Gilles Perrault, qui a entretemps 88 ans, m'a procuré au fil des années de nombreuses heures de lecture passionnante. Peut-être un peu trop, car "
Checkpoint Charlie" m'a en revanche un peu déçu. Probablement que j' attendais tout bonnement trop de ce livre. Il est vrai que Daesh a renvoyé cet endroit mythique de Berlin entre Est et Ouest (avec majuscules) à un endroit presque nostalgique du passé.
L'auteur est à la fois un homme enthousiaste et honnête. En 1967,
Gilles Perrault avait écrit son merveilleux ouvrage relatif à la résistance communiste au nazisme, "
L'Orchestre rouge", dans lequel, emporté justement par son enthousiasme, il avait commis quelques erreurs et imprudences d'interprétation. L'historien français,
Guillaume Bourgeois, a, en 2015, dans une analyse approfondie, intitulée "
La véritable histoire de l'Orchestre rouge" , corrigé des fautes factuelles et interprétations erronées de notre grand conteur. Une mise au point certes méritoire du point de vue historique, mais décevant du point de vue romantique. Quoique dépité par cet ouvrage, j'en ai fait une critique la plus objective possible le 2 décembre 2017.
Dans cet ouvrage, de 2008,
Gilles Perrault revient sur cette affaire. Très consciencieusement il note : "Longtemps j'ai cru que le réseau avait joué un rôle essentiel, sinon crucial, dans la victoire sur l'Allemagne hitlérienne." Et avec une certaine grandeur d'âme ajoute à la page 95 : "Sans doute une sorte de vanité d'auteur me poussait-elle aussi dans cette voie : si l'on a travaillé trois ans sur une affaire de ce genre, il faut qu'elle présente une importance et un intérêt exceptionnels."
Personnellement, j'admire cette attitude et franchise de la part d'un écrivain fort réputé et populaire après des succès comme son ouvrage courageux "
Le Pull-Over rouge" sur le kidnapping et meurtre de la petite Marie- Dolorès Rambla de 8 ans, le 3 juin 1974, par Christian Ranucci, originaire d'Avignon, qui fut l'avant-dernier décapité en France, le 28 juillet 1976 (âgé de 22 ans). L'auteur d'une kyrielle de livres qui ont trouvé beaucoup de lectrices et lecteurs, tels "
La longue traque" en 1998, "
Un homme à part" en 2006 et il y a 2 ans "La justice expliquée à ma petite-fille".
Comme je me suis longuement expliqué dans mon billet du livre de
Guillaume Bourgeois, je ne vais pas me répéter ici. Je vais juste me limiter aux grands espions français, Eugène et sa fille cadette
Monique Rousseau, accusés d'avoir été à la solde de l'UDBA, le service de contrespionnage yougoslave ! Une histoire tellement incroyable que même
Gilles Perrault aurait eu des difficultés à imaginer, mais qui illustre, à sa façon, la méfiance maladive entre services secrets à l'époque de la Guerre froide, qui, comme l'auteur note en fin de volume, en 4 décennies a fait après tout moins de morts "qu'un ouragan aux Caraïbes ".