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EAN : 9782070362226
720 pages
Gallimard (06/10/1972)
3.98/5   63 notes
Résumé :
« À Düren, au siège social du stalag qui nous prenait en consigne, je passai d'abord à la fouille. Tandis qu'un spécialiste épluchait mon porte-feuille, un autre étudiait minutieusement mes habits, tâtait la veste, sa doublure et ses ourlets. Il m'obligea même à faire tomber le froc sur mes talons, ce qui m'infligeait une posture assez humiliante, mais je pensais surtout à la boussole et au billet de cinq marks dissimulés à tout hasard dans la voûte plantaire droite... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Cinq étoiles... quel hommage dérisoire. Comment peut-on prendre au sérieux un monde où les stériles et les obscurs sans-goût peuvent s'arroger le droit d'"évaluer l'art" au moyen de croix, de barres, d'étoiles ou de motifs de n'importe quel genre? Tout ça, comme disait Jean Dutourd, ce sont des "conneries américaines". Or quoi de plus français, donc d'anti-américain, que ce stupéfiant chef-d'oeuvre de Jacques Perret qui renoue sous l'effet d'un invicible élan vital avec la grande tradition picaresque et baroque du Francion de Charles Sorel et du Roman comique de Scarron? Un cortège de personnages truculents et d'événements hauts en couleur traverse de ses éclairs la grisaille physique et le désarroi moral d'un prisonnier de guerre transféré à Berlin par la "Grosse Rèche". C'est un roman proprement cataclysmique: dans le bouleversement tellurique du vieux monde, on entend rire un colosse, et ce colosse, c'est Perret.

Nimier avait été écoeuré qu'on ait accordé le Goncourt 1948 à Curtis plutôt qu'à Perret. Cela signait pour lui la mort de cette "farce de chez Drouant". Résigné et philosophe, il avait conclu que la "luxuriance" de Perret "s'accordait mieux avec une époque de création qu'avec une période d'inventaire prudent".

