèvres frémissantes et tordues ?

Pauvre Évrard ! À vingt ans il a rencontré une jeune fille aux yeux singuliers, des yeux d’un bleu très foncé, fort beaux en vérité. Bêtement, il s’est marié. Depuis il est malheureux.
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A vingt pas en aval une petite cascade murmurait une chanson claire… Je m’arrête. J’ai lu cent descriptions mieux faites que celle que je voulais tenter et toutes étaient inexactes, insuffisantes. On ne peut pas traduire la beauté simple d’un matin ingénu, la joie mesurée des réveils innocents, la légèreté de l’air, la jeunesse des feuilles et surtout la fluidité de l’eau. Comment dire, avec des mots pâteux, cette fuite de l’eau limpide ?

p. 28 de l’édition de 1921 parue chez Plon
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Quoique jeune, je suis un vieux routier : j’ai déjà eu trois directeurs. Aussi pourquoi ai-je accepté ce déjeuner ? Je connais pourtant bien l’engrenage : l’accueil du premier jour, les petites prévenances qui lient, puis les menues exigences, les grandes exigences, les canailleries sournoises… Je me revois secoué sur la chaîne sans fin des capitulations journalières et sans force pour lâcher le « zut » libérateur.

Et ça va recommencer ! Ah ! mais non ! je file !

Mme Michaud parle, parle… Elle prononce « meil-lieur, » « trois heures-zet-demie… » Un flot d’huile coule.

Mais je n’y suis plus. Ce petit vent d’amitié quasi maternel a soufflé à rebrousse-poil.

Je ne songe qu’à fuir.
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