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Critique de michelangelo


Instituteur et écrivain, Ernest Pérochon reçut le prix Goncourt en 1920 pour cette oeuvre. Si le caractère un peu désuet de l'écriture frappe de premier abord, il serait désobligeant d'y voir la justification d'un oubli compréhensible, d'autant que cette désuétude n'est qu'apparente.
J'ai découvert Ernest Pérochon grâce au site Babelio qui m'avait donné à lire le magnifique ouvrage de Fabien Bonnet et Alexandre Giraud intitulé Dans la maison d'un Goncourt (éditions La Geste). Héros littéraire du département des Deux-Sèvres, celui-ci avait acheté une magnifique maison de maître dans la belle ville de Niort (Oui Monsieur Houellebecq, Niort peut être belle pour qui sait la lire).
Transformée en musée, elle permet au visiteur de déambuler dans le lieu de vie intact d'un écrivain qui n'a jamais renié ses origines rurales et son goût pour la vie simple de la province. Dire que c'est un écrivain du Terroir serait également aussi déraisonnable qu'excessif. Si la vie à la campagne est bien le lieu de son intrigue dramatique, son roman est avant tout une belle histoire d'amour désespérée d'une femme de maison, Madeleine, au service d'un paysan aisé veuf avec deux jeunes enfants.
Célibataire et affligée de solitude pesante, Madeleine va tisser avec les enfants des liens affectifs qui vont très vite prendre le dessus et causer progressivement sa perte. La puissance des sentiments qui s'agitent dans toutes ces têtes dures au labeur force le respect.
On retrouve dans ce roman ce qui fait la qualité d'un belle oeuvre. Des personnages admirables de vérité, des sentiments analysés finement par petites touches successives, un cadre sociologique maîtrisé et un paysage et une époque aussi somptueux que précis, donnant un caractère historique à l'affaire.
Le style de l'auteur est quant à lui très personnel. Les tournures sont parfois étonnantes mais le débit reste fluide et très agréable. Comme une rivière sauvage, il a un aspect cristallin, parfois vif, à d'autres moments tranquille lorsqu'il rencontre un obstacle qu'il faut passer laborieusement ; il devient alors sombre et tourmenté. le langage est coloré, les images fulgurantes. Car c'est aussi un hymne à la ruralité, à une paysannerie qui bientôt aura cessé d'exister.
La Terre de Zola, grand roman sociologique dédié au monde paysan possède une dimension plus universelle. Sans vouloir rabaisser l'ouvrage de Ernest Pérochon, ni le comparer au grand maître du roman naturaliste, j'y vois principalement la mise en scène d'une détresse humaine et une suite d'évènements qui finira par un désespoir sans issue. Il y a un peu de Flaubert, un zeste de Giono le tout mélangé dans une forte proportion d'humanité.
A découvrir ou redécouvrir sans nul doute. J'ai en mémoire des Goncourt récents qui n'avaient pas la splendeur d'écriture d'Ernest Pérochon. Ce constat permet de relativiser l'idée qu'on peut se faire de la notoriété et des éléments constitutifs d'un chef d'oeuvre littéraire ou artistique. Ernest Pérochon est presque oublié alors qu'il a agité le petit monde de la littérature et de l'éducation en son temps…

Michelangelo 31/3/2021

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
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