De minimalisme en minimalisme, on est passé entre 1950 et 2010 de de Gaulle à Hollande et de Jacques Perret à Pierre Perret (celui-ci - immortel auteur du "Zizi" - ayant eu, par rapport à l'autre, l'honneur et l'avantage de donner son nom à des établissements de l'Instruction publique). Quant au grand Jacques, je ne sais pas ce qui est le plus consternant: que ce soit la lamentable adaptation de Renoir qui fasse l'objet d'un article sur Wikipedia plutôt que le livre ou bien la présentation qu'en font les éditions Gallimard... Enfin, paraît que c'est l'progrès.
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Parus en 1947, ces mémoires d'un prisonnier de guerre constituent un petit pavé : 504 pages en petits caractères au Livre de Poche. le style est très particulier, qui mélange les imparfaits du subjonctif aux termes argotiques, mais il demeure allègre et emporte sans faiblesse le lecteur de la défaite de juin 1940 à l'évasion enfin réussie en 1943.
Ceux qui connaissent la série américaine "Stalag 13", rebaptisée en français "Papa Schulz", peuvent déjà se faire une première idée du livre de Jacques Perret. Les situations y sont évidemment bien moins comiques que dans le feuilleton américain mais on y rencontre bel et bien le même type de personnages et avant tout des prisonniers français dont le sens quasi inné de la fainéantise organisée met au désespoir des sentinelles allemandes atterrées par un tel mépris du travail et de la discipline.
Il y a d'abord le héros-narrateur, le caporal du titre, Jacques Perret lui-même, qui, du premier camp de la débâcle, encore en territoire français, jusqu'à celui de "travaux volontaires" du côté de Berlin, nous dresse un impressionnant tableau de l'époque et de ses protagonistes : l'amertume de la défaite d'abord, la haine générale moins envers l'envahisseur qu'envers les généraux qui, tel Gamelin, ont permis une telle déroute, le système d'qui renaît aussitôt des cendres de 40 comme un bouclier protecteur, la méfiance instinctive envers les Anglais, l'amusement et l'ironie avec laquelle sont regardés ces Allemands qui n'arrêtent pas de répéter : "Krieg gross malhêur !", l'intérêt naissant pour un certain général réfugié à Londres (entouré d'Anglais, il est bien à plaindre) et l'expectative avec laquelle ces prisonniers expatriés contre leur gré envisagent Pétain et son gouvernement.
Aux "bouteillons" (= rumeurs) selon lesquelles ils seront bientôt libérés, succède pour les prisonniers la montée dans un train blindé qui les amène ... en Allemagne, dans un camp où ils seront tenus de travailler pour "la grosse Rèche" (= le Grand Reich). A partir de là, tous bien sûr ne rêvent plus que d'évasion et, à l'image de Steve Mc Queen dans l'inoubliable "Grande évasion", certains en feront même une obsession. Toujours repris mais jamais vaincus, ces "frühstige" remettront cela sans cesse jusqu'à ce que cèdent les "coups idiots" (= les échecs) et triomphe la réussite.
Et le lecteur s'attache à cet acharnement, à cette quête de la liberté pour la liberté. Il les suit tous, Pater le râleur, Ballochet l'incisif, Ryswick le comédien, Reuter "l'enfant du siècle", Lourmel le Breton et tous les autres, dans l'espoir que, tôt ou tard, le Destin leur sourira.
La route est longue et pleine d'embûches, avec des moments parfois superbes comme ce réveillon auquel les prisonniers récidivistes, enfermés dans un camp surnommé "La Discipline", sont invités un à un (et en cachette des hautes autorités) par une sentinelle borgne qui a connu la Grande guerre ("Das war Krieg !") et qui finira par demander sa mutation sur le front de l'Est ou ces promeneurs allemands qui s'arrangent pour faire passer aux prisonniers casse-croûtes et menues douceurs.
Le mérite de Jacques Perret est de montrer la guerre et ses conséquences sans le manichéisme outrancier qui est trop souvent de mise. Au demeurant - je l'avais lu dans un autre ouvrage - il évoque rarement "les Nazis" mais parle des "Allemands", des "Boches", des "Shleuhs", des "Frisés", etc ... C'est l'esprit germanique qu'il tourne en ridicule ou encore - ça lui arrive - qu'il admire pour telle ou telle capacité ignorée du Français. Contrairement à nous et de façon très paradoxale, ni lui ni ses camarades ne pensent en termes politiques : où se trouve la politique d'ailleurs en ce temps-là puisque c'est le chaos ? Les seules pointes idéologiques jaillissent ici et là, dans la bouche de certains Allemands trop zélés et dans celle des planqués comme M. Mercadier, mais les prisonniers n'y portent guère attention. Ce n'est que Gare du Nord - soit à la 500ème page - que Perret se rend compte que, désormais, il lui faudra compter avec Vichy, ses collabos et ses dénonciateurs. Jusque là, les difficultés de son entreprise son bien trop grandes et bien trop nombreuses pour qu'il y songe.
Un livre passionnant, à découvrir ou à redécouvrir et qui, avec ses descriptions de chambrée et ses discussions typiquement masculines, devrait plaire particulièrement aux Notabenistes du sexe dit fort. ;o)
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Dés juin 1940, le caporal Jacques Perret, avec son escouade, a été fait prisonnier par les Allemands et cette expérience, deux ans en tant que prisonnier de guerre, il nous la rapporte scrupuleusement, prenant son temps, n'épargnant aucun détail.

Passé le choc de l'humiliation, passé l'hiver rigoureux, et bien qu'il commence à ressentir sa" piaule" avec les copains comme un deuxième chez-soi, Jacques Perret, en grand sceptique, a vite compris que leur sort n'intéresse personne et que pour la quille, il faudra repasser. Il en a un peu marre d'entendre les Allemands répéter "Ach! Krieg, gross malheûr" sur un ton compatissant ou vengeur.

