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Critique de Eve-Yeshe


Le livre s'ouvre sur l'annonce du décès de Margaret Thatcher, la Dame de Fer et c'est l'occasion de revenir pour les plus jeunes qui ne l'ont pas connue sur son enfance dans l'épicerie paternelle à Grantham, la précarité, les études, l'obligation de réussite, et son parcours comme premier Ministre…

Après une enfance austère auprès d'un père prédicateur, qu'elle accompagnait le dimanche et qui a inculqué la rigueur, elle candidate pour la première fois aux législatives en 1950 : elle a 24 ans ! elle devient cheffe de l'opposition en 1976 et fait remporter les élections à son parti en 1979… parcours exceptionnel pour l'époque…

Parvenue au 10, Downing Street, elle retrousse ses manches, s'en prend aux syndicats qui ont trop de pouvoir et paralyse régulièrement le pays, la honte devant les autres pays !

Elle va faire une gestion comptable, donnant la part belle au libéralisme, favorisant les plus riches, et faisant basculer une grande partie du peuple dans la précarité, au nom de son aversion pour le communisme (tout ce qui est social signifie assistanat et communisme pour elle). Sa relation avec Ronald Reagan est intéressante sur ce plan et sur d'autres d'ailleurs.

L'auteure aborde ses méthodes pour faire plier tous ceux qui ne pensent pas comme elle : les grévistes de la faim en Irlande, qu'elle laisse mourir sans état d'âme, les mineurs en grève qui vont tout perdre, l'Europe dont elle redoute l'évolution vers le fédéralisme, le grand marché économique lui suffisant largement : comment oublier ses éclats : I want my money back son célèbre « mantra » qu'elle ne cessera de répéter à Bruxelles.

Qu'aurait-elle pensé du Brexit ? Pas sûr qu'elle ait approuvé !

Elle a eu des fulgurances avec Gorbatchev, l'intégration des pays de l'Europe de l'Est, des combats gagnés, par chance parfois telle la « guerre des Malouines » …

J'ai vécu à l'époque de la Dame d e Fer, quand je suis entrée dans la vie active, elle était 1er ministre et j'ai suivi de très près son parcours, son intransigeance, ce que certains appelaient rigueur mais qui relève plus de la rigidité pour moi, et ce qui m'a le plus révolté c'est son attitude avec Bobby Sands, en Irlande du Nord : en prison, où il était torturé, et faisait une grève de la faim, elle l'a laissé mourir avec ses amis (10 sont morts ainsi) avec une police qui faisait régner la terreur, faisant des pressions sur les familles, ce n'était plus des policiers, ils se comportaient comme des militaires au combat !

Bobby Sands a tenu son journal et Judith Perrignon nous en propose des extraits très évocateurs.

Je suis un prisonnier politique. Je suis un prisonnier politique car je suis la victime d'une longue guerre qui oppose le peuple opprimé d'Irlande à un régime étranger qui nous occupe, nous persécute et refuse de se retirer de nos terres »

Je ne l'appréciais pas, mais il faut reconnaître que c'était une femme hors du commun, et la manière dont les membres de son parti l'ont obligée à partir est loin d'être fair-play : elle réussit à avaler ses larmes pour présenter son bilan à la Chambre avec toutes l'énergie dont elle était capable, comme toute Britannique qui se respecte : Never explain, never complain !

Le livre de Judith Perrignon est très étoffé, truffé de témoignages de personnes qui ont travaillé pour elle, Charles Powell, l'écrivain David Lodge, son biographe officiel, entre autres. C'est très intéressant mais c'est une lecture exigeante, alors j'ai pris mon temps, lisant et approfondissant un « chapitre » à la fois, car je connaissais bien la chronologie, donc je pouvais laisser reposer, décanter, pendant un certain temps.

Un voyage intéressant et agréable qui m'a beaucoup plu.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure

#lejouroùlemondeatourné #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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