Citations sur Contes de ma mère l’Oye (90)
Il était une fois une Reine qui accoucha d'un fils, si laid et si mal fait, qu'on douta longtemps s'il avait forme humaine. Une fée qui se trouva à sa naissance assura qu'il ne laisserait pas d'être aimable, parce qu'il aurait beaucoup d'esprit; elle ajouta même qu'il pourrait, en vertu du don qu'elle venait de lui faire, donner autant d'esprit qu'il en aurait à la personne qu'il aimerait le mieux.
Les grandes douleurs ne durent pas.
{in "Peau d'âne"}
Moralité
On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d’écouter toute sorte de gens,
Et que ce n’est pas chose étrange,
S’il en est tant que le loup mange.
Je dis le loup, car tous les loups
Ne sont pas de la même sorte :
Il en est d’une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui, privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles.
Mais hélas ! qui ne sait que ces loups doucereux
De tous les loups sont les plus dangereux.
{in "Le Petit Chaperon Rouge"}
Est-ce vous, mon Prince ? lui dit-elle, vous vous êtes bien fait attendre.
Il était une fois un Roi et une Reine, qui étaient si fâchés de n'avoir point d'enfants, si fâchés qu'on ne saurait dire. Ils allèrent à toutes les eaux du monde ; voeux, pèlerinages, menues dévotions, tout fut mis en oeuvre, et rien n'y faisait.
(La Belle au Bois Dormant)
Alors, comme la fin de l’enchantement était venue, la princesse s’éveilla, et, le regardant : "Est-ce vous, mon prince ? lui dit-elle ; vous vous êtes bien fait attendre." Le prince, charmé de ces paroles, ne savait comment lui témoigner sa joie et sa reconnaissance. Ses discours furent mal rangés. Il était plus embarrassé qu’elle, et l’on ne doit pas s’en étonner : elle avait eu le temps de songer à ce qu’elle aurait à lui dire.
{ in "La Belle au Bois Dormant"}
L'endroit où le mena sa bizarre aventure,
Clair de ruisseaux et sombre de verdure,
Saisissait les esprits d'une secrète horreur ;
La simple et naïve Nature
S'y faisait voir et si belle et si pure,
Que mille fois il bénit son erreur.
- Griselidis -
– Oh ! pour le coup, ma fille, dit-elle à l’infante, nous allons mettre l’indigne amour de votre père à une terrible épreuve. Je le crois bien entêté de ce mariage qu’il croit si prochain, mais je pense qu’il sera un peu étourdi de la demande que je vous conseille de lui faire : c’est la peau de cet âne qu’il aime si passionnément et qui fournit à toutes ses dépenses avec tant de profusion ; allez, et ne manquez pas de lui dire que vous désirez cette peau.
Retournons, lui dit-elle, en nos sombres bocages,
Retournons habiter nos demeures sauvages,
Et quittons sans regret la pompe des Palais ;
Nos cabanes n'ont pas tant de magnificence,
Mais on y trouve avec plus d'innocence,
Un plus ferme repos, une plus douce paix.
- Griselidis -
Peau d’âne
Il était une fois un roi si grand, si aimé de ses
peuples, si respecté de tous ses voisins et de ses
alliés, qu’on pouvait dire qu’il était le plus
heureux de tous les monarques. Son bonheur était
encore confirmé par le choix qu’il avait fait d’une
princesse aussi belle que vertueuse ; et les
heureux époux vivaient dans une union parfaite.
De leur mariage était née une fille, douée de tant
de grâce et de charmes, qu’ils ne regrettaient pas
de n’avoir pas une plus grande lignée.