Saboter le travail obligatoire ne lui suffit plus : l'idée de l'évasion le taraude, se construit, puis se reconstruit après l'échec, dans une belle obstination.

Dans la boue, la faim, le froid, il y a des hommes dont Jacques Perret dresse des portraits attentifs, exigeants, nuancés, drôles. Il sait faire entendre leur espoir, qui a sérieusement besoin de l'étayage de la solidarité, de l'humour, de l'irrévérence pour ne pas sombrer. Ces hommes échangent mégots et bons tuyaux, errent entre ennui et nostalgie, travail et rébellion, courageux, malins, solidaires.

720 pages compactes me direz-vous? Oui, il s'agit bien d'une espèce d'encyclopédie exhaustive de la condition du prisonnier de guerre, livrée en 93 chapitres dans une écriture serrée, et on pourrait redouter l'opus étouffe-chrétien. Mais il n'en est rien tant la prose est foisonnante et inventive, alternativement gouailleuse ou emportée, le propos tout à la fois critique et magnanime. La pertinence, associée à l'impertinence de l'observation et de la réflexion, élèvent l'intensité de la lecture et la rendent fascinante, jamais fastidieuse.

J'ai lu, l'émotion au bord du coeur, le rire au bord des lèvres, comme je regarderais un numéro de cirque : quelque chose de scrupuleusement travaillé, longuement élaboré, totalement affûté, qui, dans un habit scintillant, allie le consciencieux et l'inventif, l'épopée et la précision, l'humour et le romantisme, l'application quotidienne et l'envolée extraordinaire.

il faut lire ce livre festif d'intelligence et de verve, ne pas s'effrayer de son effervescente monstruosité, se repaître de sa noirceur et de sa drôlerie. On y fera connaissance de Jacques Perret, un homme que certains éléments biographiques et trois pages sur les Juifs ne devraient pas forcément nous rendre sympathique. Mais il incarne, comme son livre, l'ampleur de la complexité humaine : c'est un aventurier poète, un combattant incessant, un ami fidèle, un observateur humaniste.





pour attraper de bon fou rire aux enterrements il faut avoir grandi dans le respect des choses de la mort
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« Jacques Perret était un homme contre, un homme du refus. Rien de ce qui était français ne lui était étranger. Folliculaire de la réaction, écrivain du transcourant « plume Sergent-Major », styliste hors-pair qui buvait avec soin afin d'éviter tout faux-pli dans le jugement, il eut la faiblesse de ne jamais dire non à l'aventure et au voyage. Il tenait la littérature pour un art d'agrément qui aurait pris tournure de gagne-pain. Il aimait Aymé et aussi Bloy, Blondin, Conrad, Dos Passos; il en tenait pour le duc d'Anjou et la dimension sacrificielle de la messe selon saint Pie V. J'avais été à sa rencontre à la fin de ses jours, dans son appartement près du Jardin des Plantes où il cachait son bonheur d'être Français. Il avait quelque chose du Jacques Dufilho de Milady et du Crabe-tambour, les traits comme les idées, mais en moins âpre, plus doux. Dans sa chambre, il y avait deux cadres : dans l'un, le grand Turenne ; dans l'autre, son grand frère. »

Voilà ce qu'en 2011 Pierre Assouline écrivait sur son blog à propos de l'auteur du Caporal Epinglé. Je ne saurais dire mieux ou plus, donc je vais me taire, mais avant, je vous dis :
- Lisez Perret ! Il n'est pas trop tard ! Lisez le « Caporal », lisez « Bande à Part », lisez « le Vent dans les Voiles »…
- Bon, on veut bien, mais pourquoi ?
- Parce que la langue y est continuellement éblouissante, les aventures souvent extraordinaires, l'humour toujours prêt, la litote aristocratique, la distance jamais loin, la France plutôt vieille (au bons sens du terme), le politique rarement correct, ….
En cadeau, je vous offre les premières lignes du Caporal Epinglé, récit écrit entre 1943 et 44, publié en 1947, qui rata de peu le Goncourt de cette année pour obtenir l'Interallié.
J'ai fini. Je me tais.

