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Critique de Deleatur


En toute logique, je ne devrais pas aimer Jacques Perret : monarchiste, catholique traditionaliste, accointances avec l'extrême-droite, partisan de l'Algérie française, défenseur du GUD, etc. Autant de raisons qui devraient agir comme de vigoureux repoussoirs quand je croise un de ses livres.
Et pourtant j'ai aimé le Caporal épinglé et du Vent dans les voiles. Et je n'ai pas hésité un instant lorsque j'ai aperçu, dans la boîte à bouquins qui se trouve en haut de ma plage préférée, cette vieille édition toute jaunie et écornée du Livre de Poche (impression 1963, avec l'une de ces couvertures magnifiques de l'époque).
Bande à part, prix Interallié 1951, situe son action à la fin de l'Occupation et s'attache à un groupe de maquisards perché sur les contreforts des Alpes, au moment où commence la retraite de l'armée allemande vers le nord. Perret ne tente même pas de se dissimuler sous les traits de son narrateur, et son livre ne se propose que de revisiter son propre engagement dans la Résistance. Assez vite, le véritable but du roman se dessine : rendre hommage à ceux avec qui il a combattu, en une galerie de portraits hauts en couleurs qui gravitent tous autour de la fascinante et insaisissable figure de Ramos.
C'est peu dire que la Résistance n'est pas ici mise en scène dans les trompettes de la gloire ni de l'héroïsme patriotard. Les réseaux armés y sont un joyeux foutoir d'obédiences diverses ou même concurrentes, dont les motivations parfois obscures paraissent assez éloignées les unes des autres. Personne dans ces montagnes ne semble jamais avoir entendu parler du CNR. le ton est décapant, l'ironie mordante, la dérision partout et le nom du général De Gaulle nulle part. La langue est drue, picaresque, réjouissante d'invention, aux antipodes de la grandiloquence compassée d'un Malraux. Impossible bien sûr de voir ce roman comme un témoignage historique. Ce serait plutôt une bonne bouffée d'anarchisme de droite, un de ces plaisirs un peu coupables à la Audiard, qui rappelle néanmoins avec beaucoup de talent que la guerre rassemble des hommes très différents pour en faire d'indéfectibles compagnons.
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