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Critique de Nastasia-B


Étonnant ce Chat ! et pas surprenant que les Américains en raffolent.
C'est vrai, quoi. Un vrai condensé de rêve américain : un brave petit gars (fils de meunier en l'occurrence), parti de rien, si ce n'est sa belle gueule et un agent à son service (le Chat en l'espèce).
Son acolyte et lui ne reculant devant aucun mensonge, ayant de l'audace, du savoir faire, prenant quelques risques, échangeant de beaux sourires ici ou là, et tout à coup paf ! ; l'affaire est dans le sac ; les millions tombent à flot ; vous êtes reçu auprès des grands de ce monde et les sublimes héritières se damneraient pour vous.
La morale ? quelle morale ? qu'est-ce qu'il vient me parler de morale celui-là ? je parle business, il me parle morale. On s'en fout de la morale.
Efficacité, rentabilité, succès. Voilà ma morale, proudly made in the USA, and I fuck everything else !
De fait, ce conte ne peut être que séduisant pour un Américain moyen. Et chez nous, qu'en est-il ? Et bien là je m'interroge, pour être franche.
Il y a une efficacité et un pouvoir d'édification certains dans cette histoire. On vous dit que rien n'est joué d'avance, que la vie sera ce qu'on saura en faire. On vous dit qu'il ne faut pas trop se soucier de la marque du vélo pour arriver à vos fins, on vous dit même que le succès et au bout du mensonge et de la manipulation.
Certes, c'est sûrement assez vrai dans l'absolu, le monde est aux roublards, aux faussaires, aux manipulateurs, aux menteurs, mais tout de même, professer ces principes à nos enfants... Je ne sais pas, je dois être trop naïve ou trop rêveuse, ou trop idéaliste pour m'y faire. Ce n'est pas cette façon d'agir dans le monde que je souhaite transmettre, même si c'est efficace.
Bien sûr c'est bien d'avoir de l'espoir, de se dire que tout n'est pas joué dès le berceau, qu'on a notre part de libre initiative, notre potentiel à entreprendre qui viendra contre-balancer nos avantages ou nos handicaps du départ. Mais, cela aussi, je n'y crois qu'à moitié.
Bref, un conte qu'il convient de connaître et de méditer, mais pas forcément dans le sens prescrit. du moins, c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.

P. S. : suite à quelques échanges que j'ai eus avec Junie, notamment, et qui fort légitimement s'indigne de mes doutes sur les valeurs véhiculées par ce conte, je tiens à préciser que ce conte de Perrault est en fait une nouvelle mouture (nouvelle pour l'époque, j'entends) d'un conte italien où la fin était encore plus ambiguë et retorse.
Pour salaire de ses bienfaits, l'ex-roturier promettait au chat de lui édifier un cercueil en or au jour de sa mort. N'étant pas d'un naturel à passer à côté d'une si belle occasion, le chat invente une nouvelle supercherie afin de faire croire à sa mort et jouir de l'or de son cercueil. Malheureusement, celui-ci se rend compte que son maître, le croyant mort, ordonne de faire jeter son corps aux ordures. Donc, un conte tellement moral que même Perrault a eu quelques scrupules à faire une telle apologie du vice et l'a un peu édulcoré en tronquant le tournant final et en se creusant abondamment la cervelle pour y trouver une quelconque forme de moralité.
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