"C'est fini les histoires de boue glorieuse.
Nous sommes quatre, couchés ventre à fesse dans un paquet de mouscaille sous une couverture mal tendue qui fait une poche d'eau suintante. Crevés de faim, de fatigue et de dégoût, nous nous ratatinons dans une somnolence sordide. Ne pas bouger ; serrer les épaules, bloquer les mâchoires, raidir le derrière, crisper le venter et crisper aussi la tête si possible. La retraite, la défaite, le chahut des derniers combats, la grande rafle, on verra plus tard à comprendre. Pour l'instant c'est la faim et la pluie. Ne pas remuer la boue. Contre la misère faire le mort. Mon voisin a logé ses fesses dans le creux de mon estomac pourvu qu'il ne bouge pas, le clapotis me remonterait jusqu'au nombril..."

Puisque vous semblez avoir encore un peu de temps, laissez-moi vous donner les dernières lignes de ce récit. Mais il faut bien auparavant que je vous résume les 499 Pages de l'édition d'origine. (nrf-Gallimard 1947)
Donc, le caporal est épinglé lors de la débâcle de juin 1940. Avec une bonne partie de l'armée française, il est emmené en captivité en Allemagne. Il y vit avec une philosophie temporaire des temps longs et difficiles, faits de froid, de faim latente, de corvées, de rigolades et de camaraderie. Et puis de temps en temps, levant du large le prend et, sur un coup de tête ou après mure préparation, il s'évade. Quatre fois. Et quatre fois il est repris. Mois de cachots, de brimades et de réflexions douces-amères. Et puis, après deux ans sans qu'il ait pu donner de nouvelles, sans qu'il en ait reçu, la cinquième tentative le mène, sur les boggies d'un wagon, jusqu'à la gare de l'Est. Métro jusqu'à Censier-Daubenton. C'est encore la nuit.

"Derrière moi, les catalpas, Saint-Médard et la Mouffetard ; en face, le tabac Mirbel ; à droite, le marchand de couleurs, tout cela très assoupi, mais bien en ordre. On ne s'était pas aperçu de mon absence, j'avais décroché du quartier et j'y rentrais en douce avant l'aube, sur la pointe des pieds. C'est ainsi qu'un prisonnier doit rentrer, sans Marseillaise et sans discours.
Rue de la Clef, la porte cochère était entr'ouverte, j'en franchis le seuil avec une joie bien lucide et le désir aussitôt refoulé d'aller embrasser la concierge dans son lit. Lente ascension des quatre étages, degré par degré, escalier d'or, royal paiement de mes peines, ah ! fichtre non, je n'étais pas volé. Devant notre porte, dans le profond silence de toute la maison dormante, j'entendais mon coeur qui forçait la cadence comme une grosse bombe de liesse à son dernier tictac.
Coups de sonnette et coups de sonnette. Silence. Puis au bout du couloir une porte qui s'ouvrait et, sur le plancher craquant, un pas nu. Contre la porte, une voix qui savait déjà :
-C'est toi ? "
À chaque fois que je les lis, ces dernières lignes... Ah ! Ces dernières lignes ...

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« Un coeur chouan brodé sur sa vareuse, un tromblon à l'épaule, Perret entra donc en Résistance en sifflotant une chanson royaliste accompagné de " quelque ombre choisie comme Pharamond, Charette, Louis le Gros ou Gaston de Foix ", comme il le raconte dans Bande à part. » C'est en lisant cette phrase dans un long article fourre-tout sur l'anarchisme de droite que je découvrais l'existence de Jacques Perret. Cette petite phrase m'avait interpelé : j'aime les originaux, je décidais donc de lire ce Caporal épinglé. Ironie, légèreté, lucidité, absence de tragique, sens de l'observation, fantaisie, gaîté, raffinement du ton et gouaille populaire mélangés... le tout baigné dans un grand bain d'autodérision : ce fut une grande découverte, comme on en fait peu dans une vie de lecteur.

Jacques Perret est, pour moi, l'esprit français par excellence et le caporal épinglé peut-être son meilleur livre.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Dès les premiers arrivages de travailleurs français, le marché noir à Berlin fit un boum et plusieurs tavernes furent aussitôt affectées aux conciliabules de la resquille et conspirations mercantiles. Il est plaisant bien sûr de voir fleurir aux dépens de l’ennemi une virtuosité que les honnêtes gens condamnent. Le patriotisme y trouve son petit compte et la science des moeurs en pourra déduire l’éclatante supériorité de notre fonds psychologique. J’en suis absolument convaincu. Le système Démerde écrasera tous ses concurrents, les systèmes Taylor, celui de Copernic, le respiratoire et le métrique. C’est le système français par excellence et tout le monde sait que le ‘’Discours de la méthode’’ n’en est que le précurseur, que Bossuet en prononça l’éloge, que Louis XIV en fit un usage constant, que le Parlement en est le prestigieux mainteneur. C’est le génie même de la France, l’instrument de son relèvement, le gage de sa pérennité.
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Je n'ai pas la passion de la lecture et j'estime en avoir bien assez dans le crâne pour alimenter mes heures creuses jusqu'à la fin de mes jours, même avec les énormes disponibilités de la captivité. J'éprouve aussi une sorte de méfiance pour le livre qui va m'imposer une fallacieuse évasion (...). J'ai toujours exigé pour la lecture un certain confort de maniaque: le fauteuil Louis XIII, le creux de mousse, deux chaises de fer sous la statue d'Anne d'Autriche, le hamac dans une clairière vierge, le tas d'oripeaux dans un coin de grenier (...)
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Il est temps de penser aux choses sérieuses et de savoir en somme comment m'évader, car, tout bien considéré, je ne suis guère plus tiré d'affaire que la girafe qui, sortant de sa cage, cherche à s'orienter sur le quai d'Austerlitz; un certain nombre d'épreuves lui restent à courir avant de paître aux clairières natales.
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A voir s'enfoncer dans l'aube collante et désolée ces groupes de loques faméliques, ces fantômes de soldats punis, je me souviens m'être souvent posé la question suivante : si l'on prend pour unité de cafard la quantité fournie le lundi matin par un employé de banlieue qui reprend son boulot avec ses habituels soucis de famille, je me demande quel est le cubage et le tonnage représenté seulement par un de ces commandos qui cheminent dans les demi-ténèbres vers la miteuse aurore des chantiers.
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C'est fini les histoires de boue glorieuse.
Nous sommes quatre, couchés ventre à fesse dans un paquet de mouscaille sous une couverture mal tendue qui fait une poche d'eau suintante. Crevés de faim, de fatigue et de dégoût, nous nous ratatinons dans une somnolence sordide.
Ne pas bouger ; serrer les épaules, bloquer les mâchoires, raidir le derrière, crisper le ventre et crisper aussi la tête si possible.
La retraite, la défaite, le chahut des derniers combats, la grande rafle, on verra plus tard à comprendre. Pour l'instant c'est la faim et la pluie.
Ne pas remuer la boue. Contre la misère faire le mort.....
(extrait du premier chapitre "les trente-six chandelles" du volume paru aux éditions "Gallimard" dans la collection "Nrf" édité en 1947)
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Petits éloges de l'ailleurs : chroniques, articles et entretiens Jean Raspail Éditions Albin Michel
Recueil d'articles publiés dans la presse au cours des trois dernières décennies, consacrés à des sujets de société, à certains aspects de la langue française, au voyage, à l'histoire ou à des écrivains, parmi lesquels Jacques Perret, Jean Cau, Michel Mohrt et Sylvain Tesson. L'ouvrage offre un tour d'horizon des univers multiples dont s'est nourri le romancier. ©Electre
https://www.laprocure.com/product/325795/raspail-jean-petits-eloges-de-l-ailleurs-chroniques-articles-et-entretiens 9782226470478
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